Ikkyu, tome 1

De passage éclair dans une médiathèque, j'ai emporté un manga à l'attirante couverture.
Rentrée chez moi, j'ai rouspété parce que le manga était ...à l'envers : à l'occidentale. Je l'ai donc ouvert en maugréant, sans trop faire attention.

Fils de l'empereur et d'une concubine éloignée de la cour, cette dernière enjoint à son fils de 5 ans de réjoindre un temple et de devenir un moine émérite. L'enfant s'appliquera à obéir à sa mère avec toute sa malice et son enthousiasme. Ce premier tome décrit ses années d'apprentissage jusqu'à ce qu'il parte par les routes.

Le trait est précis, détaillé et le rythme enlevé. Bien vite captivée par le récit, j'ai découvert qu'il s'agissait de l'histoire romancée d'un moine zen du 14ème siécle.

C'est l'histoire d'un apprentissage et du début de l'éclosion d'un poête. le lecteur "oublie" qu'il s'agit d'une époque éloignée de la notre de près de 700 ans tant les discours, les apartés sont d'actualité.

Un peu perdu entre les dynasties, ce n'est qu'à la fin du récit que j'ai découvert les quelques pages présentant les personnages rencontrés, mais aussi un drôle de plan de Kyoto : un circuit sur les traces d'Ikkyu.

Historiquement crédible et bien documenté, ce manga décrit l'éducation d'un enfant qui adhère à son enseignement, et avance vers son choix d'adulte. Il est à la fois dans l'obéissance mais aussi dans l'insoumission à l'aveuglement du confort de la règle. Il vit dans un monde cruel aux plus démunis, où les monastères, tout comme les notables, veulent conquérir du pouvoir et des richesses.

Jeune adulte, il quitte le confort de son monastère pour suivre un maître qui ne lui enseigne rien, si ce n'est de survivre chichement. Et pourtant quand son maître meurt, il reprend sa vie errante et de misère, il sera tenté de se suicider, mais, choisira de continuer sa vie.
Emouvant, par sa candeur et sa droiture, Ikkyu est une force en devenir. Et ce premier tome se referme quand il se relève, épuisé mais décidé à se relever.

« L'éveil est dans la concupiscence. »
Fils illégitime de l'empereur Gokamatsu, Ikkyu est éduqué dans un temple bouddhiste zen. Très vite, ses choix spirituels l'amènent à la rencontre de maîtres marginaux qui le guideront jusqu'à l'éveil. le Japon du XVe siècle est instable, la position des grands temples leur permet de s'élever au-dessus de la masse dans le plus grand mépris, de s'enrichir sans états d'âme des dons de leurs fidèles. Ikkyu fait l'expérience de l'éveil et, à l'inverse de l'essentiel de ses contemporains, entretient cet état au plus près de l'autre. Il vivra désormais parmi les plus démunis, livré tout comme eux à la faim et au péché.
Cette biographie magistrale du moine-poète Ikkyu, est ici racontée par un grand auteur japonais avec fraîcheur et gravité. Voici un excellent moyen d'apprendre une foule de choses sur le Japon féodal.

Série un peu difficile à approcher parce qu'on reçoit vraiment beaucoup d'infos en assez peu de temps. Ça se passe courant d'une période de l'Histoire japonaise où je n'ai strictement aucune idée de ce qu'il s'est passé (1300). L'écriture n'est pas toujours très lisible et franchement ça n'aide pas. C'est un manga assez vieux (1996 pour l'édition fr) et ça se sent. Cela dit l'histoire est intéressante, elle retrace la vie d'un bâtard impérial devenu moine et qui tente, autant que faire ce peu, d'oeuvrer pour le bien.
Je pressens en revanche que je vais avoir du mal à trouver le tome 2.

Ikkyu c'est une révélation, l'histoire d'un moine hors norme. Une évocation du bouddhisme japonais qui m'a bien sur rappelé la série Bouddha.

Pour avoir lu les deux éditions, celle de Glénat et celle de Vents d'Ouest, ma préférence va incontestablement à la seconde qui, de par son grand format, permet de rendre l'hommage qu'il se soit à la beauté des dessins en NB.
Ensuite, cette biographie du célèbre moine zen Ikkyu, s'inspire des écrits de ce dernier ( "Nuages Fous" recueil de stances rédigées en chinois à la fin de sa vie) qui émaillent le récit, en plus de quelques autres histoires classiques du zen.