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Hoa Hoi Vuong (Traducteur)Patrick Mégarbané (Traducteur)
EAN : 9782742795185
370 pages
Sindbad (05/01/2011)
4.42/5   6 notes
Résumé :

Pendant près de huit siècles - de la conquête omeyyade en 711 à la chute de Grenade en 1492 -, la poésie arabe s'épanouit de façon admirable sur le sol andalou. Elle développe avec aisance son caractère propre ; ses poèmes en strophes, relevés par des termes dialectaux, invitent au chant. Il est aujourd'hui difficile de contester son influence sur l'art des troubadours. La poésie andalouse nous t... >Voir plus
Que lire après Le Chant d'al-Andalus : Une anthologie de la poésie arabe d'Espagne, édition bilingue arabe-françaisVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Lettre à Ibn Zaydun
Cher maître,
En votre exil de Séville, l'occasion ne vous sera sans doute point donnée de partager ces mots, qui me sont venus ce matin, lors de ma promenade quotidienne sur les berges verdoyantes du Guadalquivir. En descendant le fleuve vers l'Ouest, je me disais que peut-être votre état, exilé mais non captif, vous permettait vous aussi d'en longer les berges, dessinant ainsi un lien d'eau continu entre nous. Chacun sait ici, que malgré les rivalités entre nos royaumes, le Guadalquivir est le sang de cette terre d'Al-Andalus, que l'on soit Cordouan ou Sévillan. Il est bien sûr à Cordoue d'un débit plus modeste, pas encore attiré par la mer, mais il est déjà l'âme de ce pays. Je pense que vous n'avez pas connu le poète Ibn Khafâdja, qui n'est point si illustre que vous le fûtes au temps où me ramène cette lettre, mais dont peu égalent le talent pour chanter cette terre que nous avons faites nôtre, d'abord par les armes, et depuis déjà quelques décennies façonnée en un joyau unique, comparable aux splendeurs de Bagdad ou de Fès. Si vous le permettez, maître, quelques vers de Khafâdja que j'aurais grand honneur à partager avec vous : « Quel bonheur que le vôtre, ô gens d'Andalousie ! / Ces ombrages riants, ces cours d'eau assoupis, / Ces rivières, ces frondaisons, ces lieux bénis / Ramènent le jardin d'eden en nos contrées ». Il est un de ces grands poètes que connut de tout temps Al-Andalus. Depuis les premiers temps de la conquête par la dynastie Omeyyade, il est à croire que ce pays verdoyant était plus apte à recevoir les poètes que la terre de nos ancêtres. Mieux que moi vous savez combien notre poésie est inspirée des traditions classiques, et pourtant a su transfigurer de façon unique la réalité andalouse. Je me rappelle mes chères études, les lectures indispensables à tout jeune homme épris d'avenir du grand poète cordouan Ibn'Abd'Rabbih. J'ai toujours admiré cette manière d'instruire des plus belles choses, comme mue par l'impérieuse nécessité de transmettre une esthétique éternelle. le luth un peu aride prenait grâce à lui une profondeur sourde et brillante : « Car le luth est un roi qui avance sans hâte / Entraînant ses soldats qui le suivent de près. » Il fût bien l'un de nos grands hommes ; je ne sais s'il est guère étudié de nos jours. Mais vous permettrez, cher maître, que mon éloge de la poésie andalouse s'adresse d'abord à celui qui fut mon précepteur, vous-même que le destin d'une femme a conduit à l'exil. J'ai conservé secrètement une copie de vos poèmes à Wallâda, dont je crois pouvoir dire que rien de plus poignant ne fut jamais écrit, sur la passion amoureuse et ses déchirures. J'ai le souvenir des salons de Wallâda, tels qu'ils me furent rapportés par certaine personne, où toutes défaillaient à vos vers enflammés. « J'ai acquis de toi seule, ô aimée, le bonheur », voilà ce que vous écriviez encore, avant que la jalousie n'empoisonne les esprits. Je regrette plus qu'un autre que votre entêtement vous ai poussé à votre perte, mais je dois confesser être comblé qu'il ait conduit vos vers en des terres d'amertume que peu avaient osé : « le bonheur est passé, ces beaux jours ne sont plus / Depuis que ton visage a déserté ma vue ». L'amour fut de toujours un sujet de poésie, même s'il est trop souvent, à l'exemple d'Ibn Shuhayd, associé à l'ivresse du vin dont je ne suis pas sûr qu'il soit le meilleur compagnon. Je ne nie pas que la poésie à boire soit ancrée dans notre tradition, et ait bien trouvé sa place ici, loin des cercles du Prophète. Quelques exemples brillants seraient à découvrir, mais j'avoue ne point les connaître à leur juste mesure. Mais je préfère, de loin, les louanges florales, les odes à la musique. Ibn Darrâdj, qui lui aussi dût quitter Cordoue, en fut l'un des savants : « Les mains du printemps ont bâti / Maintes forteresses de lys ». Mais je me vois écrire ce qui ressemble à une anthologie ! Vous ferais-je l'affront, cher maître, de présenter à votre science mes bribes d'ignorance ? Mieux que moi vous savez combien chaque poète de cette terre construit bien plus que la tradition arabe, bien plus que l'ancrage terrestre à ce sol de conquête, bien plus que le chant de la nature généreuse, de l'amour et du vin. Chacun construit ce qui restera pour toujours de la terre mythique d'Al-Andalus.
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Presque huit siècles de poésie arabe d'Espagne rassemblés dans ce formidable recueil. Des Omeyyades aux Nasrides de Grenade, l'anthologie m'a fait découvrir un univers poétique riche et cohérent, codifié et éloquent. D'abord, il met en évidence ce que j'appellerais la poésie pure, c'est-à-dire le chant de la langue, à l'effet poétique immédiat. Je regrette de ne pouvoir le lire en arabe (page de gauche), tant la versification y semble précise. Ensuite, ce recueil exprime assez rapidement se particularité d'une poésie arabe classique en Andalousie. Les jardins omniprésents attestent peut-être de ce caractère andalou. Et enfin, et là n'est pas la moindre de ses qualités, il expose au lecteur français un regsitre poétique quasi inconnu, que les temps actuels ont enseveli sous beaucoup de préjugés.
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critiques presse (1)
Lhumanite
27 juin 2011
Troisième ouvrage d’un ensemble qui balaye tout le patrimoine poétique de langue arabe, ce livre de savoir est aussi source d’un plaisir infini pour ceux qui aiment la poésie, et veulent la mieux connaître.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
"Quel bonheur que le vôtre, ô gens d'Andalousie !
Ces ombrages riants, ces cours d'eau assoupis,
Ces rivières, ces frondaisons, ces lieux bénis
Ramènent le jardin d'éden en nos contrées.
Par élection, c'est ce pays que j'élirais.
N'ayez crainte, demain, d'entrer dans la fournaise :
Quel paradis s'évanouirait devant les braises?"

Ibn Khafâdja
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"Le bonheur est passé, ces beaux jours ne sont plus
Depuis que ton visage a déserté ma vue.
Tu es la vie. Si nous devions nous perdre un jour,
Que l'on creuse ma fosse et qu'un linceul m'entoure."

Ibn Zaydûn
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"Attends qu'il fasse noir
Avant de me revoir
Car j'ai vu que la nuit
Garde mieux les secrets."

Wallâda
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