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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce livre a du souffle, il nous emporte. Une fois la lecture commencée, difficile de la lâcher. J'ai avalé les 600 pages foisonnantes en 2 jours. Très vite. Beaucoup trop vite.
Ni le titre, ni la couverture ne laissent deviner l'ambition de l'auteur. Impossible de le réduire à un récit de voyages. le regard est celui d'un cycliste chevronné mais plus encore celui d'un géographe, celui jamais pesant d'un historien et d'un passionné de géopolitique, la plume est celle d'un écrivain et d'un poète et l'érudition celle d'un amateur éclairé avide de connaissances et de commentaires.
Partis d'Odessa, Emmanuel et Vlad, vont traverser 10 pays à vélo le long du Danube d'est en ouest jusqu'à Strasbourg. Ce ne sont pas des novices. Ils connaissent déjà cette Europe de l'est. le Danube sera le fil conducteur à travers le flux des divers peuples, des langues, des histoires.
La richesse de l'entreprise se trouve dans les plus humbles rencontres, dans les lieux les plus improbables, un « pays de la lenteur… où les eaux s'écoulent souvent dans un paysage hors du temps, dans une Europe rurale et périphérique…Tel patelin bulgare ou ukrainien dont nous ignorons tout, peut revêtir autant d'importance que telle métropole allemande ou autrichienne dont nous croyons tout savoir. »
C'est une oeuvre personnelle et engagée. Un pamphlet contre l'Europe actuelle, une «Europe suissisante», contre la « kakanie bruxelloise », une Europe qui se trompe sur ses valeurs. La charge est portée sans nuances.
Au fil de l'eau j'ai aussi enrichi ma bibliothèque de références de Jean Bart (Eugeniu P. Botez) à Istrati, de Canetti au Dictionnaire kazhar, de Tisma à Claudio Magris. C'est un voyage littéraire élégamment commenté.
Le texte se termine par un feu d'artifice convoquant chaque rencontre, chaque petit peuple oublié, chaque communauté abandonnée au Parlement de Strasbourg où, supplantant « l'Europe rhénane du charbon et de l'acier » le Danube exprimerait pleinement la richesse de l''Europe.

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Emmanuel Ruben, écrivain européen de langue française comme il se définit lui-même, remonte le Danube à vélo avec son ami Vlad, d'Odessa à la source du fleuve. On découvre avec eux les conditions météorologiques et les difficultés de la route mais surtout des paysages magnifiques. C'est l'occasion à chaque étape de comprendre le sens des noms de lieux, de visiter musées, sites et monuments historiques - souvenirs de l'empire romain aux guerres contemporaines - de goûter aux mets et boissons locaux, surtout de rencontrer les gens. Une vue de l'Europe actuelle loin du pays imaginaire , la Zyntarie, que l'auteur avait tracé enfant.
Lecture indispensable à la veille des élections européennes pour qui aime la littérature et les voyages.
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J'ai lu ce livre après la lecture de plusieurs ouvrages de Nicolas Bouvier - dont l'Usage du monde qui m'avait littéralement transportée: en effet, Sur la route du Danube a obtenu entre autres le prix Nicolas Bouvier. Même périple à deux voyageurs , cette fois en vélo , d'Odessa à Strasbourg. Ici la vision de l'Europe, une vision engagée , m'a touchée, ouvert des pistes de réflexions et élargi mon regard (et mon coeur , pour reprendre les mots de l'auteur) . Rencontres , paysages , anecdotes de vécu, confidences , dans un style alternant familier et lyrisme (comme par pudeur ) ... un beau livre dont on ressort grandi !
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Je me suis laissé entraîner dans cette équipée à vélo, chevauchée effrénée de ces deux Haïdouks, cyclistes et nomades qui remontent la route du Danube de l'Orient vers sa source sur les pas des envahisseurs Huns, Avars, Magyars, Pétchenègues, Turcs....et ceux des migrants Syriens ou Afghans. 

"Vous allez rouler à contresens de Napoléon, d'Hitler et de l'expansion Européenne, mon pauvre ami! Et vous avez bien raison quand on pense comment ces aventures ont terminé!"

