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EAN : 9782870272817
123 pages
Complexe (20/04/1995)
5/5   1 notes
Résumé :
Texte intégral révisé du manuscrit original non illustré suivi d'une biographie de Paul Gauguin. Préface et postface de Victor Segalen. Récit autobiographique du premier séjour effectué par Gauguin à Tahiti entre 1891 et 1893, "Noa Noa" ("parfumé" en tahitien) relate sa découverte de la Polynésie et de la civilisation maorie en même temps que son aventure intérieure, celle de la renaissance esthétique et spirituelle d'un homme et d'un artiste qui, au contact des "sa... >Voir plus
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Citations et extraits (106) Voir plus Ajouter une citation
païa ?
Vivo tahitien, chanson du vent sur les roseaux, vivo !

Telle, dans le navire du voyage, la chanson du vent sur les flots, vivo !

Telle, aussi claire, aussi obscure, la chanson du sauvage sur le chalumeau, vivo !

Tu interroges :

— Païa ?

Je t’écoute sans répondre, accoudé à l’infini, le menton dans la main, les regards au large, réfléchissant dans mon âme le soleil déjà réfléchi par la mer — réfléchissant.

Et que te répondre ? Je suis triste, mais je sens les ailes de l’espérance s’épanouir en moi comme deux grandes fleurs. Tu m’inquiètes, mais tu me charmes. — Attends encore, chante encore…

Impatiences agitées parmi l’indolence de l’étendue, promesses d’escale en escale démenties, vous voilà qui fusez en réalité d’autres ivresses, d’autres que les rêvées, en joies inconnues. À fonds sourds d’amertumes, ou s’étonne et s’égare mon désir.

Pourtant je vous : li voulus et je vous ai cherchés, flots, ô forêts, ô fleurs folles d’être vivantes, et toi, race dorée : ton âme, me fleur belle aussi, vaste, odorante, généreuse, je l’ai désirée comme une renaissance. Mais tu te gardes de moi, tu gardes ton mystère.

Me le diras-tu, un jour ?

— Ah ! peut-être à l’ombre du manguier colossal !

Ma race aussi fut grande, et elle affirmait, simplement, par des œuvres, la vertu de son cœur et de sa tête. La gloire fleurissait comme dans son jardin dans les yeux de mes ancêtres, ayant au trésor de leur pensée son germe inépuisable.

Bien que le divin soleil — de qui tout est venu, à qui tout retournera — ne leur prodiguât pas ses plus vives flammes, on était heureux à l’ombre des maisons élevées par mes très anciens ancêtres : chaque jour une fête, délicieuse ou tragique, fleurant la bonne odeur du sang et de l’amour, et aux moindres soins de la vie la Beauté présidait, sans qu’on épargnât rien pour l’atteindre et pour la retenir.

Mais les avares héritiers de ces Magnifiques, avec la passion de l’extase héroïque et du sacrifice, perdirent l’art de séduire la Beauté. Ils entassèrent dans des coffres solides les richesses conquises par les vaillants des vieux jours et, sans honte, se réduisirent, pour le quotidien de vivre, à de faux semblants d’honneur et d’amour, ainsi qu’aux produits anonymes, hideux et durables, de quelle industrie ! Ils furent sans tristesse, trouvant dans leur sottise-même, dans les complications vaines de leurs destinées et dans les mensonges dont était tissée leur pensée, des motifs de rire inconnus jusqu’alors. Autour d’eux, pourtant, la terre s’attrista.

Dans un climat où les vraies fleurs ne jaillissent guère que du cerveau des hommes, il n’y eut plus de fleurs puisque l’humanité n’en produisait plus, et puisqu’elle avait caché celles de jadis dans l’herbier dur des coffres, Et quand je voulus, pour les rafraîchir et les renouveler, et pour qu’à leur aspect s’allumât dans tous les yeux le désir d’un autre printemps, les agiter dans l’air, ces fleurs de passé, et dans la lumière, je vis qu’elles avaient été corrompues et changées, ô momies devenues ! déshonorées par la nuit, ô dérisoires fleurs maintenant de papier ! par la nuit poudreuse des coffres-forts : — et que mes contemporains sont avares et jaloux de pourriture actuelle destinée à la purification prochaine du feu — de qui tout est venu, à qui tout retournera — pourriture actuelle et future cendre…

Flots, ô forêts, ô fleurs folles d’être vivantes…

Est-ce le passé qui me poursuit ? Dans mes yeux l’empreinte est-elle ineffaçable, des choses subies ? — Les revoilà !

