AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Les Rougon-Macquart - Intégrale La... tome 2 sur 5

Armand Lanoux (Éditeur scientifique)Henri Mitterand (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070105908
1754 pages
Gallimard (23/10/1961)
4.44/5   42 notes
Résumé :
Son Excellence Eugène Rougon - L'Assommoir - Une Page d'amour - Nana.

ISBN 9782070105908
1776 pages

«Dans l'esprit d'Émile Zola, Les Rougon-Macquart constituaient un tout, un unique et grand ouvrage composé de vingt romans qui en étaient, en quelque sorte, les chapitres successifs. Par un phénomène d'usure courant, les œuvres ainsi composées ont tendance à se défaire, à revenir aux éléments constitutifs. Les Rougon-Macquart n'ont... >Voir plus
Que lire après Les Rougon-Macquart - Intégrale, tome 2Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce volume regroupe quatre romans du cycle littéraire des Rougon-Macquart : d'après moi, un excellent, L'Assommoir, un très mauvais, Une page d'amour, et deux moyens, Son Excellence Eugène Rougon et Nana.

SON EXCELLENCE EUGÈNE ROUGON : renouant avec le roman quasi documentaire, Zola nous offre ici une immersion dans la vie politique du Second Empire absolument édifiante. Au travers des personnages d'Eugène Rougon et Clorinde Balbi alias, dans la réalité, celle qui fut surnommée La Castiglione, on découvre le travail souterrain réalisé par des éminences grises pour porter leur poulain aux affaires et ainsi récolter des dividendes lorsque le poulain en question sera aux commandes. Puis nous voyons ces mêmes éminences de l'ombre se dépêcher de le trahir dès que la fontaine aux avantages sera tarie et alors reporter leurs suffrages sur un autre poulain providentiel... jusqu'au prochain ! (Est-ce différent de nos jours ?)

Évidemment, l'auteur ne se prive de relater aucune intrigue historique, qu'il se contente de concentrer sur les seules épaules de Rougon, et de Clorinde afin de ne pas multiplier les personnages. le politique y est présenté comme l'instrument, le pantin en quelque sorte de ceux qui tirent effectivement les ficelles et sont les vrais cyniques. (Là encore, est-ce différent aujourd'hui ? Quel financier n'est pas marionnettiste détenteur en ses mains des ficelles de quelques pantins politiques ?)

L'ASSOMMOIR : sans être fondamentalement différent de ce qu'il a pratiqué depuis six romans dans son cycle littéraire, Émile Zola parvient ici, pour la première fois, en s'approchant des bas-fonds, de générer une langue et un style qui reflète et qui colle parfaitement à la déchéance qu'il décrit : celle causée par l'alcool dans les milieux populaires ouvriers.

Bref, on a le sentiment qu'à décrire la lente et inéluctable descente aux enfers de Gervaise dans la puanteur et le désespoir, l'auteur s'est trouvé lui-même et a franchi le seuil de son identité littéraire. Il y aura un " avant " et un " après " L'Assommoir. La scène du fouet chez le père Bijard au chapitre 10 est l'une des plus dures qu'on puisse imaginer, rappelant les pires déboires de Fantine et Cosette réunies dans Les Misérables.

On sent Gervaise fragile psychologiquement, jamais très loin de s'en sortir, mais effectuant toujours le mauvais choix quand s'offre une alternative tant avec Lantier (admirable en sa qualité de " ver dans le fruit "), que Coupeau suite à sa chute, que Goujet qu'elle n'ose pas rejoindre alors que lui seul semblait pouvoir lui assurer un certain salut.

Finalement, ce qui est touchant chez Gervaise (un peu comme chez Nana sa fille plus tard), c'est cette dénégation de la vie, cette abnégation à affronter la chute sans craindre la mort tellement l'existence a peu de prix pour elle. La scène d'apocalypse finale que subit Coupeau en proie au pire des delirium tremens est une sorte de synthèse, où tout le mal accumulé dans les chairs et dans l'esprit dans cette descente ressort en un torrent de douleurs et de démence indescriptibles. Ce roman est aussi le germe, l'éclosion de deux personnages important des romans à venir, en la personne de Nana dans le roman éponyme et d'Étienne dans Germinal.

