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EAN : 9782253243571
576 pages
Le Livre de Poche (21/02/2024)
3.93/5   67 notes
Résumé :
Terre. 2082.
Des milliers d’objets artificiels se consument dans l’atmosphère en émettant un signal à large spectre électromagnétique. Une poignée d’années plus tard, le vaisseau Thésée est armé dans le but de percer ce mystère. Ils sont cinq : Siri Keeton, au cerveau amputé inapte à l’empathie et au vécu émotionnel – l’observateur impartial de l’expédition. Isaac Szpindel, biologiste modifié pour pouvoir s’interfacer aux machines. Susan James, linguiste et s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Wouah, quelle imagination que celle de l'auteur ! Attention, on est sur de la hard science-fiction, ce n'est pas avec ce genre de SF que l'on peut s'initier au genre, à mettre dans des mains avisées ! Tout n'est pas simple.

Ca faisait longtemps que je n'avais pas lu de la SF aussi poussée, et étayé scientifiquement parlant. C'est très dense, il faut être particulièrement attentif pour ne pas sauter des détails importants.

Bon vision aveugle, déjà, il faut savoir ce que c'est, même si ce sera expliqué dans le roman, voici une forme synthétisé et plus simple à assimilé : les individus dotés d'une « vision aveugle », due à une lésion cérébrale, déduisent correctement les caractéristiques visuelles d'objets qu'ils ne peuvent pas voir consciemment. Cette « vision intuitive » est parfois plus performante que la vision normale.

C'est le genre d'état peu connu qui vont étayer ce roman, il y a plein d'autre phénomène de ce type expliquer au fil des pages, ont pas tous scientifique, des fois une source d'information complémentaire est appréciable pour s'ôter un doute avec un définition concise. En postface, l'auteur explique tout son travail étayé par des concepts, physiologiques, psychologique et bien sûr scientifique, avec une pointe de fantastique.

L'auteur nous embarque à bord du Thésée, pour aller se rendre à la périphérie du système solaire afin de découvrir et d'analyser un phénomène inconnu laissant présager une rencontre extraterrestre, car depuis peu un événement à « aspirer » les satellites de notre chère terre. le Thésée est déjà à lui seul une prouesse de la SF, capable de s'auto-réparer et de produire à l'aide de matière noire !
Il transportera un équipage, atypique composé de Keeton, notre narrateur, Amanda, la militaire, Susan la linguiste schizophrène, représentant 5 personnalités au total et Idzel, celui qu'on qualifiera de biologiste. le tout dirigé par Sarasti, un Vampire, oui oui, un vampire !

Un équipage atypique aux qualités complémentaire, bien que notre narrateur n'a pas de compétence utile à la mission, il est une sorte de rapporteur. Mais lui aussi est singulier dans son rôle, il est synthétiste, amputé d'une moitié du cerveau, alors qu'il était petit, la partie ablatée a été remplacé par des implants. Keeton a donc une vision plus simple des choses, comme déshumanisé qui ne laisse que peu de place aux sentiments et donc plus efficace en soit.

La quasi-intégralité du roman se déroule en huis clos, entrecoupé de flash-back notamment sur la relation qu'a eu Keeton avec une femme, qui a été fondateur pour lui. Mais également de quelques sorties extra-véhiculaires. On assistera à des échanges entre les protagonistes par moment très éprouvant pour le lecteur, tant les hypothèses partent loin, mais rien d'incongru cependant. Monsieur Watts à créer un univers très avancé, résultant d'un travail colossal où il s'est entouré de spécialistes dans les domaines qui le nécessitait, il a également beaucoup lu pour créer cet écrin.

Je ne vous en dirais pas plus, mais la découverte et l'analyse du phénomène qu'ils rencontreront est particulièrement déroutant, je n'ai jamais lu de choses similaires, ont à quasiment que du nouveau, attention, je n'ai pas lu tous les livres de SF du monde, mais de ce que je connais, j'ai rarement vu quelque chose d'aussi épais.

