AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Dominique Nédellec (Traducteur)Rachel Caiano (Illustrateur)Jacques Roubaud (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782878583007
85 pages
Viviane Hamy (30/11/-1)
3.86/5   14 notes
Résumé :
Monsieur Calvino habite la partie ouest du « Bairro », il est, comme son voisin Monsieur Valéry, un drôle de personnage. Si ce dernier a de nombreux problèmes qu’il cherche à résoudre par la logique, Monsieur Calvino, lui, préfère se promener pour mieux observer le monde et le comprendre. Il est rêveur mais rigoureux, toujours impeccable, jamais rien ne change chez lui. Il s’emporte contre la société moderne, les machines, les comptables, la presse, les écrivains im... >Voir plus
Que lire après Monsieur CalvinoVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Monsieur Calvino est venu habiter le Quartier de Monsieur Gonçalo M.Tavares en 2005. Ce quartier fantaisiste et utopique toujours en expansion est surtout occupé par des écrivains, poètes, dramaturges et autres artistes. Chacun de ces Messieurs a son domaine de prédilection et porte sur le monde contemporain un regard décalé.
Le texte est composé de saynètes surréalistes pleines d'inventivité, de fantaisie et de poésie. Elles sont accompagnées de petits schémas totalement indispensables.
Monsieur Calvino est un promeneur obsessionnel imperturbable, un brin stoïcien mais toujours souriant. Il se ballade avec un ballon gonflable durant des semaines pour se souvenir du vide qu'il contient. Il dort sur un lit en diagonale pour mieux traverser la nuit. Pour entraîner ses muscles et sa patience, il se fixe des objectifs non négociables. Par exemple, il transporte d'un point A au point B un monticule de terre de 50kg à la petite cuiller. Il aime la légèreté et l'exactitude (comme Italo). Et puis il est très gentil. Convaincu que le soleil veut lire autre chose que la couverture bronzée des livres, chaque jour il ouvre une nouvelle page pâlichonne d'un livre à son intention. Il permet aussi à la lettre A de sa soupe-alphabet de rester collée à un coin de sa bouche jusqu'à ce qu'elle veuille bien tomber, puisque sa serviette ne l'a pas enlevée en temps et en heure. Il aime beaucoup les règles Monsieur Calvino mais seulement celles qu'il invente lui-même, seul ou avec son ami Monsieur Duchamp.
Ce livre est formidable.


"A l'instar de quelqu'un qui a plaisir à montrer un film ou à faire lire un livre qu'il a aimés, Calvino savait que si les gens parvenaient directement à destination, sans aucun détour, ils n'auraient jamais l'occasion d'explorer ces recoins que seuls découvrent ceux qui se sont complètement fourvoyés."
Commenter  J’apprécie          344
Le parti pris, de Gonçalo M. Tavares à propos de la fiction et son double, est évoqué dans un court texte à la fin du livre, par Jacques Roubaud « Calvino et Monsieur Palomar » : « Un jour, Italo Calvino a rencontré son DOUBLE, dont le nom fut Palomar..» le double auquel Calvino consacra un livre.
Question de distance de soi artistique ou littéraire ? Eh, bien, pas tout à fait, quand on commence à lire les trois rêves, comme le « Ballon » ou « la lettre de Mr Calvino (en vacances) ». Cette quête de l'auteur disparu, va ainsi au-delà du déclencheur de la fiction, et forge l'écriture avec un imaginaire, à la manière d'Italo Calvino dans son livre « le Baron Perché ». En habitant Monsieur Calvino, il est auteur pluriel, et s‘amuse à prêter des pensées inédites, avec une figure de l'auteur sur un mode réflexif. Monsieur Calvino, dans La série (des Messieurs), construit fictivement, à travers observation, et quotidienneté infinie, est projeté dans le quartier «Bairro », dans lequel je reviendrai plus tard.
Commenter  J’apprécie          80
Une journée de Calvino dans les mains de Gonçalo Tavares,
Le matin, Calvino allait dans la cuisine donner à manger au Poème
et afin d'entraîner les muscles de la patience,
il allait vers sa vieille voiture qui, bien que ne fonctionnant plus depuis longtemps, trouvait le moyen de tomber en panne.
Alors qu'il partait à pied, il sentit une idée lui traverser l'esprit de la même manière qu'il sentait qu'il avait froid au cou, mais à cet instant un homme lui demanda son chemin,
Calvino remarqua le visage impeccablement stupide de l'homme,
et l'envoya n'importe où.
Il put ainsi, tranquillement revenir à sa pensée:
Le nombre de personnes considérées comme de 'grands artistes' après leur mort est largement supérieur au nombre de personnes considérées comme telles de leur vivant. La mort est un bienfait pour l'art. Si tous les artistes étaient immortels, nous n'aurions probablement aucun 'grand artiste'.”

Un plaisir très surréaliste que ces petits croquis.
Lien : http://holophernes.over-blog..
Commenter  J’apprécie          60
Monsieur Calvino habite la partie ouest du « Bairro », il est, à n'en pas douter, un drôle de personnage. le Bairro ou « le quartier » est un espace d'imagination et de papier créé par l'auteur portugais Gonçalo M. Tavares. Il y a déjà logé divers messieurs, Valéry, Brecht, Kraus, Breton, des écrivains, des dramaturges, des poètes et des scientifiques, chacun avec sa vision du monde, son angle particulier, sa perception et l'oeil que porte Tavares sur lui. On entre, semble-t-il, dans ce quartier invité par un personnage qui nous interpelle. Moi, ce fut Italo Calvino, je ne crois pas que cela soit surprenant.

