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EAN : 9782864322801
153 pages
Verdier (01/09/1999)
4.06/5   8 notes
Résumé :
Née dans une famille juive de Berlin en 1891, Nelly Sachs échappe de justesse aux persécutions nazies et se réfugie en Suède en compagnie de sa mère en 1940. Soumise à l’effroyable pression de l’histoire, elle s’enferme dans le silence puis, après une relecture de la Bible dans la traduction novatrice de Martin Buber et Franz Rosenzweig dont les premiers volumes avaient paru avant la guerre, recommence à écrire à partir de 1943. Naissent alors, le plus souvent la nu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ayant fui de justesse les persécutions nazies, Nelly Sachs s'installe en Suède avec sa mère, grâce à l'aide de Selma Langerlof, prix Nobel de littérature, comme Nelly Sachs le deviendra elle-même en 1966. Peu après, elle écrira les poèmes qui composent ce recueil, profondément empreint d'une sorte de sidération face aux camps de concentration.
Elle y perdra notamment son amour de jeunesse, qu'elle ne nomme pas mais auquel elle dédie une série de poèmes.
En voici un:
TOURMENT, qui mesure le temps d'une étoile étrangère,
Teintant chaque minute d'une autre ténèbre -
Tourment de ta porte enfoncée,
De ton sommeil enfoncé,
De tes pas qui s'éloignent,
Qui égrènent l'ultime vie,
Tes pas piétinés,
Tes pas pesants,
Jusqu'à cesser d'être des pas à mon oreille.
Tourment pour la fin de tes pas
Devant une grille
Et derrière se déroulait
A l'infini la conrtée de notre nostalgie -
O temps dont la seule aune est le mourir,
Comme elle sera facile, la mort, après ce long entraînement.

La violence des camps, la perte et la mort sont omniprésents dans ces poèmes, transfigurés par une tristesse profonde: la poésie permet le recueillement de toutes les victimes des camps. Israël comme terre du judaïsme prend également une grande place ici, Nelly Sachs s'étant plongée dans sa religion pour survivre au drame.
C'est beau, délicat, mais il est difficile de poursuivre la lecture de la totalité des poèmes tant la thématique des camps, des bottes, des barbelés, revient sans cesse comme un cauchemar que l'on ferait nuit après nuit et peu d'espoir s'en dégage.



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Nelly Sachs (1891-1970) fut une poétesse allemande, obligée en 1940 de quitter son pays natal à cause de ses ascendances juives. Elle s'installa en Suède et obtint le prix Nobel en 1966.
L'ambiance de ce recueil m'a semblé très sombre – le désespoir et la mort ne sont jamais loin. En réalité, je n'ai pas beaucoup apprécié les textes présentés; peut-être est-ce une difficulté liée à la traduction ? - Donc je me contenterai de mettre en citation un extrait du poème "Choeur de ceux qui ne sont pas nés".
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
À vous qui construisez la nouvelle maison
                  Il y a des pierres comme des âmes.
                  Rabbi Nachman
  
  
  
  
Quand tu relèveras tes murs —
Ton âtre, ta couche, table et chaise —
Tes larmes sur ceux qui s’en sont allés,
Qui n’habiteront plus avec toi,
Tes larmes,
Point ne les appends à la pierre
Point au bois —
Des pleurs sinon, tomberaient dans ton sommeil,
Ce court sommeil qu’il te faut encore faire.


Ne soupire pas quand tu mettras les draps à ton lit
Tes rêves sinon se mêleraient
À la sueur des morts.


Ah, murs et objets familiers sont
Telles les harpes éoliennes, réceptifs,
Et tel un champ où pousse la souffrance,
Et sentent toute trace en toi d’alliance à la poussière.


Construis quand s’écoule le sablier
Mais ne pleure pas les minutes en allées
Ensemble avec la poussière
Qui recouvre la lumière.


/ Traduction de l’allemand de Mireille Gansel
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Papillon

Quel bel au-delà
est peint dans ta poussière.
À travers le noyau de flammes de la terre,
à travers son écorce de pierre
tu fus offert,
tissage d’adieu à la mesure de l’éphémère.