Le sous-texte du livre est assez difficile à démêler tant les pistes sont multiples, mais il y a plusieurs angles intéressants qui seront compris ou pas en fonction des compétences personnelle de chaque lecteur. Pour ma part, j'ai tendance à lire de la SF pour tout ce qui attrait à l'univers et aux avancées technologique, là ça bien au-delà de tout ça, même si c'est une part importante, je le reconnais volontiers, je n'ai pas forcément reçu tous les messages de l'auteur.
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Pour suivre au mieux Vision Aveugle il faut s'accrocher !
C'est de la hard SF, ce que j'apprécie beaucoup en général, néanmoins ici je me perds parfois dans les méandres du récit de Peter Watts qui précise dans ses remerciements à la fin qu'il s'est fait aidé d'un astronome et d'un ingénieur spatial. Je le crois volontiers mais encore une fois on reste un peu aveugle dans tout ce qu'on lit avec les yeux...
C'est peut-être pourquoi d'ailleurs il rajoute après ceux-là de nombreuses notes et références assez utiles pour s'y retrouver.
L'histoire est celui d'un premier contact d'une entité extraterrestre par un vaisseau le "Thésée" composé des cinq personnages qu'on pourrait elles aussi qualifier d'entités : Sarasti qui est le Commandant et un vampire cyberpunk, Amanda une militaire avec ses robots guerriers, Susan linguiste schizophrène, Isaac biologiste modifié, et Siri Keeton au cerveau amputé qui narre le récit, le seul à peu près "humain".
Le "vaisseau" extraterrestre s'appelle le 'Rorschach" !
Il faut avouer que l'inspiration de Peter Watts est immense, nourrie, et délirante dans le bon sens du terme.
Le début est accrocheur et quand on tombe sur une réflexion : "Technologie implique belligérance", on ne peut que se questionner sur la nature des aliens rencontrés et sur notre future nature de terriens...
Watts s'interroge sur nos trois positions par rapport à leur existence :
Les Optimistes, les aliens existent et sont gentils sinon ils s'autodétruisent ; les Pessimistes, ils n'existent pas et c'est le paradoxe de Fermi ; les Historiens, pas d'opinion arrêté mais s'il y en a, ils sont méchants.
Il rajoute ensuite une 4ème "tribu", ceux qui n'en n'ont rien à f... !
(je fais ici une courte parenthèse pour exprimer ce que Roland - robot latiniste de mon 2ème roman "Empyrée" pense à ce sujet : "les extraterrestres ? Tous des psychopathes !")
Watts nous parle aussi de la notion de la "chambre chinoise" que j'avais oublié et qui est quelque chose comme le test de Turing que l'on connait.
Bref, il y a de quoi réfléchir.
Le récit s'accélère très nettement lorsque le Thésée rencontre le Rorschach.
Les affrontements avec les aliens et les dialogues entre les cinq sont mordants, tranchants, sombres, terrifiants, longs mais on ne peut plus dynamiques !
Les descriptions sont pour moi en vision aveugle, c'est à dire qu'on n'y comprends pas grand chose en fait, même si cela parait très maitrisé !
On se questionne sur l'humanité, sur les cerveaux, sur la conscience, sur les rapports "humains", sur les IA, sur le vivant ou non...
En tout cas, la création de ses aliens par Peter Watts est impressionnante de qualité et de recherches pointues, son érudition est fantastique, il y a de grands moments de bravoure mais on se perd un peu.
La fin est démente et sans beaucoup d'espoirs.
En fait, il faut peut-être relire ce roman pour l'apprécier à sa juste valeur car
Vision Aveugle reste un très bon roman de hard SF.

Je donnerai la parole à Siri Keeton qui dit presque à la fin :
" Je ne connais la signification de rien de tout cela."

Lien : https://laniakea-sf.fr/
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Quelle expérience de lecture ! J'avais entendu avant même de lire ce roman que celui-ci était en quelque sorte la pierre angulaire des ouvrages de SF traitant de premier contact, de premières rencontres et qu'il était à la fois dense et singulière, mais je ne m'attendais pas à vivre cela ! Même si je n'ai pas tout compris à ce que j'ai lu, loin de là, je ressors particulièrement satisfaite et fascinée par cet auteur de Hard Science qui aura su me séduire sur deux ouvrages très différents.

