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Maïthé Vallès-Bled (Autre)Martine Boivin-Champeaux (Autre)Michel Jarrety (Autre)Thomas Golsenne (Autre)Stéphane Tarroux (Autre)
EAN : 9782862667881
268 pages
Nouvelles Editions Loubatières (15/10/2020)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Catalogue de l'exposition organisée pour le 50e anniversaire du Musée Paul-Valéry de Sète Le musée a ouvert ses portes en 1970 dans le bâtiment qu'il occupe aujourd'hui face au Cimetière marin. Créé en 1891, le Musée des Beaux-arts de Sète prenait à cette occasion le nom de Musée Paul-Valéry. Mettant à l'honneur le poète, l'écrivain et le penseur qui est au coeur même de l'identité du Musée, l'exposition propose un regard exhaustif sur les relations qui, durant tout... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
On sonne à la porte. C'est le facteur qui me remet un grand paquet très lourd. En participant à cette édition de Masse critique, je ne m'attendais pas à recevoir un aussi beau cadeau. Ce luxueux volume cartonné est un catalogue d'exposition ? Quelle merveille ! Je ne me souviens pas d'en avoir déjà rencontré d'aussi précieux.
En lisant « La tristesse des femmes en mousseline » de Jean-Daniel Baltassat, j'avais rencontré un Paul Valéry absorbé dans la contemplation d'une toile de Berthe Morisot. Je vais en apprendre beaucoup plus dans ce riche volume. La ville de Sète a voulu célébrer le cinquantième anniversaire du musée consacré à l'auteur qui y a vu le jour. Comment mieux le fêter qu'en rassemblant les oeuvres de peintres qu'il a connus et aimés, dont il a parlé dans ses textes ou conférences ?
Dans un temps très lointain maintenant, j'avais découvert Paul Valéry grâce à un cours universitaire. Je dois bien avouer qu'il ne figure pas en première place de mon Panthéon littéraire. Je trouve ses écrit froids, érudits, cérébraux. Je n'y décèle pas les sentiments qui m'émeuvent en poésie. Mais je ne me souviens pas que notre professeur nous ait entretenus du goût de Valéry pour la peinture, à tel point que, non content de fréquenter Degas, Bonnard, Picasso et tant d'autres, le poète a lui-même manié le pinceau ou le crayon. Il épouse Jeannie Gobillard, nièce de Berthe Morisot et vit avec d'autres membres de leur famille dans un immeuble que la peintre avait fait construire et dans lequel « non seulement les murs sont couverts d'oeuvres de Manet, Morisot, Degas, Renoir... mais tous les membres de la famille peignent. » Une sorte de paradis pour les artistes, donc.
Paul Valéry était tellement amateur d'art que, lorsqu'il découvre une toile qui le touche tout particulièrement, la « Sainte Agathe » de Zurbaran, il ne se limite pas à lui dédier une délicate prose poétique, dans laquelle il évoque, de façon éthérée un épisode particulièrement barbare, « Car, issues des folles manches citrines, les mains pieuses conservent le plat d'argent où pâlissent les seins coupés par le bourreau... Les seins inutiles qui se fanent ». Son admiration est telle qu'il nommera sa fille en l'honneur du tableau.
On surprend un Valéry couvrant ses cahiers, carnets, feuilles ou notes « de dessins liés à l'environnement ou au contexte dans lequel il se trouve ».
En feuilletant ce somptueux volume, je pourrai admirer des reproductions d'une qualité exceptionnelle. de temps à autre, on aura même droit à un détail significatif qui occupe une page entière et dont on pourra déjà se faire une idée en détaillant la couverture. Elle isole la fillette au bord de l'eau, dont on trouve, dans le livre, la peinture complète, face au visage de l'enfant qui a droit à une pleine page. Valéry la décrit comme « une petite toile peinte au bord du lac, par temps voilé. Cela est fait de rien, un rien multiplié par l'art suprême de la touche, un rien de brume, des soupçons de cygnes, prestiges d'une brosse qui frotte à peine le tissu. »
J'ai pu me régaler des tableaux d'artistes que j'affectionne : Berthe Morisot, Marie Laurencin, Monet, Matisse... J'ai relevé des allusions à des auteurs que j'ai beaucoup lus et que je croyais, hélas, tombés dans l'oubli : Henri de Régnier, Pierre Louÿs.
J'ai regretté qu'il n'y ait pas davantage d'explications à propos des oeuvres présentées (mais ce n'était pas le but de l'ouvrage).
La découverte qui m'a le plus frappée : cette « salle à manger rue de Villejust au petit jour » que Paul Valéry réalise à l'encre de Chine et aquarelle.
Dans notre drôle d'époque où nous sommes confinés chez nous et condamnés à ne regarder le monde qu'à travers la fenêtre, ce paysage de maisons, toits, verdure sonne juste et actuel. Et je ne me doutais pas que l'écrivain avait autant de talent !