Enfin, comme les Halles dans le Ventre de Paris et plus tard, la locomotive de la bête humaine, l'alambic de L'Assommoir du père Colombe est élevé au rang de personnage effectif, démon maléfique et vénéneux au pouvoir quasi mystique digne des sortilèges de l'Odyssée.

UNE PAGE D'AMOUR : Quel plantage, selon moi, pour Zola, ici, avec ce roman ! Hélène s'installe à Paris venant De Marseille avec :
- une fortune acquise par un héritage imprévu,
- un mari fraîchement décédé et
- une fille chétive et sub-claquante de 12 ans.

C'est déjà assez étonnant et improbable comme canevas de base. Mais en plus, et ce qui n'arrange rien, Hélène est une femme droite, fidèle, honnête — et, pour être tout à fait sincère, de mon point de vue ennuyeuse, mais ça c'est à vous d'en décider —, qui ne lève jamais un oeil sur un homme, encore moins s'il est marié, enfin vous voyez le tableau, quoi...

Malheureusement, PAF !, pas de bol ma chérie, elle tombe sur LE médecin bellâtre qui vient soigner sa fille et son coeur commence à palpiter et cætera, et cætera. Pas besoin de vous faire un dessin ; le mélo bon marché, les violons larmoyants qui vont avec et, la forte probabilité de vous ennuyer si vous avez plus de seize ans ou si vous n'êtes pas hyper fan de ce que le romantisme a de plus gnan-gnan (du genre Chateaubriant).

Si vous aimez les descriptions interminables des ciels et des toits parisiens, vous serez servis, en revanche, pour le reste, selon moi, c'est un opus très creux et très en deçà de ce dont est capable l'auteur.

NANA : Cette neuvième livraison des Rougon-Macquart ne m'est pas apparue aussi savoureuse que je l'espérais. Ici, c'est la première représentation d'une opérette sulfureuse, La Blonde Vénus, où Nana met le feu à la scène avec ses formes et ses tenues très peu couvrantes. Ce sont bien évidemment les opérettes de Jacques Offenbach que l'auteur cherche à écorner.

Pour être totalement dans l'esprit « naturaliste », avec un réel souci documentaire, on n'en est pas pour autant transcendé et l'on a du mal à prétexter que cette entrée en scène de Zola dans Nana soit particulièrement réussie ou tonitruante. On l'a connu plus percutant et la feuille de route de son programme de construction apparaît, à mon goût, un peu trop fortement tout au long du roman.

Ce n'est qu'à partir de la moitié du livre, au chapitre VIII, que la narration retrouve quelques couleurs et Zola sa verve perdue de L'Assommoir. En effet, jusque-là, l'auteur nous endort avec de lourdes et longues descriptions de luxe et de débauches dans les hautes sphères qui font d'ailleurs double emploi avec celles déjà pesantes qui concernaient Renée dans La Curée.

Dans ce roman, il s'intéresse : aux rapports étroits de connivence entre le monde du spectacle et le journalisme visant à faire ou à défaire le succès d'un spectacle moyennant avantages divers en retour ; à la mise en plein jour de la prostitution (la classique et celle de luxe) ; à l'évocation de l'homosexualité féminine, sujet absolument tabou à l'époque (beau courage littéraire, chapeau monsieur Zola) et au poids du monde hippique dans la haute société (La situation a-t-elle changé de nos jours ? Les Rothschild ne font-il pas toujours régner la pluie et le beau temps sur le monde des courses [casaque bleue, toque jaune] ?) Bref, très documenté mais pas très captivant.
Commenter  J’apprécie          880
Je poursuis ma lecture des Rougon-Macquart, avec ma découverte de la Curée.

J'aime toujours autant le style de Zola, qui relate dans cette oeuvre, les constructions et destructions dont Paris est victime sous le Second Empire, à travers le regard d'un personnage féminin, Renée. Après avoir été violée, celle-ci épouse Aristide Rougon, devenu Saccard, qui entreprend de s'enrichir en s'engageant dans un domaine important à l'époque : la spéculation... C'est l'occasion pour Zola de dénoncer le régime de Napoléon III, et, bien évidemment, la bourgeoisie. En effet, Renée, désormais admirée par tous les grands personnages du régime, et qui multiplie les amants, n'est pas heureuse...Hélas, ce qu'elle désire n'est autre que l'amour de son beau-fils, Maxime, qui, après avoir cédé à ses caprices, finit par se lasser de cette liaison. A partir de là, nous suivons la chute de Renée, humiliée, usée et isolée, qui finit tragiquement...


