Il arrive qu'après une longue maladie (la mienne ?) le corps délaisse de lui-même la flamme ardent qui le guidait. Guerre civile dans le langage. Des milliers de mots apparaissent. Dans un camp puis dans l'autre. Ils partagent les recettes, non! Tout devient opaque. Vivre! Car il s'agit bien de cela, n'est-ce pas! Vivre! Dans une sorte de solitude amère. (...) Mais ne m'obligez pas à parler. Vous me faites un peu peur. Du premier camion débâché, arrivèrent des lettres par sacs entiers. Au retour, quasi vide, il sauta sur une mine et l'expérience ne se renouvela pas.
Ma vie nul ne la prend mais c'est moi qui la donne. Chaque jour je parcours des distances infinies qui me font traverser les anciennes frontières. Mon but ? Aller voir comment fonctionne le monde. J'en reviens à chaque fois brisé. L'état de guerre n'en finit pas.
J'HABITAIS un glacier d'où j'entendais sortir ma voix
la nuit - la nuit - la nuit -
elle disait les choses
elle les disait mais avec retard
et - et - et
l'on ne me trouvais jamais où je devais être
ce sont tous ces sentiments
qui m'ont gravement affecté le coeur à vie