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DMZ tome 12 sur 13
EAN : 9782365771825
168 pages
Urban Comics Editions (04/01/2013)
4.04/5   14 notes
Résumé :
Alors que la guerre semble toucher à sa fin, Matty Roth obtient une dernière opportunité d’enquêter au coeur de la DMZ en tant qu’observateur objectif. Pour cela, il obtient carte blanche et compte bien racheter les conséquences désastreuses de ses agissements. Au cours de sa quête, il finit par découvrir la vérité derrière la « disparition » de Parco Delgado, juste avant de faire un choix crucial pour rétablir la paix.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à DMZ, tome 11 : Châtiment collectif (épisodes 60 à 66) qu'il faut avoir lu avant. Il vaut mieux avoir commencé par le premier tome de la série, celui-ci étant le dernier. Il contient les épisodes 67 à 72, initialement parus en 2011/2012, écrits par Brian Wood, dessinés et encrés par Riccardo Burchielli et mis en couleurs par Jeromy Cox. Les couvertures ont été réalisées par John Paul Leon.

Matty Roth a menti. Il a abandonné ses amis. Il a vendu son âme. Il a triché et il s'est livré au chantage. Et pire. Il ne pourra jamais se faire pardonner. Oui, mais il a aidé à mettre un terme à la guerre. Zee s'apprête à l'embrasser au milieu de la foule qui célèbre la fin de la guerre et la libération de la zone démilitarisée. L'armistice a été signé et la paix semble durable. Les militaires quittent l'île de Manhattan, cédant leur place aux hommes d'affaires en costard-cravate. Zee Hernandez aide les personnels de la Croix Rouge à s'installer dans Manhattan et les dirige vers les quartiers nécessiteux. le libre passage a été rétabli à tous les points de contrôle, et les civils de la DMZ peuvent déposer leurs armes à celui du Pont de Manhattan, sans devoir répondre à des questions. En échange il leur est remis mille dollars, et un ticket de loterie permettant de se voir attribuer un logement. Tout va pour le mieux pour la paix soit durable. Une seule question se pose : où se trouve Matty Roth ?

Matty Roth se trouve à l'arrière d'un véhicule blindé, aux côtés d'un général, une assistante étant en train de maquiller son visage. le militaire est en train de bien faire comprendre à son passager, qu'il aurait préféré pacifier la DMZ avec une campagne de bombardements intensifs, plutôt que de devoir offrir une amnistie inconditionnelle à des individus qu'il considère comme des terroristes, et de voir Roth recevoir une récompense. Lors de son interview télévisée, le journaliste lui demande son avis sur la pérennité de la paix, sur le rétablissement des cinq comtés, sur la réunification du pays avec la fin de la guerre. Matty Roth émet des avis qui ne vont pas dans le sens de ce qu'attend le journaliste. L'interview prend fin quand retentit une explosion proche de l'endroit où ils se trouvent. La reconstruction de Manhattan commence, la première urgence étant de rétablir le réseau d'eau potable. Alors que Matthew Roth marche tranquillement dans la rue, il reçoit un appel de son père qui lui enjoint de monter dans la limousine noire qui vient de s'arrêter à son niveau, sans faire d'esclandre. L'entreprise ayant décroché le marché de reconstruction s'appelle XET Heavy Industries. Il apparaît rapidement qu'il s'agit d'une filiale de Trustwell, avec un nouveau nom, et une nouvelle image de marque.

Le tome précédant racontait les circonstances de la fin de la guerre, et le lecteur sait donc par avance que ce dernier tome constitue une forme d'épilogue, mais en rien gratuit. Il compte bien dessus pour pouvoir faire ses adieux en bonne et due forme aux personnages encore vivants… sauf que certains ne sont plus là, et que Zee a eu droit à son épisode personnel en fin de tome précédent. Pour autant, Matty Roth a bien l'occasion de faire le tour de l'ex-DMZ une dernière fois et de dire au revoir à Zee. le lecteur a suivi ce jeune journaliste tout du long de plus de 60 épisodes, plus de 5 ans de parution et il lui importe de savoir ce qu'il va devenir, si ses reportages effectués dans des conditions terribles, et son engagement vont porter leurs fruits, ce qu'il va advenir de lui maintenant que la situation revient à la normale, que la guerre est terminée. Il commence par prendre grand plaisir à faire le tour de quelques sites célèbres de Manhattan, assis aux côtés de Matty, dans une Fiat 500 conduite par Zee. L'évocation des paysages urbains de l'île est toujours exécutée de main de maître par Riccardo Burchielli : précision et fidélité dans la représentation des bâtiments célèbres, cadrages variés, traits avec de petites irrégularités évoquant l'usure des matériaux, mise en couleurs de Cox apportant la texture correspondant aux matériaux de construction. Effectivement, l'artiste s'en tient à se montrer réaliste pour susciter la reconnaissance du lecteur d'un site mémorable ou de nature touristique, mais il ne fait pas que ça. Il intègre les destructions occasionnées par les années de guerre civile, ainsi que le début de la reconstruction par les équipes de l'entreprise de BTP XET. Il construit un nombre remarquable de sites de tournage, avec des décors tangibles et plausibles, portant les marques des événements survenus auparavant, et aisément identifiables quand Roth ou un autre personnage s'y sont déjà rendus.

