AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782930657455
murmure des soirs (01/10/2018)
4.17/5   3 notes
Résumé :
« C’est pour trois jours ! »
« Nous sommes le 19 janvier 2005. Tu viens d’en prendre pour cinq ans, mais tu ne le sais pas. Nous non plus. Tu refuses ton admission dans cette maison de repos. Catégoriquement. »
Rien ne nous prépare à jouer le rôle de parents de nos propres parents. Comment incarner cette nouvelle posture à leur égard, affronter leurs demandes impossibles, leurs refus, leurs silences, la vieillesse implacable, les incompréhensions des i... >Voir plus
Que lire après Est-ce que tu as la clé ?Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
« Je peux te soumettre une liste de tes envies, celles-ci se réduisent à une seule : rentrer chez toi. » Le frère et la soeur ont placé leur mère dans une maison de retraite après une chute de la vieille dame. Celle-ci à chaque visite de son fils lui pose toujours et encore la même question : est-ce que tu as la clé ? Une question qu'il esquive sans fin, pris entre la conviction qu'il n'y a pas d'autre choix possible et un sentiment de culpabilité ; il a conscience que pour la vieille dame ce lieu inconnu est vide de tout ce qui faisait sa vie d'avant — les journées se ressemblent toutes, l'âge n'existe plus, figé dans un présent sans avenir.

Face au grand âge de leurs parents certains n'ont d'autre alternative, comme le narrateur, que le placement dans une maison de retraite. D'autres parce qu'ils le peuvent choisissent le maintien à la maison, même si pour ne pas être réduit au rôle du fils ou de la fille au service d'un vieux parent, il faut s'organiser, ne pas se laisser envahir. De toute façon, quelque soit l'option choisie, aucune n'est parfaite et l'équilibre est précaire, étant constamment remis en cause par l'évolution de l'âge et de ses dégradations. François Tefnin le sait bien lui qui nous livre avec beaucoup de sincérité et de réflexion le récit de l'accompagnement d'un fils aussi troublé qu’aimant.

« Je me disais qu’on écrit pour sa mère, que l'écriture et la mère ont partie liée, qu’un écrivain dédie ses pages non pas à celle qui a vieilli quand il est lui-même en âge d’écrire et de publier, mais à la jeune femme qui l’a mis au monde, à celle dont on l’a séparé le jour de sa naissance. »
François Weyergans, Trois Jours chez ma mère.

Merci à Babelio et aux Éditions Murmure des soirs
Commenter  J’apprécie          642

« Est-ce que tu as la clé ? » est un émouvant récit de François Tefnin. Ce livre, d'une densité nourricière, partage au lecteur les réflexions, observations, interrogations et tentatives de réponses que l'auteur a pu vivre lorsque, pour lui, les rôles de parent et d'enfant ont basculé, lentement précipités par l'usure du temps.
Maman, celle qui façonne le quotidien, le bien-être offert à l'enfant au-delà de son insouciance. Omniprésente, sans rien réclamer, elle n'a que des journées trop courtes pour simplement être présente à l'enfant, au mari, à la famille. Durant des années, elle assure et rassure.
Et puis, un jour, c'est à l'enfant à prendre la décision d'assurer le quotidien de sa maman. La présence est devenue absence, la longueur des jours s'est noyée dans la perte des repères et la gestion du confort, du bien-être doit être déléguée à l'institution. ‘Maman' a donc été placée en maison de repos… Sa vie chavire, l'inquiétude surgit, la question est lancinante : Est-ce que tu as la clé ? … je veux rentrer à la maison !
« C'est pour trois jours ! Nous sommes le 19 janvier 2005. Tu viens d'en prendre pour cinq ans, mais tu ne le sais pas. Nous non plus. » C'est avec ces mots que l'auteur entame cet écrit qu'il envoie à sa maman, comme aux lecteurs. Il pose ce témoignage, en toute lucidité. On le sent, il est important pour lui de s'octroyer une pause, de prendre le temps de comprendre. Transformer les incidents critiques, drôles ou dramatiques mais toujours vitaux, qu'il a vécus durant ces cinq ans en incitants critiques pour mieux accompagner sa maman, interpeller l'institution, s'interroger sur la vie, son sens, les buts et les moyens à se donner dans l'agir.
François Tefnin, ne joue pas avec les mots, il ne les manipule, avec doigté, que pour mieux les faire résonner et nous permettre de raisonner.
‘Je t'écris. Je décris… Je - tes cris !' Et, à travers cette lecture touchante de la vie, de la parentalité à l'envers, de la perte de ‘repaire' et du voile d'oubli qui tendrait à faire croire que tout peut se confondre, François Tefnin nous réaffirme l'unicité, la singularité de sa maman, le merveilleux engagement de sa vie et l'importance de pouvoir reconnaître, en l'autre, un être d'exception.
Ce livre, je le recommande à tous. Il recoupe, bien sûr, quelques thèmes abordés dans ‘Tu verras Maman, tu seras bien' de Jean Arcelin (critique du 10 avril 2019). Mais avec ‘Est-ce que tu as la clé ?' François Tefnin va bien au-delà de la problématique des institutions pour personnes âgées. Il y a un supplément d'âme, de fond, de recherche de vérité. Les nombreuses citations mises en exergue des différents chapitres soulignent à la perfection ce souffle d'humanité présent dans ce livre que j'ai reçu ‘comme une invitation à s'emparer des clés requises pour gagner l'au-delà de pertes qui donnent accès à bien des cheminements à explorer encore…' selon les propres mots de la dédicace de l'auteur. Merci, François !
Commenter  J’apprécie          274
" Tu viens d'en prendre pour cinq ans.... "
La mère de l'auteur vient de rentrer dans une maison de retraite, contre son gré... La clé qu'elle réclame sans arrêt c'est celle de sa maison, si proche dans laquelle elle ne peut plus vivre.
En courts chapitres François Tefnin nous raconte l'histoire de cette femme. Portrait attachant, malheureusement l'histoire se teinte de tristesse au fil des pages. Parce que dans ces lieux de vie ont ne peut que se rebeller contre ce qu'on y vit. L'institution est souvent sourde aux demandes et il n'est pas facile de voir dépérir les gens que l'on aime.
L'auteur s'interroge sur son nouveau statut. C'est lui qui a pris l'ascendant sur sa mère et la situation est difficile à vivre. Peut-on prendre en charge ses parents sans en ressentir une gêne et de la douleur?
Histoire toujours recommencée, même si celle-ci se passe en Belgique ( ou les EHPAD sont maisons de repos ou seigneuries) ce premier récit est un témoignage accablant mais pas à charge. Vieillir dans ces lieux est rarement heureux.
Un récit tout en retenue, où l'on s'interroge sur la fin de vie. J'ai aimé la brièveté des chapitres, précédés de citations d'auteurs qui parlent de mère ou de vieillesses. Les derniers chapitres sont une lettre à la mère disparue, Alexise. Quelques dernières lignes pour un adieu émouvant.
J'avais très envie de lire ce livre. Merci à masse critique et à Murmure des soirs pour cet envoi.
Commenter  J’apprécie          220
Je remercie Babelio pour l'envoi de cet ouvrage dans le cadre de la dernière masse critique.

