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Mimi Perrin (Traducteur)
EAN : 9782070300150
288 pages
Gallimard (02/12/2004)
3.74/5   106 notes
Résumé :
La catastrophe atomique des Trois Jours n'a pas eu seulement pour effet de détruire à peu près toute trace des civilisations continentales ; elle a aussi provoqué l'exode de la plupart des Terriens survivants sur les planètes de la Confédération de Véga, et considérablement augmenté l'espérance de vie de quelques hommes.

Conrad Nomikos est de ceux-là. Nul ne sait son âge, pas même son amie Cassandre avec qui il vit sur une île grecque miraculeusement ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Toi l'immortel est un roman de science-fiction. certes. Une apocalypse nucléaire a ravagé la Terre, bien sûr, et la plupart des terriens se sont barrés sur d'autres planètes. Quelle chance, mais que de tracas et d'intrigues à venir!
Mais Toi l'immortel, c'est aussi un roman d'aventure avec des bestioles aussi immondes que mutantes, des cannibales et un véritable vampire élevé au sang. Rien que ça pour pimenter la randonnée terrienne à laquelle participe une créature bleue de Véga... Lequel végan semble menacé de mort.
L'immortel, ou supposé tel, c'est le grec, narrateur aux histoires et aux noms multiples. C'est lui qui mène la troupe dans les lieux que le végan désire visiter.Heureusement, Conrad (c'est un de ses noms) est très costaud est est rompu au combat. Hasan, l'autre costaud de la bande (dont on ne sait si c'est lui qui est payé pour tuer lé végan) va être d'une aide précieuse à Conrad pour certain combat d'anthologie.
C'est ainsi que le roman de Zelazny baigne danr une curieuse ambiance de mythologie revisitée au parfum post-apocalyptique.
Tous les ingrédients sont réunis dans Toi l'immortel, pour offrir au lecteur des années 60, au coeur de la Guerre froide, du frison, de l'action et de la réflexion..cette dernière s'interrogeant sur la capacité du genre humain à prendre soin de sa planète et à la garder en bon état. Sur la notion de propriété de cette planète, aussi.
Et, comme toutes les grandes oeuvres, Toi l'immortel n'est pas sans de sérieuses prémonitions sur un futur beaucoup moins lointain que le vingt-et-unième siècle commence à subodorer... alors que l'humanité n'a pas encore de planète de rechange.
Et, même si Toi l'immortel n'est pas formellement chapitré, sa lecture en est heureuse et séduisante.
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Ce livre aligne les gages de qualité : c'est un Zelazny, c'est un prix Hugo. Ça ne pouvait que me plaire.
Mais non en fait. Il m'a donné du mal jusqu'à la moitié. J'ai même failli abandonner avant de me faire violence (« on n'abandonne pas un Zelazny »). J'ai bien fait car l'ambiance finale est plus dans le ton de ce que j'attendais.

L'ambiance, justement, n'est pas mauvaise en soi : du post-apocalyptique terrestre, une domination par une race extra-terrestre : les Végans. Une résistance plus ou moins active et légale de la part de terriens. Cela n'est pas sans me rappeler « Les Ailes de la Nuit » de Robert Silverberg.
La patte Zelazny est présente, surtout en deuxième partie : des surhommes qui se fondent dans la foule ; de la mythologie revisitée ; un récit à la première personne ; de belles bastons héroiques ; des seconds rôles plutôt plaisants.

Et pourtant j'ai surtout éprouvé de la frustration et de la déception. Cet étrange guide Conrad Nomikos – qui est plus que ce qu'il paraît être – et son client végan Cort Myshtigo venu visiter les plus beaux sites de la Terre, jouent une partie dont on ne nous donne aucune clé pour nous aider à la comprendre. Les personnages ne lâchent rien de leurs véritables intentions, à aucun moment. On doit se contenter de dialogues du type « mais dites-moi ce que vous voulez vraiment / non, désolé, je ne peux pas ». Comment voulez-vous vous intéresser à une histoire dont on ne veut rien nous révéler ?

Du coup, on subit sans aucun recul les divers dangers tombant sur les personnages. Les combats sont toujours bien orchestrés – c'est une des forces de l'auteur – mais sans références ils font simplement remplissage.