C’est de toutes habitudes fuies et de vieux désespoirs, c’est de haines et d’amours abolies, c’est de mes propres fautes, fanées ! et des torts de chacun, ah ! fanés ! c’est de tout le passé que sont faits les fantômes accroupis aux pierres du nouveau chemin. Jusqu’aux remords vrais, avec des airs, empruntés, de regrets, évoquant les visages aimés, laissés, et leurs larmes ! Jusqu’aux triomphes sanglants, ces gestes de menteuse gloire, et ce qu’il en reste de cicatrices à l’orgueil ! Et la lassitude ! Et les lassitudes ! Et ce dégoût final d’entendre et de voir qui fit qu’en partant on crut s’évader : tout le passé ressuscite à ces dehors connus, usés, caducs, rancis, de fausses joies et de vains labeurs, — ici !

Une ville ! Argent, Bureaux : une ville ! Casernes, Tavernes, Hôpitaux, Prisons : une ville ! Filles : une ville !

Et la sereine antiquité du ciel sur tout cela, du ciel ou j’ai vu luire aux profondeurs le reflet d’un secret perdu, — sur les habitudes, sur les mensonges, sur les turpitudes, ici comme là bas ! — Et, ici comme là bas, j’aurai l’effroi de voir, par les fenêtres du matin, après le jour et la nuit, après la veille et le sommeil, après le lucre et le stupre, des mains de servantes, indolemment, par la fenêtres du matin, dans la me agiter avec les linceuls du jour au de la nuit la poussière des sept péchés.

Flots, ô forêts, ô fleurs folles d’êtres vivantes, et toi, race dorée : ton âme, une fleur belle aussi, vaste, odorante, généreuse, je l’ai désirée comme la seule vengeance !

Me diras-tu ton mystère, un jour !

— Ah ! loin de la ville, peut-être dans le libre rire des pêcheurs dorés ! Ah ! loin de la ville, peut-être dans le libre baiser des amantes dorées, au bord de la mer !

Loin de la ville ; vers la mer ! Vers la mer où mourront les rumeurs de la ville et du passé ! Vers la mer, où, dans le soir, un vivo sauvage chante doucement !

Mais, hâtons-nous, le chant aussi du vivo va mourir, et la voix de la ville et du passé le menace : elle monte, elle couvre à demi déjà la chanson grêle du vivo, la chanson frêle du bord de la mer.

Que triste le vent gémit dans l’arbre, dans les branches noires et mortes de l’arbre dont les racines maudites sont en moi, dans l’arbre de la ville et du passé !

Vengeance et renaissance ! Liberté ! Future vigueur, ô vivo !

O vivo : ignorer tout ce que tu ne sais pas.

Ne m’interroge plus.

Quand tu m’auras enseigne ta toute-sciente ignorance je pourrai te répondre : tu m’auras dit ton secret.

Je viens à toi, docile, ô maître d’ignorantes et de simplicité, et le sourire n’est pas loin de mes lèvres. Mais j’ai peur que la ville se lève et marche tout entière derrière moi, contre toi, — j’ai peur de apporter la ville ! et de jeter moi-même ses ténèbres entre le bonheur et moi, entre toi et ma douleur.
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Noa Noa : odorant.

La majesté silencieuse de la Forêt accueille le pèlerin en route vers l’Aroraï, la montagne qui touche le ciel.

Nulle vie animale, point d’envols et de chants, et rien qui bondisse et rien qui rampe. Mais quelles harmonies dans les parfums qui grisent l’artiste voyageur ! Que de beaux bruits dans l’éclat polychrome des feuilles, des fruits, des fleurs !

Ses yeux, ou demeure l’éblouissement des splendeurs humaines contemplées à nuits, à journées pleines, ses yeux, repus de sensualités si chastes d’être si naïves, évoquent parmi ce triomphe végétal la Femme qui serait l’âme de la Forêt, l’Ève dorée, aux membres robustes et souples, aux jambes lisses, fortes, rondes, comme ces lianes, des cheveux drus, comme la mousse, des lèvres où fleurit la sève de l’églantier, deux fruits mûrs sur la poitrine, l’Eve dorée, reine enfant et déesse sauvage, sous le dais somptueux des frondaisons, sur le tapis des herbes, des feuilles amoncelées.

Dans l’extase de cette vision, à pas lents il traverse les clairières rares, les hauts fossés, les ruisseaux, gravit les pentes roides, s’aidant des mains, heureux de l’effort, aux parois de rochers, aux branches d’arbres, — jusqu’à ce qu’un glissement furtif sollicite non pas sa crainte vers l’anfractuosité profonde où luit le blanc ruban d’une source au delà d’un bouquet bas et large, — vers la grotte fraîche où bruit doucement la Source — Papemoë — la Source Mystérieuse ; et c’est, soudaine, la présence réelle !

Un jeune être, penché, perché sur d’imperceptibles degrés taillés par le temps dans le mur stratifié de la montagne que la forêt habille de pourpre, un bel être nu boit dans sa main, à la source mystérieuse, à la source sauvage comme lui. Et l’artiste frémit dans son âme devant cette apparition qui lui révèle la vie secrète, le secret vivant de la Foret, de la Montagne, de l’Île.

