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EAN : 9782752900180
160 pages
Phébus (27/08/2004)
3.64/5   7 notes
Résumé :

Dix nouvelles qui chacune mettent en scène une fille élue, sous le regard d'un narrateur qui tire - ou croit tirer - les ficelles et qui en secret joue avec la mort. On est (un peu comme chez Edgar Poe) au revers du dandysme, qui avoue ici dans les marges ses inquiétantes obsessions, son angoisse, sa peine à vivre, en tout cas à aimer. Le narrateur, comme embusqué derrière chacune de ces nouvelles, se cache sous divers m... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Mathieu Terence affectionne une langue dont la distinction évoque les écrivains à tendance sombre du 19ème siècle. Pourtant ses histoires sont bien ancrées dans notre 21ème siècle et elles donnent une étrange impression d'irréalité ou plutôt d'intemporalité. Son recueil de nouvelles Les filles de l'ombre lui emprunte également au 19ème siècle son étrangeté et sa noirceur en y ajoutant une sensualité trouble.

Chaque nouvelle met en scène une jeune fille, aux prénoms rares (Isild, Albane etc.) auxquels répondent des personnages masculins eux-mêmes nommés Miremort ou Ferraguste. Des jeunes filles souvent silencieuses, pleines de désirs rentrés qui se perdent dans des histoires où s'exacerbent Éros et Thanatos.

Ici l'attraction des corps n'est qu'un trompe-l'oeil au danger de mort. Qu'il s'agisse de Trois temps ou le manège, le sexe est déviant, la menace plane. Mathieu Terence écrit avec une précision et une distance qui renforce l'impact tragique de ses histoires. Jusque dans son abus de la recherche du mot juste (« Il s'enfonce entre ses fesses, au creux de l'orifice qu'un théologien luthérien – littérateur au demeurant – se plaît dans l'une de ses soties à nommer le vacuum. » Un peu ampoulé pour décrire une sodomie ! ).

Certaines nouvelles du recueil sont par ailleurs déroutantes car de purs exercices de style : Étude de jeune fille qui décrit longuement une adolescente prenant son bain et s'observant sous toutes les coutures ou La bande dessinée qui détaille… une bande dessinée érotique lue par une jeune fille dans un taxi. Exercices de style donc, et d'un intérêt très inférieur en comparaison des autres nouvelles du recueil qui peuvent aisément se placer sous le patronage de Charles Baudelaire quand il dit le beau est toujours bizarre.

Les filles de l'ombre a le défaut souvent inévitable du recueil de nouvelles, l'irrégularité dans la qualité. Mais quand la qualité est là, elle ne l'est pas à moitié, en maintenant une ambiance obscure, charnelle et angoissante.
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De Mathieu Terence, je n'avais lu jusqu'à présent que son Petit éloge de la joie. C'est dans un tout autre univers que je me suis engagée en choisissant ce recueil de nouvelles placé sous le signe du féminin et de l'ombre : en effet, ces dix récits sont extrêmement noirs, cruels souvent, et presque toujours inattendus (les dernières nouvelles correspondent moins à cette esthétique de la chute et m'ont moins plu pour cette raison). Tous ces ingrédients m'ont particulièrement plu et sont agencés avec brio par l'auteur.

Chacune des nouvelles est construite en plusieurs temps, que ce soit typographiquement marqué ou non, ce qui crée un crescendo dans la noirceur et un rythme particulier, assez théâtral. le dernier texte est d'ailleurs écrit comme une courte pièce en un acte et illustre parfaitement l'esthétique générale du recueil. Les filles y semblent mises en scène par le narrateur, qui le fait remarquer à plusieurs reprises au cours des récits, voire se mettre en scène elles-mêmes, telles des mannequins ou des actrices. Énigmatiques, mystérieuses, innocentes ou perverses, elles intriguent et fascinent jusqu'à la révélation finale. Celle-ci est toujours brillamment amenée et m'a surpris dans chaque nouvelle, même lorsque je l'attendais et la recherchais.

Par le terme « fille », et non « femme », Mathieu Terence marque immédiatement la période de la vie féminine qu'il aborde dans son recueil : l'adolescence (l'enfance dans une des nouvelles) et le moment du dépucelage souvent. L'ambiance qu'il construit autour de cette époque y correspond plutôt bien : la noirceur du doute, la cruauté marquée par le sang, la brutalité de la vie, l'innocence perdue. Je préfère ne pas en dire plus sur les intrigues de ces nouvelles (la quatrième de couverture fait d'ailleurs de même) et vous laisser les découvrir, une grande part du plaisir résidant dans l'effet de surprise.

Lien : http://minoualu.blogspot.be/..
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Les filles de l'ombre est la première œuvre de Mathieu Terence que j'ai compulsée. C'est un recueil de nouvelles aussi cruelles que bien écrites. En quelques pages, dans un français raffiné, de petites histoires (souvent licencieuses) nous sont narrées de telle manière qu'un revirement brutal s'opère systématiquement dans l'explicit. La première nouvelle est une vraie surprise, puis on est à chaque fois dans l'expectative jusqu'au tragique dénouement. Les filles de l'ombre est un petit bijou de lecture, à réserver à un public averti.
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Brillant exercice de style tant sur la forme que sur le fond. J'ai cependant trouvé les nouvelles assez inégales . On peut se laisser tenter si on aime Bataille
Pour ma part , le dandysme chichiteux m'a parfois ennuyé voire agacé mais c'est un avis très subjectif.
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Vidéo de Mathieu Terence
En 1646, le Bernin dessine une esquisse intitulée le Temps découvre la Vérité. Trois siècles plus tard, Mathieu Terence part à la rencontre de cette oeuvre et de son auteur, grand maître de l'art baroque, sculpteur, architecte et peintre italien, dont l'oeuvre énergique traverse les siècles pour nous parler d'aujourd'hui. Ni biographie, ni essai d'art, ce récit composé de courts chapitres retrace, au galop, les soixante-dix ans d'activité du Cavalier pour nous donner à voir et à comprendre la fougue et l'esprit d'un artiste qui célèbre le divin en offrant à toutes et à tous des oeuvres ivres de force et de volupté. Manifeste contre un monde uniforme, hymne à l'exubérance et au courage, carnet de voyage dans le temps, réflexion sur la vérité à l'heure où le règne du Faux ne cesse de s'étendre, ce livre est, aussi, le témoignage d'un retour à la vie après la mort de l'aimée. Profondément singulier, il est tout entier taillé comme une sculpture baroque.
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