Aventure cycliste, sportive, mais aussi littéraire. Emmanuel Ruben écrit comme il roule :  à perdre haleine dans les pistes et les chardons, paresseusement, prenant le temps d'un coucher de soleil ou de l'envol d'un héron. Il connait :

" l'extase géographique, le bonheur de sortir de soi, de s'ouvrir de tous ses pores,  de se sentir traversé de lumière. "

Ambitieux, devant la copie de la Colonne Trajane de Bucarest :

" il faudrait écrire un livre qui s'enroule comme la colonne Trajane, l'hélice de l'Histoire s'enroule en bas-relief où sont gravées les aventures de l'empereur Trajan et du roi Decebale sur les bords du fleuve - oui je voudrais une sorte de rouleau original du Danube, un rouleau sans ponctuation, sana alinéa; sans paragraphe, un rouleau sans début ni fin, un rouleau cyclique, évidemment car c'est cela aussi le Danube."

Partis d'Odessa, les deux compères veulent goûter à la steppe comme les envahisseurs d'autrefois. Ils traversent la steppe,  le delta ukrainien sur des routes dangereuses ou sur des pistes poussiéreuses, traversent la Moldavie

"cinq minutes en Moldavie, une demi-heure à ses frontières"

En Roumanie à  Sulina  (=Europolis)

Sulina

"Au kilomètre zéro du Danube, à la terrasse du Jean Bart, le dernier café sur le fleuve, le capitaine Hugo Pratt buvait une bière. Cela se passait en juillet de l'année 2***"

imagine-t-il comme incipit de son futur livre.

A Galati et Braila il évoque Panaït Istrati et ses romans Nerrantsoula et Tsatsa Minnka ainsi que Mihail Sebastian , "trop juif pour les Roumains, trop roumain pour les Juifs" et son roman prémonitoire L'accident. Dans le Baragan, le vent les freine, projetant les fameux Chardons du Baragan (mon livre préféré de Panaït Istrati). En Bulgarie, à Roussé, ils visitent la maison d'Elias Canetti transformée en studio ou répètent des groupes de rock local. 


Géographie et histoire :

En Bulgarie, il évoque aussi le Tsar de Bulgarie Samuel 1er (1014). Leur passage à Nicopolis est l'occasion de raconter la "grande déconfiture" selon Froissart, défaite des Croisés en 1396.  Souvenirs d'un voyageur Evliya Celebi(1611 - 1682). Visite en Hongrie du cimetière de la bataille de Mohacs (1687).... 



Leur voyage est aussi fait de rencontres :  Raïssa, lipovène parle Russe avec eux. Vlad, le compagnon de l'auteur est Ukrainien, Samuel (le héros) se débrouille en Russe, en Serbe, en Turc et en Italien. Tant qu'ils sont en Roumanie, en Bulgarie et en Serbie, ils se débrouillent bien et ont de véritables échanges avec les piliers de bistro, les passants de hasard qui les aident pour réparer les vélos. Ils passent des soirées mémorables à boire des bières  de la tuica ou rakija, ou à regarder le coucher de soleil avec l'accompagnement d'une trompette de jazz tzigane. Rêve d'une île turque disparue Ada Kaleh, Atlantide qu'ils ne devineront pas, même en grimpant sur les sommets. 

la scène la plus kusturiciene de ce voyage : trois tsiganes dans une charrette tractée par deux ânes remorquent une Trabant




Les routes sont parfois mauvaises. Ils se font des frayeurs avec les chiens errants

Ces chiens sauvages sont les âmes errantes de toutes les petites nations bientôt disparues d'Europe. le nationalisme est une maladie contagieuse qui se transmet de siècle en siècle et les clébards qui survivront à l'homme porteront le souvenir de cette rage à travers les âges. 