Mais la jeune fille, avertie par la complicité fraternelle, autour d’elle, des choses qui lui dénoncent le témoin, se détourne, voit, et d’un essor léger s’efface sur le rideau des feuilles et des ramures qui s’entrouvrent à sa fuite, et se referment silencieusement, impénétrablement.

La Source mystérieuse continue sa plainte, pure comme une voix de femme. Parmi les senteurs vives dont est chargé l’air, s’exhale et domine, enivrant, l’esprit même, l’esprit parfumé de l’île Heureuse : Noa Noa.
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Taaroa dormait avec la femme qui se nomme Déesse du Dehors (ou de la mer).

D’eux sont nés les nuages blancs, les nuages noirs, la pluie.

Taaroa dormait avec la femme qui se nomme Déesse du Dedans (ou de la terre).

D’eux est né le Premier Germe.

Est né ensuite tout ce qui croit à la surface de la terre.

Est né ensuite le brouillard des montagnes.

Est né ensuite celui qui se nomme le Fort.

Est née ensuite, celle qui se nomme la Belle ou l’ornée-pour-plaire.

Mahoüi [2] va lancer sa pirogue.

Il s’assied dans le fond. À son côté droit pend l’hameçon, attaché à, la ligne par des tresses de cheveux.

Et cette ligne qu’il tient dans sa main, et cet hameçon, il les laisse descendre dans les profondeurs de l’univers pour pêcher le grand poisson (la terre).

L’hameçon a mordu.

Déjà se montrent les âmes, déjà le Dieu sent le poids énorme du monde.

Téfatou (le Dieu de la terre et la terre elle-même), pris à l’hameçon émerge de la nuit, encore suspendu dans immensité.

Mahoüi a péché le grand poisson qui nage dans l’espace et qu’il peut à présent diriger selon sa volonté.

Il le tient dans sa main.

Mahoüi règle, en outre, le cours dut soleil, de telle sorte que le jour et la nuit soient d’égale durée.

Je demandai à Téhura de me nommer les Dieux :

— Dormait Taaroa avec la femme Ohina, Déesse de l’air.

Sont nés deux l’Arc-en-ciel, le Clair-de-la-lune, puis les nuages rouges, la pluie rouge.

Dormait Taaroa avec la femme Ohina, Déesse du sein de la terre.

Est né d’eux Téfatou, le génie qui anime la terre et qui se manifeste par les bruits souterrains.

Dormait Taaroa avec la femme dite Au-delà-de toute-terre.

D’eux sont nés les Dieux Téirü et Roüanoüa.

Puis Roo, qui sortit du ventre de sa mère par le côte.

Et de la même femme naquirent encore la Colère et la Tempête, les Vents Furieux, et aussi la Paix, qui les suit.

Et la source de ces esprits est dans le lieu d’où sont envoyés les Messagers.

Mais Téhura convient que ces filiations sont contestées.

Voici la classification la plus orthodoxe.

Les Dieux se divisent en Atuas et Oromatuas.

Les Atuas supérieurs sont tous fils et petits-fils de Taaroa.

Ils résident dans les cieux. — Il y à Sept Cieux.

Taaroa et sa femme Féii Féii Maïtéraï eurent pour fils : Oro (le premier des Dieux après son père et qui eut lui-même deux fils, Tétaï Mati et Oüroü Tétéfa), Raa (père de Tétoüa Oüroü Oüroü, Féoïto, Téhémé, Roa Roa, Téhu Raï Tia Hotoü, Témoüria), Tané (père de Peüroüraï, Piata Hoüa, Piatia Roroa, Parara Iti Mataï, Patia Taüra, Tané Haérirai), Roo, Tiéri, Téfatou, Roüa Noüa, Toma Hora, Roüa Otia, Moë, Toüpa, Panoüa, Téfatou Tiré, Téfatou Toütaü, Péuraï, Mahoüi, Harana, Paümoüri, Hiro, Roüi, Fanoüra, Fatoühoüi, Rii.

Chacun de ces dieux à ses attributions particulières.

Nous connaissons déjà les œuvres de Mahoüi, de Téfatou…

Tané a pour bouche le septième ciel — et cela signifie que la bouche de ce Dieu, qui a donné son nom à l’homme, est l’extrémité du ciel par où la lumière commence à éclairer la terre.

Rii sépara les cieux et la terre.

Roüi gonfla les eaux de l’océan, rompit la masse solide du continent terrestre et le divisa en ces innombrables parties qui sont les Îles actuelles ;

Fanoüra, de qui la tête touchait aux nues et les pieds au fond de la mer, et Fatoühoüi, autre géant, descendirent ensemble à Eïva — terre inconnue — pour combattre et détruire le cochon monstrueux qui dévorait les hommes.

