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Maurice Rambaud (Traducteur)
EAN : 9782070736485
168 pages
Gallimard (25/10/1994)
3.81/5   62 notes
Résumé :
Toujours présent en filigrane dans ses œuvres, William Styron l'est ici au premier degré. Un matin de Virginie se compose de trois longues histoires reliées par la chaîne de la mémoire. Paul à vingt ans dans les Marines, Paul à dix et treize ans dans le village de son enfance ne sont autres que l'auteur, dont l'omniprésence donne à chaque étape de la chronique l'authenticité d'une tranche de vie. Par la tendresse et la révolte, l'angoisse et le doute qui les marquen... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Cette deuxième lecture de William Styron me confirme que je tiens là un nouvel auteur à découvrir passionément. Une fois encore, j'en sors très émue, plus encore en fait que suite à Face aux ténèbres.
Il y a quelque chose dans l'écriture d'un peu fragile, qui tourne autour de la tragédie - la mort de la mère de l'enfant, suite à un cancer long de huit ans de souffrances - en cercles concentriques.
Divisé en trois récits, le livre commence sur la guerre de Corée. le narrateur, jeune, sain, robuste, exprime toute sa vitalité et virilité par son engagement pour son pays, et surtout son avidité à " casser du Japonais", tout comme tous ceux qui l'entourent. Mais très vite, ce sentiment d'invincibilité se fissure à l'évocation d'instants de son enfance auprès de ses parents, et c'est ainsi que nous pénétrons, petit-à-petit, jusqu'à y entrer pleinement, dans ce passé où la mère était vivante encore, bien que déjà malade.
Le deuxième récit nous amène au coeur de la Virginie, brûlante en été, pauvre et comme les autres états soumis à la prohibition. Un vieux Noir de 99 ans apparait dans le village: il est venu à pied de l'Alabama, pour mourir dans sa maison natale. A cette époque - les années 30, les relations entre Blancs et Noirs est complexe, les destins entremêlés, l'esclavage encore très frais. Et Styron nous plonge dans cette Virginie avec tact et sincérité.
La troisième partie est de loin la plus sombre, entre la grande Histoire - Dépression, prohibition, misère - et la petite - l'agonie de la mère, le désespoir du père, et de l'adolescent.
j'ai la sensation d'avoir lu quelque chose de délicat et de primordial, d'avoir fait une rencontre bouleversante et inattendue.
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William Styron en trois nouvelles nous offre une vision romancée d'événements qui ont marqués sa jeunesse dans sa région d'origine : le Tidewater de Virginie des années trente.
La première nouvelle nous parle des états d'âmes d'un jeune Marines avant le débarquement sur l'île d'Okinawa pendant la guerre du Pacifique.
La seconde raconte le retour dans sa Virginie natale d'un ancien esclave noir.
Enfin la troisième raconte l'agonie de la mère de l'auteur, atteinte d'un cancer.
Styron en profite pour évoquer la guerre, le racisme et la foi. Une valeur sûre de la littérature Américaine.
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Le talent de William Styron éclate à chaque page de chacun de ces trois récits, tous plus ou moins autobiographiques. Paul, l'avatar de l'auteur à vingt ans, dix ans et enfin treize ans. le manque de logique de cette suite n'est qu'apparent. le fil conducteur en est la mort et en suivant ce fil, la progression dramatique devient évidente.
La mort, qu'en tant que soldat appartenant au corps des Marines, le jeune homme de vingt ans sera sans doute amené à infliger à un "de ces foutus japonais, salopards de dingues" selon le colonel, en 1945 au cours de la guerre opposant les Etats-Unis au Japon.
Celle à laquelle le gamin de dix ans est confronté, face à l'ancien esclave revenu à 99 ans mourir sur la terre de ses anciens maîtres, son lieu de naissance.
Enfin, celle qui bouleversera l'adolescent de 13 ans, témoin de l'agonie de sa mère dans d'atroces souffrances et du désespoir de son père.

Je reste éblouie par la puissance évocatrice de son style nerveux, la chaleur de son verbe, la précision et la vigueur de ses descriptions, la capacité qu'il a d'immerger le lecteur dans l'univers qu'il propose, en bref, l'exceptionnel talent de cet homme pétri d'humanisme, haïssant la violence, fustigeant le racisme, soucieux du respect que l'on doit accorder à autrui.