Monsieur Calvino et la promenade est un hommage. La forme adoptée par Tavares, les contes courts, les rêves et la distance entre le narrateur et son objet d'observation sont tout à fait dans l'esprit de Calvino lorsqu'il relate les tranches de vie et les expériences que Monsieur Palomar entretient avec l'univers qui l'entoure. J'ai été séduit. Voilà un petit bijou littéraire dont la lecture a provoqué chez moi un sourire complice chaque fois que je retrouvais une façon de faire, une tournure calvinesque. Il est déjà entendu qui je m'aventurerai à nouveau dans ce Bairro surréel pour rencontrer quelques voisins de Monsieur Calvino.
Lien : https://rivesderives.blogspo..
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Chez Calvino, des rideaux avaient été mis à l’une des fenêtres - celle qui offrait la meilleure vue sur la rue -, rideaux que l’on pouvait boutonner, une fois tirés. Sur le rideau droit se trouvaient les boutons et sur le gauche les boutonnières correspondantes.
Calvino, pour regarder cette fenêtre, devait d’abord défaire les sept boutons, l’un après l’autre. Ensuite seulement, il écartait les rideaux et pouvait regarder, contempler le monde. Ses observations terminées, il tirait les rideaux et refermait chacun des boutons. C’était une fenêtre à boutonner.
Lorsqu’il voulait ouvrir la fenêtre le matin, au moment de défaire lentement les boutons, il sentait dans ses gestes la même intensité érotique que celui qui retire, avec délicatesse, mais aussi avec anxiété, le chemisier de sa bien-aimée.
Aussi voyait-il la vie différemment, depuis cette fenêtre. Comme si le monde n’était pas quelque chose de disponible à tout moment, comme s’il exigeait plutôt de lui, et de ses doigts, une série de gestes minutieux.
De cette fenêtre, le monde n’était pas le même.
Commenter  J’apprécie          231
- Extrait de la Quatrième de couverture Editions Viviane Hamy, 2009 -
Calvino, parfois pendant toute une semaine, se déplaçait à travers la ville en emportant avec lui un ballon bien gonflé. Pour autant, il ne changeait en rien ses activités quotidiennes, qui suivaient leur cours normal : le trajet du matin, les gestes nécessaires à son office, les horaires et la ponctualité conformes à sa rigueur coutumière, la discrétion de ses vêtements et de son sourire. Accorder une attention inhabituelle à un objet comme celui-là était un exercice fondamental qui lui permettait d’aiguiser son regard sur les choses du monde. Dans le fond, le ballon était un moyen simple de désigner le Néant. Sans cette enveloppe colorée, cet air, à présent souligné et se distinguant du reste de l’atmosphère, passerait complètement inaperçu. Choisir la couleur revenait à attribuer une couleur à l’insignifiant.
Commenter  J’apprécie          80
Calvino, pour regarder par cette fenêtre, devait d’abord défaire les sept boutons, l’un après l’autre. Ensuite seulement, il écartait les rideaux et pouvait regarder, contempler le monde. Ses observations terminées, il tirait les rideaux et refermait chacun des boutons. C’était une fenêtre à boutonner.
Lorsqu’il voulait ouvrir la fenêtre le matin, au moment de défaire lentement les boutons, il sentait dans ses gestes la même intensité érotique que celui qui retire, avec délicatesse, mais aussi avec anxiété, le chemisier de sa bien-aimée.
Aussi voyait-il la vie différemment, depuis cette fenêtre. Comme si le monde n’était pas quelque chose de disponible à tout moment, comme s’il exigeait plutôt de lui, et de ses doigts, une série de gestes minutieux.
De cette fenêtre, le monde n’était pas le même.
Commenter  J’apprécie          20
Calvino, en se regardant dans la glace, ne put s'empêcher d'admirer la capacité de résistance de cette lettre aux mouvements énergiques de sa serviette. Il observait ce A comme on observe un alpiniste se cramponnant désespérément pour éviter la chute. Effectivement, cette lettre semblait résister, et même l'implorer. À tel point qu'un seul mot vint à l'esprit de Calvino : compassion.

Calvino ce jour-là décida de fermer les yeux. Quelque chose l'avait ému dans cette scène.
Commenter  J’apprécie          20
Calvino, d'une certaine manière, ne se rappelait pas la nouveauté du lendemain - et cela le stimulait. Il oubliait ce qui allait survenir le jour suivant, et cet oubli - que l'on appelle vulgairement incapacité à prévoir l'avenir - constituait pour lui une sorte de référence existentielle.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Gonçalo M. Tavares (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gonçalo M. Tavares
Rencontre animée par Marie-Madeleine Rigopoulos - Interprète : Filipa Freitas
Dans le cadre de la saison France-Portugal et à l'occasion de la parution de Mythologies, la Maison de la Poésie accueille l'un des plus grands auteurs de littérature portugaise contemporaine, dont les nombreux ouvrages fonctionnent comme des explorations narratives et langagières. Ce recueil se compose de plusieurs récits allant de la fable au conte, qu'il soit pervers ou cruel. Mâtiné d'un humour noir caustique, il met à jour la mécanique d'un imaginaire délicieusement tourment, fascine par son incongruité et par ses résonances mythologiques et archaïsantes.
Avec le soutien de la Saison France-Portugal 2022.
À lire – Gonçalo M. Tavares, Mythologies, trad. du portugais par Dominique Nédellec, éd. Viviane Hamy, 2022 – Journal de la Peste, trad. du portugais par Élodie Dupau, Bouquins éd., 2022.
+ Lire la suite
autres livres classés : littérature portugaiseVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (28) Voir plus



Quiz Voir plus

Compléter les titres

Orgueil et ..., de Jane Austen ?

Modestie
Vantardise
Innocence
Préjugé

10 questions
20238 lecteurs ont répondu
Thèmes : humourCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..