Hiro, Dieu des voleurs, faisait avec ses doigts des trous dans les rochers. Il délivra une vierge que des géants retenaient dans-un lieu enchanté : d’une seule main il arracha les arbres qui cachaient cachaient au jour la prison de la vierge, et le charme fut rompu…

Les Atuas inférieurs s’intéressent particulièrement à la vie et au travail des hommes, sans partager leurs habitations.

Ce sont : les Atuas Maho (Dieux-Requins), patrons des navigateurs ; les Pého, Dieux et Déesses des vallons, patrons des agriculteurs ; les No Té Oüpas Oüpas, patrons des chanteurs, des comédiens et des danseurs ; les Raaoü Pava Maïs, patrons des médecins ; les No Apas, Dieux auxquels on faisait des offrandes afin d’être protégé par eux contre les maléfices et les enchantements ; les O Tanoü, patrons des laboureurs ; les Tané Ité Haas, patrons des charpentiers et des constructeurs ; les Minias et les Papéas, patrons des couvreurs ; les Matatinis, patrons des faiseurs de filets.

Les Oromatuas sont les Dieux domestiques, les Lares.

Il y a les Oromatuas proprement dits et les génies.

Les Oromatuas punissent les fauteur de querelles, maintiennent la paix dans les familles. Ce sont : les Varna Taatas, âmes des hommes et des femmes morts dans chaque famille ; les Eriorios, âmes des enfants morts en bas âge et de mort naturelle ; les Poüaras, âmes des enfants qu’on tuait à leur naissance et qui revenaient dans le corps des sauterelles.

Les génies sont des divinités supposées, ou plutôt sciemment imaginées par l’homme. À tel animal, à tel objet, sans motif apparent, sinon réel, de choix, il attribue le sens divin, et, dès lors, il le consultera dans toutes les circonstances importantes : un arbre, par exemple. — Il y a peut-être là une trace de la métempsycose indienne, que les Maories ont très probablement connue. Leurs chants historiques et leurs légendes abondent en fables où l’on voit les grands Dieux revêtir la forme des animaux et des plantes.

Après les Atuas et les Oromatuas viennent, au dernier rang de la hiérarchie céleste, les Tiis.

Ces fils de Taaroa et d’Hina sont très nombreux.

Esprits inférieurs aux Dieux, étrangers aux hommes, ils sont, dans la cosmogonie maorie, intermédiaires entre les êtres êtres organiques et les êtres inorganiques, défendant contre les usurpations de ceux-là les droits et prérogatives de ceux-ci. Voici leur origine.

Dormait Taaroa avec Hina, et d’eux naquit Tii.

Dormait Tii avec la femme Ani (désir), et d’eux sont nés : Désir-de-la-nuit, messager des ténèbres et de la mort ; Désir-du-jour, messager de la lumière et de la vie ; Désir-des-Dieux, messager des intérêts célestes ; Désir-des-hommes, messager des intérêts humains.

Sont nés ensuite : Tii-de-l’intérieur, qui veille sur les animaux et sur les plantes ; Tii-du-dehors, qui garde les êtres et les choses de la mer ; Tii-des-sables, et Tii-des-rivages, et Tii-des-terres-mouvantes ; Tii-des-rochers et Tii-des-terres solides.

Sont nés plus tard encore : Événement-de-la-nuit, Événement-du-jour, Aller et Revenir, le Flux, le Reflux, le Donner et le Recevoir-le-plaisir.

Les images des Tiis étaient placées aux extrémités des maraës (temples) et limitaient l’enceinte des terres sacrées. Un en voyait sur les rochers, sur les rivages, et ces idoles avaient la mission de marquer la limite entre la terre et la mer, de maintenir l’harmonie entre les deux éléments, de conjurer leurs empiètements réciproques. Des voyageurs modernes ont encore pu voir, dans l’Ile de Pâques, quelques statues de Tiis. Ébauches colossales, participant des formes humaines et des formes animales, elles attelaient une conception particulière de la beauté et une réelle adresse dans l’art de tailler la pierre, d’en superposer les blocs architecturale ment, avec des combinaisons originales, ingénieuses, de couleurs ;

L’invasion européenne et le monothéisme ont détruit ces vestiges d’une civilisation qui eut sa grandeur. Aujourd’hui, quand les Tahitiens se mêlent d’édifier un monument décoratif, ils réalisent des miracles de mauvais goût — dans le genre du tombeau de Pomaré. Ils ont perdu leur sens natif, et dont pourtant il furent si richement doués, de l’accord nécessaire des créations humaines avec la vie animale et végétale qui constitue leur cadre et leur décor. À notre contact, à notre école, ils sont vraiment devenus des « Sauvages », dans l’acception que l’occident latin prête à ce vocable. Restés beaux eux-mêmes comme des chefs-d’œuvre de l’art, ils se sont (nous les avons) stérilisés au moral ; au physique aussi.