William Styron, que ce soit en cent pages ou en mille pages est sans conteste, un des plus grands écrivains américains.
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Styron fait revivre son enfance dans des récits à la ferveur évocatrice rare...



Si seulement votre libraire pouvait atténuer la défiance des lecteurs envers les nouvelles. Curieusement, alors que le temps de lecture s'étiole, que les sollicitations extérieures se multiplient, les lecteurs français continuent de bouder le genre tranchant et cristallin de la nouvelle. Sans doute par peur de rester sur leur faim ou de lire une pièce minimaliste au contenu appauvri. Peut-être aussi parce qu'il est difficile de rentrer dans une oeuvre et que l'on n'a pas envie d'en ressortir aussitôt que l'on a apprivoisé le style d'un auteur.

Toutes objections qu'il faudrait faire taire le temps de lire Un Matin de Virginie de William Styron. Ces trois histoires de jeunesse, qu'il faut considérer comme un triptyque et non comme trois pièces disparates, clôturent son oeuvre anthume. Styron apparait en filigrane à travers le personnage de Paul Whitehurst, auquel il prête tous les épisodes sa biographie. On retrouve chez Whitehurst l'enfance de Styron en Virginie et son incorporation chez les Marines lors de la guerre du Pacifique

La première nouvelle, Z comme Zéro, est tout simplement époustouflante. En une cinquantaine de pages, Styron aborde les thèmes de l'héritage paternel, des générations, de l'importance du récit dans la vie des hommes, de la terreur enfantine de perdre sa mère. C'est de la littérature à son plus haut degré de densité. Grâce à une écriture classique et une phrase limpide où le choix du mot juste prédomine, Styron nous plonge dans les sensations de son enfance américaine, bercée par les comics et les chants noirs baptistes à la radio. On est avec lui, quelques années plus tard, sur un navire de transport de troupes pendant la guerre du Pacifique, à attendre dans les odeurs pestilentielles que l'histoire rende son verdict.

Cette impatience ambigüe d'en découdre avec l'ennemi, présente dans Cinq histoires du corps des Marines, est sans doute un des plus beaux moments de l'oeuvre de Styron. Il dit sous la forme de la prose ce qui résiste aux concepts : cette fracture qui traverse le coeur des hommes jetés dans la guerre, ce sentiment mêlé du désir d'aventure et de haine de la guerre.

Dans Shadrach, Styron revient, après les Confessions de Nat Turner, qui contait la révolte d'un esclave noir, sur la ségrégation des états du sud. Les Confessions de Nat Turner furent attaquées à leur sortie, tant par les militants noirs que par l'Amérique blanche et conservatrice. Shadrach, un vieil esclave, traverse le pays pour être enterré sur la propriété de ses anciens maîtres, une famille de blancs ruinés, dont le joyeux chaos crasseux fascina Styron lorsqu'il était enfant. Styron explore le lien indéfectible et ambivalent qui unit les patriciens blancs à leurs anciens esclaves. Il parcourt le cimetière abandonné des anciens esclaves, aux tombes plus serrées qu'une rangée de dents. Là encore, l'écriture sans emphase de Styron fait signe vers ce qui ne peut être résumé en quelques mots, que toute mise en concept affadirait. Ce sont des récits qui portent leur flamme vers un mystère, jamais totalement éclairci.


Lire des nouvelles de Styron, c'est lire bien des romans.


