Même si la série est longuette, une fois qu'on a accepté qu'elle risquait de se répéter parfois dans ses cycles et que c'était avant tout une parodie des shonen à succès de l'époque, on s'amuse beaucoup à sa lecture. Ce tome n'y coupe pas.
Le grand-père de Yawara fait encore des siens et il est un excellent ressent scénaristique, offrant à la fois amusement, grincements et rebondissement. C'est LUI l'adversaire le plus coriace de notre héroïne et l'auteur en joue bien. Il a toujours su écrire des antagonistes à la hauteur de ses héros et permettant de les faire encore plus briller. C'était le cas avec Johan dans Monster, cela l'était aussi avec Choko dans Happy, et c'est à nouveau le cas avec Jogoro. A chaque fois, il joue sur les variations qu'offrent ces héros pour leur concocter des antihéros à leur hauteur. Excellent !
Notre héroïne, elle, plus qu'une adversaire, se trouve en fait une compagne pour se motiver à poursuivre ce sport et c'est la plus belle réponse trouvée par l'auteur. La compétition, ce n'est pas seulement affronter un adversaire fort qui donnerait la force pour aller chercher l'énergie et l'envie dans ses derniers retranchements. Il y a aussi une belle émulation qui peut se créer entre sportifs d'une même équipe ou juste ami pour se donner l'envie d'aller le plus haut et le plus loin possible. C'est le cas entre Yawara et Fujiko qu'on continue de découvrir ici dans leur jolie relation à deux.
Grâce à cela, le récit se partage entre désir d'émancipation de Yawara qui tente de déjouer les plans de son grand-père pour l'empêcher d'entrer dans le monde du travail afin qu'elle poursuive plutôt ses études dans une fac avec une équipe de judo réputée et qu'elle fasse les J.O., et compétition sportive à deux où Fujiko et Yawara font preuve d'une belle émulation réciproque. J'ai beaucoup aimé cette dynamique, pimentée en plus par les interventions des prétendants de Yawara, ainsi que la promesse d'une rivale potentiellement plus forte entraînée en secret par son père. L'auteur prépare le terrain.
Les matchs sont palpitants à suivre même quand Yawara balaye tout le monde en 3 secondes. C'est chouette de voir évoluer Fujiko, surtout avec son style tout sauf académique. le twist avec la recherche d'emploi est bien trouvé, car c'est effectivement le moment pour l'héroïne et que ça ajoute une nouvelle dimension drôlatique et piquante au récit avec une critique de ce milieu tellement intéressé et si peu raisonné, moral. Tout se mélange très bien pour nous amuser.
Divertissement de haut vol, Yawara au lieu de sombrer comme je l'ai cru un temps remonte en flèche et m'amuse à nouveau énormément grâce à un savant mélange improbable des genre.
Urasawa est aussi doué en comédie, qu'en manga sportif ou critique sociétale grinçante. C'est très bien dosé et écrit, et le petit côté rétro ne fait qu'ajouter une saveur supplémentaire !
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