Il existe quelques traces de maraës. C’étaient des parallélogrammes interrompus par des ouvertures : trois côtés consistaient en murs de pierre de quatre à six pieds ; une pyramide moins haute que large formait le quatrième. En tout, cent mètres de largeur, environ, et quarante de longueur. — Les images des Tiis décoraient cette architecture sommaire.

La lune tient une place importante dans les spéculations métaphysiques des Maories. On a déjà dit que de grandes fêtes se célébraient, jadis, en son honneur. Hina est souvent invoquée dans les récits traditionnels des Aréoïs.

Mais son concours à l’harmonie du monde, son rôle est plutôt négatif que positif.

Cela apparait clairement dans inquiétant dialogue — plus haut cité — d’Hina et de Têfatou.

De pareils textes offriraient une belle matière aux exégètes, s’il s’en trouvait pour commenter la Bible océanienne. Ils y verraient d’abord les principes d’une religion fondée sur l’adoration des forces de la nature, — trait commun à toutes les religions primitives. La plupart des dieux maories sont, en effet, les personnifications des divers éléments. Mais des regards attentifs — et que ne distrairait pas, que ne dépraverait pas le désir de démontrer la supériorité de notre philosophie sur celle de ces « peuplades », ne tarderaient pas à découvrir en de telles légendes des traits intéressants et singuliers.

J’en veux signaler deux — et je me contenterai de les indiquer. Aux savants appartient le soin de vérifier ces hypothèses.
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Dieu sait quel jour de l’année — il faisait beau, ce qui ne distingue pas un jour dans l’année tahitienne — nous nous mîmes en tête, un matin, d’aller visiter des amis qui avaient leur case à dix kilomètres, à peu près, de la notre.

Partis à six heures, nous fîmes à la fraîche le chemin, assez vivement, puisque nous étions arrivés à huit heures.

Un ne nous attendait pas : grande joie, et, les embrassades terminées, on se mit, pour nous faire fête, en quête d’un petit cochon. Le meurtre fut accompli. Au cochon deux poules furent ajoutées. Une superbe pieuvre prise le matin-même, quelques taros et des bananes complétèrent le menu d’un repas copieux et appétissant.

Je proposai, pour attendre midi, d’aller aux grottes de Mara, que j’avais bien souvent vues de loin sans que jamais encore l’occasion se fût offerte de les visiter.

Trois jeunes filles, un jeune garçon, Téhura et moi, toute une petite bande joyeuse, nous eûmes bientôt brûlé l’étape.

Du bord de la route, on prendrait la grotte, presque entièrement cachée par des goyaviers, pour un simple accident du rocher, une fissure un peu plus nette que les autres. Mais écartez les branches, laissez-vous glisser d’un mètre en hauteur : plus de soleil, on est dans une sorte de caverne, dont le fond suggère l’idée d’une petite scène de théâtre, au plancher très rouge, distante, en apparence, d’une centaine de mètres. Sur l’une et l’autre parois, d’énormes serpents semblent s’allonger avec lenteur pour venir boire à la surface du lac intérieur : ce sont des racines qui se font jour dans les crevasses du roc.

— Si nous prenions un bain ?

On me répond que l’eau est trop froide ; puis, de longs conciliabules à l’écart, et des rires qui m’intriguent.

J’insiste : enfin, les jeunes filles se décident, quittent leurs légers vêtements, et les paréos à la ceinture, nous voilà tous à l’eau.

Ce n’est qu’un cri général :

— Toë toë !

L’eau clapote et ses bruits se répercutent en mille échos qui répètent : toë toë !

— Viens-tu avec moi ? dis-je à Téhura en lui montrant le fond.

— Tu es fou ? Là bas, si loin ! Et les anguilles ? On ne va jamais là.

Et ondulante, gracieuse, elle se jouait sur le bord, comme une jeune personne très fière de savoir si bien nager. Mais moi aussi, je sais très bien nager, et, quoiqu’il m’en coutât un peu de n’aventurer tout seul, je me dirigeai vers le fond. Par quel étrange phénomène de mirage semblait-il s’éloigner de moi à mesure que je m’efforçais de l’atteindre ? J’avançais toujours et, de chaque côté, les grands serpents me regardaient avec ironie. Un instant, je crus voir flotter une grosse tortue ; la tête émergea même de l’eau, et je distinguai deux yeux brillants et fixes qui me défilaient. Folies ! pensai-je : les tortues de mer ne séjournent pas dans l’eau douce. Pourtant (suis-je donc devenu vraiment un Maorie ?) j’ai des doutes et peu s’en faut que je frissonne. Qu’est-ce maintenant que ces ondulations larges, silencieuses, là, devant moi ? Les anguilles ! — Allons, il faut secouer cette impression paralysante de la peur !’

