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Le sujet ne m'emballait guère mais j'avais promis de lire cette oeuvre. C'est chose faite et je dois avouer que ce fut une agréable surprise.

Ce court roman (ou cette longue nouvelle) se présente sous la forme d'un long monologue intérieur, celui de la jeune Else, une Viennoise qui passe ses vacances en Italie avec sa tante. le premier couac de ces vacances qui s'annonçaient prometteuses prend la forme d'une lettre : la mère d'Else lui écrit en effet pour lui annoncer que le père, un avocat, risque de gros ennuis juridiques pour avoir perdu de l'argent (qui n'était pas le sien). Une grosse somme doit être remboursée et par chance (!) Else et sa tante sont descendues dans un palace où se trouve également un vieil ami de la famille, le riche marchand d'art Dorsday. Quoi de mieux que d'envoyer la donzelle quémander un prêt à Dorsday.

Evidemment, raconté comme ça, c'est un début qui parait bien banal et bien ennuyeux... Oui mais voilà, très rapidement, et puisque tout est raconté par Else, le lecteur s'aperçoit que la jeune fille a un léger problème. Un peu de névrose sans doute... Sur ses jolies mais frêles épaules repose l'honneur de la famille. Peut-elle abandonner ce père faible et lâche, le laisser s'humilier ou pire encore ? Non, bien sûr. Elle ira donc demander ce prêt. Mais qu'exige Dorsday en retour, ce vieux satyre ? de la contempler nue durant quelques minutes !

C'est un peu comme si une grosse tempête balayait l'équilibre déjà vacillant de la jeune fille. Else est prisonnière des conventions de son époque et de sa société : c'est une jeune bourgeoise qui a été habituée à vivre selon certains codes. Mais sa nature profonde est tout autre. ELse est sensuelle, elle rêve de s'émanciper, elle aime aguicher les hommes. Toutes ces contradictions se bousculent dans sa pauvre tête : lutter contre ses penchants et résister ? Abandonner son père, ruiner sa famille ? Repousser cet odieux marché lui semble logique, mais est-ce par pudeur ou plutôt par orgueil ? Else névrosée devient Else hystérique. Elle trouvera cependant le moyen le plus sûr de mettre fin à son dilemne.

A ma grande surprise, je me suis laissée prendre au fil des pensées de cette pauvre fille. le récit qui commence sur un mode léger prend ensuite une tournure beaucoup plus dramatique. Else est un peu agaçante, mais surtout pathétique. Un conte cruel mais éblouissant, qui n'a pas pris une ride (écrit en 1924).
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Mademoiselle Else est une jeune viennoise en villégiature en Italie. Elle apprend par une lettre de sa mère que son père est endetté et qu'il risque la prison. Elle doit aider au plus vite son père en jouant de ses charmes auprès d'un riche marchand d'art nommé Dorsday. J'ai apprécié cette bande-dessinée même si je m'attendais à quelque chose de bien meilleur graphiquement. Les dessins sont simples et les dialogues ne sont pas très recherchés. La fin est décevante, je m'attendais à mieux. Néanmoins, la lecture est rapide et agréable.
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Une jeune fille bourgeoise de dix-neuf ans est en villégiature avec sa tante et son cousin dans une cité balnéaire italienne lorsqu'elle reçoit un télégramme de sa mère. Son père, brillant avocat viennois, se trouve dans une situation financière délicate. Plus que quelques jours pour trouver les 30 000 florins qui lui éviteront la prison et le déshonneur. “Quand on a une fille aussi jolie, pourquoi irait-on faire un tour en prison ? “. Il suffit que la jeune Else demande la somme au grand marchand d'art von Dorsday, ami de la famille et qui fréquente le même hôtel des Dolomites.
Le télégramme mentionne donc expressément de demander cette somme au vieux libidineux marchand de tableaux. Mais dans ce monde, comme chacun sait, on n'a rien sans rien. Vont s'ensuivre les pensées et émotions de la jeune fille dans un long monologue intérieur : sauver l'honneur de son père ou le sien propre ? Faut-il accepter ou rejeter le chantage ?
Tout l'intérêt de ce court roman réside dans ce dilemme très freudien et dans cette ambivalence des sentiments. Comment une jeune fille de bonne famille va devoir composer entre ses aspirations, ses rêves et son honneur…

