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EAN : 9782081232006
217 pages
Flammarion (17/10/2010)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Né à Paris en 1936, Franck Venaille est l'auteur d'une œuvre qui compte une quarantaine de titres − dont récemment Chaos et Ça − et sur laquelle un important travail critique, issu de tous les horizons, a déjà été entrepris. Il est l'une des figures majeures de la poésie contemporaine.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
 
 
La grande dévoreuse a emporté ce jeudi 23 août,
le Grand Poète, Franck Venaille.

Il avait reçu de nombreux prix, notamment :
. le prix Mallarmé pour La Descente de l'Escaut, en 1996,

. le prix Alain-Bosquet en 2009,
. le prix Robert Ganzo en 2009,
pour Ça, Mercvre de France en 2009

. le Grand prix de poésie de l'Académie française en 2011
pour l'ensemble de son oeuvre,

. le Prix Goncourt de la poésie pour Requiem de guerre en 2017.



Dans C'est nous les Modernes (Flammarion, 2010), Franck Venaille
consigne notamment :

" Écrire n'est pas se montrer raisonnable, plier devant
l'autorité du style, se protéger de ses propres humeurs.
En un mot je ne suis pas pour le respect (de la langue,
de la prosodie, de la narration, du descriptif et de la
sage psychologie). Je suis de l'écriture. Dans l'écriture.
C'est mon seul bien. Écrire m'a fait. Écrire m'accompagnera
jusqu'à la fin.

[…]

" Être poète, c'est croire à l'intensité du langage, à ses méandres,
ses contre-pieds, ses contradictions et sa générosité également.
Il me reste à gérer ma mélancolie, c'est à dire une forme de violence
contre soi très ancienne et silencieuse.
Être poète ce n'est pas seulement écrire – vers ou proses – des poèmes.
C'est donner à notre douleur la force et les moyens de se dépasser, de
devenir ainsi la douleur de tous, y compris de la poésie elle-même.
Ainsi c'est par la souffrance que l'on rejoint les autres hommes ?
Oui je le crois.



Dans Ça (Mercvre de France, 2009), Franck Venaille
nous donne ce poème, tout à fait proche de mon
état d'esprit, après sa disparition. Ce soir, je rentre
chez moi,
/encore plus âgé/encore plus triste


" Faire sourire un corps mort !

On s'interroge
pour employer le mots justes

Puis
on raconte

Mais sans cesse
celui que la vie a quitté
exige une autre histoire
avec une autre fin

Et
l'on rentre chez soi
encore plus âgé
encore plus triste

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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
UN PAYSAGE NON MÉLANCOLIQUE.


Extrait 3

L’écriture aura été la plus grande affaire de ma vie. Je n’ai vécu que pour elle, tentant toutefois d’échapper à la poésie. Pour cela j’ai été injuste. J’ai participé à un livre au titre sans équivoque : Haine de la poésie. En tout cas je me suis toujours méfié d’elle et, sur le fond, c’est un sentiment qui est encore mien. J’ai travaillé dur pour la conduire dans mes eaux, sur mes terrains, là où je souhaitais qu’elle fût. J’évoquais le vent du Nord. C’est un compagnon étrange chez qui cohabitent angoisse et peur. Les mots chuchotent, regardent, choisissent leur camp. Ils sont d’une même fratrie, ce qui n’empêche nullement qu’ils se fassent la guerre. Pour moi la poésie est ce qui ressemble le plus à ce combat fratricide de la langue contre elle-même.
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UN PAYSAGE NON MÉLANCOLIQUE.


Extrait 2

J’aime le ciel gris. Le froid. La pluie incessante et la présence bien réelle de ces cafés qui font face à la mer. Je sais que je me suis créé un paysage mental qui ne coïncide pas avec la réalité du pays (la Belgique, en sa partie flamande) mais qui, toujours, la respecte. Je ne trouve pas qu’il s’agisse là d’un paysage fait de douleur. D’ailleurs, je ne suis pas triste. Il me semble que c’est un sentiment (une sensation ? un état ?) que j’ai pu dépasser. Parfois je pense que, marchant face au vent, je suis semblable à un alphabet qui égare ses lettres. Dès lors il faut que je fasse avec celles qui demeurent à ma portée. C’est peut-être de là que provient mon souci de concision.
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UN PAYSAGE NON MÉLANCOLIQUE.


Extrait 1

J'aime me protéger de la lumière en me réfugiant dans un cocon de brume ou de brouillard. Je ne vis bien que dans le mystère de l’ombre d’où, peut-être, mon attirance pour l’univers de l’espionnage tel qu’il est mis en scène par John le Carré. J’ai la sensation d’avoir, d’entrée de jeu, été mis dans l’obligation de cacher quelque chose, quoi ? Je ne le sais pas, bien que je me doute que la sexualité ait à voir avec cela. Longtemps j’ai caché à ma famille que j’écrivais. J’ai décidé d’être né à Ostende, de l’union du sable et de la mer. J’ai donc pris des risques. Pourquoi ? Probablement afin de me distancier du soleil algérien, celui des heures passées dans le djebel à attendre, pour assurer leur protection, le passage des convois civils et militaires. Claude Delmas écrit : On dirait que Venaille a peur du soleil, comme si celui-ci lui avait tapé sur la tête pendant son séjour dans le bled, comme s’il avait vu le crime à l’état brut, sans l’ornement d’une ombre. Cela doit être vrai. D’où l’appartenance au clan très fermé de ceux qui parlant du vent et le voyant tourner au nord, utilisent ce mot rare (cher à Pierre Grouix) qui, moi, me fait rêver : « nordir ».
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Extrait 6
 
 
Femme fatale voilà un rôle qui me conviendrait parfaitement.
J'y puiserais des forces nouvelles et sentimentales inédites
Ô laissez-moi utiliser ma loge et, devant le grand miroir si violemment
éclairé par six ampoules nues, me faire les cils en chantant : "C'est du
rimmel qu'il nous faut."

Alors, adieu détresse ! Je ne suis plus cet homme qui attend toujours le
pire. Je suis ce que je veux être : pyromane des cœurs d'amour blessés.

    Finalement, il n'existe que la légèreté d'âme comme critère.
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Extrait 2
 
 
Tout cela parce qu'un taxi, à ma demande, m'a fait traverser Paris, de nuit
dans un émerveillement de néon, de voies ferrées, de cheminées d'usine.
Nous faisions chambre à part.
Lui : au volant
Moi : à l'arrière, cherchant d'éventuels arguments pour légitimer la
présence sur mes genoux de mon Redoutable, calibre 7,65 à 2 canons
superposés, avec leur silencieux.
Le chauffeur m'a laissé à quatre-vingts mètres de chez moi et j'en remercie
le ciel immensément. Ce qui me fatigue c'est de voir la fatigue apparaître
chez les autres fatigués.
Je propose que l'on crée un club (très clos). Peine perdue. Personne
n'écoute personne.
La fatigue est une petite mort, l'ultime répétition générale de notre drame
lyrique en trois actes.
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