Je me laissai couler å pic pour toucher le fond. Mais il me fallut remonter sans y être parvenu. Du bord, Téhura me crie :

— Reviens

Je me retourne, et je la vois très loin, toute petite… Pourquoi la distance dans ce sens va-t-elle aussi à l’infini ? Téhura n’est plus qu’un point noir dans cercle lumineux.

Rageusement je m’obstine. Toute une demi-heure je nage : le fond m’apparaît toujours aussi loin !

Un point de repos, un petit plateau, quelconque, et au-delà encore un trou béant qui va… ou cela ? Mystère que je renonce renonce à approfondir.

Et je l’avoue enfin : j’ai vraiment peur.

Il me fallut une grande heure pour atteindre le but.

Téhura seule m’attendait. Ses compagnes, indifférentes, étaient parties.

Téhura fit une prière, et nous sortîmes de la grotte.

Je tremblais encore un peu — de froid. Mais au grand air j’achevai de reprendre possession de moi, surtout quand Téhura, avec un sourire où je crus démêler de la malice, me demanda :

— Tu n’as pas eu peur ?

Effrontément, je lui répondis :

— Nous autres Français, nous n’avons jamais peur.

Téhura ne manifesta ni pitié ni admiration. Mais je m’aperçus qu’elle m’épiait du coin de l’œil pendant que j’allais, à quelques de là, lui cueillir des tiaré odorantes pour les planter dans la brousse de ses cheveux.

La route était belle, la mer, superbe. En face de nous, Moréa dressait ses mornes altiers et grandioses.

Qu’il fait bon vivre ! Et de quel vaillant appétit on dévore, au retour d’un bain de deux heures, le petit cochon savamment préparé qui vous attend au logis !

Une grande noce eut lieu à Mataïéa, — la vraie noce, la noce religieuse et légale, que les missionnaires s’efforcent d’imposer aux Tahitiens convertis.

J’y fus invité, et Téhura y vint avec moi,

Le repas fait, à Tahiti — comme ailleurs, je crois — le fond de lu fête. À Tahiti, du moins, on déploie dans ces solennités le plus grand luxe culinaire. Petits cochons roiis sur des cailloux chauds, incroyable abondance de poissons, maïoré, bananes et goyaves, taro, etc.

La table, où un nombre considérable de convives étaient assis, avait été placée sous un toit improvisé, que décoraient gracieusement des feuilles et des fleurs.

Tous les parents et tous les amis des deux époux étaient là.

La jeune fille — l’institutrice de l’endroit, une demi-blanche — prenait pour époux un authentique Maorie, fils du chef du district de Punaauïa. Elle avait été élevée dans les « écoles religieuses » de Papeete, et l’évêque protestant, qui s’intéressait à elle, s’était personnellement entremis pour conclure ce mariage, que plusieurs trouvaient un peu hâtif. — Là bas, ce que missionnaire veut, Dieu le veut…

Toute une heure durant, on mange, on boit — beaucoup.

Après quoi commencent les discours. Ils sont nombreux. On les récite avec ordre et méthode, et c’est un concours d’éloquence très curieux.

Puis vient la question importante : quelle des deux familles donnera un nouveau nom à la mariée ? Cet usage national, qui date de toute antiquité, constitue une prérogative précieuse très enviée, très disputée. Il n’est pas rare que le débat, sur ce point, dégénère en bataille.

Il n’en fut rien, ce jour-là. Tout se passa gaiment, paisiblement. À vrai dire, la tablée était pas mal ivre. Ma pauvre vahiné elle-même (je ne pouvais la surveiller), entraînée par l’exemple, sortit de là ivre-morte, hélas ! et ce ne fut pas sans peine que je la ramenai au logis…

Au centre de la table, trônait la femme du chef de Punaauïa, admirable de dignité. Sa robe en velours orangé, prétentieuse et bizarre, lui donnait vaguement l’air d’une héroïne de foire.-Mais la grâce incorruptible de sa race et la conscience de son rang prêtaient à ces oripeaux je ne sais quelle grandeur. Dans cette tête tahitienne, aux fumets des mets, aux odeurs des fleurs de l’Île, la présence de cette femme majestueuse, d’un type très pur, ajoutait, me semblait-il, un parfum plus fort que les autres et dans lequel ils s’exaltaient tous.

À son côté se tenait une aïeule centenaire, affreuse de décrépitude et que la double rangée intacte de ses dents de cannibale rendait encore plus horrible. Elle s’intéressait peu à ce qu’on faisait autour d’elle, immobile, rigide, presque une momie. Mais sur sa joue un tatouage, une marque sombre, indécise dans sa forme qui rappelait le style d’une lettre latine, parlait à mes yeux pour elle et me contait son histoire. Ce tatouage là ne ressemblait en rien à ceux des sauvages : il était sûrement fait de main européenne.

Je m’informai.

Autrefois, me dit-on, les missionnaires, sévissant contre la luxure, signaient certaine femmes d’un signe d’infamie, d’un « sceau de l’enfer », — ce qui les couvrait de honte : non point à cause du péché commis, mais à cause du ridicule et de l’opprobre d’une telle « marque de distinction ».