En effet, cette année avec cette édition, le Bélial' nous offre de redécouvrir l'oeuvre phare de Peter Watts. L'an dernier, ils nous avaient déjà proposé avec Eriophora, une novella de hard sf particulièrement accessible, des réflexions très pertinentes sur notre rapport aux I.A. et à l'industrie du travail, mais il est question de tout autre chose ici. Cependant, l'éditeur avec l'esthétisme qu'on lui connaît nous offre une belle édition augmentée, d'un roman déjà paru il y a une dizaine d'année, avec à nouveau une couverture du plus bel effet signée Manchu.




Alors que contient ce texte que je tarde à vous présenter : il représente tout ce que j'aime (ou presque) de la SF, c'est-à-dire une histoire, dense, complexe, qui fait énormément réfléchir et en même temps des personnages profondément humains qui vivent une expérience totalement inimaginable. Tout commence lorsqu'une drôle de pluie s'abat sur la Terre du futur, les terriens s'aperçoivent alors qu'ils viennent en fait d'être pris en photo par une autre intelligence. Ils décident donc d'aller à sa rencontre mais ne sachant à quoi s'attendre, ils envoient cinq ambassadeurs : Siri Keeton un homme à qui il manque la moitié de son cerveau ce qui le rend inapte aux émotions et observateur parfait, Jukka Sarasti un vampire ressuscité par le génie génétique et personnage très mystérieux, Susan James une linguiste schizophrène ayant de nombreuses personnalités qu'on appelle le Gang, Amanda Bates la militaire du groupe qui tient sous sa coupe des robots guerriers et Isaac Szpindel un biologiste au corps modifié pour pouvoir s'interfacer aux machines. L'auteur nous embarque donc à leur côté pour aller à la rencontre de cette espèce qui semble s'intéresser à nous.

La plume de Peter Watts, comme dans Eriophora, se veut d'emblée accrocheuse, fluide et simple à la fois, elle nous fait rencontrer dans un premier temps son drôle de narrateur : Siri, de manière très simple. On se dit alors qu'on va suivre une aventure pleine d'allant et pas trop compliquée à suivre. C'était mal le connaître, car sous cette apparente simplicité se cachent des concepts qui vont peu à peu venir fournir sa réflexion et nous mettre, nous lecteurs, sur orbite !

Le récit mêle passé et présent, découverte de cette Terre augmentée, de la vie à bord et des manoeuvres faites pour rencontrer cette nouvelle espèce qui s'est manifestée à nous. Les premiers temps sont plaisants, on découvre une évolution possible de notre humanité faite de personnages augmentés et de créatures issues de notre bestiaire de monstres à qui on donne ici une existence et une évolution crédible. Puis peu à peu, on bascule dans le récit de la vie à bord où l'on découvre les particularités de chacun et un brin de leur passé parfois. C'est fort plaisant. Cependant, l'auteur prend un peu trop son temps et il noie légèrement le lecteur sous des pages et des pages qui auraient mieux fait d'aller droit au but car elles apportent peu au récit. Heureusement, il en est parfaitement conscient et corrige ce défaut dans la seconde partie.

En effet, à partir du moment où Peter Watts décide de prendre le taureau par les cornes et de s'intéresser vraiment à cette espèce extraterrestre à la rencontre de laquelle on va, le récit devient bien plus nerveux et proprement fascinant. Il manie alors des concepts pointus aussi bien en rapport avec les voyages dans l'espace, le fonctionnement du vaisseau et des habitants à son bord, qu'avec de la philosophie, de la neuroscience ou de la biologie expérimentale. Ça pousse le lecteur dans ses retranchements, ça l'oblige à être hyper attentif pour tenter de suivre et comprendre ce que l'auteur cherche à développer sous ses yeux sur la conscience de soi et l'intelligence, sur la forme d'existence que sont les Brouilleurs, sur la biologie des Vampires, sur la réalité des personnalités multiples, sur la vie en tant que personne câblées, sur la condition humaine en fait. C'est très riche et complexe, parfois on se perd, mais c'est ce qui rend le titre encore plus marquant.