Comme Claudio Magris, ils s'arrêtent longuement à Novi Sad en Voïvodine ou ils ont des amis de longue date, du temps de la Yougoslavie.  mais contrairement à Magris qui part à la recherche des Allemands venus en colons peupler les contrées danubiennes, Ruben reste à l'écoute du Serbe, du Croate, des Tsiganes à la recherche des Juifs disparus dans les synagogues en ruine ou dans le cimetière khazar de Celarevo. Au passage je note dans les livres références le Dictionnaire khazar de Milorad Pavic, La treizième tribu d'Arthur Koestler (que je télécharge). Je note aussi le Sablier de Danilo Kis. Inventaire des massacres récents ou moins récents, victimes du nazisme en 1942, ou bombardements de l'OTAN (1999) 

 "délires nationalistes de la Grande Serbie, Grand Croatie, Grande Bulgarie, Grande Albanie....etc.... d'où découlèrent les guerres balkaniques, La Première guerre mondiale et les guerres civiles yougoslaves. La balkanisation est un fléau qui touche chaque peuple et son voisin, une maladie contagieuse qui se transmet de siècle en siècle et de pays en pays : la maladie de la meilleure frontière"

L'arrivée en Hongrie coïncide avec les pluies du début septembre qui les contraignent à traverser la puzsta en train. difficulté de communication, les Hongrois parlent Hongrois (et pas nos deux compères) les rencontres se font plus rares. de même en Slovaquie, en Autriche, en Allemagne, les deux cyclistes n'ont que peu de contacts avec la population germanophone. En revanche, ils ont le don de trouver  des guinguettes, bars ou restos où officient Croates, Kosovars ou Serbes avec qui ils sympathisent immédiatement.



Les pistes cyclables (communautaires) sont plus confortables quand ils traversent l'Autriche mais elle n'ont plus la saveur de l'aventure. Ils croisent même un grand-père de 78 ans et son petit fils de 9ans. Un couple de retraités maintiennent la même moyenne que nos deux champions, grâce à l'assistance électrique. Leurs visites de musées et châteaux se font plus touristiques. Près de Vienne  musée Egon Schiele (mort de la grippe asiatique). Visite du Musée d'Ulm : musée de la colonisation des souabes. Toujours consciencieux ils ne zappent pas le musée de Sigmaringen, ni les autres curiosités touristiques mais l'élan d'empathie n'y est plus. Legoland à Audiville, Europa-park! 


Le périple se termine devant les drapeaux du Parlement Européen à Strasbourg. En route ils ont découpé les étoiles du drapeau européen

un voyage d'automne dans le crépuscule d'une Europe qui a perdu ses étoiles en traquant ses migrants

Il s'agissait bien de parler d'Europe, de faire surgir une autre Europe de cette traversée d'Est en Ouest. En route, en Slovaquie, un monument de ferraille représente le coeur de l'Europe. mais pour l'auteur :

Le coeur de mon Europe bat au sud-est entre Istanbul et Yalta, Novi  Sad et Corfou dans l'ancien empire du Tsar Samuel...
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C'est en 2016 que Emmanuel Ruben part avec son ami Vlad depuis les steppes d'Europe de l'Est jusqu'à la Plaine d'Alsace via les Balkans, Budapest, Vienne, la Bavière et la Forêt Noire.

Emmanuel nous raconte ces peuples qui s'égrènent le long du fleuve. Il raconte les histoires de ces souabes, de ces lipovènes, de ces magyars et bien d'autres encore dans la Grande Histoire mouvementée de l'Europe.

Il évoque ces écrivains serbes, bulgares, roumains qui ont construit leurs oeuvres dans une dimension universelle.

Entre deux étapes éreintantes le long de cette grande voie cyclable, il parle de cette nouvelle Europe où le populisme prend une place de plus en plus gênante. On y croise les migrants d'hier, et ceux d'aujourd'hui.

Par la plume de Emmanuel Ruben, on voit un Danube qui rit et qui pleure en même temps, un Danube qui rassemble comme il sépare. On y entend le clapotis de l'eau comme on entend les canons de Napoléon, les notes de Strauss, ou encore les bombardements de l'Otan sur la Serbie.

Dans cette Eurovélo 6, c'est tout un monde bigarré que l'on peut voir si on s'y arrête un tantinet soit peu.

Vous, qui voulez arpenter les presque 2900 kilomètres de ce grand fleuve, n'oubliez pas de mettre dans vos sacoches du Ruben.

