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EAN : 9782413019886
380 pages
Delcourt Littérature (12/02/2020)
3.66/5   22 notes
Résumé :
« J'avais 37 ans, j'étais sans emploi et fauché. Pour couronner le tout, j'étais sans abri, excepté le casier où je conservais mes fringues et mes affaires de toilettes à Penn Station. Bref, ma vie n'avait rien de glorieux, il fallait juste y survivre, et pour ça, je n'avais personne d'autre à blâmer que moi et mes complices : l'alcool, la cocaïne et un travers bien ancré que mon vieux professeur de philosophie grecque aurait appelé akrasia - une faiblesse de caract... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Parcours de huit mille kilomètres à travers vingt États. Voici le succulent périple de l'auteur dont le titre est dédié à une chanson de Bob Dylan. 1987 : Peter, un Kerouac des temps modernes, fuit New York après avoir claqué le fric qu'il doit à son dealer. N'est-il pas temps, pour lui, de quitter le vent idiot qui le poursuit ? C'est sous une tempête de neige qu'il commence sa route en bus, continue en faisant beaucoup de stop puis apprendra à sauter dans les trains en marche. Des rencontres disparates aux personnages attachants qui vont l'aider ou le ramener sur son passé. Débrouille, tuyaux pour manger ou dormir ou obtenir trois sous, solidarité entre marginaux. L'amour de la littérature y sera toujours présente depuis ses études universitaires. Il lit et prend des notes.
Merci à Masse critique et à l'éditeur Delcourt pour cette belle biographie qui montre que dans la vie rien n'est jamais perdu et que, parfois, il faut descendre au fond du trou pour prendre l'élan afin de mieux rebondir. Sincère et plein d'espoir.
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À New-York, tout roulait bien pour Peter jusqu'à ce qu'il mette le nez dans l'alcool puis la blanche, au point d'en devenir dealer. Une fuite en avant destructrice qui n'aura de fin qu'en touchant le fond, le jour où il la fait à l'envers à Bobby la Batte, son grossiste. Peter n'a plus qu'une seule issue : la fuite, loin de ce « vent idiot », celui qui le pousse à foncer inéluctablement dans les murs qu'il voit pourtant arriver et à renouveler les mêmes erreurs sans jamais en apprendre.

Un saut dans un Greyhound, et il s'échappe de nuit du blizzard de Manhattan en direction de Frisco via la Virginie, la Floride, la Louisiane, le Nevada, l'Oregon… Un road-trip le plus souvent en stop, entrecoupé de portions clandestines en wagons de marchandises, qui le conduira sur plus de 8000 km à traverser 20 états. Pas vraiment le chemin le plus court pour traverser les USA mais certainement celui nécessaire pour se reconstruire, en marchant dans les pas de Kerouac avec les vêtements et les souffrances de tous les SDF d'Amérique, accompagné des écrits d'Orwell, d'Exley, de Bukowsky et de tant d'autres.

« Prendre un nouveau départ sur la côte Ouest me sauverait peut-être la vie, mais je savais pertinemment que cela n'allègerait jamais le poids de la culpabilité pesant sur ma conscience ». Bien plus que les États traversés, ce sont les rencontres de Peter qui vont l'aider à digérer ses regrets : Charlène la serveuse de Richmond, Randall le figurant « mort » des reconstitutions sécessionnistes, mais aussi Kalvin, Sean, Arne et enfin John Detoutefaçon, précieux poisson-pilote de Portland… Autant de portraits de compagnons de fortune ou de galères, autant d'illustrations d'une société US toujours sur la route.

Démarrant comme un roman au rythme soutenu, Idiot Wind de Peter Kaldheim – traduit par Séverine Weiss – évolue rapidement vers le road-trip autobiographique qu'il est, revenant au fil des étapes sur les occasions manquées par Peter durant son passé flamboyant, porté par ce vent idiot dont il n'a jamais su s'abriter. Si j'ai pu regretter par moments une force inégale dans le style de Kaldheim générant un déficit d'empathie pour son témoignage, je me suis finalement laissé à mon tour porté par ce voyage dans le vent, humain, dépaysant et souvent tristement mélodieux.
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Un livre dont le titre est une (excellente) chanson de Bob Dylan accrochera forcément les fans du vieux barde prix Nobel de littérature... Largement autobiographique, le roman de Peter Kaldheim nous narre sa traversée sans le sou et au petit bonheur la chance des Etats-Unis. 8 000 km et vingt États sont ainsi parcourus par le narrateur, qui a pris la tangente et quitté New York pour rejoindre la côte ouest dans une forme de remake assumé et un peu bringuebalant du chef d'oeuvre de Kerouac, Sur la route. Notre anti-héros pourtant diplômé d'une prestigieuse université a peu à peu sombré, perdu son boulot, son domicile, sa copine, dans cet ordre ou dans un autre, pour finir dealer de coke New-yorkais complètement accro à sa propre marchandise. En pleine tempête de l'hiver 1987, Peter n'a d'autre choix que de prendre la route après avoir dilapidé les recettes du stock de cocaïne acheté à crédit auprès d'un vrai dur, une forme d'acte manqué qui le conduit à une rupture aussi radicale que salvatrice.