Challenge multi-défis 2022.
Challenge Riquiqui 2022.
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Un court roman élégant sur de nombreuses choses, dont la théorie de l'attribution: Else est obsédé par l'attribution. Elle s'interroge sur ses motivations, ses sentiments et ce que les autres ressentent ou penseront d'elle. Else est engluée dans une toile d'araignée d'attributions. Et quand son comportement semble s'éloigner de toute rationalité logique apparente, elle est trop consciente de la seule explication que les témoins donneront. Les clients de ce lieu de villégiature chic des Dolomites pour nobles austro-hongrois en quête d'air pur attribuent inévitablement une cause à sa conduite: la folie. L'hystérie. Sinon, pourquoi une jeune femme s'effondrerait-elle nue au milieu du salon bondé d'un Palace juste après le dîner? Qui pourrait soupçonner le chantage sordide dont elle a été victime? Et qui pourrait même spéculer que la cause sous-jacente de la proposition indécente qui lui a été faite n'était autre que le père de cette jeune femme?
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Un petit livre glaçant. Cela commence dans une apparente frivolité et vous emmène dans les affres des dilemmes de conscience, de la pression sociale, de la ruine financière, de la vie et de la mort. le tout construit sur le mode d'un courant de conscience très crédible.
La famille d'Else est ruinée. Mais la jeune fille peut la sauver si elle accepte la proposition d'un vieux Monsieur de "voir" la jeune fille. Nous suivons alors le monologue intérieur d'Else, son apparente légèreté, ses doutes, son impossibilité à décider, son traumatisme profond et toutes ses conséquences. Un classique du flux de conscience.
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Petit écrin de finesse et d'élégance narrative que ce court roman qui se présente sous la forme d'un monologue intérieur, celui d'une jeune fille de la bourgeoisie viennoise au milieu des années 20 du siècle dernier.
Impressionné d'abord par la modernité du récit qui alterne avec virtuosité les parties dialoguées et les réflexions que se fait à lui même le personnage principal aux prises avec ses atermoiements.
Instantané d'un milieu social otage de ses contradictions morales qui peuvent faire basculer une existence du registre de la légèreté et de la futilité à celui du drame , ce que ce livre, drôle tout d'abord puis subrepticement cruel , sous-titre avec grâce et subtilité.
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Arthur Schnitzler fit preuve de modernité lorsqu'en 1924, il composa ce court récit uniquement sur le mode du monologue intérieur de l'héroïne. Ce choix, en effet, fait des merveilles, surtout dans les passages où Mademoiselle Else se questionne sur ses choix, se projette dans l'avenir ou bien encore revient sur son passé par une analyse, notamment, de ses liens familiaux. Cela permet d'être au coeur des émotions de cette jeune fille, de sentir ses troubles, ses frustrations et ses doutes. Par contre, cela marche moins bien lorsque Mlle Else doit dialoguer avec son entourage. A l'inverse de James Joyce ou Virginia Woolf, Schnitzler ne va pas vraiment au bout de sa proposition. L'introduction des dialogues détruit la magie de la parole intérieure. Bien que peu convaincu par le style assez conventionnel du récit (est-ce l'auteur ou le traducteur ?) cette oeuvre a le mérite de pointer du doigt les hypocrisies bourgeoises des années folles, avec toutes les névroses et les blocages qu'elles engendrent. La sacro-sainte règle du « surtout pas de scandale ! » conduit à des situations et des positionnements absurdes. Enfin, Schnitzler nous montre clairement que les humains vivent, à l'échelle de l'économie sociale, dans un système reposant sur le proxénétisme et la prostitution.
Vivre, avec le capitalisme, c'est vendre son corps.
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Bon, encore une fois me voici en train d'utiliser un subterfuge pour donner un avis sur un roman. C'est bien triste qu'Arthur Schnitzler ne laisse que les petits pas de Mademoiselle Else sur Babelio.

Néanmoins, comme le dit la gouvernante à la fin d'Une Vie de Maupassant : rien n'est jamais tout noir ou tout blanc dans la vie. Oui-da, je suis d'accord avec cet aphorisme. En l'occurrence, si Jeanne s'était secouée un peu, elle aurait vu la vie d'un joli gris.

Mais pardon! Il y a des auteurs pour qui tout est noir et qui barbouillent leurs personnages avec du charbon. J'en ai la preuve! J'ai cité Schnitzler.. Déprimés, détournez-vous de cet homme! Ou bien lisez "Mourir", vous filerez au bar du coin et crierez, garçon, sans mousse!