Et les autres, comme moi, qui ne feront pas ce périple, n'hésitez pas à dévorer "sur les routes du Danube", car là vous allez goûter à ce "pays mouvant, sans racines, sans mémoire, sans identité, sans idéologie, un archipel inachevé..."
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Réécrire l'Europe ?

Echappé belle ! L'expression se trouve à la page 303, en italique, au centre du récit. C'est Vlad qui la prononce à la suite d'un accident de bécane et c'est la première rencontre entre le narrateur Samuel Vidouble alias Emmanuel Ruben et le cycliste, futur compagnon d'équipées. C'est avec lui en effet qu'il parcourt les quelque 4000 km depuis le delta du Danube jusqu'à sa source.
Quand on y réfléchit, cette idée d'échapper, déclinée aussi en échappée ne serait-elle pas un fil possible pour lire ce roman dont la densité déborde les limites… du genre, - Histoire ? géographie ? poésie ? géopolitique ? récit d'arpentage ? Tout cela à la fois en réalité. L'auteur donne une définition de Sur la route du Danube dans l'épilogue : « Un objet hybride entre le roman-fleuve, le manuel d'évasion – sorte d'usage de l'Europe à bicyclette – et l'atlas géopolitique. »
Emmanuel Ruben, le « géographe défroqué », comme il se nomme, se délivre ainsi du carcan imposé de catégories bien définies et entraîne le lecteur dans ce courant qui charrie connaissances précises et documentées, rencontres humaines, descriptions poétiques. Au rythme des étapes à bicyclette avec Vlad, parfois à la limite de leurs forces, le plus souvent racontées avec humour. Mais à contre-courant ! Puisqu'il s'agit de remonter le fleuve et pour de bonnes raisons : « Descendre un fleuve, c'est aller vers la mort. […] C'est pour échapper à cette mer inéluctable que nous avons entrepris ce voyage à rebrousse-poil. […] Viktor nous fait croire quelques instants qu'il est un lieu, sur terre, où le temps peut être réversible. Ce lieu, ce peut être la source, mais c'est aussi le delta, où le fleuve hésite sur le seuil de l'oubli.»
« La petite reine » est au coeur du récit. Ce n'est pas seulement un moyen de locomotion. Ou plutôt c'est bien une manière de se déplacer qui ne saurait trouver meilleure alliée : une façon quasi philosophique d'envisager le voyage. Prendre le temps, le temps de regarder, de s'arrêter et donc de rencontrer les paysages et les gens, les « petites gens », celles qui sont la réalité profonde de la vie du pays traversé. Dans ce livre, le cyclisme est une métaphore de la littérature, de l'écriture (à moins que ce ne soit l'inverse ?) ; Emmanuel Ruben établit un lien organique entre les deux : « […] Je pédale donc je suis. […] retranscrivant chaque coup de pédale par une virgule, chaque arrêt par un point au risque d'écrire des phrases trop longues : le cyclisme, comme la littérature, est un art du détour et de la digression, mais c'est aussi un art du continu – remonter un fleuve à vélo, c'est éprouver ce continuum, car un fleuve, c'est la continuité anarchique de la nature dans la discontinuité ordonnée du monde, lequel est, ne l'oublions pas, tout entier l'oeuvre de l'homme, ce que les géologues ont fini par admettre en parlant d'anthropocène. »

Il ne s'agit pas pour autant d'un texte abstrait, l'occasion de développer des théories littéraires ou historiques, au demeurant passionnantes. La manière dont sont parcourus les 4000 km est justement garante d'un récit vivant, fait de petites histoires, de surprises agréables ou pas, de découvertes. Passer ainsi les frontières est une aventure chaque fois différente. Et Emmanuel Ruben partage avec Julien Gracq (dont il dirige la Maison à Saint-Florent) « cette obsession du partage, ce tropisme des lisières ». Traverser l'Europe, c'est avant tout en effet franchir des frontières, géographiques mais pas seulement. C'est une aspiration profonde à échapper à un monde, à s'évader. « Vlad avait toujours su que la petite reine lui permettrait de s'enfuir. » Entre parenthèses, Vlad est un personnage qui mériterait beaucoup plus que ces quelques allusions !
Pour l'auteur aussi, partir sur son vélo, c'est depuis toujours un besoin : « J'avais besoin de paysage, besoin de lumière, besoin de voir un peu d'eau se refléter sur les coques des bateaux, besoin de m'évader corps et âme dans ces reflets. » Car pédaler sur son vélo, c'est « la matrice de toutes [ses] passions, passion plus dévorante que l'écriture, passion plus dévorante que le dessin, mais passion libératrice pour l'esprit, passion inspirante […]. Une aspiration de l'ordre du nécessaire, voire du vital.

