Court mais très immersif.
Déambuler dans les rues et l'argot de Belleville en suivant la descente aux enfers de Bassot et sa bande est une véritable expérience.
Ils ne se savent pas apaches. Leur frontière entre le bien et le mal est complètement biaisée par la misère sociale dans laquelle ils baignent depuis l'enfance. Spectateurs de leurs propres crimes, Bassot m'a fait penser à l'étranger de Camus.
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Le sang coulait sur ma cuisse, la Bougnate me pansait encore, une vraie infirmière, et des gestes tellement doux, j'allais lui faire un marmot pour remplacer le mort, et même deux, dix, la dabe et le paternel, un oncle, il en fallait bien dix pour refaire un équilibre entre la vie et la mort [...].
On avait rien dit aux filles qui nous attendaient dans la piaule. Elles faisaient un petit halo de chaleur et j'ai renversé la Bougnate, je me suis allongé sur elle, en fermant les yeux, pour ne rien voir au-dehors, ni en dedans de moi.
"L'aîné, Bassot, affichait une mèche en bataille, son regard fuyait, par protestation plus que par timidité, comme s'il ne supportait pas qu'on veuille capter son attention sans que lui-même l'ait fortement décidé."
Voilà un gars qui se mouillait pas. Ou peut-être qu'il avait pas tout le pouvoir qu'on lui prêtait. Il devait être comme nous, finalement, bancal devant la vie, un petit brin d'herbe pour amuser le vent.
C'était bien malheureux, un type si costaud à l'extérieur et si bancal tout en dedans.