Il faut attendre les dernières pages pour comprendre ce qui s'est réellement passé dans ce livre. Tout le sens est concentré dans cette fin, un peu comme du pastis qui resterait au fond du verre et dont la saveur ne serait accessible qu'après avoir bu dix mesures d'eau plate. Après avoir lu cette fin, j'ai pu apprécier a posteriori l'idée portée par le roman. Mais il n'empêche que celui-ci souffre d'un profond déséquilibre. Sans compter que la partie SF a un peu vieillie (cf : les bandes magnétiques).
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Zelazny, ça assure ; prix Hugo, valeur sûre.

Assez tard en fin de journée, un petit tour sur Babélio et que vois-je ? une masse critique. Bon, encore ratée celle-ci, le matin et moi c'est tout une histoire. Ca cuit dans la cuisine, j'ai encore quelques minutes. Je zyeute la liste, au cas où… Et qu'est-ce que je vois ? un Zelazny ! disponible, il m'attendait, c'est certain ! le sourire béat, je clique et me voilà avec Toi l'immortel. Un grand merci à la chance car franchement là, j'y croyais pas.

Je remercie également vivement les éditions Mnémos et Babélio pour l'envoi de ce roman.

Zelazny ne peut être abordé comme d'autres d'auteurs. Il a une manière si particulière de diffuser sa culture fort étendue que je dois m'accrocher dans les premières pages pour plonger dans son monde. J'en ai lu peu mais à chaque fois, il me bluffe.

Avec Toi, l'immortel, il évoque un monde apocalyptique, la Terre est dans un tel état, que des Végans extraterrestres se demandent s'ils ne vont pas l'annexer complètement, d'autant que des terriens se sont installés sur leur planète et ne semble pas vouloir retourner sur Terre comme c'était prévu à l'origine. Il y a donc de la politique et du complot dans l'air.

C'est un roman d'aventures avec des références à la Grèce, son histoire et ses mythes, avec des bagarres, un assassin, un héros qui défie le temps marié à Cassandre, un scientifique qui voudrait tenter des expériences sur son épouse enceinte mais qui le laisse y croire seulement, un barde qui écrit sur son ami immortel, et beaucoup d'humour. Une sacrée équipe qui doit promener dans des contrées dangereuses après la terreur atomique, un Végan qui souhaite écrire un roman sur l'histoire de la Terre. Ca commence en Egypte...
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Ce roman et moi, nous avons commencé sur un malentendu.
Le résumé parlait d'un futur post-apocalyptique et d'un homme mystérieux devant servir de guide touristique à un intellectuel végan. Donc moi, tout de suite, j'ai cru qu'il y aurait quelques allusions à l'exploitation animale et quelques réflexions éthiques – thématique ô combien originale en SF !
Sauf que non : ce texte a été écrit dans les années 60. Un Végan, c'est un habitant de Véga – un extraterrestre…
Après avoir lu Les Princes d'Ambre (saga à laquelle je n'ai pas vraiment accroché entre autres à cause des personnages féminins), j'ai eu la puce à l'oreille : « Que c'est étrange d'aborder la condition animale alors qu'on a une vision aussi rétrograde des femmes… »
D'emblée, j'ai senti que cette lecture ne serait pas aussi plaisante que prévu.
Et je ne me suis pas trompée.

Chez Zelazny, les personnages féminins me choquent… Ce sont souvent des créatures faibles, retorses et ne s'intéressant qu'aux héros. Des personnages de seconde zone. Cela m'avait déjà marqué dans Les Princes d'Ambre : les neuf frères se battent pour régner, et aucune des soeurs n'a envisagé de concourir pour prendre le trône. Pas même Fiona, la plus rusée et la plus dégourdie. Fiona, capable de fomenter des complots, des coups bas et des trahisons de la pire espèce et pourtant incapable de s'imaginer ailleurs que dans l'ombre d'un homme. Et parce que c'est une femme, tout le monde s'est offusqué de son comportement scandaleux, allant jusqu'à la traiter de folle et de psychopathe… Alors qu'elle ne fait rien de plus diabolique que ses frères, qui s'entredéchirent au nom du pouvoir.
Est-elle folle parce qu'elle ose avoir le même comportement qu'un homme ?
Ici, dans Toi, l'immortel, tous les personnages féminins semblent intéressés par le narrateur alors qu'on le décrit comme étant quelqu'un de très laid. Elles s'arrachent son attention, semblent prêtes à ouvrir les cuisses juste pour une nuit, et peu importe leur statut marital ou le sien. L'image des femmes que véhicule ce roman est celle de créatures plaintives, dictées par leur instinct de reproduction, prêtes à s'offrir au mâle supérieur… J'étais consternée.
Pour illustrer, voilà un extrait d'une discussion entre le héros (Conrad) et une femme mariée de sa connaissance (Ellen). Ils se connaissent depuis longtemps, mais ne se sont pas vus depuis un moment :

