Ce livre regroupe 10 articles publiés dans différents magazines ou revues américaines entre 1998 et 2005. David Foster Wallace a démontré une fois de plus dans ces textes son immense talent à produire de la littérature en toutes circonstances . Rien ne peut l'arrêter. Qu'on en juge en dressant la liste des thèmes abordés dans ces 10 articles : la cérémonie des Awards du porno à Las Vegas, une critique du roman Aux confins du temps de John Updike, l'humour de Franz Kafka, une critique d'un livre consacré au bon usage de la langue américaine, la matinée du 11 septembre 2001, la joueuse de tennis Tracy Austin, une semaine en compagnie de John McCain candidat lors des primaires des Républicains en 2000, le festival du homard dans le Maine, une critique d'un livre consacré à Dostoïevski, un talk show politique diffusé sur une radio locale en Californie.
Dans ces textes, DFW fait preuve d'une inventivité formelle et lexicale stupéfiante, d'une lucidité exacerbée et d'une sensibilité extraordinaire à son environnement. Sa puissance analytique de raisonnement complétée par des digressions plus ou moins étranges et alimentée par une acuité supranormale au monde qui l'entoure, exploite le moindre stimulus sensoriel, le moindre évènement, la moindre conversation pour produire une peinture à la fois drôle et effrayante de la société américaine et de ses produits culturels.
DFW était un grand écrivain, profondément original.
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Une compilation d'essais, dans laquelle Wallace parvient toujours à nous garder amusé, intéressé dans ce qu'il a à dire. La technique d'écriture de Wallace, parfois un peu brouillon dans Infinite Jest, a ici sa place, dans des essais au sujet précis.
Ce livre contient des articles ; parmis eux l'un traite des AVNs awards (une sorte de cérémonie des oscars du porno) et un autre est une critique d'un dictionnaire (que l'auteur arrive a rendre informative et amusante, un tour de force). Il y a de nombreux autres articles dans ce livre, mais ces deux là m'ont paru être les meilleurs.
La prose et le style de Wallace reste avec nous longtemps après la lecture de ses livres, et elle est ici riche, mais retenue, contrairement à d'autres de ses oeuvres. C'est pourquoi je recommande ce livre à toute personne qui voudrait se lancer dans Wallace, c'est un très bon point d'entrée dans son univers.
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Considérations sur le homard de David Foster Wallace devraient être prescrits à tout étudiant en journalisme. On y trouve ce qu’il faut attendre d’un grand reportage, et encore plus : richesse d’informations, regard distancié, mise en scène égotiste toujours justifiée, ouverture sur des questions plus cruciales que l’objet décrit…
Lire la critique sur le site : Telerama
"Considérations sur le homard" rassemble des articles génialement écrits par l'auteur de "l'Infinie comédie".
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Dans les quatre longs articles écrits pour des magazines et réunis ici, David Foster Wallace révèle le meilleur de son génie de moraliste, de collectionneur et de rhétoricien du mode de vie américain.
Lire la critique sur le site : Liberation
Obsédé de détails, observateur sans pareil, mélancolique et sarcastique, Foster Wallace écrit la tragédie de l’Amérique.
Lire la critique sur le site : Liberation
Clairvoyant et minutieux, il montre la montée en puissance de la publicité et du divertissement et comment, dès les années 1990, ils ont profondément torpillé les fondements de la démocratie et, plus grave encore, du langage. Il y a quelque chose de visionnaire dans ces pages sombres.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Si vous êtes las et dégoûté de la politique et ne prenez pas la peine d'aller voter, vous offrez de fait votre voix aux establishments indéboulonnables des deux grands partis, qui, soyez en sûr, ne sont en rien idiots et ont vivement conscience qu'il est dans leur intérêt de vous conforter dans ce dégoût, cet ennui et ce cynisme, et de vous donner toutes les raisons psychologiques possibles de rester chez vous à vous défoncer devant MTV. Et je vous en prie, restez chez vous si ça vous botte, mais ne vous bercez pas de foutaises sur le fait que vous ne votez pas. En réalité, ne pas voter ça n'existe pas : soit vous votez en votant soit vous votez en restant chez vous et en doublant tacitement la valeur du vote d'un Irréductible. (p. 187-188)
Et que penser de ça: est-il possible que les générations à venir considèrent notre agro-business et nos pratiques alimentaires actuelles un peu comme nous voyons aujourd'hui les divertissements de Néron ou les expériences de Mengele? Ma première réaction, c'est de trouver une telle comparaison hilarante, extrême— et pourtant, la raison pour laquelle elle me semble extrême, c'est parce que j'ai l'air de croire que les animaux sont moins importants moralement qua les êtres humains; et en situation de défendre une telle croyance, y compris face à moi-même, je dois reconnaître que (a) j'ai un intérêt égoïste évident à croire une chose pareille, puisque j'aime manger certains types d'animaux et souhaite continuer à le faire, et (b) je n'ai pas réussi à établir un système éthique personnel dans lequel cette croyance serait véritablement défendable et non pas égoïstement pratique.
Être un touriste de masse, pour moi, c'est devenir un pur Américain fin-de-siècle: étranger, ignorant, avide de quelque chose qu'on ne peut jamais avoir, déçu d'une manière qu'on ne peut jamais admettre. C'est gâcher, par un acte purement ontologique, l'ingâchabilité dont on est venu faire l'expérience. C'est imposer sa présence dans des endroits qui de toutes les façons non économiques possibles seraient mieux et plus vrais sans nous. C'est, dans les files d'attente et embouteillages, transaction après transaction, être confronté à une dimension de soi-même d'autant plus douloureuse qu'on n'y échappe pas: en tant que touriste, on acquiert une valeur économique, mais existentiellement on devient répugnant, un insecte sur une chose morte.
Comme on l'a tous appris en cours d'éducation civique au collège : si je vote et pas toi, ma voix compte double. Et ça ne bénéficie pas juste aux marges - le fait est que des establishments très puissants ont aussi avantage à ce que la plupart des jeunes haïssent la politique et ne votent pas. (p. 158)
De fait, la raison la plus probable pour laquelle si peu d'entre nous nous soucions de politique, c'est que les politiciens modernes nous attristent, nous blessent profondément de diverses façons qui demeurent difficiles à nommer, et encore plus à évoquer. C'est bien plus facile de lever les yeux au ciel et de s'en foutre. (p. 156)
Relecture de l'oeuvre labyrinthique de David Foster Wallace, dont le regard aigu sur la société américaine nous éclaire plus que jamais. Avec Jakuta Alikavazovic, écrivaine et traductrice des "Considérations sur le homard", et Pierre Ducrozet, écrivain et auteur de la préface de "L'Oubli".