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EAN : 9782746505452
160 pages
Le Pommier (08/03/2011)
3.45/5   11 notes
Résumé :

« D où jaillit la Musique ? Des bruits du monde ? Des clameurs issues des assemblées ? De nos émotions ? Et comment la définir ? Rien de plus difficile que derépondre à ces questions. J ai préféré dire ce qu elle est en trois contes. Légendaire, le premier suit la vie d Orphée, son initiation auprès des Bacchantes et des Muses, puis sa plongée dans les Enfers à la recherche d Euryd... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
"Comment aimer en musique?" "Peut-on penser en musique?" "Doit-on louer en musique?" Michel Serres (professeur d'université, agrégé de philosophie, auteur d'essais philosophiques et d'histoires des sciences dont Temps de crises et Biogée) a répondu à ces trois questions par trois récits. Trois récits musicaux composent cet essai: Musique.
Bruits: s'appuyant sur la légende d'Orphée, conte l' initiation d'Orphée auprès des Bacchantes et des Muses, alors qu'il est "désireux de se délivrer de l'enfer détonnant", son errance, sa descente aux enfers pour sauver Eurydice. Michel Serres qui se veut "voyageur orphique", parle du passage du bruit (chaos puis "clameur du vent","plainte de la brise"...) à la musique car en descendant au plus profond de soi, on rejoint en quelque sorte le sein maternel là où "la vie profonde compose une partition", là où la musique "sauve du mal".
Voix: est un récit autobiographique car Michel Serres, enfant, inventait des chants pour "couvrir les bruits de la guerre". La musique "inspire la création", mais le chemin pour y parvenir est ici plus savant (avec passage vers l'abstraction).
Verbe: est la partie la plus spirituelle de cet essai Musique car Michel Serres (en se référant au Magnificat) prend le chemin de la Visitation, évoque "la naissance de l'âme grande dans les vocalises issues de la gorge maternelle au commencement du chant psalmodié".
Musique est un essai très enrichissant, bien ordonné en chapitres et sous chapitres pour permettre au lecteur de comprendre que la musique est universelle, est lumière, permet l'envol, l'élévation de l'âme, rassemble, guide vers l'abstraction, est joie. "Elle est là et elle n'est pas là" donc elle est mystère et, alors que l'écrivain descend du sens vers la musique des mots, le philosophe parle à plusieurs voix.
Musique est une belle leçon de philosophie, un voyage initiatique entrainant le lecteur sourd et muet des ténèbres vers la musique céleste. La musique n'est-elle pas divine?
Oui, assurément!
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Le philosophe propose trois contes, trois métaphores, pour expliquer non pas la musique elle-même, mais sa naissance, alors qu'elle s'extrait d'un big bang initial, « bruit » originel. Dans un premier segment, il aborde le mythe d'Orphée, avant de revenir sur ses premiers contacts avec la musique, puis d'aborder le sujet d'un point de vue biblique. le Magnificat chanté par la Vierge, traité par de nombreux compositeurs, ne serait-il pas le chant formateur de notre société? Voilà du moins la conviction qu'il partage.