Ellen n'est pas embarrassée à l'idée de tromper son mari (au contraire du héros, qui n'est définitivement pas intéressé alors que son interlocutrice est joliment décrite), elle nous apparaît comme quelqu'un de faible psychologiquement, ne connaissant même pas ses propres besoins (à l'inverse de Conrad qui, heureusement, peut décider pour elle !), elle semble n'être mue que par ses hormones sexuelles, et la morale, le jugement, la pondération sont des notions qui lui semblent étrangères.
Mais ne jugeons pas un roman à cause d'une seule scène ! On a tous de bons amis qui nous connaissent mieux que nous-mêmes, et ça peut arriver à tout le monde d'être inexplicablement attiré par quelqu'un, surtout quand on est malheureux en ménage. George (le mari d'Ellen) n'a pas grand-chose d'un être humain sexuellement attirant – hormis son portefeuille, c'est à croire qu'elle ne l'a épousé que pour ça.
Malheureusement, ça ne s'arrête pas là. Voici une discussion entre Conrad et Hasan, un collègue de longue date, avec lequel il se rappelle du Bon Vieux Temps :

Ça commence à devenir franchement irritant, mais c'est toujours pas terminé ! Il y a une chose à savoir sur les Végans : « [Ils] ont toujours éprouvé une étrange attirance pour les Terriennes. L'un d'eux m'avait expliqué un jour qu'à leur contact il se sentait devenir zoophile. Je trouve ça passionnant parce qu'une autre fois, une fille de joie d'une station de la Côte d'Or m'a dit en gloussant de rire que les Végans la rendaient zoophile. J'en déduis que leur soufflerie permanente doit provoquer une titillation particulière et réveiller la bête chez l'un et chez l'autre. »
Donc les femmes sont attirées par les Végans et pas les hommes ? Encore une fois, j'ai l'impression que les personnages féminins de Zelazny sont gouvernés par leurs pulsions sexuelles. Comment peut-on être attiré par quelqu'un qui n'est même pas de la même espèce ? Je veux bien pour quelques individus (toutes les bizarreries sont dans la nature), mais comment faire de ce goût contre-nature une généralité féminine sans véhiculer un message néfaste sur les femmes ?
Impossible.
Et puis, merde ! Vous connaissez des prostituées qui peuvent parler de leur métier avec plaisir, en gloussant ? À part pour quelques exceptions, on sait que c'est un métier tellement atroce que les femmes ont tendance à développer des troubles de la personnalité et des syndromes post-traumatiques (comme les vétérans de la guerre, c'est vous dire…). Et je ne parle même pas des dommages pour le corps…
Et pour enfoncer le clou, voici l'image que les Végans ont des Terriennes :
Dans un autre roman, une citation de ce genre aurait été à prendre au second degré et servirait à dénoncer une situation injuste vécue par les femmes. Dans Toi, l'immortel, je ne pense pas qu'il y ait vraiment une volonté de dénoncer quoi que ce soit.

Mais au fond, en quoi est-ce mal de raconter une histoire dans laquelle les femmes sont sous-valorisées ? L'art n'a pas vocation à être muselé, nous vivons dans un pays libre où chacun devrait pouvoir exprimer ce qu'il pense.
C'est en partie vrai, et dans un monde profondément égalitaire, ce genre de remarque n'aurait absolument aucune importance. Mais on ne vit pas dans une société égalitaire et je croise régulièrement des attitudes, des remarques voire des personnes sexistes. Ce genre de fiction ne peut que les conforter dans leur vision et c'est cela qui m'inquiète. J'ai souvent croisé des hommes qui s'indignent du fait que les femmes s'indignent du sexisme, arguant que eux aussi en sont victimes, mais qu'eux, au moins, ils n'en font pas toute une histoire. Comment expliquer à ces gens-là qu'il y a deux poids deux mesures ? Que la position des femmes, récemment renforcée, est encore bien fragile en regard de l'histoire de notre pays ?

