Astachev est un jeune exilé russe à Paris qui navigue entre sa mère et sa belle-mère, deux destins de femmes russes aux antipodes. La première vit de manière modeste, la seconde (qui a détourné le père de son foyer) est excentrique et lui offre l'impression de vivre intensément avec une cour de pseudo prétendants. Astachev s'illusionne et souhaite mettre à distance des racines russes et s'identifier totalement a la culture française. Au départ il est présenté comme travailleur, avec une bonne scolarité. On imagine aisément que son envie de réussir est décuplée par l'exil. Il devient vendeur d'assurances contre la mort, et parvient à se faire une situation... Tant il est persuasif et sait parfaitement se saisir de l'angoisse qui étreint ceux a qui on parle de leur mort a venir. Au fur et à mesure qu'il évolue dans ce métier on découvre sa tournure d'esprit peu empathique.
Une jeune caissière de cinéma s'illusionne à son sujet et le drame vient de son attitude de prédateur, qui se sert sans se soucier des autres et des conséquences la fin nous donne à voir un personnage peu reluisant et cynique. La description de la décrépitude de la belle-mère, lorsqu'elle retire tous les artifices au moment de se coucher, m'a semblé être prémonitoire de la solitude qui sera bientôt celle de Astachev.
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Astachev, fils d'immigrés, est partagé entre son père dont la nouvelle femme est très riche, et sa mère, très pauvre. Il va un jour décider de gagner sa vie en assurant les gens contre la mort. Son livre, comme d'autres de Berberova, traite de la condition misérable des émigrés russes, oubliés de tous. Seulement, dans ce cadre là, le personnage principal n'inspire aucune sympathie. Il est imbus de sa personne, et manifeste peu de considération pour les personnages qu'il rencontre. Plus que métaphysique, je parlerai de cynisme. Cependant, l'écriture de Berberova reste très belle, et fait l'intérêt de cette nouvelle.
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Elle ne se demandait plus pourquoi elle aimait cet homme - chaque détail, de son nom jusqu'à son ineffable "rusticité" qu'aucune tournure française ne pouvait travestir, lui plaisait, la faisait languir, et pourquoi, et pour qui aurait-elle dû se justifier, s'expliquer ? Jamais elle n'était reste assise avec un homme sur le pont d'un yacht immobile (qui aurait pu partir pour un tour du monde des pays fantastiques, mais ne partirait pas, un yacht aux feux éteints), il lui semblait qu'à deux ils auraient pu mener une longue vie de tourtereaux, ou une demi-vie, ou un quart de vie - jamais, avec personne, elle n'avait souhaité vivre ne fût-ce que vingt-quatre heures.
Nina BERBEROVA – Documentaire ultime (France 3, 1992)
Un documentaire en deux parties, intitulées "Le passeport rouge" et "Allègement du destin", réalisé par Dominique Rabourdin. Présence : Jean-José Marchand et Marie-Armelle Deguy.