Malgré la pertinence de certaines des prémisses évoquées, j'ai eu l'impression de rester en marge du propos, d'avoir été témoin d'une lecture analytique, mathématique (l'auteur transforme d'ailleurs à un moment les cellules musicales en algorithmes). L'auteur décortique, argumente, propose des pistes, revisite certains mythiques, certes, plonge dans quelques souvenirs, mais cela reste terriblement froid, distancié, clinique, élitiste.
Lien : http://lucierenaud.blogspot...
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critiques presse (1)
Telerama
22 juin 2011
De ce beau livre sur la musique, on ressort, en tout cas, plus intelligent.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
Arrêt en Ombrie. Comme bien des paysans, saint François chantait avec les oiseaux et parlait au loup de Gubbio. Le troubadour d'Assise, mon seul maître vénéré, cherchait à délivrer, comme j'essaie de le faire après lui, moins bien que lui, les choses et les vivants de la servitude où sa tradition religieuse les tenait, où ma tradition, savante et philosophe, les tien toujours.
François saint et musicien de vie.
(...)
Arrêt à Jérusalem. Le Saint-Esprit descendit-il sur les apôtres sous la forme d'une colombe, pour que son chant de paix se fasse comprendre de tous les peuples divers, rassemblés sur la place publique ? Ce vent soufflant par rafales, ce feu ronflant, ces ondes vibrantes, ne les entendons-nous pas dans l'inspiration musicale vivant, gisant, comme un roucoulement, sous toute langue ?
En certains rameaux, j'entends chanter encore l'oiseau de Pentecôte.
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Cette troisième voie, la langue hébraïque le nomme le début « ruagh », ce souffle de l'esprit sur le tohu-bohu des eaux éparses, au matin du Monde. Ce bruit indéchiffrable derrière la barrière de Planck en deçà de laquelle les sciences ne savent aller, définit, au minimum et en termes de physique, la métaphysique. La langue grecque de saint Jean appelle « logos » la station sainte de la route qui part de ce souffle, et, en deçà, de ce tohu-bohu, puis court les Psaumes, le Cantique des cantiques et les furies prophétiques, pour descendre enfin en langues de feu, au matin de Pentecôte, sur la tête des apôtres, leur ouvrant le parler en langues, c'est-à-dire en Musique. Encore obscur et sourd à la connaissance, ce chemin devient divinement dicible.
Ce souffle sur les premières eaux, cette voix qui crie dans le désert commencèrent-ils et s'amplifièrent-ils quand les hommes s'hominisèrent, passant de la nature aux cultures, transition qu'ils n'eussent pu franchir, sans doute, privés d'une aide décisive du divin ? Issue du puits de cette césure et remplissant son abîme, cette onde audible lance la bête hominienne dans une aventure nouvelle et rejaillit en retour sur le tout de la nature, depuis son commencement. L'a-t-elle créée, je ne sais, nais, en tous cas, en la connaissant, elle la recrée.
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Jean-Sébastien Bach, sûrement, Haydn et Haendel, peut-être, Couperin et Fauré, parfois, passèrent une vie enchanteresse à composer des louanges. "A louer Dieu avec sonneries de cor, harpe et cithare, tambour et danses, cordes et flûte, petites cymbales sonores, grandes cymbales de l'ovation " (Psaume 150). Ils gagnèrent leur vie, je veux dire leur corps et leur âme, à célébrer, glorifier, magnifier. Je n'ai pas encore gagné la mienne, je veux dire ma joie, à me perdre, corps et biens, dans ces eaux bonnes de l'éloge.
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Oui. Si, en effet, la gloire se perche là-haut — in excelsis, très haut —, nul d'entre nous n'y parviendra jamais. Car elle devient ce en comparaison de quoi rien d'autre n'est plus accessible. Ce superlatif efface tout comparatif; or, le mal du Monde vient de la comparaison. Alors, ô merveille, nous voilà sauvés ! Plus de gloire parmi nous, juchée qu'elle se trouve au-dessus d'un sommet où nul alpiniste ne pourra jamais planter son crochet ni son piolet ni le minable drapeau d'une nation mal née. Car si personne n'y accède, plus de comparaison, plus de mimétisme parmi nous, plus de jalousie, de compétition, de course, de rivalité, donc de cette haine qui pourrait nous précipiter à nous égorger les uns les autres jusqu'au dernier. Plus de guerre. Paix.
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La critique rapetisse; soupçonner amenuise, diminue et ratatine; la dénonciation comprime, exprime le citron sur l’huître dont il rétrécit la tunique; opiniâtre, le débat paraît aiguiser l’intelligence come on affine une lame, mais cette pointe fine assassine. Cette petitesse tue. Dans ces boyaux resserrés, la pensée inventive n’a plus les mains libres ni les coudées franches; étouffée, elle peut en mourir.
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Certains les nomment génération Y ou "digital natives", les jeunes, (nouvelles ?), générations nous battent à plate couture devant un écran. Moi j'ai préféré les désigner sous le terme générique de ........?........

petite poucette
les pouces en or
petit poucet
poucez vous de là

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