Tôt ou tard, nous sommes tous confrontés à cette issue fatale, le déclin irrémédiable de nos parents.
A l'abnégation de cet état de fait s'ensuit le tourment dans le dilemme du placement en maison de repos. C'est de cela dont traite Francois Tefnin dans "Est-ce que tu as la clé ?".
Apres une chute rendant la vie à son domicile épineuse, il prend la décision avec sa soeur de placer sa maman en maison de retraite. Mesure nécessaire pour sa sécurité mais tellement douloureuse, une pénible résignation de part et d'autre.

La maman posera chaque jour durant des mois la même question "Est-ce que tu as la clé ?", la clé de chez elle, sa maison située non loin de là.
La clé, personnification de sa vie d'avant, symbole de sa résistance à la fatalité, son refus du déclin et de la dépendance.
Le fils se posera chaque jour, les mêmes questions sur le bien-fondé de sa décision, la culpabilité prenant parfois le pas sur la raison.

Francois Tefnin met aussi en avant la difficulté de ces lieux de vie, avec des organisations précaires, de la rigidité dans leur fonctionnement mais des aides-soignants qui grâce à leur bienveillance permettent aux pensionnaires une fin de vie à peu près digne.

Les rôles sont inversés, il est devenu le parent qui a la charge de cette adulte redevenue une enfant, tributaire des décisions des autres.

Il retrace avec beaucoup d'humilité la vie qu'elle a connu, sa personnalité, ses occupations. Il dépeint une mère normale "loin des tohus-bohus si prisés de nos jours, c'est peut-être encore le meilleur moyen de devenir quelqu'un d'exception", un bel hommage.

Son écriture est vraiment très agréable à lire, respectueuse de sa chère maman, élégante tout comme le joli marque-page à l'image de la couverture glissé dans le livre, de belles citations en début de chaque chapitre, il pose de vraies questions et ses réflexions sont pertinentes, une belle réussite pour un premier récit.
Commenter  J’apprécie          122

Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Si un président n’avait galvaudé cet adjectif ambigu, je reprendrais à mon compte le fait que tu as été une personne et une mère normale. Loin des tohu-bohus si prisés de nos jours, c’est peut-être encore le meilleur moyen de devenir quelqu’un d’exception. Et j’écris pour que ta singularité ne se perde pas.
Commenter  J’apprécie          240
A peine ma demande formulée, j'ai l'impression que l'incompréhension est passée de l'autre côté du bureau qui nous sépare. Et manifestement, il n'y a pas que le bureau qui nous éloigne l'un de l'autre. Sans jamais recevoir une explication susceptible de me convaincre du bien-fondé de la répartition actuelle du personnel, je me heurte à un refus. Et je n'ai même pas abordé la question de l'escalier de secours, du confinement sous les toits, de la pléthore de médicaments fournis par une pharmacie dont je n'ose imaginer le contrat qui la lie à la maison de repos, du médecin de famille qui passe toutes les semaines sans qu'on le lui demande, même quand l'état de sa patiente ne le justifie pas....
( p 95)
Commenter  J’apprécie          30
Par la permutation de ton statut, me voici installé au titre de visiteur. Comme dans un match sur le terrain de l’adversaire, je sens que je joue à l’extérieur. L’extérieur de toi par mon incapacité à consentir à ta demande. L’extérieur de moi pour la part de composition qu’exige un rôle imposé.
Commenter  J’apprécie          50
Les mots ont ce pouvoir de nous bousculer, voire de nous harceler. Parfois même, de nous précéder dans la connaissance de ce que nous pensions savoir.
Commenter  J’apprécie          80
Après moult palabres aussi interminables que vaines, il a bien fallu partir. T'abandonner à cette retraite imposée. Maison de retraite qu'ils disent. Retraite, certes. Maison, cela se discute.
( p 13)
Commenter  J’apprécie          30

autres livres classés : maison de retraiteVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Lecteurs (9) Voir plus



Quiz Voir plus

Français ou Belge ?

Georges Simenon

Francais
Belge

10 questions
430 lecteurs ont répondu
Thèmes : roman , littérature française , littérature belgeCréer un quiz sur ce livre

{* *}