Décidément, cette rentrée littéraire propose un bon cru en matière de manga. Après le délicat shojo Entre-deux, le malicieux Quand Takagi me taquine, voici Heart Gear, le dernier titre de
Tsuyoshi Takaki, l'auteur d'un manga plutôt apprécié appelé Black Torch.
Je n'ai pas lu cette courte série ( en 5 tomes) mais la critique et le public ont été convaincus par Black Torch, un manga sur l'univers démoniaque qui a su surprendre par de réelles qualités graphiques et scénaristiques.
Pour Heart Gear, l'auteur nous plonge directement dans un univers de post-apo SF dans lequel les robots, suite à une 3ème guerre mondiale ont pris le pas sur une humanité quasiment disparue de la surface de la terre. Dans un monde dévastée, on suit avec attention le quotidien de Roue, peut-être la dernière représente de l'espèce humaine aux cotés d'un robot bienveillant à l'allure d'un bibendum savant appelé Zett. Ce duo père-robot /fille est rejoint au début d'un titre par un curieux robot appelé Chrome, un robot dont le programme n'a pas été définie et qui découvre le monde en toute pureté.
Des retournements de situations vont ammener Chrome et la jeune Roue à parcourir ce monde dévasté. Sur leur route ils vont croiser de nombreuses vestiges robotiques amis ou ennemis.
Un excellent titre.
Tsuyoshi Takaki est un mangaka accomplie dont l'oeuvre est à découvrir.
Certes, l'auteur surfe sur des bases un peu classiques de SF avec une humanité dévastée et au final supplanté par des robots. L'auteur n'invente pas grand chose au niveau du background de l'intrigue mais , ici, le propos ne rejoint pas l'ampleur d'une intrigue SF mais il est plutôt centré sur ce duo véritablement attachant entre une jeune fille humaine assez naïve qui ne connait pas grand chose du monde et un robot de combat, dernière modèle mythique , qui n'avait jamais été activé jusque là. Ces deux héros vont devoir apprendre aussi bien l'un de l'autre, de leurs entourages ainsi que du monde qui les entoure pour survivre dans ce monde instable. Outre les scènes de baston efficaces, ce premier volume promet quelques instances de tendresse et de subtilité entre les personnages. Que ce soit à travers une promesse faite au pied d'un arbre, un enlacement, les gros plans sur le visage émerveillé et déterminée de Roue, l'auteur montre qu'Heart Gear n'est pas qu'un simple manga. D'ailleurs, le background est surtout expliqué à travers quelques petits textes intermédiaires mais cela reste secondaire.
Graphiquement Heart Gear est au top. Une bonne galerie de robots qui va du gros tank infernal à l'humanoide sexy ( mention spéciale pour la soubrette et à son magnifique jeu de jambes) tout en passant par le sympathique bibendum rappelant un certain
Disney-pixar. La galerie est variée et référencée. Chaque personnage marque son apparition à travers la quête de nos sympathiques héros.
Takaki combine deux ambiances, une atmosphère fine, détaillée, avec quelques lueurs solaires lorsqu'il nous plonge dans la nature, dans un climat un peu plus paisible et des scènes d'action beaucoup plus encrées, plus ténébreuses durant les moments de violence. L'apparition et la confrontation avec l'imposant gardien du pont en est un exemple.
De plus, la mise en case est assez aérée, l'auteur ne surcharge jamais ses planches avec un parasitage de cases. L'auteur élabore une mise en scène efficace avec quelques incrustations des personnages sur le premier plan. le résultat est aéré, dynamique et efficace. Nous n'en attendons pas moins d'un artiste au style complet et prometteur.
C'est la deuxième bonne surprise post-apo que j'ai eu cette année. Si vous voulez chercher un manga assez dépaysant avec un environnement magnifique dans le genre, je vous conseille Tsugumi Project dont le second volume est paru à la rentrée.
Heart Gear, nouvelle bonne surprise, nouveau coup de coeur ! Un manga SF alliant bonne baston et intrigue profonde à travers un duo très attachant. Chaque rencontre est une petite surprise accentuant la qualité de ce titre. Une seule petite réserve mais rien de bien important : j'espère juste que Takaki développe encore davantage les décors et environnements dans les opus suivants. Les atmosphères à la mad max sont sympas mais avec modération. Mis à part cette toute relative réserve, Heart Gear est une excellente nouvelle série de cette rentrée 2019.