Lien : http://bit.ly/1etOL9l
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Roman intimiste retraçant trois tranches de vie de l'auteur.
Trois histoires de jeunesse :
--Paul a vingt ans dans les marines et il nous décrit ses états d'âmes et l'attente angoissante dans lesquels ils se trouvent, son compagnon et lui ,ne sachant s'ils vont mettre en pratique ,tout ce qu'on leur a inculqué :tuer sans états d'âmes.....
Le 2ème histoire: Paul a 10 ans,en Virginie,dans son village natal ,lorsqu'un vieil esclave noir revient mourrir sur la propriété de ses maîtres.
La 3ème histoire plus intimiste:la lente agonie de sa mère, après de terribles souffrances dues à un cancer et l'impuissance de son père pour soulager son calvaire.
W.Styron au travers ces trois histoires réaffirme sa non -violence son refus de toute forme de racisme ,ainsi que le respect et la dignité humaine que tout individu est en droit d'avoir.
Roman tout en émotion ,écrit d'une prose très structurée ,savemment travaillée ,À recommander.⭐⭐⭐⭐
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Maintenant encore je ne saurais le dire avec certitude, mais sans doute ai-je toujours dû supposer que le Shadrach encore jeune affranchi en Alabama tant d'années auparavant avait été plongé, comme la plupart de ses frères et de ses soeurs de race, dans un autre esclavage plus atroce peut-être que le servage sanctionné par l'usage. Un millier de fois déjà a été contée la chronique de ces êtres libérés pour se voir livrés à leur nouvel et incompréhensible cauchemar : le cauchemar de leur pauvreté, de leur faim, de leur humiliation, des croix flambant dans la nuit, du massacre aveugle, et, par dessus-tout, de l'interminable peur.
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J'étais de la taille idéale pour commander une section de Marines, c'est-à-dire grand mais sans excès, bien en chair, mais sans pour autant être trop musclé : ceux qui étaient trop gros offraient une cible parfaite aux balles japonaises.
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Chacun de nous invente ses propres moyens pour échapper à l'intolérable. Parfois,à force de fantasmes nous parvenons à en nier l'existence. Je me souviens d'avoir répété, abasourdi ,les mots qu'il me sommait de dire --《pourtant moi seul règnerait !--》 tandis que mon esprit formulait d'autres mots capables de me faire oublier l'anxiété du moment. Mon nom est Paul Whitehurst, nous sommes le 11 septembre 1938 alors que Prague attend l'ultimatum de Hitler .Ainsi apaisé par l'histoire, je me laissai hisser lentement et de plus en plus haut à travers les ombres chaudes et denses de la pièce. Et là, flottant au niveau des immortels musiciens ,je fus capable de contempler impassible le père ėperdu de chagrin et le petit garçon blotti dans ses bras.
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Mr. WASHINGTON se leva avec une petite toux et se dirigea vers l'extrémité de la véranda où il alluma sa pipe et s'absorba dans la contemplation de la lune éclatante. Comme de nouveau Mr Dabney restait sans rien dire,Edmonia lui tapota légèrement l'épaule et dit doucement : "papa, j'ai peur.
--De quoi donc as-tu peur?repondit-il.
--Je ne sais pas ,avoua -t-elle d'une voix chevrotante.Mourir.Ça me fait peur.Je ne sais pas ce que ça veut dire-la mort.Jamais je n'ai vu personne --commeça avant.
--Il n'y a aucune raison d'avoir peur de la mort bredouilla-t-il d'une voix hachée et étranglée. C'est la vie qui est effrayante!LA VIE!"
Brusquement il quitta le banc éparpillant les dominos sur le plancher et quand de nouveau il rugit:《 LA VIE!》 Je vis Trixie émerger du trou sombre de la porte d'entrée et s'approcher d'un pas qui fit trembler toutes les poutres de la véranda. 《 Allons ,Shoog.... commença t-elle.
--LA VIE C'est dans la vie qu'il faut être terrifié !》 Clama t- il à mesure que s'épanchait sa fureur enfin libérée. 》 Il m'arrive parfois de comprendre pourquoi des hommes se suicident! ......
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La longue habitude de vivre ne nous prédispose pas à mourir.

Sir Thomas Browne,
Urn Burial.
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Seul le silence de RJ Ellory - Bande-annonce
Joseph a douze ans lorsquil découvre dans son village de Géorgie le corps dune fillette assassinée. Une des premières victimes dune longue série de crimes. Des années plus tard, alors que laffaire semble enfin élucidée, Joseph sinstalle à New York. Mais, de nouveau, les meurtres denfants se multiplient Pour exorciser ses démons, Joseph part à la recherche de ce tueur qui le hante. Avec ce récit crépusculaire à la noirceur absolue, RJ Ellory évoque autant William Styron que Truman Capote, par la puissance de son écriture et la complexité des émotions quil met en jeu.
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