Papillon,
bonne nuit de tous les êtres!
Les poids de la vie et de la mort
s’abîment avec tes ailes
sur la rose
qui se fane avec la lumière mûrie en ultime retour.

Quel bel au-delà
est peint dans ta poussière.
Quel signe royal
dans le secret des airs.
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NOUS LES MÈRES
  
  
  
  
NOUS LES MÈRES,
venons chercher
des semences de nostalgie du fond de la nuit océane,
sommes celles qui viennent chercher
les trésors dissipés.

Nous les mères
errant rêveuses
avec les astres,
les marées d’hier et de demain
nous laissent
avec notre naissance
comme avec une île
seules.

Nous les mères
qui disons à la mort :
Éclos dans notre sang.
Nous qui apportons du sable aux berges d’amour
et aux étoiles un monde de reflets –

Nous les mères,
qui dans les berceaux
berçons les souvenirs crépusculaires
du jour de la création –
la respiration
est la mélodie de notre chant d’amour.

Nous les mères
berçons au cœur du monde
la mélodie de la paix.


/traduction de l’allemand par Mireille Gansel
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TOUJOURS
  
  
  
  
TOUJOURS
là où meurent des enfants
les choses les plus ténues deviennent apatrides.
Le manteau de douleur des couchants
dans lequel l’âme sombre du merle
accuse la nuit –
de petits vents soufflent sur les herbes tremblantes
éteignant les décombres de lumière
et semant l’agonie –

Toujours
là où meurent des enfants
se consument les visages de feu
de la nuit, solitaire dans son secret –
et qui sait quelque chose de ceux qui montrent le chemin
et que la mort envoie :
senteur de l’arbre de vie,
cri du coq qui écourte le jour,
horloge ensorcelée par les sortilèges
de l’effroi automnal jusqu’au fond des chambres d’enfants –
aux rives de l’obscurité battement des eaux
murmure et passage du sommeil des temps –

Toujours
là où meurent des enfants
les miroirs des maisons de poupées
se voilent d’un souffle,
ne voient plus la danse des doigts lilliputiens
vêtus de satin sang-d’enfants ;
danse qui s’immobilise
comme dans une longue-vue
un monde à des distances lunaires.

Toujours
là où meurent des enfants
pierre et étoile
et tant de rêves
deviennent apatrides.


/traduction de l’allemand par Mireille Gansel
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Les amants ont un abri
sous le ciel muré.
Un élément secret leur donne souffle
et ils portent les pierres en la bénédiction
et tout ce qui croît et pousse trouve encore auprès d’eux
une dernière terre d’asile.

Les amants ont un abri
et pour eux seuls chantent encore les rossignols
et ils n’ont pas péri dans la surdité
et, légendes à voix basse des forêts, les chevreuils
en douceur souffrent pour eux.

Les amants ont un abri
ils trouvent la douleur cachée des soleils du soir
en sang sur le rameau d’un saule –
et dans les nuits en souriant s’exercent à l’agonie,
cette mort à voix basse
avec toutes les sources qui s’écoulent en nostalgie.
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Videos de Nelly Sachs (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nelly Sachs
Samedi 19 septembre 2020 / 14 h
De Virginia Woolf à Emily Brontë...
Marie Cosnay est écrivaine, traductrice de textes antiques. Elle a récemment publié IF (L'Ogre, 2020), Les Enfants de l'Aurore (Fayard, 2019), Voir Venir. Écrire l'hospitalité avec Mathieu Potte-Bonneville (Stock, 2019), Vie de HB (Nous, 2016), Jours de répit à Baigorri (Créaphis, 2017) et Éléphantesque (Cheyne, 2018). Les Éditions de l'Ogre ont également publié Cordelia la Guerre (2015) Aquerò (2017) et épopée (2018). Marie Cosnay a reçu le Prix Nelly Sachs et le Prix Bernard Hoepffner pour sa traduction remarquée des Métamorphoses d'Ovide (L'Ogre, 2017).
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