Les voyages du docteur Gulliver, tome 2

Dans le premier tome, Kokor prenait prétexte du voyage à Lilliput pour exposer ses préoccupations écologistes.
Dans ce deuxième tome, comme attendu voici Gulliver minuscule parmi les Brobdingnags, chez lesquels il devient le compagnon-jouet d'une enfant.
Ici on est toujours chez Swift, mais avec beaucoup de 1984 dedans : la société Brobdingnag est un régime totalitaire, un régime de terreur et de contrôle, qui s'abat arbitrairement sur telle ou telle personne soudain désignée comme bonne ou mauvaise selon des règles absurdes et versatiles.
J'ai trouvé ce deuxième album beaucoup plus abouti que le premier. On a une vue plus large sur la famille de Gulliver, avec son épouse en leader syndicale. Il y a quelques longueurs à l'intérieur d'un panier (je ne veux pas divulgâcher) mais il contient aussi des envolées vers la fin des années 60, des envolées… disons musicales, tout à fait impromptues.
Voire psychédéliques.
C'est un peu le club des coeurs solitaires, en fait.
Bon, allez lire Kokor si vous souhaitez en savoir plus. Allez-y, vraiment.

Challenge Bande dessinée 2023

Kokor se lance dans une adaptation très libre du deuxième voyage de Gulliver, à Brobdingnag, le pays des géants. Celui-ci confirme tout le bien que j'ai pensé du premier tome.

Toujours iconoclaste, déplaçant les problématiques de l'original dans un autre contexte, ici, il aborde le thème de la tyrannie politique. Il ne s'attarde pas sur le contraste des tailles des personnages, mais il va présenter deux tyrannie, l'une culturelle, à Brobdingnag, façon Révolution Culturelle ou khmers Rouges, à bases d'interdictions en tout genre, face à une autre forme de soumission du peuple, par l'économie et le travail, celle que vivent ces concitoyens britanniques, dont l'épouse de Gulliver restée au pays. le dessin est toujours très vivant, un peu sombre. le récit est assez éloigné de l'original, bien plus sombre et à l'ironie plus acide, le rythme est déstructuré, l'ambiance se crée à coup d'ellipses, les deux histoires se répondent puis finissent par s'enchevêtrer, il place un objet qui va apporter toute sa symbolique au récit : un panier de pêche.

Ce deuxième volet démontre tout ce que l'on peut tirer de l'oeuvre de Jonathan Swift, cela semble infini et toujours très riche. Les nombreuses ellipses nous court-circuitent parfois, ce second volet, tout comme le premier, aurait largement mérité le double de planches, mais il est encore plus cinglant et intense que le premier, c'est un condensé de poésie sombre, de dramaturgie redoutable, de réflexions politiques et sociales. Alors qu'on semble s'éloigner de l'original, on y retrouve sa nature subversive et piquante, en écrivant une autre histoire, on en retrouve l'essence même. Les Voyages du Docteur Gulliver de Kokor est une oeuvre à découvrir.

Après l'épisode chez les Lilliputiens, Gulliver se retrouve chez des géants qui vivent sous une dictature féroce.
Dans son pays, sa femme mène le combat des ouvriers contre les patrons.
Encore mieux que le livre 1, plus onirique.

Lemuel Gulliver, modeste médecin, est un homme dévoué, altruiste et rêveur. Habitant une ville portuaire, nombre de ses clients sont de vieux marins à qui il doit imposer -à contre coeur- de rester à terre. « Tous ces hommes de mer, explorateurs ou pêcheurs, n'auraient pas eu de famille que je les aurais encouragés même les plus faibles, à remonter sur un bateau… la mer les aurait emportés ». D'autant que Lemuel rêve de pouvoir prendre la mer et partir à l'aventure. Il vit modestement avec sa femme Clémence et reçoit généralement, en paiement de ses consultations, de la nourriture, de menus objets… ou se contente simplement d'un sourire. Les fins de mois sont donc difficiles.

Un jour, une frégate royale accoste au port. L'équipage a besoin d'un nouveau docteur et le Capitaine propose à Gulliver d'embarquer avec eux, lui promettant un salaire qui le mettrait lui et sa famille à l'abri du besoin pour de nombreuses années. Clémence accepte finalement avec regret le départ de son mari…
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