Pour revenir sur les personnages (Conrad n'étant pas le seul à escorter le Végan en terre hostile : trois hommes et deux femmes les accompagnent). le pire exemple féminin de Toi l'immortel, c'est Ellen (que vous connaissez déjà). Ellen, mariée à George depuis quelques années, courtise Conrad sans scrupule, jalouse sa femme, se plaint d'être malheureuse… Un être exaspérant, incapable de prendre sa vie en main, qui dépend des autres (émotionnellement, matériellement…) et leur reproche son mal-être. Une mère de famille saine, prête à montrer un exemple solide à ses enfants…
Mais Diane (deuxième femme de l'équipe, donc) était subtilement moquée pendant tout le roman. Diane la frigide, droite comme une bougie, aux sourcils tout le temps froncés. Elle ne semble aimer personne MAIS le narrateur remarque qu'elle porte une perruque rousse très bas sur le front pour cacher une cicatrice. Diane est donc renommée Diane-la-Rousse. Ou alors juste La Rousse (pourquoi mériterait-elle qu'on l'appelle par son prénom, cette mocheté ?).
Caractère inflexible qu'elle ne conservera pas longtemps.
On nous parle évidemment de la femme de Conrad : une nymphe, un être transformé par les radiations et possédant des doigts et des orteils palmés. Une très jolie mutante, cela dit : mince et délicate, douce et gentille – une jeunette d'à peine vingt ans, mariée à un homme multiplement plus vieux qu'elle. Cassandre porte bien son nom : sensible comme elle est, elle devine certaines choses, mais ses prédictions restent vaines : personne ne l'écoute. Un personnage fade et sans personnalité, mais doté d'une plastique avantageuse.

Maintenant que j'ai vidé mon sac, on peut faire un petit tour du côté des qualités du roman (dieux merci, il y en a !).
Tout d'abord, ce livre est une véritable invitation au voyage : de la Grèce à l'Égypte, Zelazny nous fait découvrir des paysages exotiques et des cultures encore sous-représentées dans la SFFF. Il m'a fait rêver en évoquant des auteurs classiques et moins classiques, des oeuvres d'art, des monuments… le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il s'y connaît en culture grecque.
D'autant plus qu'après la guerre des Trois Jours et les terribles radiations auxquelles la biodiversité a été exposée, la faune et la flore ont muté, donnant naissance à des créatures fabuleuses dignes des mythes. Plus étrange encore : elles ressemblent RÉELLEMENT aux légendes humaines, comme si l'esprit humain avait indirectement influencé l'évolution. Phil et George amorcent un débat particulièrement intéressant sur le sujet, et je ne résiste pas à l'envie de vous le retranscrire ici : P.142-143
C'est donc une très belle occasion pour marier anticipation et antiquité, mais aussi science-fiction, fantasy et même polar - car Conrad soupçonne l'un des membres du groupe de vouloir tuer le Végan... Mais lequel ?

Tout comme dans Les Princes d'Ambre, le protagoniste est un être immortel doté de grands pouvoirs. Plus tout à fait humain, mais pas exactement divin. Ce ne sont que des hommes avec un statut légèrement différent des mortels, et pourtant, nombre de peuples pourraient les déifier.
En fin de compte, les protagonistes de Zelazny s'apparentent plus aux dieux grecs qu'au Dieu des chrétiens : ils se battent, complotent, intriguent, s'allient, ont des colères dévastatrices… Il paraît que c'est un thème récurrent, chez l'auteur.

Et il me faut aborder un détail qui fâche : les coquilles ! J'en retrouve beaucoup dans les ouvrages des Indés de l'imaginaire. Et dans ce roman, il manquait parfois tellement de tirets cadratins qu'ils en devenaient presqu'illisibles. En témoigne ce passage :
« Vous êtes, en fait, l'être humain le plus fort que j'aie jamais rencontré. Assez fort pour rompre le cou d'un vampire araignée, tomber dans le golfe du Pirée et revenir en nageant au rivage pour y prendre le petit déjeuner. Vous avez choisi là un bien curieux exemple. Pas vraiment. Alors, avez-vous fait cela ? Quoi ?
— Je veux savoir, il le faut à tout prix. Désolé.
— Ce n'est pas une réponse, soyez plus loquace. J'ai tout dit.
— Non, et nous avons besoin de Karaghiosis. Nous ? C'est-à-dire ?
— le Radpol, moi. »
J'ai vu aussi de nombreuses fautes de frappe et j'envisage sérieusement de proposer mes services en tant que correctrice.

