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EAN : 9782365122955
204 pages
Editions du Croquant (14/09/2021)
3.5/5   3 notes
Résumé :
L'autonomie est partout ! Des squats urbains aux forêts occupées contre de grands projets d'infrastructure, de Bure dans la Meuse à la Capitol Hill Autonomous Zone de Seattle, la perspective d'une désaffiliation du capitalisme et de l'État nourrit les idées et les pratiques de dizaines de milliers d'activistes. Mais les mondes qu'ils dessinent échappent aux représentations habituelles de la vie collective. Comment imaginer une organisation sociale non basée sur des ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Merci aux éditions du Croquant et à Babelio pour l'opération Masse critique et l'envoi de ce livre dont je recommande la lecture pour les questions politiques dont il s'empare à travers une riche et inspirante expérience.

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La citation d'Emma Goldman (anarchiste née en Russie, 1869-1940) qu'a choisie pour ouvrir son livre la sociologue Margot Verdier, illustre parfaitement le terrain de ses recherches et leur but affiché : « L'anarchisme défend un ordre social basé sur le libre regroupement des individus dans le but de produire une véritable richesse sociale » (p.7). Cet ordre social et cette « production » seront observés durant de longues périodes sur le terrain qu'est la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, mouvement d'occupation et d'expériences devenu emblématique des luttes récentes contre le capitalisme et son monde. Cette ZAD est un laboratoire excitant qui donne beaucoup d'espoir pour qui espère un autre monde, et l'auteur de rappeler à juste titre que cette expérience ne se résumait pas à une lutte contre un aéroport, et que bien d'autres enjeux s'y jouent.
Ce qu'elle analyse dans cet ouvrage foisonnant et passionnant, dont j'ai tenté de résumer quelques aspects, sans pouvoir citer toutes les références (Uri Gordon, Jo Freeman, Marshall Sahlins par exemple).

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La négation de l'autorité.
« L'expérience de la ZAD est fréquemment associée à un « auto-gouvernement des communs » (p.9), communs qui sont créés ensemble. Il n'existe sur la ZAD aucun moment de gouvernance. le commun est donc une activité de création de normes partagées, et il repose sur une « association anarchique » destinée à préserver l'autonomie des individus et des groupes.
Les individus ne se fondent jamais dans un sujet collectif doté d'autorité. Si sujet collectif il y a, il émane d'une union d'individus : cette forme d'organisation est utilisée pour débattre des activités engagées et établir les normes qui les encadrent.

C'est contre la délégation de pouvoir, contre ce qu'appelait Pierre Joseph Proudhon (1809-1865) « le préjugé gouvernemental », que les habitant-es se positionnent, ayant pour boussole l'anti-autorité.
Selon Proudhon, l'anarchisme révélera la tendance naturelle des hommes à coopérer pour s'organiser. L'auto-organisation, l'autonomie sont au coeur des perspectives d'émancipation.

C'est dans l'héritage des mouvements et des mouvances autonomes que s'inscrit le mouvement d'occupation de la ZAD de NDDL, car la lutte contre le projet d'aéroport est inscrit dans une perspective plus large d'opposition au système capitaliste et étatique : empêcher en construisant une grande zone d'autonomie.
S'appuyant sur les travaux de Charles Macdonald (anthropologue libertaire, 1944) qui définit des modalités de vie collective, et notamment une modalité anarcho-égalitaire qui repose sur la coopération volontaire d'individus autonomes, Margot Verdier fait l'hypothèse « que le mouvement d'occupation de la ZAD a mis en oeuvre une version anarchique d'organisation collective fondée, non pas contre la différenciation individuelle, mais contre la logique d'intégration qui l'empêche » (p.18).

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Les deux premiers chapitres du livre sont consacrés à l'émergence du mouvement d'occupation (contre cette forme d'aménagement du territoire et ses infrastructures de marchandisation de l'espace), et aux tentatives de discrédit visant à combattre – rien que ça ! - « les ennemis du développement », nouvelle figure de l'ennemi intérieur !
Discriminer, diaboliser, départager les bons (ceux qui pourraient être des partenaires des institutions) des mauvais opposants (les vilains activistes)...

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Au chapitre trois, l'auteur s'intéresse aux formes que prend l'occupation et ce qu'elles produisent comme nouvelles formes d'organisations sociales.
Parmi ces formes, des tactiques d'action directe, une occupation illégale, vue comme une action de sabotage, qui ont notamment révélé la solidarité et l'entraide entre paysans en lutte et occupant-es.
Vivre le territoire. Sur la ZAD, l'uniformisation est critiquée : les manières d'habiter sont plurielles et génèrent une conception pluraliste de l'organisation sociale.