J'ai donc énormément apprécié ce catalogue qui m'est arrivé tel un cadeau de fin d'année, grâce à Babelio et à cette providentielle Masse critique, ainsi qu'aux éditions Loubatières, dont une main anonyme avait glissé la carte, tellement jolie, sur laquelle figuraient deux mots tracés la plume. J'espère que la personne qui a pris la peine de les écrire découvrira dans cette chronique un témoignage de toute ma gratitude.
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Célébrant son cinquantenaire, le musée Paul Valéry de Sète propose une exposition sur le rapport du poète Paul Valéry avec les peintres. le catalogue présenté ici en reprend les différentes composantes.
Le catalogue de cette nouvelle exposition détaille le milieu artistique dans lequel le poète va être immergé dès son mariage avec Jeannie Gobillard, cousine germaine de Julie Manet, fille de Berthe Morisot, son amie d'enfance. Ils vont partager un petit appartement au 40, rue de Villejust. Cet immeuble est animé par des rencontres artistiques organisées mais aussi inopportunes.
Le livre détaille aussi en courts chapitres la relation avec différents artistes et leurs techniques utilisées : Manet, Rouart, Berthe et Edma Morisot, etc. Sont présentées des photos de leurs oeuvres et même des agrandissements pour détailler le travail réalisé.
De plus son amitié pour Mallarmé lui ouvre tout le milieu artistique parisien. Paul Valéry a l'habitude de consigner ses impressions et ses découvertes dans de petits carnets où il écrit mais aussi dessine. Il, peut mener ainsi une réflexion personnelle sur la création. le catalogue montre bien toute sa singularité. L'intérêt du poète pour à la fois la Renaissance italienne et les peintres comme Corot, Degas ou Manet lui permet de détailler des correspondances inattendues.
Mais Paul Valéry a gardé aussi le goût de peindre. Son naturel le prédisposait aux marines. Mais ses carnets s'ornent de dessins sur son environnement et les lieux qu'il découvrent. le livre présente un certain nombre d'oeuvres qui révèlent des « instantanés » d'une grande maîtrise.
Ce catalogue rend compte de façon très poussée de la richesse de cette exposition. Évidemment, la vraie rencontre avec les oeuvres n'a pas pu se faire mais sa lecture a apporté évasion et plaisir !
Notamment pour aller plus loin
L'excellente exposition « Degas Danse Dessine » du Musée d'Orsay a révélé le lien étroit entretenu entre Paul Valéry et Degas à partir des carnets que le premier avait constitué.
D'habitude le catalogue d'une exposition permet d'approfondir les points abordés par l'exposition .Je n'ai pu ici en jugé. Néanmoins, je suppose que ce livre rend compte de façon approfondie du lien du poète avec chaque peintre présenté en l'étayant d'exemples puisés dans la littérature ou de détails du quotidien.
A la fin le catalogue est complétée d'une frise de repère généalogique qui est la bienvenue ! Une liste illustrée des oeuvres présentées le conclut.
Il est évident que ce catalogue est un beau livre sur lequel je reviendrai souvent, soit pour préciser la nature du regard de Valéry ou pour appréhender une méthode, technique que Valéry a repéré.
A noter photos et plus sur mon blog
https://vagabondageautourdesoi.com/2021/01/10/paul-valery/
Remerciements
Merci @Babelio et sa masse critique et #NouvellesEditionsLoubatières pour ce catalogue qui relate l'exposition du @MuséeValéry
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Voilà un ouvrage qui répond aux exigences d'un catalogue, par sa thématique on ne peut plus précise, par la qualité des reproductions et de la mise en page (plus de 90 tableaux et dessins), et par la précision des références. Mais c'est plus qu'un catalogue, c'est un document indispensable à qui s'intéresse au poète, c'est une invitation à un nouveau regard pour ceux qui le jugent trop difficile d'accès, c'est un ouvrage de réflexion sur la création artistique dans son expression plastique et
poétique, par les extraits de ses fameux cahiers et de sa correspondance. C'est enfin un hommage attendu au poète dont le musée de sa ville natale porte le nom, à la date, est-ce un hasard, du centenaire de la publication du Cimetière Marin.

Comme un roman…
Tout commence au Musée Fabre de Montpellier dont le poète était familier, avec Francisco de Zurbaran (Sainte Agathe, qu'il choisira comme prénom pour sa fille), Eugène Delacroix (Orphée secourant Eurydice ), Gustave Moreau (Suzanne et les vieillards), Courbet, Corot…Ensuite un intérêt tout particulier pour Léonard de Vinci ce qui n'est pas étonnant chez cet auteur qui s'associe esprit scientifique et imagination prolixe…

Mais la naissance de son attachement à la peinture tient essentiellement à l'atmosphère familiale après son mariage avec Jeanine Gobillard, nièce de Berthe Morisot (plusieurs toiles de cette grande artiste appartenant à une collection particulière). Sa soeur Paule Gobillard est elle-même peintre. Trois « huiles » illustrent son travail : Valery faisant une conférence, un cours au Collège de France, ou à la fin d'un déjeuner familial et sont particulièrement touchantes (collection propre du musée). D'autres noms fameux dans le domaine de la peinture occupent ce premier cercle familial (famille Rouart , et Manet…). L'arbre généalogique de cette grande famille est à la fin du livre…
Le cercle amical s'élargit aux amis proches et aux fréquentations, avec Renoir, Monet, Odilon Redon, Maurice Denis, Marie Laurencin, Degas à l'origine d'un des seuls ouvrages de Valery, qui ne se considérait pas comme critique d'art, consacrés à la peinture. (Degas, Danse, Dessin).