Pour conclure (car il faut bien achever une critique déjà trop longue), Toi l'immortel était doté de gros défauts : le non-respect de ses personnages féminins, une écriture très descriptive qui ne m'a pas touchée, des personnages masculins pas du tout attachants... Mais c'était aussi un grand dépaysement, une plongée dans la culture grecque, tant sur le plan littéraire qu'architectural, artistique ou religieux.
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Dans un temps lointain, la Terre est un désert dévasté par une guerre nucléaire. L'essentiel de la population humaine a migré vers d'autres planètes, dirigées par une sage race extra-terrestre, les Végans. Ceux qui sont restés ont subi les mutations génétiques du progrès nucléaire, ou bien sont condamnés à vivre sur les îles, seuls éléments terrestres ayant peu ou prou échappé aux radiations. La Terre offre encore de superbes paysages, et un patrimoine historique préservé : c'est pour cela que les Végans en ont fait un lieu de villégiature dont ils sont devenus, peu à peu, les propriétaires. Contre cette exploitation de leur propre planète, les Terriens résistent. Des comités politiques ont vu le jour, dont le Radpol, fondé par un personnage presque mythique appelé Karaghiosis.

Au moment où le récit démarre, Zelazny nous fait faire la connaissance de Conrad Nomikos, un homme sans âge au visage dévoré par un fongus, qui vit sur l'île paradisiaque de Cos avec une jeune compagne, Cassandre. Responsable du patrimoine terrien, Nomikos est chargé d'accueillir un Végan, Cort Myshtigo, pour lui faire visiter ce que l'on appelle alors les Lieux Anciens : pyramides d'Egypte, monuments de la Grèce et de la Rome antiques, Londres, Paris ou encore Berlin. La raison officielle de la venue de Myshtigo sur Terre - il doit écrire un livre sur les monuments de la civilisation humaine - ne convainc pas les membres du Radpol, qui imaginent alors le pire : que Myshtigo ne soit sur Terre que pour en dresser l'inventaire, afin de la vendre au mieux aux Végans. Pour le contrer, les membres du Radpol pensent l'assassiner. Mais c'est sans compter sur Conrad Nomikos qui se fera guide et garde du corps pour le Végan.

Ce roman de Zelazny, prix Hugo en 1966, révèle tant les failles d'un premier roman que les thèmes qu'aborderont l'auteur tout au long de sa carrière. La grande faille de ce roman réside dans le déséquilibre manifeste de la rythmique générale de la narration. Les combats sont les événements les plus denses du récit, tandis que la pérégrination proprement dite des personnages ne marque pas forcément la progression, ou au moins la révélation, de l'intrigue : tout sera dit, et donc révélé, aux toutes dernières pages du livre. de là le lecteur en est réduit à assister, en simple spectateur, à ce voyage qui ressemble curieusement à une épopée antique, sans en comprendre réellement les raisons ou même les enjeux.

