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Dominique Nédellec (Traducteur)Rachel Caiano (Illustrateur)Alberto Manguel (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782878582994
141 pages
Viviane Hamy (30/11/-1)
3.59/5   11 notes
Résumé :
" - La question est simple : les impôts servent à améliorer la vie du pays. On est d'accord ? - On est d'accord. - Donc, plus un individu paie d'impôts, plus la qualité de vie du pays s'améliore ? - Alors, moins il reste d'argent à chacun à la fin du mois - à cause des impôts - plus le pays en a, lui. A la limite : quand quelqu'un achète du pain et du beurre et qu'il les mange, objectivement, il vole ce pain et ce beurre au pays. - Ainsi, plus la vie de l'habitant s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La démocratie fonctionnant sur le principe de l'élection de citoyens qui organisent son avenir, ne convient-il pas de réfléchir aux dysfonctionnements inhérents à la nature humaine de ses élus ? Cette question est le sujet de ce livre amusant et sérieux à la fois.

Un ouvrage inclassable qui fait partie du cycle du Quartier (O Bairro en portugais), un lieu où on tente de résister à la barbarie ambiante (à l'image du village breton d'Astérix) et dans lequel l'auteur fait cohabiter des célébrités du monde littéraire et artistique: Brecht, Valery, Rimbaud, Joyce, Duchamp, Warhol, Wells, Borges,... et Kraus.

Karl Kraus fut un écrivain autrichien (1874-1936), auteur d'une oeuvre monumentale, qui n'est que très partiellement traduite en français, satiriste redouté qui dénonça les compromissions, les dénis de justice, la corruption, et notamment la corruption de la langue en laquelle il voyait la source des plus grands maux de son époque, dont il tenait la presse pour principale responsable.

Le livre de Tavarès rassemble des chroniques fictives que Kraus aurait pu donner à l'époque actuelle. Conte philosophique, fable, parabole ou satire politique ? Tout cela à la fois.

Divisée en sections courtes très aérées, cette lecture divertissante et brève touche un sujet préoccupant: la politique, le pouvoir en général. L'écriture est simple, concise, claquante.

Sa portée est philosophique et sociologique. On y trouve un regard aigu sur certaines facettes du monde politique, depuis les scrutins jusqu'aux impôts.

Les humoristes médiatisés qui dépeignent les personnalités politiques avec un humour acide et plaisant n'ont pas la consistance de la prose de Tavarès, car ce dernier délivre un message de fond sans viser le particulier.

J'ai particulièrement été sensible au thème de la carte, développé en quatre volets, où on peut lire: « En vérité, le Chef avait un problème intellectuel: il ne parvenait pas à distinguer la réalité de la représentation de la réalité ». Je ne peux que faire le lien avec le mot célèbre de Korzybski « la carte n'est pas le territoire », cher à la sémantique générale dont l'objet est la problématique du langage corrompu.

Quand le Chef écrit « pluie » sur une zone de la carte afin d'y faire pleuvoir, je songe au Dictateur de Charlie Chaplin jouant avec le globe.

La dernière image du livre voit le Chef emporté dans une chute provoquée par sa fascination pour la buée qu'il expire et qu'on lui a dit hors du commun. Narcissisme qu'on ne souhaite à personne. Sans doute moins encore aux personnes auxquelles nous accordons nos suffrages.

Mon seul regret est la longueur du texte: les 130 pages imprimées grand sont vite ingérées. Mais l'économie des mots en augmente le poids.

En fin de volume, un texte d'Alberto Manguel éclaire la personnalité et le combat de Karl Kraus, mais aussi le livre de Tavarès: « le National Socialisme devint la somme de tous les maux parce que son usage vicieux du langage était preuve, aux yeux de Kraus, d'une corruption morale absolue ».

Kraus, qui ne tolérait pas les imbéciles, conseillait: « les satires que le censeur comprend doivent être bannies ».
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Toute société, tout quartier littéraire doit avoir son Karl Kraus, on peut se passer de Zola et des Balzac, n'importe quel membre de l'OULIPO fera l'affaire, Emilio Salgari ou Jules Verne sont bons à avoir mais pas essentiels, et un Schopenhauer ou un Borges conféreront du prestige à l'ensemble. Mais si l'on veut que le quartier ait l'électricité, il lui faut un Karl Kraus. En effet, nous le savons tous, il y a des écrivains qui sont eux-mêmes des prises de position plutôt que des oeuvres complètes ou des esprits plein de fantaisies. Ils s'expriment en instantanés, commencent et s'achèvent en proclamations. Au pire, ils deviennent dogmatiques ou religieux, ou inventeurs de slogans commerciaux; au mieux ils deviennent des Karl Kraus avant Karl Kraus. Ménandre, Lichtenberg, Swift, Voltaire, Léon Bloy. Mais Karl kraus les surpasse tous. C'est pourquoi au Bairro de Tavares il fallait un kraus.
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En vérité, le Chef avait un problème intellectuel: il ne parvenait pas à distinguer la réalité de la représentation de la réalité
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Videos de Gonçalo M. Tavares (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gonçalo M. Tavares
Rencontre animée par Marie-Madeleine Rigopoulos - Interprète : Filipa Freitas
Dans le cadre de la saison France-Portugal et à l'occasion de la parution de Mythologies, la Maison de la Poésie accueille l'un des plus grands auteurs de littérature portugaise contemporaine, dont les nombreux ouvrages fonctionnent comme des explorations narratives et langagières. Ce recueil se compose de plusieurs récits allant de la fable au conte, qu'il soit pervers ou cruel. Mâtiné d'un humour noir caustique, il met à jour la mécanique d'un imaginaire délicieusement tourment, fascine par son incongruité et par ses résonances mythologiques et archaïsantes.
Avec le soutien de la Saison France-Portugal 2022.
À lire – Gonçalo M. Tavares, Mythologies, trad. du portugais par Dominique Nédellec, éd. Viviane Hamy, 2022 – Journal de la Peste, trad. du portugais par Élodie Dupau, Bouquins éd., 2022.
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