Je compris, ce jour-là, mieux que je n’avais jamais fait, la défiance des Maories vis-à-vis des Européens, défiance qui persiste aujourd’hui encore, toute tempérée qu’elle est, du reste, par les généreux et hospitaliers instincts de l’âme océanienne.

Que d’années entre l’aïeule marquée par le prêtre et la jeune fille mariée par le prêtre ! La marque reste, indélébile, attestant la défaite de la race qui la subit et la lâcheté de la race qui l’infligea.

Cinq mois plus tard, la jeune mariée mit au monde un enfant bien conforme. Fureur des parents, qui demandent la séparation. La jeune homme s’y opposa :

— Puisque nous nous aimons, qu’importe ? N’est-il pas dans nos usages d’adopter les enfants des autres ? j’adopte celui-ci.

Mais pourquoi donc l’évêque s’était-il tant remué pour hâter la cérémonie du mariage ? On en jasa. Les mauvaises langues insinuaient que… Il y a des mauvaises langues même à Tahiti.
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Papemoë[1]
I
Le grand Arbre autrefois fier de sa frondaison,
L’Arbre mort maintenant, vert seulement de lierre
Jette d’un geste aigu l’ombre inhospitalière
D’un écueil sur la mer de glèbe et de gazon.

Ô matin ! L’Amour darde ses traits de lumière
À un hommes endormie parmi la fenaison
Et la voix des enfants enchante la clairière
Mais l’Arbre humilié désole l’horizon.

Chant des oiseaux et leur rythmique ondoiement d’ailes !
Hymne du moissonneur aux semences fidèles !
Tout est beauté, tout est bonté, tout est clarté ;
Le ciel rit doucement à la plaine infinie
D’où monte comme un vaste arôme d’harmonie
Mais l’Arbre mort se dresse, et tout est dévasté.

II
Par ici, bûcheron, avec ta hache claire !
Viens accomplir l’œuvre d’amour et de colère !

Avec l’amour et la colère de l’acier
Frappe au pied le grand Arbre, ô jeune justicier !

Avec l’assentiment des Dieux et de ta force
Abats le géant mort sous sa stérile écorce !

Brise les rameaux secs ! Romps les flancs vermoulus !
Frappe le coup suprême au cœur qui ne bat plus !

Éblouis du plein jour la foule ténébreuse
Des démons accroupis dans la carcasse creuse !
Ils jetteront sur toi des cris horribles : ris,
Car un Dieu est dans ta main droite, de leurs cris !

Et s’ils prennent pour attendrir des voix touchantes
Poursuis ta tâche et plus haut gueux toi-même chante !

Avec l’amour et la colère de l’acier
Détruis l’Arbre funste, ô jeune justicier !

Et que l’infini vibre et que le ciel s’atteste
Au vaste et circulaire élan bleu de ton geste !

III
Au premier coup que triste on entendit gémir
Dans l’Arbre de passe la voix du souvenir
Vibrant du loin des jours à l’émoi des murmures !
Et que pâlit la nue à travers les ramures
S’entrechoquant comme des bras décharnes, noirs,
Dans la folie et la fureur du désespoir !
Et que perdit l’éclat gai de sa robe verte
Le gazon où tombait la multitude inerte
Des menus rameaux morts, au premier choc brisés !
De pesants relents soudain volatilisés
Chargeaient l’air, et dans le ciel s’éveillait forage.

Mais le bûcheron bûcheronnait avec rage,
Une chanson légère aux dents et une fleur,
Et sa hache était, dans la surhumaine ampleur
De l’effort, l’aile d’un ange qui font des nues.

Du faîte jusqu’en les profondeurs inconnues
Où son orgueil des anciens temps fut implanté
Tout l’Arbre frémissait sous les coups répétés.

Ce n’était maintenant dans le mort titanique
Que l’unique rumeur pathétique et panique
Du million de cris des monstres dont ses flancs
Se peuplèrent et qui dardaient leurs yeux sanglants,
Avec des plaintes et des menaces rugies,
À l’entaille toujours par la hache élargie.

Cris rauques de la haine, aigres cris de la peur :

Malheur ! Meure le profanateur !
C’est ici notre empire et la Nuit.
Arrière ! Nous sommes ce qu’on fuit,
Les vers nourris de sang corrompu,
Gorgés toujours et jamais repus,
Les désirs rampants au fond des cœurs,
Tout ce qu’on cache et tout ce qu’on fuit,
Les larves obscènes de la Nuit,
Toute la Haine et toute la Peur,
Tout ce qu’on fuit et tout ce qu’on cache !
Arrière ! Arrière ! Épargne l’horreur
Du soleil aux larves de la Nuit !
Crains-nous, la Haine ! Crains-nous, la Peur !
Malheur ! Meure le profanateur !