Toutefois, c'est bien par les thèmes qu'il exploite que Zelazny révèle sa singularité dans le domaine de la littérature de science-fiction. de façon habile, il mêle, dans ce récit particulièrement, l'antiquité grecque (la mythologie et la littérature antique grecque) et le genre post-apocalyptique de la SF. En réalité, l'événement apocalyptique - la guerre nucléaire - permet de remonter étrangement le temps pour rejoindre l'époque des mythes : qu'y a-t-il de bizarre à croiser des monstres mi-animaux mi-humains lorsque les radiations nucléaires ont balayé la surface du globe ? S'étonne-t-on vraiment de voir des immortels, ou quasi, lorsque les progrès de la science permettent un rajeunissement constant des êtres ? Pour être bien compris, Zelazny ne se contente pas d'évoquer de façon nébuleuse les récits des antiques grecs : il nomme ses personnages d'après les mythes : ainsi Jason est le fils de Conrad Nomikos, surnommé affectueusement kallikantzaros par sa compagne elle-même nommée Cassandre (que Nomikos, d'ailleurs, ne croit pas) tandis que la tribu de cannibale croisée sur la côte grecque porte le nom de dieux crétois, les Kourètes. Nomikos, Myshtigo et les autres vivent une épopée futuriste : on se déplace en voltigeurs mais l'on affronte des sangliers immenses, des crocodiles fusionnés à des boas, on combat des géants à la force surhumaine. Loin de n'être qu'une transposition paresseuse des récits antiques grecs, Toi l'immortel pose aussi les questions de la responsabilité politique des hommes quant à la survie de leur monde ainsi que de la légitimité de la résistance, notamment violente, à une occupation étrangère, si pacifique soit-elle. En cela, la courte instruction quant au passé de résistant de Nomikos démontre l'échec de la voie de la violence, tandis que la sagesse et l'attitude des Végans offre un miroir de moralité aux comportements vils de l'homme. La violence omniprésente dans le récit - violence des éléments naturels, des bouleversements induis par la guerre, des hommes entre eux, des hommes contre les autres races, animales ou extra-terrestres - achève d'instiller le doute dans notre esprit lorsqu'il s'agit, alors, de liquider Myshtigo au nom de la sacro-sainte légitimité des hommes à posséder la Terre. Ce serait alors accepter que la sagesse ne soit plus un principe moral uniquement humain, mais, plus vastement, inhérent à l'intelligence elle-même.
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
La vendetta menée par le Radpol avait terrorisé les exilés terriens autant que les Végans. Ils n'avaient pas compris que les descendants de ceux qui avaient enduré les Trois Jours n’étaient pas prêts à abandonner leurs plus belles régions côtières pour laisser les Végans y installer leurs stations et employer leurs enfants comme domestiques. Ils refusaient aussi de jouer les guides, de faire visiter leurs cités en ruine, et d'en montrer les centres d'intérêt pour l'amusement des touristes.
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A part ça Laurel est une sorte d'anti-ordinateur: on le bourre d'informations, de chiffres et de statistiques soigneusement recueillis, qu'il digère et rejette sous forme d'un innombrable ramassis d'erreurs.
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— ... Quoi que tu aies fait durant ta vie, la mort toi aussi t'a enlevé, dis-je. Tu es parti voir la fleur imprégnée de rosée éclore sur les rives de l'Achéron parmi les ombres tourmentée qui jaillissent des Enfers. Si tu avais été emporté dans la fleur de l'âge, ta mort aurait été saluée comme étant la destructrice d'un grand talent qui n'avait pas encore atteint sa plénitude. Mais on ne peut plus utiliser cette oraison funèbre vu ton grand âge. D'aucuns préfèrent une vie courte et glorieuse au pied du mur de leur Troie, d'autres une vie plus longue, mais moins mouvementée. Et qui oserait se poser en juge pour décider du meilleur choix ? Le dieux qui avaient promis à Achille une gloire éternelle ont tenu leur promesse en inspirant le poète qui lui dédia un immortel péan. Mais au fond, maintenant qu'Achille est aussi mort que toi, en est-il plus heureux ? Il m'est impossible d'en juger. Tu ne fus sans doute pas le plus célèbre des bardes, mais tu as chanté toi aussi, je m'en souviens, les exploits du plus grand Argien et les temps sans pitié des morts foudroyants : "Le souffle glacé des désillusions balaie ce lieu de rendez-vous universel : légions menaçantes de soupirs déferlant en un instant. Mais les cendres des bûchers ne peuvent redevenir forêts, et si je feu dévorant façonne l'air à sa chaleur sur une musique insaisissable, le jour s'éteint quand même." Adieu Phillip Graber. Puissent Phébus et Dionysos, qui aiment et tuent leurs chantres, te recommander à Hadès, leur frère et seigneur du royaume des morts ; puisses-tu trouver grâce auprès de sa Perséphone, Reine des Ténèbres, pour qu'elle t'accorde une place d'honneur aux Champs-Élyséens. Adieu.
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Dans des périodes de crise intérieure il faut à tout prix avoir une activité quelconque qui devient une sorte de contenant enfermant un contenu qui n'est plus.
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Il voulait vraiment s'assurer que j'étais un être : Bon , Honnête, Noble, Pur, Loyal, Fidèle, Digne de Confiance, Désintéressé, Humain, Joyeux, Sur-Qui-L'Ont-Peut-Compter, et Sans Ambition Personnel.
Ce qui prouve bien qu'il était fou à lier puisqu'il est rentré sur sa planète en concluant : "Oui, il possède toutes ces qualités. "
Entre nous, je l'ai bien eu !
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