Comme le dit lui-même l'auteur, souvent quand il est question de Premier contact dans la fiction, on se retrouve au final avec quelque chose d'assez stéréotypée. Ici, ce n'est absolument pas le cas. En s'appuyant sur son imagination mais également sur des échanges avec des scientifiques dans différents domaines, l'auteur est le premier et le seul pour moi à vraiment écrire quelque chose d'original et de dépaysant. Il a réussi à imaginer des êtres à la fois intouchables, inimaginables et monstrueux dont le système de pensé, de communication et de création même n'a rien à voir avec le nôtre, mais à un niveau tel qu'on se triture vraiment le cerveau à suivre. Il couple en plus cela avec des réflexions vraiment très profondes de son héros, le grand observateur de la mission de part sa particularité, sur la conscience, l'intelligence et l'existence. On a donc l'impression d'être à la fois dans un ouvrage de science pointue et futuriste et dans un ouvrage de philosophie ultra fouillé. C'est remarquable.

Saluons en plus l'édition superbe du Bélial' qui nous offre une préface d'eux-même et de l'auteur, une postface de celui-ci avec ses références, des parties introduites par des illustrations à l'ambiance parfaite et une courte nouvelle pour prolonger l'univers. Top !

Alors bien sûr, il faut s'accrocher. Bien sûr, je ne suis pas sûre d'avoir tout saisi ni compris. Bien sûr, cela nécessitera une nouvelle lecture. Mais rien que pour le vertige et la frayeur que j'ai ressenti avec cette rencontre hors du temps et de l'espace, j'ai envie d'y retourner !
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Peter Watts fait partie de ces écrivains qui ne prennent pas leur lectorat pour des idiots. Ils considèrent que celui-ci est assez intelligent pour comprendre ce qu'on lui propose et qu'il n'est pas nécessaire de le prendre par la main et de tout expliciter. A l'instar de Greg Egan, Peter Watts pousse parfois le bouchon un peu loin en nous jetant son univers à la figure, nous laissant nous débrouiller par nous-mêmes. Il faut alors piocher les infos ici ou là, appréhender les concepts exotiques, essayer de relier l'ensemble pour former un tout cohérent mais avec un minimum de persévérance et de concentration, la patience sera récompensée. Cependant il écrit aussi des textes très accessibles comme Eriophora par exemple.

Vision Aveugle fait donc partie de ces livres supposés inaccessibles, difficiles à lire et encore plus à comprendre, ces romans abscons et élitistes. Peter Watts, le reconnait lui-même. Dans la préface qu'il a écrite spécialement pour l'édition du Bélial, il mentionne à propos de Vision Aveugle que "certains le considèrent comme une des oeuvres phares de la SF du nouveau siècle, d'autres y voient une ennuyeuse merde didactique qui se donne l'air important avec des tartines de références scientifiques". Il trouve même ces critiques fondées et ajoute que "Ce n'est pas un livre que tout le monde appréciera mais que ceux qui l'ont aimé l'ont beaucoup aimé."

Outre la préface de l'auteur, la présente édition du Bélial est augmentée Des Dieux Insectes une nouvelle d'une dizaine de pages se déroulant dans l'univers de Vision Aveugle ainsi que de longues notes et références qui permettent de comprendre et d'éclaircir nombre de concepts distribués dans le roman. Une mine d'or qui montre tout le talent, l'ingéniosité et la folie de Peter Watts.

Mais revenons au roman proprement dit. Vision Aveugle est l'histoire d'un premier contact qui aborde une multitude de thèmes riches et novateurs à travers des personnages plus qu'écorchés par la vie. Ecoutez plutôt. le narrateur, Siri Keeton, dont le niveau d'empathie est nul depuis qu'on lui a ôté une moitié de son cerveau, est l'observateur de la mission. Amanda Bates, la militaire "pacifiste", est en charge de la sécurité du vaisseau et de son équipage. Isaac Szpindel, le biologiste de l'équipe, étudiera les aliens si la rencontre a lieu, pour cela il a délaissé une partie de son humanité pour s'accoupler à des machines et être plus performant. Susan James, la linguiste du vaisseau, se consacrera pleinement au premier contact et à la communication avec les entités extraterrestres. Elle sera secondée par d'autres personnalités avec qui elle partage son cerveau. Et enfin le responsable de la mission Jukka, un homo vampiris, une sous-espèce d'homo sapiens, dont l'intelligence est décuplée par rapport à celle de ses compatriotes. Tout ce petit monde se retrouve à bord du Thésée sous la coupe d'une IA quantique, direction l'espace profond à la rencontre d'une vie extraterrestre...