En revanche, je conseillerai ce roman aux candidats au suicide encore hésitants. Vous verrez ça passera comme une lettre à la poste. Quand même, n'oubliez pas de laisser une note sur la table, disant : je suis dans le puits...

D'un autre côté, il faut être très fort pour donner au lecteur envie de bourrer de coups de pied son héros agonisant. Félix le bien-nommé! Et n'allez pas croire que je suis dure, j'ai connu un type comme ça, et tous, ses proches, ses amis, trouvaient dégoûtant qu'il veuille emmener sa femme avec lui.

Je vais vous dire, et je n'en suis pas fière, "il ne devait pas faire bon dans sa tête". Je parle de Schnitzler, vous l'aurez compris. Heureusement c'est un tout petit livre, raison pour laquelle je l'ai lu jusqu'au bout, ou alors c'est dans l'idée de mettre un peu de vie ici. :))


Mourir, cela n'est rien, mourir, la belle affaire...Mais vivre...


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En Autriche, fin XIXeme, le père d'une jeune bourgeoise se retrouve dans une situation financière délicate et il a besoin d'argent afin de s'en sortir. Il sollicite sa fille, Else, en vacances, pour qu'elle demande de l'argent à un proche de la famille, Monsieur von Dordsay. Ce dernier accepte à une condition : admirer Else nue durant 15 minutes. Un choix cornélien s'offre à Else : l'emprisonnement de son père ou la perte de sa vertu !

Mademoiselle Else posée sur ma table de chevet, un dimanche matin brumeux, le combo gagnant d'une grasse matinée culturelle et riche en émotions. Une autre manière de soutenir le spectacle vivant, en attendant la réouverture des théâtre, car il est certain que j'irai voir cette pièce quand la situation s'améliora.

Lue d'une traîte, cette pièce est un chef d'oeuvre, tant dans l'écriture que dans la mise en scène. Résolument moderne, romantique et dramaturgique, l'histoire de Mademoiselle Esle m'a profondément émue. Je suis restée en apnée à chaque inspiration, comme accrochée aux lèvres de l'actrice. J'ai vécu la pièce, imaginé les odeurs de parfum poudré, le toucher velouté des fauteuils. Les photos ponctuant le texte y aidant beaucoup. Voulant prolonger cette immersion, j'ai pris le temps de tourner les pages, de ne pas lire trop vite, de savourer chaque mot, sensation, émotion.

En moins d'une journée, le destin d'Esle se joue devant nos yeux. Elle vit un ascenseur émotionnel, entre fierté, désinvolture et profond désarroi. Est-ce que la beauté sauve de tout? Peut-on tout accepter par amour ? Y compris renoncer à sa liberté de disposer de son corps à sa convenance?

L'écriture est somptueuse, vive et fluide : un monologue, avec très peu de didascalies. Un seul personnage sur scène, ponctué par les voix d'autres protagonistes. L'auteur, comme le metteur en scène, ont su cerner la psychologie complexe d'une jeune femme face à un dilemme dont elle ne sortira pas indemne. Une écriture très féminine !
En plus du texte de la pièce, L'Avant Scène propose un dossier, passionnant, permettant de mettre en exergue certains points de la pièce : interview de la comédienne, Alice Dufour, du metteur en scène etc. Un petit conseil : ne lisez pas le dossier avant la lecture de la pièce, faute de connaître la fin et de perdre toute saveur à la chute finale.
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Else, Else, vous avez dit Else ?
Je mets ma main à couper que l'auteur a dû prendre un grand plaisir à écrire cette nouvelle tourbillon dans la tête d'une jeune femme. Vacillant à chaque seconde, hésitant et tutoyant la folie, la jeune Else nous donne en pâture ses doutes, sa fragilité, sa vulnérabilité, ses peurs les plus profondes.
Schnitzler réalise un tour de force avec sa nouvelle percutante, abordant un tas de sujets sensibles en quelques évocations subtiles : le regard des autres, la posture proie/chasseur entre la jeune F et l'homme qui détient l'argent, le viol potentiel...
Cette incursion dans la tête de la jeune Else, m'a rappelé l'excellent livre d'Adam Levin (Les Instructions : beaucoup plus long et développé, mais un procédé somme toute similaire).
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