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EAN : 978B003X852L8
EDITIONS LIVRE DE POCHE N° 2853 (01/01/1970)
4.17/5   3 notes
Résumé :
Hadji Mourat, Le bonheur conjugal, Le faux coupon, Une tourmente de neige
Que lire après Récits : Hadji Mourat - Le bonheur conjugal - Le faux coupon - Une tourmente de neigeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le Bonheur conjugal, livre de poche traduit du russe au français par Sylvie Luneau, année 1960
Léon Tolstoï (1828-1910)

"Nous portions le deuil de notre mère, morte à l'automne et nous passions tout l'hiver à la campagne, Katia, Sonia et moi ..
Katia était une vieille amie de la maison ; c'était notre gouvernante, elle nous avait tous élevés et, depuis que je me souviens de moi-même , je me souviens d'elle et de l'amour que je lui portais. Sonia était ma jeune soeur. Nous passions un hiver triste et morne dans notre vieille maison de Pokrovskoïé. Il faisait froid , il y avait du vent, et la neige s'était accumulée jusqu'au dessus des fenêtres .."


Ainsi commence le Bonheur conjugal.

Ah qu'il est coquin notre Léon, il va même jusqu'à inspirer l'amour auprès d'une jeune fille bien née avec dame de compagnie et tutti quanti non pas dans le fond pour faire naître de faux espoirs et jouer les bourreaux des coeurs vis-à-vis de quelqu'une envers laquelle le désir amoureux n'est pas la grande flamme tant désirée à ses yeux mais pour s'en inspirer, inspirer sa fiction et écrire sur la psychologie d'un couple de bon aloi qui va finir par se distendre. Bon ça vaut mieux que de plagier des lettres d'amour de la dernière belle qu'on séduit et qu'on retrouve stricto sensu dans son roman à venir, n'est-ce-pas PPDA. Tout écrivain n'a pas l'emphatie du maître russe qui excelle dans cette oeuvre à décrire la lente descente aux enfers d'un couple dont l'histoire commence par son mariage, ce qui est plutôt rare en littérature. Oh qu'on se rassure, ce ne va pas être des prises de tête à la Burton -Taylor à chaque page, mais d'abord des pages anthologiques sur la naissance de l'amour entre deux êtres que le hasard a réunis en fait, un capiteux extraordinaire merveilleusement décrit qui absorbe toute la première partie. Et Tolstoï va user de son génie littéraire pour montrer ce dont l'homme est capable et la femme aussi, respectivement non pas pour s'octroyer les faveurs de l'autre et essayer de sauver un bateau qui tangue mais pour entrer dans une phase délicate qui a tout l'air des prémisses de la rupture, ce sont des pans de déconvenues qui vont détricoter au fil des pages le beau roman de vie qui était en train de naître. le renvoi dos à dos des existences non faites pour s'entendre dans le fond passé sous les fourches caudines de l'expérience, de la mise à l'épreuve, des situations probatoires, lisibles, pas de la roupie de sansonnet.. dans une factualité très subtile, sans aucun machiavélisme. Bien que là ou la critique lambda pense qu'il y a chez Tolstoï de la misogynie, il n'y a en fait que des faiblesses constatées chez la femme et des faiblesses constatées chez l'homme. Un peu de misanthropie éprouvée chez l'homme, et une envie de vivre à contrario chez la femme, dans le grand monde, etc.. ! Oui j'allais oublier ce que je voulais dire, quand je dis emphatie de l'auteur pour l'héroïne, c'est écrit à la première personne qui est une femme ! ..

Ce ne sera ni la première ni la dernière fois que Tolstoï s'inspirera de faits réels nés de sa propre existence, mais s'il y a là l'allure d'une semi-autobiographie, il convient de mesurer ses mots et ne pas penser qu'il s'agit là des premières déconvenues du couple Tolstoï formé avec Sonia qui va partager sa vie pendant près d'un demi-siècle, et encore si on met dedans les flirts naissants ça fait bien le siècle. Non bien sûr, archi faux, l'aventure que Tolstoï a eu et dont il s'inspire ici a à voir avec Valéria en 1856-57 qui a eu lieu avant son mariage. Et comme Tolstoï va avoir la conscience un peu chavirée des effets collatéraux, il va se jurer de ne plus écrire sur de telles distractions jusqu'à Guerre et Paix, voire Les Cosaques qu'il achèvera en 1862, juste avant son mariage. Sauf peut-être son histoire : Khostomier : même emphatie, même première personne mais qui n'est pas une femme cette fois, mais un cheval ! Je vois d'ici des lecteurs malintentionnés venir me dire que je confonds la femme avec un cheval, non, c'est un nouvel élan de pureté : Tolstoï quoiqu'il dise fabriquera toujours des belles histoires formidables à raconter, d'un lyrisme achevé, issues de bons vents qui l'accompagnent et aussi de mauvais sans le cultiver, mais ça c'est la vie, et quoiqu'il dise encore du Bonheur conjugal, c'est un pur joyau vanté par Rolland, Fernandez, Zweig, Faulkner, Martin du Gard .. Une perle qui reste à lire, et pourquoi je dis ça parce que son auteur n'a fait aucune publicité sur cette oeuvre et à lire ses commentaires, il faudrait presque s'en défendre, mais dans le fond le créateur se mêle là à sa propre vie dont il a envie de s'amender, on ne sait plus trop dans quel registre on est avec lui, ce qui est sûr en revanche, c'est qu'il va à partir de ce moment là -c'est en quelque sorte un pivot - se tourner vers des projets beaucoup plus ambitieux qui vont bouleverser le monde entier, avec un désir de pureté d'âme, par un énorme travail d'introspection, mais aussi de vérité !.. Et moi je raffole de ce court roman, sa relecture me pousse à la jubilation tant la littérature est portée là dans un exercice sans ménagement à plus de 6 mètres pour un perchiste sur un sujet éminemment scabreux qui est celui de la vie de couple fondée sur le hasard qui trouvera sa vraie mesure dans l'expérience. Les résultats seront là, implacables, de part et d'autre ils avaient même perdu l'habitude d'être ensemble, et même quand ils l'étaient sous un nouveau jour chimérique, l'absence se substituait vite à la présence ... Allez les amis, ça ne se soigne pas ces choses là, un peu de volonté, même si on pense qu'un changement d'air fera changer le cours des choses : miroir aux alouettes !.. Ah, dans ces conditions là, j'aime quand l'auteur russe invite le lecteur à sa conclusion personnelle et qui ne s'emploie pas comme ici à régenter les coeurs, loin s'en faut, et contrairement à ce que la critique peut en dire !..
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