Valery a surtout porté son intérêt aux impressionnistes et aux symbolistes comprenant mal la naissance du cubisme et du fauvisme. Il n'empêche que le portrait en dessin de Valery par Picasso pour la première édition de la Jeune Parque est de grande qualité comme les trois portraits de Jacques Emile Blanche. Il faut rendre hommage à la commissaire de l'exposition Maïthé Vallès-Bled d'avoir pu pour Picasso, Matisse, Monet, Marquet et Vuillard montrer des oeuvres d'une exceptionnelle qualité provenant de la Collection David et Ezra Nahmat.

La dernière partie (Valery peintre) qui appartient en propre au Musée Valery est particulièrement originale et touchante puisqu'elle réunit plus de trente dessins, aquarelles, gouaches ou huiles du poète. Heureux temps où bien que de valeurs inégales arts poétique et plastique se rejoignaient dans une même main.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Nous vivions dans une atmosphère qui était post-impressionniste , et toute la famille peignait. Peignait dehors, peinture dedans, peignait partout et à toute heure. C'était effrayant. Mais en ce qui concerne mon père, c'était très différent. Il le faisait comme personne, tout à coup, utilisant la place blanche d'un de ses cahiers, se servant de ce qu'il avait sous la main, enlevant très vite une aquarelle, un dessin , sans intentions, pour lui-même, pour se délasser ou pour répondre au besoin de s'exprimer ainsi de cette manière, sans surtout se prendre au sérieux. Entretiens sur Paul Valéry
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Et quel paradoxe qu'une époque dont la vie même est soumise à la détermination exacte de bien des nombres, dont la science et l'industrie exigent l'emploi d'appareils des plus délicats, l'observance de précautions minutieuses, souffre dans la "technique" des arts, de tels relâchements et semble se complaire aux jeux de l'insuffisance et aux hasards de la facilité. 
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J'aimais dessiner et me suis rendu compte par la suite, en prenant les choses au sérieux, que l'art du portrait était vertigineux : ressemblance ou évocation, effet pictural ou caricatural. Par quel artifice capter cette tremblante lumière intérieure ? Ce portrait de edon qui m'avait fascinée avait presque banni de mon attention les Degas, Monet, Manet, Morisot, Renoir, Gobillard, Laprade, Corot, J-E Blanche d'Espagnat tous ces noms descendaient du mur pour prendre corps dans les salons et certains furent régulièrement fréquentés. Beaucoup avaient pris pour modèles les demoiselles Gobillard et Julie Manet. Valéry les connaissait bien personnellement . Il avait une prédilection pour Degas dont l'intelligence aiguë lui plaisait. Agathe Valéry
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Et comment a-t-il reçu les "nymphéas" ? A-t-il apprécié cette peinture à l'époque si nouvelle, ce vertige d'eau qui ne s'apparentait à aucune évocation connue de la nature ?
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(...) Tout à coup, utilisant l page blanche d'un de ses cahiers, se servant de ce squ'il,avait sous la main, enlevant très vite une aquarelle, un dessin sans intentions, pour lui-même, pour se délasser ou pour répondre au besoin de s'exprimer ainsi de cette manière , sans surtout se prendre au sérieux. Entretiens sur P. Valéry.
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Video de Maïthé Vallès-Bled (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Maïthé Vallès-Bled
Les nouveaux entretiens d'Orphée sur une idée originale de Luc Vidal Images/Montage : Alexandre Michon 
Coproduction Éditions du Petit Véhicule Les Films d'Alexandre Musique : Môrice Benin/Michel Goubin Tous droits réservés – 2021
Maïthé Vallès-Bled, conservateur en chef du Patrimoine, est directrice du Musée Paul Valéry de Sète. Elle dirige le Festival international de poésie VOIX VIVES, de Méditerranée en Méditerranée, qu'elle a créé en 1998 à Lodève, dans l'Hérault, et qui est installé à Sète depuis 2010. Chaque année au mois de juillet, VOIX VIVES accueille dans la ville de Paul Valéry et de Georges Brassens plus de 80 poètes venus de toutes les Méditerranée, représentatifs de toutes les tendances de la poésie contemporaine. En invitant des auteurs de qualité, en  installant les lectures et les spectacles dans des lieux du quotidien, gratuits d'accès, en les rendant accessibles à tous, VOIX VIVES est une invitation singulière et unique faite au public de découvrir ou mieux connaître une création poétique issue d'une culture commune, celle de la Méditerranée, dans laquelle chacun peut reconnaître autant ses propres racines que celles de ses voisins.   Retrouvez les actualités du Petit Véhicule : https://lepetitvehicule.com
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