Tsutomu Takahashi continue de nous plonger dans le sombre récit des années de tourmentes du pouvoir japonais à l'aube des temps modernes, entre tensions des pour et contre l'ouverture du pays aux étrangers, et changement de paradigmes avec la disparition de la voie du sabre. C'est passionnant et fascinant sous la plume et surtout le crayon de l'artiste.
En effet, le trait du mangaka se prête vraiment à un récit national. Pourquoi ? Parce qu'il est empreint de cette tradition de la peinture au pinceau qu'on voyait autrefois. Ainsi, lorsqu'il capture ses héros en train de se battre on ressent avec force le souffle historique de cette époque passée, tout comme lorsqu'on déambule à leur côté dans une Kyoto disparue depuis. C'est proprement fascinant.
Ces héros sont de plus en plus agités par les événements politiques qui se jouent. Même si nos deux frère, Gen et Shotaro, appartiennent au Byakurentai, ils sont aussi de mèchent avec le nouveau Bataillon d'élite qui est aux ordres du shogunat et qui lutte contre les groupuscules qui veulent renverser le pouvoir et refermer le pays. Ils se retrouvent donc avec leurs amis du moment pris de plus en plus souvent entre deux feux et se voient livrer des duels mortels.
Dans ce nouveau tome, on a pu admirer tout le tragique du désir d'un homme de les rejoindre et des conséquences que cela a pu avoir sur sa vie et celle de sa soeur. C'étaient des chapitres magistraux, où Gen, décidément plus héros de cette histoire que Shotaro, allié à Hijikata sont partis de front tels deux héros fougueux à l'attaque de leurs ennemis.
Tsutomu Takahashi brille dans ce genre de chapitre où le sang gicle et les épées taillent dans la chair. C'est magnifiquement orchestré avec un sens du rythme et de la mise en scène parfait pour rendre sublime ces instants sanglants et tragiques. On ressent parfaitement en tournant les pages la puissance de ce duo et la frayeur qu'ils inspirent, tout comme le drame abscons de ces luttes intestines qui n'aboutissent pas à grand-chose si ce n'est la mort de pauvres bougres.
La suite est à l'aune de cela. On suit nos héros pris dans les affaires du Bataillon d'élite et de ceux qui s'opposent à eux et tentent de fomenter un coup de d'état. C'est passionnant de découvrir l'envers du décor de la tambouille politique shogunale à travers ces petites gens qui représentent l'ancien ordre guerrier du Japon, mais c'est aussi glaçant et désespéré. Cependant, j'ai apprécié ici qu'on ne suive pas tout le temps Gen et que l'auteur offre enfin quelques pages à Same, ce compagnon des deux frères toujours présent mais toujours dans leur ombre. Il m'a touché par son sens du devoir envers ses proches et son histoire avec les gens jouant de la musique. C'était émouvant et inattendu de trouver cette parenthèse à ce moment-là de l'histoire.
Continuant à nous plonger toujours plus profondément dans
L Histoire tourmentée de son pays, le mangaka nous régale à chaque tome de son brio scénaristique et de ses prouesses graphiques, dans une vaste fresque pleine d'esprit de liberté et de rébellion où chacun a foi en ses idéaux et se bat pour eux. C'est beau et puissant, émouvant et déchirant. On aime la place accordée aux combats tout autant que celle accordée aux instants plus brefs et poétiques d'un présent torturé par les changements brutaux et inexorables qui s'opèrent.
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