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EAN : 9782020213417
246 pages
Seuil (22/10/2002)
3.5/5   2 notes
Résumé :

« Lorsqu’un auteur se sert d’une image comme celle du Léviathan, il pénètre dans un domaine où le mot et la langue ne sont pas de simples jetons dont il serait facile de calculer le cours et le pouvoir d’achat.

Dans cette sphère, les “valeurs“ pures n’”ont pas cours”; ici sont à l’oeuvre et règnent (walten) des forces et des puissances, des trônes et des dominations (Herrschaften). Hobbes pensait pouvoir se servir de cette image à ses pro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La relation qu'entretint Schmitt avec Hobbes fut très importante puisque ce dernier accompagna Schmitt tout au long de son activité intellectuelle. Dès la Théologie politique (1922) et ceci jusqu'au Nomos de la terre, ouvrage particulièrement repris aujourd'hui, Schmitt a toujours convoqué Hobbes comme devant justifier ses théories théologico-politiques. Or, si Hobbes fut longtemps pour lui un allié de taille dans sa propre construction politique, précisément dans l'ouvrage qui nous intéresse ici, à savoir le Léviathan dans la doctrine de l'État de Thomas Hobbes (1938), Schmitt opère un retournement où Hobbes est convoqué à nouveau frais, cette fois comme incarnant l'adversaire contre lequel il faudrait s'opposer. Schmitt finit par voir dans le Léviathan de Hobbes les prémisses de la pensée libérale telle qu'il la constate à son époque. Pour reprendre les deux thèmes centraux de la pensée schmittienne, d'allié, Hobbes est devenu ennemi. Toutefois, et c'est en cela qu'une étude sérieuse du Léviathan de Schmitt est nécessaire, la critique qu'il adresse à Hobbes est ambivalente sur plusieurs aspects puisqu'elle permet en définitive d'opérer un rapprochement entre ces deux auteurs. En somme, si ce livre s'inscrit clairement dans le schéma d'une remise en question des idées et des analyses développées par Hobbes, il n'en demeure pas moins vrai que Schmitt reste dans une certaine mesure affilié à la pensée hobbesienne, sans quoi toute sa théorie échafaudée précédemment à l'appui de celle de Hobbes s'en trouverait ruinée. C'est donc une discussion ouverte, se réalisant en dent de scie, qui est réalisée dans cet ouvrage et qu'il nous faudra étudier. de plus il faudra aussi se demander quelle est la légitimité d'un tel livre où un homme discute les thèses d'un autre homme, donnant son avis sur celui-ci comme n'importe qui d'autre pourrait le faire sans que cet avis en soit pour autant pertinent. Nous veillerons donc à nous demander par quels biais Schmitt aborde Hobbes, ce qui se cache dernière ses analyses, et cela nous permettra de noter l'importance de la tendance décisionnsite à l'intérieur de la pensée schmittienne. Si, dans un premier temps, la théorie décisionniste développée par Hobbes est l'élément qui fait de ce dernier le garant de l'État fort et stable recherché par Schmitt, cette même tendance décisionniste aux accents mécanistes finira par constituer le germe fondamental de la pensée libérale moderne contre laquelle notre auteur n'aura cessé d'écrire.
L'édition dont nous nous servons est celle du Seuil datant de 2002 et dirigée par Alain

Badiou et Barbara Cassin. Cette édition nous semble très bien pensée car, en plus d'une préface éclairante quant à la pensée politique de Schmitt rédigée par Etienne Balibar, il se trouve une postface écrite par Wolfgang Palaver nous précisant les choix mythologiques faits par Schmitt dans son étude de la figure du Léviathan de Hobbes. Accompagné de notes et de renvois toujours pertinents, le texte de Schmitt se trouve enveloppé d'une étoffe assurant sa bonne compréhension et écartant tout contre-sens. Cet ouvrage de Schmitt n'est pas le plus connu, ni le plus rigoureux sur la forme, et a été l'objet de vives polémiques du fait de ses tendances antisémites. Beaucoup d'intellectuels soutiennent par ailleurs qu'il ne fallait pas publier un tel texte, et plus généralement un tel auteur, alors que des étudiants mal informés pourraient le comprendre de travers. Cependant Barbara Cassin, coéditrice de ce livre, justifie la publication de ce texte en affirmant que la personne de Schmitt autant que la matière de son oeuvre pose une question philosophique essentielle à la pensée politique, à savoir : comment peut-on être en même temps nazi et philosophe ? Cette même problématique peut d'ailleurs s'appliquer à d'autres auteurs ; qu'on pense à cet égard à Heidegger, Eisenberg, Mauras, Brasillac, Barres, Léon Daudet, et Maurice Pujo, pour ne citer que le XXe siècle. Quant à Etienne Balibar, il justifie cette édition non seulement en raison de la nécessité qu'il y a de « connaître l'adversaire », mais également par la raison plus profonde qui est de prendre en considération le fait que « les extrêmes se touchent ». Il prend pour exemple la critique du formalisme juridique qui se révèle être une constante des extrêmes politiques, de gauche comme de droite. Aujourd'hui tout particulièrement cette réflexion amenée par Schmitt peut être utile à la bonne compréhension du politique contemporain, car nous assistons à une tendance globale des politiques à se diriger vers des partis d'extrême droite ou d'extrême gauche, ne sachant plus diviser avec tempérance le bon grain de l'ivraie, si bien qu'on ne sait désormais plus situer précisément les valeurs de ces extrêmes sur l'échiquier politique.
Le texte de Schmitt est en fait la réunion de deux conférences tenues à quelques mois de distance, l'une le 21 janvier 1938 devant la Société philosophique de Leipzig, et l'autre le 29 avril 1938 à la société Hobbes à Kiel. Il s'agira alors d'être attentif aux changements de tonalités dans ce livre qui accompagnent toute pensée en mouvement, quoique l'écart entre ces deux conférences ne soit pas suffisamment conséquent pour faire sentir un retournement dans la façon d'approcher leur objet. de plus, nous pouvons noter que ces conférences ont eu lieu juste avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, époque à laquelle le parti nazi était majoritaire en Allemagne. Cette situation historico-politique devra nous amener à réfléchir attentivement sur le texte de Schmitt quant aux enjeux de son époque et aux intérêts personnels que pouvait nourrir l'auteur.
De là nous pouvons finalement dégager les deux moments constitutifs de l'ouvrage de Schmitt. Dans un premier temps est traitée la question du « symbole » développée par Hobbes, du
« mythe » politique le plus fécond possible pour incarner l'absolutisme de l'État. Il s'agirait en quelque sorte d'une partie philologique préliminaire à l'analyse appliquée des théories libérales de Hobbes. Car, en effet, dans un second temps apparaît la critique adressée à Hobbes. Celle-ci débute au chapitre V quand Schmitt introduit sa propre théorie politique de l'État, État devant assurer l'ordre et la sécurité du pays, ceci en accomplissant une restauration de la personne du souverain dans le moment décisionniste.
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