L'échappée belle… Parce qu'elle n'est pas seulement fuite mais attente, voire retrouvailles, réelles ou imaginaires, « résurgence de l'enfance ». le récit est peuplé de souvenirs historiques et personnels, écho d'autres voyages, et aussi retour au temps où il inventait le monde. En effet, il est une échappée de son enfance qui irrigue son imaginaire et donc son écriture : « Il y a des jours comme celui-ci où je me souviens que de neuf à quinze ans, j'ai été zyntarien, citoyen chimérique allongé jour et nuit sur un empire de cartes imaginaires. »

Echappée belle encore parce qu'il y a dans ce « récit d'arpentage » une « passion pour l'histoire d'un vieux continent, l'Europe » : « Oui, autant l'avouer, le vrai sujet n'est pas le Danube, mais l'Europe. » Une étiquette lui irait, s'il en faut une : « Ecrivain européen de langue française. »

La force du texte réside dans la manière dont Emmanuel Ruben a réussi à allier une forme d'érudition incontestable avec une histoire personnelle, la sienne d'abord, celle des habitants qu'il rencontre ensuite. Les personnages restent dans la mémoire du lecteur parce qu'ils sont vrais, décrits avec émotion, des individus, qui sont aussi citoyens d'un pays.
Un regard lucide sur l'Europe d'hier et d'aujourd'hui, un regard attentif et sans a priori, un regard de poète lorsqu'il prend le temps de décrire magnifiquement paysages ou lieux, avec leurs mouvements, leurs couleurs, leurs lumières.
Réécrire l'Europe… C'est le titre de l'épilogue. Et au-delà encore Emmanuel Ruben affirme : « Ce voyage m'a appris ce que c'est d'être un homme, ce que c'est d'être mortel – c'est-à-dire fragile, vulnérable, mais têtu, obstiné, persévérant dans son être. » Par procuration, le lecteur apprend cela aussi.

L'échappée, en matière de course cycliste, c'est le moment où un coureur se détache du peloton. Belle image pour un auteur dont les livres sont autant de visions au-delà des clichés.

D'autres chroniques sur mon blog
Lien : https://www.tribunelivres.com
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Pendant presque trois mois, l'auteur retrace son périple à vélo le long du Danube, en remontant ce fleuve de son delta dans la mer Noire jusqu'à sa source en Forêt Noire.
Lire ce récit, c'est faire un voyage magnifique sur un fleuve de presque 3000 kilomètres et traverser ainsi 9 pays d'Europe.
Plonger dans ce livre, c'est pénétrer dans un ouvrage qui mêle des belles pages poétiques sur des paysages variés, des informations géographiques et historiques très documentées, et des commentaires pertinents, formulés dans une langue plus "moderniste", sur l'actuelle Europe.
Une lecture à conseiller à tous ceux qui aiment voyager, y compris dans les livres !
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A remonter le Danube, on jette un regard sur l'histoire européenne, les paysages, les rencontres inédites avec des populations diverses. On se connaît mieux soi-même en cours de route. L'auteur, très cultivé, géographe de formation, historien par passion, cycliste par conviction, en connaît un rayon, et on le suit, car sans nous assommer d''enseignements arides , il relie nos connaissances ponctuelles, en littérature par exemple (Panait Istrati, Buzzati etc), petits îlots de savoir, par un itinéraire politique et culturel.
Gastronomique aussi : boissons, plats locaux, figurent à notre menu. Au hasard des étapes, celles du cycliste qui fait environ une centaine de km par jour, on se rappelle, en liberté, de régimes autoritaires qui font encore parler d'eux ;
Voyez les citations, elles vous invitent à de multiples découvertes, par des routes souvent mal entretenues.
On en sort plus éclairés car notre guide, doué d'un belle hauteur de vues, se montre agréable et stimulant.
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Remonter le Danube en vélo, à contre-courant, et décrire la trame d'une autre Europe que celle qui se barricade dans ses certitudes faussées