Grâce à ce premier contact hors du commun, Peter Watts nous offre un huis clos spatial transhumaniste doublé d'une réflexion sur la vie. A partir d'une entité extraterrestre si différente de nos standards, il nous interroge sur la notion du vivant, faut-il que ce soit organique, qu'est-ce-qui différencie le vivant de la machine, faut-il une conscience et/ou une intelligence derrière ? Ces deux notions sont-elles imbriquées l'une dans l'autre, ou peuvent-elles exister l'une sans l'autre... de fil en aiguille en s'intéressant à ce qui est autre, Peter Watts nous questionne sur notre humanité, notre évolution et notre place au sein de l'univers...

Vision Aveugle est un monument de la Hard-Science, une lecture indispensable à tous les amoureux des Sciences de la Science-Fiction en général. Ce roman exceptionnel servi par une plume acérée dans une ambiance très sombre parfois même terrifiante, porté par une galerie de personnages époustouflants est certes exigeant mais il est diablement intelligent. Il faut aussi reconnaitre que même si certains concepts abscons s'éclaircissent au fur et à mesure de la lecture, il restera une certaine part d'ombre selon le degré d'engagement, de connaissance et de résilience propre à chacun. Cela n'enlève rien au récit, bien au contraire : rares sont les romans qui semblent vous rendre plus intelligents, faut-il juste en avoir conscience !


Pour aller plus loin, je vous conseille la chronique d'Apophis qui permet elle aussi de comprendre quelques notions qui auraient pu échapper au cours de la lecture.

En novembre 2023, Echopraxie, la suite de Vision Aveugle sera également republiée au Bélial. Il va sans dire que je serai de la partie.

