Cette BD est une sorte d'hymne générationnel, une critique ouverte à l'attention d'une société qui a délaissé les problèmes d'une certaine couche de la population : les étudiants. C'est avec beaucoup d'humour et de justesse que la narratrice, une étudiante, nous entraîne à sa suite dans sa quête acharnée d'un appartement à louer. Et là, pas de
Stéphane Plaza pour l'aider ^^
Tout d'abord, je dois dire que j'ai adoré me plonger dans cette lecture. En premier lieu, parce que j'ai succombé au charme des dessins de Yatuu. Ils sont certes simples mais colorés (il faut le faire avec une palette de seulement quelques tons), légers, mais surtout drôles et pétillants. Ils mettent énormément de rythme, de peps dans le récit. Souvent, je me suis retrouvée à être morte de rire devant certaines planches, notamment quand notre héroïne s'énerve, est d'humeur noire ou quand elle apeure ses parents qui n'osent plus entrer dans sa chambre. Ces dessins sont très expressifs et véhiculent avec brio toutes les émotions de la narratrice. On ressent vraiment tous ses sentiments et du coup, il est plus facile pour le lecteur de s'attacher au personnage et de s'identifier à son histoire. Vraiment, ici, les dessins et le récit forment un ensemble on ne peut plus réussi.
Mais ces dessins ont aussi la tâche de dédramatiser la situation grâce à leur ironie, leur humour. Car c'est un phénomène de société bien ancré et pour beaucoup inextricable que développe ici Yatuu. En effet, il s'agit d'un thème plutôt grave qu'aborde à travers ces quelques pages l'auteur, à savoir le mal logement, ou carrément le non logement, des étudiants, notamment à Paris et en région parisienne.C'est un problème d'actualité qui touche et parle à beaucoup de personnes. Il est vrai que le statut d'étudiant rime souvent avec celui de galérien. Beaucoup sont obliger de bosser en dehors des cours pour subvenir à leurs besoins (je l'ai fais !) et ont toutes les difficultés à trouver un toit décent pour les abriter. La vie d'étudiant c'est, pour une majorité, un vrai parcours du combattant.
Pourtant, au début de l'histoire, la narratrice est sur un petit nuage : elle a été admise à la Borbonne ! Elle va prendre son envol, quitter le nid familial et être indépendante, dans son appartement. le rêve quoi ! Seulement elle est loin d'imaginer que les choses ne vont pas être aussi simples que ce à quoi elle s'attendait et son optimisme va en prendre un sacré coup ! Quelle est belle la naïveté de la jeunesse ! Première leçon : ne jamais, jamais, fonder tous ses espoirs sur le CROUS, vous serez sans doute déçu. Mais notre narratrice n'a pas dit son dernier mot et se lance dans l'épluchage systématique des petites annonces immobilières pour dénicher la perle rare et les occasions sont nombreuses à saisir ... si on est pas trop regardant : 6m2 pour 800 € mensuel, 45m2 contre des faveurs sexuelles pour JF sexy ... eh oui, notre héroïne vient de mettre un pied dans la jungle urbaine, c'est la loi de celui qui loue l'appart' qui s'applique !
Le plus impressionnant avec cet album, c'est qu'il est criant de vérité. Tout est d'une justesse, d'un réalisme. Vraiment, c'est exactement ça ! Et c'est terrible de voir des gens démunis face au marché de l'immobilier au point d'être 40 à se battre pour vivre dans un 6m2 au loyer astronomique. C'est révoltant aussi de voir combien nombreux sont ceux qui profitent de la situation. Un tableau sur le vif qui ne vous laissera pas indifférent au sort des étudiants. On se dit souvent qu'il faut agir pour faire bouger les choses, voilà un album qui nous y exhorte. Il n'est pas normal que ce genre de situations puissent se mettre en place. Il y a des logements sociaux occupés par des gens aisés, pas normal. Il y a des immeubles entiers totalement désertés dans Paris mais on ne les ouvrent pas à la location "sociale", pas normal. Il y a beaucoup de choses à faire dans ce domaine, mais, c'est pas gagné !
On pourrait croire que suivre les aventures d'une étudiante à la recherche d'un appartement n'aurait rien d'intéressant ou de palpitant, et pourtant, cet album se dévore ! On ne s'ennuie pas une seconde à la lecture et on en ressort avec un mal de joue prononcé à force d'avoir ri. Comme je dis souvent, c'est en faisant rire son lecteur que l'auteur peut lui ouvrir les yeux sur des sujets graves, en douceur. A lire absolument :
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