Et des griffes grinçaient sur l’acier de la hache.
Mais le bûcheron bûcheronnait sans rien voir,
Sans rien entemlre, simple et faisant son devoir.

Soudain cessèrent les cris et, magicienne,
Une voix seule, belle en sa grâce ancienne,
Délicieusement, mélancoliquement,
Chanta ces vers sure un rythme triste et charmant :

Je fus touché par les années
Avant que par ta main cruelle !
Vois : les sévères destinées
M’ont meurtri de leurs fortes ailes.

Vois : la fin de l’Arbre est prochaine
Et le crime était inutile,
Vois : c’est un mourant que ta haine,
Enfant sacrilège, mutile.

Vois ! la pitié du temps oublie
Le vieux, l’unique, le suprême
Témoin de forêts abolies :
Ô fils de l’aube, fais de même !

J’étais la bonté de la terre
Aux jours heureux : de tes ancêtres,
Écoute le vieux solitaire
Demander grâce aux nouveaux maîtres

Écoute et vois : mille ans de gloire
Consacrent mes tremblante branches.
Respecte les ramures noires
Comme les chevelures blanches.

Tes pères à mon ombre auguste
Sont nés. Jeune homme à la main rude,
Du fond de leur tombeau ces justes
Maudissent ton ingratitude.

Mon abri leur fut tutélaire
Quand les nuages étaient sombres ;
Dans la chaleur des heures claires
Ils aimaient dormir à mon ombre.

L’amour y commença le rêve
Que la science y vint poursuivre
Et c’est aux sources de ma sève
Qu’ils ont bu l’ivresse de vivre.

Car l’homme à l’arbre qu’il torture
Doit la paix, la force et la joie.
C’est moi le mât et la toiture !
C’est moi dans l’âtre qui flamboie !

J’attire sur moi la tempête
Et, Muse tour à tour et Mire,
J’inspire les chants du poëte
Et fait guérit que je respire.

Le vent dans ma tête sonore
A rendu d’illustres oracles,
Et le crépuscule et l’aurore
Y font encore leurs miracles.

Sonne l’heure, soit ! je succombe.
Mais je veux une fin sublime :
Les Dieux m’ont destine pour tombe,
Creuse par la foudre, un abîme !

La Hache se levant et retombant toujours
Répondait gravement à coups égaux et lourds :

Périsse la Mort et vive la Vie !
Non pas la pitié, mais l’horreur t’oublie :
Retourne à la nuit, messager d’effroi,
Car l’odeur du mal émane de toi.

Car tu n’as plus rien de l’aïeul splendide
Qui verdoyait clair sur le ciel limpide,
Debout dans sa grâce et dans sa vigueur,
Somptueux bouquet d’une seule fleur.

On le vénérait, lui, l’Ancien, le Sage !
Ses rameaux puissants, sur le passage
À leur ombre sûre au loin abrité,
Avec la fraicheur versaient la bonté.

Quel Dieu malfaisant, par quelle nuit morne
Dressa ton opprobre, ó fatale borne
Que la peur signale et signe le deuil,
Aux lieux où fleurit tant de juste orgueil ?

Il ne sort de toi que bruits de mensonges.
Des exhalaisons putrides de songes

Empoisonnent l’air que tu respiras.
La haine et la peur ont crispé tes bras.

La haine et la peur suintent dans tes plaies.
Tu blesses le jour et tu nous effraies
Comme une menace et comme un affront
Dont nous portons tous le stigmate au front.

Périsse la Mort et vive la Vie !
Tu tins trop longtemps la plaine asservie
À l’autorité d’un passé nié
Par ton propre spectre, Arbre humilié.

On tremble à ton ombre, à ton ombre on n’ose
Pas vivre, l’homme est devenu morose,
L’amante mendie en vain des baisers
Et les frères ont été divisés.

Et plusieurs ont clos leur maison, se crainte
Que ton ombre entrât par ta porte sainte
Et soufflât la mort sur les purs flambeau :
Que l’amour allume entre les berceaux.

Tu ne tiens debout que par l’artifice
Des démons, ô leur funeste complice,
Qui vont aiguiser, la nuit, s’évadant,
Sur l’enfant qui dort leur griffe et leur dent.

Mais moi, pénétrant dans ta pourriture,
Je délivrerai l’homme et la nature
De l’Arbre stérile et des vils esprits.
Le mort et le mal sont en toi : péris !

Afin que l’espoir dans les cœurs renaisse !
Afin qu’il y ait une autre jeunesse,
De nouvelles fleurs, encore un été,
Et que l’Amour règne avec la Beauté !

Périsse la Mort et vive la vie !
Je frappe et je suis sourde. Pleure, crie,
L’œuvre est faite ! L’aube a vaincu la nuit
Et l’Arbre de la Science est détruit.
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