Les habitant-es refusent l'autarcie, ne se voulant nullement coupé-es du monde. Au contraire, il est question de participer à la construction d'un mouvement reliant des lieux combattant « les logiques marchandes, gestionnaires et policières » et ouvrant des territoires « d'où il est possible de s'en affranchir » (p. 87). Relier des zones en lutte, pour une lutte de zones, une lutte en zones.

Des territoires autonomes, des « communes » autonomes servant de bases arrières, pour arracher d'autres territoires à l'emprise du capital. En parallèle des blocages et des occupations, il importe de construire les moyens de l'autonomie (agriculture, artisanat). Cela n'est pas sans poser des divergences entre les occupants : les partisans de l'autonomie et les « primitivistes » qui ne souhaitent pas que toute la zone soit mise en exploitation. C'est un conflit d'usage.

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Le chapitre quatre a pour titre « le partage anarchiste » et s'ouvre avec une citation de Piotr Kropotkine (1842-1921) qui énonce que le plus grand facteur pour le progrès moral de l'homme fut l'entr'aide.
Comment cela se décline-t-il sur la ZAD ?
Dans les relations sociales capitalistes, les propriétaires contrôlent l'accès aux ressources, et de fait les échanges sont asymétriques. Sur la ZAD, la mise en commun est instaurée et permet de dissocier les échanges de toute forme d'obligation réciproque. Deux ressources particulièrement circulent : la force de travail et le savoir-faire. « Il s'agit pour les occupant-es d'empêcher le développement d'une logique de service » ou « de dépendance » (p.113), car le plus important est bien la capacité de s'investir et de créer ses propres moyens d'autonomie.

Margot Verdier montre qu'en réduisant les spécialisations et la division des tâches, les occupant-es empêchent l'émergence d'une structure économique contraignante.

Enfin, pour maintenir l'autonomie politique du sujet, des formes d'appropriation privatives se combinent aux pratiques de partage et d'entraide. Il reste donc bien des bribes de propriété et l'auteur d'illustrer son propos en citant Charles Macdonald : « la possession de certains biens essentiels, assure l'autonomie du sujet. La finalité est la même : rester libre, c'est-à-dire, ne pas devoir et ne pas avoir à demander » (p.119).
Ce partage est « la principale forme d'échange des ressources » (p. 108), à travers des points d'accès aux infos et aux savoirs, aux savoir-faire et aux outils, aux ressources élémentaires. Sans cette ouverture des accès aux ressources, le chemin vers l'émancipation ne serait pas imaginable.

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Le commun en délibération.
Quels sont les processus de délibération utilisés par les habitant-es de la ZAD ?
Ils refusent toute délégation, car celle-ci empêche les individus de s'organiser, tout comme ils dénoncent l'illusion démocratique qui légitime la reproduction d'un système de privilèges.
Comme des habitant-es de la ZAD l'ont écrit dans un texte, « le terme de démocratie évoque trop l'idée d'une gouvernance collective, qui ne nous fait pas envie… le terme d'auto-organisation en horizontalité nous convient davantage » (p.129).

Les pratiques mises en place conduisent à refuser toute unification (un corps social unifié dans une figure collective qui remplacerait les volontés individuelles ; de même, unifier le peuple légitime l'autorité et l'état, « arbitre bienveillant » surplombant le « peuple »).

Ce refus de l'unification influence l'agencement des espaces sociaux de la délibération qui passe par la communication directe, les échanges non contraints étant privilégiés.
Il est nécessaire de souligner que 1. la réunion des habitant-es n'a pas de pouvoir de contrainte ; 2. les décisions sont prises au consensus mais, ce «  consensus ne manifeste pas l'adhésion des participant-es mais l'absence d'opposition formelle, un droit de veto individuel permettant de bloquer la décision ou de la renvoyer à une délibération ultérieure » (p. 138).
Ce principe d'opposition formelle permet des réponses multiples car plusieurs solutions peuvent se mettre en place simultanément.

Ce refus se retrouve aussi dans l'absence de porte-parole ou de signature des tribunes et autres textes produits : la lutte n'est pas personnifiée. La diversité est affirmée tout comme « la conflictualité nécessaire au maintien de formes d'organisation horizontales à l'écoute des voix minoritaires » (p. 136).

