A l'opposé de la prise de tête.
Les Cinq Rubans d'Or date du début des années 1950.
Jack Vance est encore un jeunot dans l'édition ; et s'il n'a pas encore figé le style qui lui collera à la peau, il n'a pas non plus acquis quelques défauts associés.
Ce roman est un space road movie truculent qui file à cent années-lumière à la seconde (plus vite que cent à l'heure). Il met en scène un couple qui recherche à travers la galaxie les codes qui donneront aux Terriens l'accès à l'ultrapropulsion, jusqu'ici aux mains des Fils de Langtry. le couple a des relations orageuses qui font la pige à celles de Kathleen Turner et Michael Douglas dans A la Poursuite du Diamant Vert. Sauf que, contrairement au film, la fille Fay est la plus expérimentée et la plus intelligente des deux – pour une fois
Jack Vance traite un personnage féminin comme il le mérite.
Fay est dans le métier de l'espionnage depuis longtemps, et elle doit se trainer Paddy Blackthorn, un gus vaguement voleur, assurément macho et fanfaron, plus bonimenteur que le Flic de Beverly Hills mais avec un bon fond et une chance d'Irlandais (oui, d'Irlandais car Irlande = trèfle à quatre feuille, tout ça…). C‘est tout de même grâce à Paddy qu'une chance est donnée à la Terre de sortir de la dépendance des Fils de Langtry. Et puis Paddy est à l'opposé des héros vanciens à venir : c'est une boule d'émotions toujours prête à exploser qui partage des valeurs avec
Cugel l'astucieux, et ça fait du bien.
Les Fils de Langtry, parlons-en de ceux-là. le récit se veut sans prétention mais exploite quand même une idée SF sympa : Celle que les hommes, s'installant sur des planètes à l'environnement assez éloigné de celui de notre
bonne vieille Terre, subissent une pression de sélection qui aboutit à une spéciation. Leurs caractéristiques physiques diffèrent franchement de celles des Terriens. Or chaque Fils est un descendant d'un Langtry installé sur une planète donnée et appartient à une race au phénotype divergeant. Et là on retrouve le Vance qui aime inventer des espèces bizarres. Bien sûr, un mépris profond est partagé par les Terriens et les nouvelles races. Ces dernières considèrent les Terriens comme les homo sapiens voyaient les Néanderthaliens (dépassés) tandis que les Terriens sont dégoutés par l'apparence des « nouveaux » (Paddy en fait des tonnes là-dessus).
Bon, on ne philosophe pas non plus hein. Ca bonifie le fond de l'histoire et c'est déjà pas mal.
Même si j'ai parfois trouvé les situations « two much » et capilotractées, je me suis bien amusé avec Fay et Paddy. Ce roman sympatoche permet de se détendre et de sourire. Que demander de plus ?