Dans ce long virage final entrepris par Takahashi, celui-ci nous livre ici un tome où rarement la peinture de la guerre aura été aussi franche, percutante et pleine de nuance. Un grand moment !
Plongé en plein coeur de l'action, j'ai vécu ce tome sous apnée, retenant ma respiration et vivant avec intensité ces derniers instants de la résistance des forces du shogun à Fushimi aux côtés de nos deux frères et de leurs troupes. Sidooh a toujours été une série intense mais j'ai rarement ressenti la puissance que l'auteur instille ici. Il n'est pas dans la caricature de la guerre, il fait réellement vivre celle-ci dans toute son horreur, son absurdité, sa fougue aussi et ses remises en questions. C'est très intéressant.
Je me suis bien sûr dans un premier régalée de sa mise en scène de la mise en action des héros qui partent à l'assaut de la montagne où leurs rivaux les attaques. C'est David contre Goliath mais ceux-ci rivalisent d'arts guerriers pour s'en sortir. Ils sont fascinant à voir évoluer le sabre à la main contre les canons et les carabines qu'il y a en face.
Cependant, c'est peut-être encore plus la peinture de la saleté de cette guerre qui m'a frappée. On nous montre sa violence, son déséquilibre, sa démesure. Et en même temps, on se retrouve à hauteur d'homme, à hauteur de meneurs d'homme mais également de troufion, à subir et prendre des décisions difficiles. Il a des scènes insoutenables où on se bat à leurs côtés dans les rues déjà perdues de cette ville en train d'être mise à feu et à sang, mais également avec des mers de cadavres à traverser pour tenter de continuer à vivre. C'est déchirant.
Takahashi ne propose ainsi pas une vision de la guerre entraînante qui donnerait envie d'y participer par engouement ou patriotisme. Non, il montre qu'on a beau avoir des idéaux, ça fait mal, c'est sale, ça vrille l'âme. Il y a une scène où on voit Gen au bord de la rupture qui m'a vraiment percutée et surprise tant je n'imaginais pas le personnage basculer ainsi. Les questionnements de Shotaro également sur tout cela sont pertinents et ont une portée philosophique. Ça ne laisse pas indifférent. Côtoyer la guerre d'aussi près, cela a forcément des répercussions et j'aime que l'auteur face autant dans la nuance.
Bien sûr pour clore son tome, il relance de deux son intrigue. Après une défaire, il faut un nouvel élan, un nouvel objectif et celui-ci était trop trouvé, ce que je trouve un peu trop facile à mon goût. Il annonce cependant une fin inéluctable avec un duel annoncé, une opposition évidente depuis le début, qui ne pourra que donner lieu à une scène marquante aux intonations bibliques, que j'ai hâte de voir.
Probablement le meilleur tome de la série pour moi jusqu'à présent, ce 22e volume de Sidooh m'a plongée dans une guerre comme seul des gens comme Spielberg dans Il faut sauver le Soldat Ryan ou Band of Brothers ont su la filmer. Ce fut beau, ce fut rude, ce fut sale, ce fut violent, ce fut émouvant, ce fut dérangeant mais surtout ce fut marquant. La patte graphique de l'auteur fait qu'on ne peut oublier certaines scènes qui resteront graver en nous aux pires comme aux plus beaux moments car la mémoire fait tout !
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