-Démêler le vrai du faux-
Qu'est-ce que la peur ? C'est ainsi que commence le prologue de ce thriller horrifique et psychologique.
Ted Schweik pose tout de suite l'ambiance terrifiante et l'angoisse sourde qui ne cessera de nous accompagner toute la lecture durant.
“
Aeterna Noctis” prend son point d'ancrage dans la musique métal, permettant à notre auteur mélomane de nous distiller une part de vécu dans le décor.
Alexis Darieu, notre personnage principal, est d'ailleurs, du haut de ses vingt ans, un passionné de cette musique dite “du Diable”. Pour lui “rien de tel que de se sentir en communion avec les sons agressifs de sa musique préférée”. À tel point que s'en est devenu un besoin, un art de vivre, un exutoire. À tel point que malgré son statut de chômeur, il en a créé un webzine, “Le portail métallique”. Fils aîné d'une famille modeste vivant au neuvième étage d'un logement social de banlieue, Alexis n'envisage qu'un avenir triste et solitaire, loin de ses semblables qu'il a du mal à comprendre.
Mais ce mystérieux jeune homme va bientôt faire la connaissance de la douce et jolie Anna Mulligan, dix-huit ans, juste diplômée et qui elle se verrait bien un jour journaliste. Leur idylle va naître dans les couloirs de la radio où Alexis co-anime l'émission “High Voltage”.
Jusque-là tout va bien et même mieux, musique, amour et liberté d'expression ! Preparez-vous, ça ne va pas durer. Prévenus à l'avance de la date de la peur à venir de notre héros, c'est fébrile que l'on tourne les pages. Quand en sus ce dernier reçoit une lettre de menace- pourquoi ? Qui ? Dans quel but ?- on comprend qu'une descente aux enfers irrémédiable s'est amorcée.
“Piqué au vif”, Alexis désire en savoir plus, et nous aussi !!
Il semblerait qu'un passé oublié réclame son dû, et que le sort s'acharne . Après la perte brutale d'êtres chers, des études désastreuses, Alexis apparaît coincé dans une spirale de douleurs… Mais il y a aussi Anna, la femme qui l'aime et qui le donnera le courage d'affronter ses démons pour les sortir de l'abîme …
Ted Schweik porte une attention particulière à la psychologie de ses personnages. Il est facile de s'identifier à ces individus lambdas qui se retrouvent dans des situations de folie. Il dresse aussi un portrait peu flatteur de notre société et des nouvelles technologies, une véritable plongée dans cette sublime ignominie qu'est la noirceur humaine.
Pour autant, l'horreur nous fait osciller entre dégoût et fascination, à l'image d'un monde où le Bien et le Mal ne sont plus trop distincts, et où les valeurs morales ont tendance à perdre de leur importance.
Ne vous attendez pas à un bouquin sur le satanisme, ici il sert l'histoire fort à propos, comme un outil pour bousculer les interdits, un outil de transgression de ceux qui n'ont rien à perdre…
J'ai dévoré ce livre au rythme effréné, où le glauque et le gore sont la source d'une expérience poétique : quelle plume ensorcelante ! Quelle histoire inoubliable où la force du passé joue avec les destins . Quand à la fin, je n'en suis pas encore remise !!
Merci Ted, oui, “la peur est un voyage”, et quel guide tu fais ! 🙏
Les amis je vous laisse avec quelques vers tirés du poème “l'horloge” de
Charles Baudelaire :
“Horloge ! Dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit : Souviens-toi !
Les vibrantes douleurs dans ton coeur plein d'effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible,
le plaisir vaporeux fuira vers l'horizon…”
N'hésitez pas à découvrir ou redécouvrir “
Aeterna Noctis”, pépite que je vous conseille sans modération… si votre petit coeur est bien accroché 😉