Membre du parti communiste algérien , Camus en avait été écarté dès 1937 .Il avait été profondément marqué par la guerre d'Espagne , au nom de laquelle le POUM ( Parti Ouvrier d'Unification Marxiste ) , d'obédience stalinienne , avait été réprimé de façon sanglante par le NKVD , la police politique de Staline . Le totalitarisme lui était devenu intolérable . Il s'était engagé contre la répression soviétique lors de la révolte des ouvriers de Berlin-Est en 1953 , puis lors de l'insurrection de Hongrie en 1956 .Assez naturellement l'écrivain avait trouvé dans les franges minoritaires de l'extrême gauche des alliés capables de conjuguer critiques du stalinisme et volonté d'émanciper les classes laborieuses . Camus , qui , dans les années 60 et 70 avait été marginalisé dans le champ intellectuel , avait fait cause commune , à plusieurs reprises , avec les mouvements anarcho-syndicalistes ......
« J’ai aimé avec passion cette terre où je suis né, j’y ai puisé tout ce que je suis, et je n’ai jamais séparé dans mon amitié aucun des hommes qui y vivent, de quelque race qu’ils soient. Bien que j’aie connu et partagé les misères qui ne lui manquent pas, elle est restée pour moi la terre du bonheur, de l’énergie et de la création. »
Albert Camus.
« Lorsque la violence répond à la violence dans un délire qui s’exaspère et rend impossible le simple langage de raison, le rôle des intellectuels ne peut être, comme on le lit tous les jours, d’excuser de loin l’une des violences et de condamner l’autre, ce qui a pour double effet d’indigner jusqu’à la fureur le violent condamné et d’encourager à plus de violence le violent innocenté. S’ils ne rejoignent pas les combattants eux-mêmes, leur rôle (plus obscur, à coup sûr !) doit être seulement de travailler dans le sens de l’apaisement pour que la raison retrouve ses chances. »
La Résistance, la lutte contre le franquisme et le stalinisme, le combat contre la peine de mort, la dénonciation des injustices commises par l’administration coloniale. Ses positions et son déchirement au moment de la guerre d’Algérie n’auraient, bien sûr, pas été passés sous silence. L’exposition aurait, par ailleurs, fait la part belle aux images d’archives et aux photographies. La photogénie de Camus – il a parfois été comparé à Humphrey Bogart – y incitait largement, comme en atteste le fameux cliché pris sur le vif par Henri Cartier-Bresson, qui le montre dans la rue, cigarette aux lèvres, le regard tourné vers l’objectif. Au-delà même de son « allure », Camus a vécu au temps d’un certain genre de photographie documentaire. De nombreuses photos de très bonne qualité, prises tout au long de sa vie, nous invitaient à le raconter en images.
Contrairement à Camus, Feraoun est pour l’indépendance de l’Algérie. Mais les deux hommes sont unis par la volonté de dénoncer la violence des deux camps qui s’affrontent sans répit sur le sol algérien. Dans son Journal , Feraoun écrit à propos de Camus : « Il y a en lui cette […] chaleur fraternelle qui se moque éperdument des effets et des formes. Sa position sur les événements est celle que je supposais : rien de plus humain. Sa pitié est immense pour ceux qui souffrent, mais il sait hélas que la pitié ou l’amour n’ont plus aucun pouvoir sur le mal qui tue, qui démolit, qui voudrait faire table rase et créer un monde nouveau d’où seraient bannis les timorés, les sceptiques et tous les lâches ennemis de la Vérité nouvelle ou de l’Ancienne Vérité rénovée par les mitraillettes, le mépris et la haine. »
Quelles cicatrices a laissé la colonisation française ? Que doit faire la France pour guérir ces maux ? Doit-elle s'excuser ?
Cet échange comprend Pascal Blanchard, historien, spécialiste du « fait colonial » et des immigrations, chercheur-associé au CRHIM et co-directeur du Groupe de recherche Achac sur les représentations, les discours et les imaginaires coloniaux et postcoloniaux, et Benjamin Stora, docteur en Histoire et en Sociologie, ancien Président du Musée national de l'histoire de l'immigration.
Le Collège des Bernardins est un espace de liberté qui invite à croiser les regards pour cheminer dans la compréhension du monde et bâtir un avenir respectueux de l'homme.
Une rencontre animée par Alexandre Wirth.
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Chapitrage :
0:00 Pourquoi parle-t-on encore de la colonisation ?
4:50 La responsabilité de la République
11:05 Les responsabilités individuelles
14:05 La reconnaissance par l'Etat des crimes
17:50 L'Indochine VS l'Algérie
23:12 Les autres puissances coloniales
26:48 La mémoire en tant qu'instrument diplomatique
37:35 La Françafrique
39:00 La repentance en tant qu'instrument politique
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