Olivier Saby livre ici un témoignage décapant de ses 27 mois de formation passés au sein de la prestigieuse École nationale d'administration. Bien qu'écrit à la première personne, le récit se lit d'une traite et reste plaisant de bout en bout. La chronique est d'ailleurs suffisamment pertinente pour ne retenir que l'essentiel.
Le style et le niveau sont de loin meilleurs au brûlot commis par Aurélie Boullet alias Zoé Shepard. Si critique il y a, celle-ci est constructive même si la vénérable institution y prendra en prestige. Les anecdotes bien que comiques n'atteignent jamais le scabreux ou ne se transforment que rarement en racontars gratuits. Que les adeptes de critique administrative, de scandales et de potins se rassurent : le fonds est riche de piques bien senties.
Bien souvent, l'auteur livre sa propre réflexion sur la formation, au fil d'une frustration de plus en plus grande et cela fait toute la différence. L'ouvrage permet également de s'imprégner, de voir et de comprendre un peu la philosophie et le champ de représentation des hauts fonctionnaires de l'État. Loin du prestige de la fonction (notamment pour les différents ministres, ambassadeurs et préfets rencontrés) ce sont les individus qui sont visés. Quel régal de suivre cette illustration de la boutade de
Georges Clemenceau (les fonctionnaires sont comme les livres d'une bibliothèque, ce sont les plus hauts passés qui servent le moins), cette invitation à voir au-delà du prestige et de l'acquis.
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