Chacun-e doit pouvoir s'exprimer et avoir sa place dans la négociation, l'essentiel étant d'empêcher toute inégalité dans la liberté de parole, chacun-e ayant un rythme, une mentalité, des dispositions différentes. La sociologue cite les chercheurs Christoph Haug et Dieter Rucht, dont les travaux portent sur les pratiques de délibération anti-autoritaires. Ils pointent que les propositions sont le plus souvent mieux acceptées quand elles tiennent compte des différents points de vue exprimés par les participant-es. D'où l'importance des rencontres sur la ZAD, qui sont des moments explicitement organisés et créant de l'expérience partagée.
En ressort ce que Margot Verdier nomme, une organisation sociale fragmentaire.

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Comment s'organiser ?
Egalité anarchiste contre efficacité démocratique
Dans ce sixième chapitre, Margot Verdier montre que cette organisation sociale fragmentaire soulève enjeu et controverse au sein même du mouvement. le manque d'efficacité de la lutte interroge certains sur les « réticences à avoir de vraies positions communes » (p. 156) et donc sur les instances de délibération et leurs prérogatives.

L'auteur s'interroge ainsi sur les rôles que chacun-e peut prendre, et notamment sur les « dispositions et les capitaux qui leur permettent de nouer les relations de confiance nécessaires pour être pris en compte dans les décisions ». Ainsi il apparaît que les occupant-es ayant des origines différentes (certains venant de classes dites possédantes) ont des pouvoirs différents (notamment du pouvoir-faire, cf travaux de Uri Gordon) témoignant de la persistance d'inégalités. Certain-es ont dénoncé cette forme de « mépris de classes ». Au-delà de cette opposition ce qu'il est intéressant de voir, c'est que sur la ZAD persiste des stigmates de la culture capitaliste : et quand certains voudraient privilégier l'efficacité, d'autres souhaitent déconstruire « les inégalités liées aux origines sociales et aux parcours des individus » (p. 167).

Il apparaît nécessaire pour cette organisation sociale que co-existent « feu de camp » (relations amicales et groupes de discussions informelles) et plénières. La tension entre l'égalité radicale de la fragmentation anarchique et l'efficacité de l'unification démocratique est réelle.

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Le but affiché de la sociologue Margot Verdier est bien par son travail de contribuer et d'accompagner la réflexion des activistes, d'aider à ce qu'advienne « un monde dans lequel les personnes seraient libres de gérer leurs propres affaires » (citation de David Graeber).

PS : il y aurait aussi à écrire sur le travail des mots fait par les occupant-es, sur les textes qu'ils ont produits et que citent abondamment l'auteur, sur les excursus qui séparent les chapitres et qui rapportent des extraits d'entretien avec des habitant-es…
Alors… Bonne lecture – non pas tant de ces quelques notes – mais du livre lui-même !
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J'ai mis du temps à lire ce livre et je publie donc cette critique à seulement un jour de la fin de l'opération Masse Critique. Juste pas en retard, ouf.
Mais il faut dire aussi que ce livre me donne envie de m'affranchir des règles. Après tout, qu'aurais-je causé comme tort à Babelio et aux Editions du Croquant en publiant ma critique avec un jour de retard ? Hehehe

Concernant cet essai, donc, il est tellement en dehors des lectures habituelles auxquelles je m'intéresse qu'il en devient un ovni intéressant à critiquer.

Je ne peux pas dire avoir apprécié sa lecture autant que mes lectures "sans prises de tête", car celui-ci m'a incité à la réflexion, et m'a demandé une certaine concentration pour comprendre où l'auteure voulait nous amener.

Il n'est pas "compliqué", mais j'ai trouvé (surtout les deux premiers chapitres), que les phrases étaient inutilement alambiquées alors qu'il aurait été largement possible de simplifier le message.
Autre point que je peux critiquer sur le texte en lui même, est l'usage de l'écriture inclusive, qui, même si elle ne dérange pas la lecture (à ma bonne surprise), demanderait une homogénéité qui n'est pas présente dans ce livre. Parfois utilisée, parfois non. Souvent avec des points pour intercaler les genres, parfois avec une barre oblique, parfois en faisant la distinction. (Dans le texte on croise par exemple "iel", "ils et elles", "ils/elles"). Bien que cela ne soit pas dérangeant, comme il s'agissait d'une rare de mes lectures qui utilisait l'écriture inclusive, je me suis un peu (trop) concentré dessus pour voir ce que ça donnait, et ça mériterait effectivement d'être homogène sur la longueur pour être plus fluide.

Après les premiers chapitres, on s'attaque enfin au coeur du sujet (en tout cas ce qui m'intéresse), à savoir: comment s'organisent les Zadistes pour vivre sans gouvernement ?
Je suis resté un peu sur ma faim.
Les Excursi sont vraiment intéressants car ils apportent une pensée plus profonde qu'une simple description des faits. La fiction représentant l'organisation d'un débat est particulièrement marquante. Et j'ai également beaucoup aimé les citations de textes écrits par Des habitants de la ZAD.
J'ai un peu moins aimé l'étalage de faits, de chiffres, et de dates qui expliquent tout le déroulement des opérations, même s'ils sont nécessaires à un tel ouvrage, j'en conviens.