Lien : https://les-lectures-du-maki..
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Il est des conseils de lecture improbables qui conduisent parfois à des pépites. Lorsqu'il y a moult années, entrant dans une librairie je demande au vendeur un livre avec un « vrai vampire, pas un machin à paillettes » et surtout sans romance, pourquoi celui-ci a choisi Vision aveugle de Peter Watts (en version poche) alors qu'il s'agit de pure SF, et non de fantastique ou autres genres plus couramment fréquentés par les bipèdes hématophages ? Nul autre que lui ne le saura, mais qu'il en soit une fois de plus remercié à l'occasion de la réédition de ce chef-d'oeuvre exigeant, mais ô combien plaisant à relire !
Si vous ne connaissez pas Peter Watts, allez donc relire ce que j'ai déjà dit sur son recueil de nouvelles ou son court roman récemment parus. Si vous cherchez une lecture « feel good » et d'accès facile, passez votre chemin : Vision aveugle n'est pas pour vous. Ce huis-clos spatial et cette histoire de « premier contact » abordent une multitude de thèmes riches et jouent avec des concepts passionnants mais ses personnages terriens sont tous des éclopés de la vie. Que ce soit le narrateur, Siri Keeton qu'une opération cérébrale a rendu inapte à l'empathie (comme la Mila Vasquez de Donato Carrisi), le chef de l'expédition – le vampire demandé – survivance d'un passé rappelé pour ses capacités intellectuelle, la linguiste aux personnalités multiples, la militaire de carrière et le biologiste passant plus de temps conscients dans leurs machines que dans leurs propres enveloppes corporelles), tous sont inadaptés à la vie en commun et pourtant ils vont être confrontés à l'inconnu : une race extra-terrestre au fin fond du système solaire. Sont-ils vivants ? Intelligents ? Conscients ? Menacent-ils l'espèce humaine et la survie sur Terre ? Ils devront répondre à ces questions et se faisant s'interroger sur leurs propres humanités et sur l'(in)intérêt de la conscience dans l'évolution et la survie de l'espèce.
Pour autant Vision aveugle n'est pas un conte philosophique ni une longue introspection. S'il manipule de nombreux concepts (aussi bien en terme d'exploration spatiale, de biologie que de neuroscience ou de religion, mais également l'intelligence artificielle et les différentes variations du transhumanisme), et s'il faut donc présenter les différents concepts pour le lecteur, c'est surtout un roman bourré d'action. de par sa fonction de « chambre chinoise » au sein de l'équipage, Siri Keeton est le mieux placé pour présenter les différents concepts et les expliquer. Mais même ses différentes remémorations sur sa vie avant l'expédition ne coupent pas le fil de la lecture. Et certaines de ses remarques ou des lignes de dialogues sont cyniquement drôles ce qui apporte en plus un peu de légèreté dans un texte dense. Notons que cette nouvelle édition est richement illustrée et propose également une nouvelle, Les Dieux insectes, pendant terrien à certaines des interrogations de l'équipage (même si Echopraxie est le roman racontant les événements qui se sont passés sur Terre durant le voyage du vaisseau et sa rencontre avec l'inconnu). Elle dispose également d'une préface et d'une postface de l'auteur pour celles et ceux qui veulent en savoir plus sur les concepts présentés dans le roman. Et est donc moins aride que ma vieille édition parue à l'époque chez Pocket.
Lien : https://www.outrelivres.fr/v..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Il avait peut-être tord. Ou alors c'était moi. Mais cette distance - cette impression chronique d'être un extraterrestre parmi ses semblables -, n'est pas complètement négative.
Elle s'est avérée très pratique quand les véritables extraterrestres ont débarqué.
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Il nous arrive de nous former une représentation d'une chose sans la voir pour autant, même si elle se trouve juste devant nous. Des gratte-ciel se matérialisent soudain, notre interlocuteur est remplacé par un autre durant une distraction passagère... Sans qu'on s'en aperçoive. Aucune magie là-dedans. Ni même de passe-passe. On appelait ce phénomène, bien connu depuis plus d'un siècle, cécité d'inattention : la tendance des yeux à tout simplement ne pas remarquer ce que l'expérience évolutionnaire a qualifié d' improbable.
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J'ai trouvé l'opposé de la vision aveugle de Szpindel : une maladie où ce ne sont pas les voyants qui se croient aveugles, mais les aveugles qui affirment voir.
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On oubliait facilement l'IA quantique au coeur de notre vaisseau. Elle restait discrètement fondue dans le décor, nous nourrissant, nous transportant, imprégnant notre existence comme un dieu discret, mais tout comme Dieu, elle ne prenait jamais nos appels.
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« Garde bien à l’esprit que les souvenirs ne sont pas des archives historiques. Plutôt… des improvisations, en fait. Une grande partie de ce que tu associes à un événement donné pourrait être inexacte dans les faits, même si tu t’en rappelles très bien. Le cerveau a pour curieuse habitude de construire des composés. D’insérer des détails à la suite des faits. Ça ne veut pas dire pour autant que tes souvenirs ne sont pas vrais, d’accord ? Ils sont un reflet honnête de la manière dont tu voyais le monde, et chacun d’eux a façonné la manière dont tu le vois. Mais ce ne sont pas des photographies. Plutôt des peintures impressionnistes. (...)"
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Videos de Peter Watts (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Peter Watts
Titulaire d'un doctorat en biologie et ressources écologiques, spécialiste des fonds marins et De La faune pélagique, Peter Watts appartient au rang de celles et ceux qui proposent la plus exaltante des sciences-fictions contemporaine. La réédition toute récente de “Vision aveugle” — roman aussi exigeant qu'électrisant, qui questionne les notions d'intelligence, de conscience et d'altérité — fournit l'occasion rêvée pour une discussion sur les parutions récentes de l'auteur, ses projets, la science-fiction, la vie, la mort, la fin du monde… Rendez-vous le mercredi 17 novembre 2021 à 18h ! Modération : Erwann Perchoc Interprète : Cyrielle Lebourg-Thieullent. Illustrations : Manchu https://www.belial.fr/peter-watts/vision-aveugle_belial
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