Je crois que je vais malheureusement traîner mon avis mitigé sur cette série jusqu'au bout. Pas que ce soit désagréable à lire mais j'y retrouve beaucoup trop de facilités et je peine à adhérer aux personnages, donc même si c'est plaisant à suivre, je ne suis pas à fond dedans.
Pourtant, l'auteur donne vraiment de sa personne. Il livre ici un tome au rythme haletant et à la narration classique mais très bien fichue où l'on vit une plongée des plus abruptes dans la noirceur qui a pris corps en Norman. J'ai aimé qu'il ose et ne tombe pas dans la facilité d'aseptiser tout ça mais cet emballement ne m'a pas forcément convaincue.
Ce tome 17 va à 100 à l'heure pour nous présenter le vrai plan diabolique de Norman, qui a bien trompé son monde, ainsi que ses failles et les raisons de sa précipitation. J'aime suivre un personnage qui a basculé comme ça, ça change de la trop gentille - et un peu nouille - Emma. le récit de la mise en oeuvre de son plan dans la capitale où il s'en prend à l'élite des monstres est très bon. C'est vraiment prenant mais cela repose sur des postulats pour moi totalement bancal. Je ne trouve pas son alliance crédible, ni la mise en oeuvre formelle de son plan. Tout est trop facile alors que cela avait été tellement compliqué avant. Je n'y crois pas.
Mais si je fais abstraction de ces deus ex machina, l'action qui nous explose au visage est très bien menée. L'auteur alterne les points de vue, passant du groupe de Norman, à celui d'Emma qui essaie de l'arrêter, au démon déchu qu'il a recruté, à la reine qu'il tente d'anéantir. C'est très dynamique. le combat est prenant, fait de pas mal d'incertitudes et de surprises. La mise en scène sombre à souhait rend à merveille le côté glauque et violent de l'histoire. C'est dérangeant et ça s'assume. Ça déchiquète et bouffe à tout va. Il y a en plus une montée en puissance des objectifs avec un final à couper le souffle pour qui s'est laissé prendre au jeu.
Le concept de révolution écrit par Norman est séduisant en plus. Il a choisi un démon parfait pour le rôle qu'il avait à lui confier et le récit de l'histoire de ce dernier était en parfaite adéquation avec le drame qui se déroulait. C'est l'histoire d'un homme qui a voulu aller contre la tyrannie avant que ça se retourne contre lui, lui explose au visage et le bouffe pour le prendre en traitre. C'est bien vu.
L'équipe autour de Norman, cette espèce de chair à canon, insuffle le drame nécessaire à cette attaque suicide quand on découvre leur espérance de vie après l'attaque. C'est vraiment tragique à souhait et on s'embourbe de plus en plus là-dedans, ce qui personnellement me séduit. J'aime quand les histoires sont sombres, dramatiques, sans espoir. Mais du coup, ça m'amène à ma plus grande crainte, celle de vouloir absolument sortir de là par le haut en faisant d'Emma une sorte de Messie rédempteur, qui convertira Norman... Déjà, on nous annonce qu'elle a conclu une promesse et elle rallie en plus les "sangs maudits" avec elle. Honnête si la série sort de toute cette horreur par un coup de baguette magique avec tout le monde "il est gentil", je ne vais pas apprécier. Pour le moment, ce qui me séduit, c'est vraiment le malaise et le dérangement apportés par la noirceur de Norman. Je veux rester dans cette ambiance. Je veux une révolution crade et sanglante, dure et violente, sans concession.
Ainsi, je referme encore ce tome sur une impression mitigée avec le plaisir d'avoir eu une lecture haletante avec la violence et la noirceur que j'attendais, mais la crainte que cela ne perdure pas et le sentiment quand même de beaucoup de facilités dans ce qui vient d'arriver alors que tout avait été terriblement dur avant. Je demande à voir.
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