J'ai également eu une longue réflexion sur cette aversion contre "Ceux qui maitrisent la harangue". Comme si les beaux-parleurs se résumaient à ça, "bien parler", et que ça en faisait des êtres dangereux dans un débat.
En effet, ils ont tendance à accaparer l'attention et, ce faisant, à propager leurs idées très facilement.
Un beau-parleur face à cent timides est sûr de gagner, même s'il est seul à être convaincu de ses idées.
En ce sens, la critique de la démocratie m'a également parlé, avec ce consensus que 55% contre 45% est donc "la meilleure solution". Même si ça veut également dire que près de la moitié des gens n'est pas convaincue par ce vote...

Bref, j'ai choisi ce livre car son titre m'interpelait... En effet, lors d'un voyage au Nord-Ouest de la France, m'arrêtant en chemin à Nantes, je fis la rencontre dans un bar d'un groupe de gens jouant au "commun-poly", (comprendre: la version collective du "monopoly"). Et ayant eu l'occasion de passer 1-2 jours avec ces personnes, j'ai pu m'initier à ce mouvement, au moins suffisamment pour qu'il m'intrigue et me pousse à me porter volontaire pour cet envoi de Masse Critique.
Ce système d'organisation autour des "communs" mérite à mon sens grande réflexion, et, même si je reste peu convaincu du système que j'ai pu découvrir de la ZAD de NDDL dans ce livre, je reste encore ouvert à une observation plus large et plus poussée des solutions qu'on pourrait trouver ensemble.

Cependant, ce sera plus volontiers en discutant autour d'une bière qu'en lisant un traité seul, perdu dans mes pensées ;)
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Reçu ce livre dans le cadre d'une opération masse critique et je remercie leurs initiateurs de m'avoir fait découvrir ce livre et son autrice. Seulement voilà, comment en faire une critique qui apporte quelque chose de plus après celle de Seijoliver, très fournie et très réussie (bravo à lui !)?
Margot Verdier , dans cet ouvrage, met en perspective les idées et "principes"anarchistes avec les pratiques expérimentées par le mouvement de la ZAD de Notre Dame des Landes (NNLD); Celui ci s' inscrit dans une lutte plus globale contre les grands projets inutiles imposés (GPII), Il contribue ainsi à construire, après celui du Larzac entre autres, une culture de résistance "citoyenne" aux décisions technocratiques de l'état avec l'appui et dans l'intérêt des grands groupes du B.T.P. , la propagande de ces acteurs visant à diaboliser des personnes pacifiques choisissant de vivre autrement ( voir la critique de Seijoliver):
Il se trouve que j'ai lu ce livre après "Terre et Liberté", l'ouvrage d'Aurélien Berlan, dans lequel il nous dit que la liberté c'est l'autonomie, à condition d'allier autonomie politique et autonomie matérielle. Cette dernière s'opposant à la vision des dominants pour qui "le désir de mener une vie déchargée des tâches pénibles de la vie quotidienne" est synonyme de liberté: vision aristocratique ayant mené à de nouvelles formes d'esclavage notamment dans le secteurs des services à la personne. Alors, oui, NDDL reprends la terre aux machines pour une émancipation collective, puisqu'il ne peut y avoir d'autonomie que collective et partagée ( cf "l'entraide"de Kropotkine).
Mais je lisais en même temps "au commencement était..." le pavé de David Graeber et David Wengrow; Dans "cette nouvelle histoire de l"humanité", à l'envers d'une vision évolutionniste de l'histoire,les auteurs nous montrent que les peuples ont toujours réinventer des modes de vie permettant de préserver 3 libertés essentielles: celles de partir s'installer ailleurs, celle de désobéir, et celle de choisir de nouvelles formes d"organisations et de relations sociales. Si Margot Verdier apporte une vision sociologique du mouvement de NDDL, à la lecture de David Graeber, on pourrait en faire une approche anthropologique. D'autant plus que ce mouvement comportait ses habitants permanents mais aussi des gens de passage, venus expérimenter, soutenir, partager, essaimant des idées et des pratiques dans d'autres lieux, à la manière des peuples de chasseurs cueilleurs.
A travers cette étude comparée, Margot Verdier ouvre des champs de réflexion optimistes sur des mises en pratique possibles des idées libertaires.

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