Dans les épisodes 70 & 71, le lecteur remarque que l'artiste réalise beaucoup de cases de la largeur de la page, généralement des gros plans ou des très gros plans sur les visages des personnages. Il peut y voir une forme de parti pris évoquant un reportage au plus près des acteurs faisant l'actualité. Cela leur confère une proximité avec le lecteur qui se rend compte que c'est ce qu'il espérait : les côtoyer de près une dernière fois. Pour autant, l'artiste ne se contente pas d'aligner des têtes en train de parler, et la narration visuelle est variée, prenante et divertissante pour elle-même. le lecteur emporte avec lui de nombreux visuels ; ceux liés à la fin de la guerre (l'arrivée des hélicoptères de la Croix Roue, encore une ou deux explosions isolées), plusieurs personnages seuls dans un moment de calme (Matty ou Zee se demandant ce qu'ils vont faire de leur vie en temps de paix), les dernières retrouvailles avec d'autres personnages récurrents (le représentant des Premières Nations, une apparition de Soames), et encore plus chargées d'émotion les évocations d'une poignée de moments choisis dans les dizaines d'épisodes précédents, au cours d'un procès. le lecteur prend conscience qu'il n'est pas près d'oublier ces visions de Manhattan sous les bombes, et des destructions occasionnées, ni ces individus vivants dans ce milieu urbain, une explosion risquant de se produire à chaque instant, mettant un terme à leur vie, de façon totalement arbitraire.

Le lecteur avait vraisemblablement anticipé l'idée d'un dernier tour de Manhattan pour quitter ces lieux devenus autant de facettes du personnage à part entière qu'est devenue la zone démilitarisée, et apprécie le dernier hommage rendu à Wilson. Il s'attendait bien au fait que la reconstruction commence et que le capitalisme en soit le grand vainqueur, avec le retour par des voies détournées de Trustwell, entreprise à la taille telle qu'il est impossible de s'en débarrasser malgré les malversations mises en lumière, et les condamnations afférentes. S'il suit l'actualité de temps à autre, il savait également que le temps des procès est venu, pour juger les exactions et les massacres commis en temps de guerre. En revanche, il n'avait peut-être pas imaginé qui allait se retrouver sur le banc des accusés. Dans un premier temps, ce n'est pas une si grosse surprise que ça parce qu'il se souvient du soldat première classe Chris Stevens qui avait été mis au banc des accusés pour le massacre du jour 204 (épisodes 13 à 17), bouc émissaire ne sachant pas comment se défendre. Alors qu'il s'attendait à une fin optimiste, il se trouve ramené au ton général de la série, plutôt réaliste quant au déroulement probable d'une telle guerre civile, et au fait que la guerre broie les individus. C'est quand même un choc de voir comment certains personnages doivent assumer les conséquences de leurs actes commis en temps de guerre. Il n'y a pas de dénouement miraculeux, et le lecteur constate que les épreuves subies ou surmontées par les survivants ne leur donnent pas de droit particulier, ni de traitement d'exception. Ce mode de fonctionnement de la justice devient un crève-coeur pour le sort d'un personnage, mais aussi un retour brutal à la réalité parce que c'est justifié.

Les auteurs terminent avec un réel épilogue, plus lumineux, alors qu'une jeune femme visite Manhattan 15 ans plus tard, tout en lisant le livre témoignage de Matty Roth. Les couleurs sont plus ensoleillées, les gens sont plus détendus. Les bâtiments sont rutilants et neufs, dans un contraste saisissant avec les quelques photographies contenues dans l'ouvrage de Roth. La jeune femme finit par laisser le livre qu'elle a terminé, sur un banc dans un parc, pour qu'une autre personne puisse en bénéficier. La vie continue, et la guerre est derrière. Pourtant, le lecteur sent son coeur se serrer. Il remarque un monsieur dans le bus portant les stigmates de la guerre, en l'occurrence une blessure au visage. Il ressent la présence de Matty Roth au travers des extraits de son livre, mais ça met surtout en évidence son absence dans cette visite : il n'a plus sa place dans Manhattan rénovée. Pire encore, les souffrances endurées par les habitants de la DMZ sont devenues invisibles, insoupçonnables pour les nouveaux habitants, pour les visiteurs. Personne ne souhaite se souvenir au quotidien de la souffrance, des morts, des blessés, des tortures, des combats, des bombes, ce qui par ricochet gomme également l'héroïsme, les actes de bravoure, le courage face au danger.

Ce dernier tome constitue effectivement un épilogue, mais il est aussi beaucoup plus que ça. C'est à la fois un au revoir à Manhattan sous les bombes, avec des pages toujours aussi convaincantes, mais c'est aussi une mise en scène implacable de l'oubli qui accompagne le renouveau.
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