J'ai acheté ce livre, en pensant qu'il s'agissait d'un roman. Et en fait, c'est un recueil de nouvelles. Je me suis dit "aïe!" car le seul ensemble de nouvelles que j'ai lu d'elle," Hantises", ne m'avait pas plu, trop glauque, trop dérangeant. Pourtant, je suis fan de la romancière!
J'ai nettement préféré ces textes-ci, réunis sous le thème"Histoires de transgression" , titre d'origine qui à mon avis convient mieux qu"infidèle", même s'il est effectivement souvent question d'infidélité...
Pas moins de vingt et un textes ont été rassemblés, venant de revues ( dont " Playboy"...). Certains ne font quelques pages, d'autres sont nettement plus longs, presque des courts romans. Outre la folie qui rôde en chacun de nous,thème récurrent chez cette auteure, j'y ai trouvé d'autres obsessions. Notamment celle des corps huileux, de la transpiration ( bien d'actualité, par cette chaleur) et des taches... Et le ton est toujours aussi acéré, le style imaginatif .
Cependant, je pense que ce recueil ( 600 pages quand même!) est trop long et finit par rendre la lecture indigeste, c'est dommage. Néanmoins, j'ai beaucoup aimé la deuxième partie, il y est souvent question de jeunes femmes ayant connu un événement traumatisant dans l'enfance, qui conditionne leur vie d'adulte, comme " Mais alors, quelle aurait été ma vie?" ou " Sans foi". J'ai aimé aussi le tendre " Le foulard". Par contre, je n'ai pas adhéré à d'autres, surtout dans la première partie, qui m'ont laissée bien perplexe.
Le port dangereux d'armes aux Etats-Unis est aussi évoqué, et plusieurs nouvelles prennent un aspect policier.
Mon avis est globalement positif mais comme je l'ai déjà dit, cette surabondance d'histoires crée la confusion et l'excès chez le lecteur. Et décidément, je préfère les romans de Joyce Carol Oates! J'aime à suivre en détail tous les méandres du parcours d'un personnage, à travers le regard si particulier de l'auteure...
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Un foulard de soie turquoise, élégamment long, étroit; si délicatement brodé de papillons or pâle et argent que l'on pourrait se perdre dans un rêve en le contemplant et s'imaginer transposé dans une autre dimension, dans un autre temps, où ces papillons héraldiques seraient des êtres vivants aux lentes ailes palpitantes.
Lizbeth s'assit sur le banc de fer forgé blanc à côté de Mitchell. Il y avait une éternité qu'ils avaient ce monument, à présent abîmé par les intempéries, et dont la dernière couche de peinture s'écaillait.
(Au Sable)
Lorsque ma mère me montrait des photos de l'homme qu'elle appelait papa, dont certaines découpées aux ciseaux pour éliminer ma grand-mère disparue, je les regardais fixement, incapable de croire qu'il ait pu être aussi beau !
(Sans foi)
- Ils y a des gens qui méritent de mourir parce qu'ils ne méritent pas de vivre. C'est aussi simple que çà. Il faut les arrêter sur la voie de la destruction.
(Le vampire)
Même s'il me semblait me souvenir, je ne pouvais pas savoir. Car simplement se souvenir de quelque chose n'est pas savoir si c'est réellement arrivé. C'est un fait premier de la vie intérieure, le plus difficile des faits avec lesquels il nous faut vivre.
Après seize ans de négociations, le réalisateur Stig Björkman a convaincu Joyce Carol Oates, 85 ans, de lui ouvrir les portes de son univers. Portrait sensible de l’immense romancière, inlassable exploratrice de la psyché noire de l'Amérique.