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/03/03/note-de-lecture-sur-la-route-du-danube-emmanuel-ruben/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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L'ami qui m'a conseillé ce livre n'a pas pris un bien grand risque en me promettant de me le rembourser s'il ne me plaisait pas ; je devrais au contraire lui en offrir un pour le plaisir que m'a procuré la lecture de "Sur la route du Danube"...

Traverser l'Europe, ce vieux continent en consubstantielle et millénaire recomposition géopolitique, en compagnie d'un homme cultivé doublé d'un cyclotouriste au mollet ferme et à la curiosité en perpétuel éveil est un véritable régal pour qui a, dans des proportions moindres, effectué avec deux savants et joyeux compagnons, des "diagonales", terme qui chez les cyclotouristes définit des trajets reliant en ligne aussi droite que possible deux côtés non adjacents de l'Hexagone. Nous avons, nous aussi, parcouru plus de 4 000 km en vélo, mais en France essentiellement et en plusieurs voyages là où Emmanuel Ruben remonte en 2016 tout le cours du Danube en une seule traite de quatre mois.

L'auteur a l'élégance de ne pas fanfaronner sur l'aspect sportif de son voyage de sorte que si vous n'avez pas de connivence particulière avec le cheval d'acier, vous ne craignez rien : la part provenant du vélo dans le plaisir de la lecture de ce livre reste modeste, mais suffisamment présente pour satisfaire les amoureux de la petite reine. Sauf aux extrémités de l'itinéraire, il n'y a rien de commun entre aller d'Odessa à Strasbourg en avion, en train ou en voiture et y aller à pied, à cheval ou en vélo. Dans le premier cas on se déplace. Dans le second, on voyage, c'est-à-dire on rencontre, on visite et on contemple.

Le premier rôle est tenu dans ce livre par le fleuve et, avec lui, par toutes les rivières du monde. le Danube est tout naturellement omniprésent puisque on le suit au pixel près et le traverse un grand nombre de fois. Il offre l'occasion de réflexions philosophiques exprimées dans un style vivant et enlevé dont la jovialité se mâtine de profondeur. Comme un fleuve, tantôt débonnaire, tantôt impétueux, l'auteur nous fait partager ses connaissances géographiques et nous balise tout au long du parcours les traces laissées par L Histoire.

Le second personnage captivant de ce récit est l'Europe marquée de multiples postes-frontières et de ses langues tantôt proches l'une de l'autre, tantôt aussi éloignées que peut l'être le hongrois du grec ; l'Europe riche de ses penseurs, philosophes, écrivains connus ou méconnus ; l'Europe enfin dont on suit les multiples convulsions géopolitiques depuis la fin de l'empire romain.

Cerise sur le gâteau, l'auteur nous offre de découvrir la Zyntarie, pays imaginaire né non pas dans le cerveau dérangé d'un hurluberlu sous l'influence de l'alcool ingurgité en fin d'étape, mais sous les doigts d'un garçonnet traçant en toute liberté poétique sur un vieil atlas de nouvelles frontières qui viennent se superposer à d'autres, bien réelles celles-là, créées, déplacées, parfois supprimées et souvent rétablies par les armes et le sang.

À qui conseiller la lecture de ce récit ? Aux aspirants au baccalauréat et aux étudiants pour leur offrir une très plaisante et instructive leçon d'histoire et de géographie doublée d'un parcours culturel original, à ceux qui sont passés un jour par Vienne, Bratislava, Budapest, Belgrade ou Bucarest et à ceux que les Tatars, Turcs, Khazars, Bulgares, Roms, Huns, Scythes, Coumans, Tziganes, Romains, Daces, Gètes, Goths, Onogoures, Sarmates, Gagaouzes, et autres Petchenègues font rêver tout autant que la Bessarabie, la Transnistrie, la Valachie ou la Zyntarie. En un mot, à nous tous...
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