Zola est un auteur que j'admire particulièrement, surtout parce qu'il a le don de fasciner son lecteur, à travers des personnages pourtant si communs, mais qui, sous sa plume, deviennent exceptionnels.
Je vais donc continuer cette fresque avec le Ventre de Paris, qui, j'en suis sûre, me plaira !

A lire !!
Commenter  J’apprécie          332
Roman très actuel (on y croise Sarko, Carla -époque Enthoven-, Tapie ou encore Lägerfeld...), c'est un petit bijou de cruauté. Les villes comme les femmes y sont dévorées à belles dents. L'explicit est atterrant!
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Depuis un instant, le soleil avait disparu, un jour livide assombrissait la foule. Le vent se leva, ce fut un brusque déluge, des gouttes énormes, des paquets d’eau qui tombaient. Il y eut une minute de confusion, des cris, des plaisanteries, des jurements, au milieu du sauve-qui-peut des piétons galopant et se réfugiant sous les tentes des buvettes. Dans les voitures, les femmes tâchaient de s’abriter, tenaient à deux mains leurs ombrelles, pendant que les laquais effarés couraient aux capotes. Mais l’averse cessait déjà, le soleil resplendissait dans la poussière de pluie qui volait encore. Une déchirure bleue s’ouvrait derrière la nuée, emportée au-dessus du Bois. Et c’était comme une gaieté du ciel, soulevant les rires des femmes rassurées ; tandis que la nappe d’or, dans l’ébrouement des chevaux, dans la débandade et l’agitation de cette foule trempée qui se secouait, allumait la pelouse toute ruisselante de gouttes de cristal.
Commenter  J’apprécie          260
son Excellence Eugène Rougon

Le matin, au Moniteur, avait paru la démission de Rougon, qui se retirait pour « des raisons de santé ». Il était venu après son déjeuner au Conseil d’État, voulant dès le soir laisser la place nette à son successeur. Et, dans le grand cabinet rouge et or réservé au président, assis devant l’immense bureau de palissandre, il vidait les tiroirs, il classait des papiers, qu’il nouait en paquets, avec des bouts de ficelle rose.
Il sonna. Un huissier entra, un homme superbe, qui avait servi dans la cavalerie.
— Donnez-moi une bougie allumée, demanda Rougon.
Et, comme l’huissier se retirait, après avoir posé sur le bureau un des petits flambeaux de la cheminée, il le rappela.
— Merle, écoutez !… Ne laissez entrer personne. Entendez-vous, personne.
— Oui, monsieur le président, répondit l’huissier qui referma la porte sans bruit.
Rougon eut un faible sourire. Il se tourna vers Delestang, debout à l’autre extrémité de la pièce, devant un cartonnier, dont il visitait soigneusement les cartons.
— Ce brave Merle n’a pas lu le Moniteur, ce matin, murmura-t-il.
Delestang hocha la tête, ne trouvant rien à dire. Il avait une tête magnifique, très-chauve, mais d’une de ces calvities précoces qui plaisent aux femmes. Son crâne nu qui agrandissait démesurément son front, lui donnait un air de vaste intelligence. Sa face rosée, un peu carrée, sans un poil de barbe, rappelait ces faces correctes et pensives que les peintres d’imagination aiment à prêter aux grands hommes politiques.
— Merle vous est très-dévoué, finit-il par dire.
Et il replongea la tête dans le carton qu’il fouillait. Rougon, qui avait tordu une poignée de papiers, les alluma à la bougie, puis les jeta dans une large coupe de bronze, posée sur un coin du bureau. Il les regarda brûler.
— Delestang, vous ne toucherez pas aux cartons du bas, reprit-il. Il y a là des dossiers dans lesquels je puis seul me reconnaître.
Commenter  J’apprécie          60

Videos de Émile Zola (122) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Émile Zola
Début écrivain
autres livres classés : classiqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (202) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages des Rougon Macquart

Dans l'assommoir, quelle est l'infirmité qui touche Gervaise dès la naissance

Elle est alcoolique
Elle boîte
Elle est myope
Elle est dépensière

7 questions
592 lecteurs ont répondu
Thème : Émile ZolaCréer un quiz sur ce livre

{* *}