Débute alors une longue errance en stop et parfois en train de marchandise, transport très prisé par Kerouac et ses compagnons dans les années cinquante ; Peter va à la fois toucher le fond de la misère et trouver une forme de rédemption, à l'instar des clochards célestes dont il suit la trace avec trois décennies de retard. le narrateur découvre les bas fonds de l'Amérique, une vie d'errance aux lendemains incertains, où la survie dépend des repas, habits et couchages offerts par diverses associations d'assistance aux plus démunis. Errant dans un univers de va-nus pieds aussi paumés qu'attachants, il lutte contre les intempéries, la faim, les ampoules aux pieds, les flics en maraude, la perte de ses papiers d'identité, le manque de tout sans jamais se départir d'une étonnante confiance dans son avenir, dans cette idée qu'il existe une lumière au fond du tunnel. C'est cette route chaotique qu'Idiot Wind nous invite à suivre, une route souvent aussi traître que le vent idiot qui souffle dans la chanson, une route peuplée des anges vagabonds qui hantent les ballades hallucinées de l'icône des sixties, de tous ceux qui ont lâché la rampe et continuent à survire, à sourire aussi... Cette route qui traverse les États Unis d'Est en Ouest est évidemment celle de Jack Kerouac dont l'ombre tutélaire plane comme un aigle des rocheuses sur les déambulations chaotiques de Peter.

Idiot Wind est un livre un peu bancal, s'y mêlent des longueurs, une impression de déjà-vu, des instants lumineux, des moments de poésie pure. La pauvreté extrême de Peter et de ses compagnons d'infortune dynamite l'hypocrisie de nos conventions sociales et révèle une humanité que l'on croyait disparue. Au delà de l'hommage rendu à ses héros voyageurs qu'ils soient écrivains beat ou poètes folk, le véritable fil rouge du roman est l'incroyable résilience du héros, sa capacité à ne jamais céder au découragement, à toujours faire face avec une dignité et un humour improbables aux innombrables embûches semées sur son chemin. Cette absence absolue de pathos fait l'originalité du livre et est au fond la plus belle manière de rendre hommage aux laissés pour compte d'une certaine Amérique.
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Peter Kaldheim a été éditeur dans une vie antérieure. Carrière qui tournera court quand il tombera dans la drogue, suivie d'un séjour en prison à Rikers Island. S'en suivra un long parcours cahotant de trimardeur à travers les Etats-Unis. Aujourd'hui il vit à Long Island où il organise des excursions de pêche au large de Montauk. Idiot Wind, qui vient de paraître, est son tout premier livre, un récit autobiographique nous entrainant dans les pas de l'auteur à travers les Etats-Unis durant les mois qui suivirent la tempête de neige qui s'abattit sur New York en janvier 1987.
Peter Kaldheim, surnommé le Chapeau, car toujours coiffé d'un Fédora à la Humphrey Bogart, a arnaqué d'une somme rondelette son dealer, le très dangereux (« c'était un sociopathe ») Bobby Bats. Sans espoir de pouvoir le rembourser, il doit quitter New York en catastrophe, sans un sou en poche et avant que la tempête ne paralyse la ville. N'importe où, mais vite. L'un des derniers bus Greyhound en partance file vers le sud et la Virginie. Banco ! Commence un très long périple, un road-trip, coast to coast, en bus au départ puis en stop, qui le conduira en Floride, Louisiane (Nouvelle-Orléans), Arizona (Tucson), Nevada (Las Vegas), Oregon (Portland), la frontière canadienne et enfin le Montana, dans le parc de Yellowstone.
Peter Kaldheim a fait des études et ne manque pas d'instruction, son bouquin en est la preuve. le récit est truffé de références culturelles diverses : cinéphiles (films et acteurs), musicales (rock), littéraires (écrivains et romans). C'est d'ailleurs Jack Kerouac, figure tutélaire, qui sert de modèle à l'auteur, les citations tirées de Sur la route, surgissent de-ci, de-là, entre les lignes de ce livre particulièrement bien troussé. L'écriture, c'est le point fort du bouquin, pas de longueurs ni ennui ; mon grand-père disait « ça glisse comme le Bon Dieu en culotte de velours » quand il mangeait un truc vraiment délicieux, on pourrait ressortir la métaphore pour ce récit qui se lit d'une traite tant le rythme est entrainant et les anecdotes sympathiques.
Au présent du récit s'ajoutent des flash-back sur le passé de l'écrivain, enfance, carrière professionnelle prometteuse, mariages foirés, l'alcool et la dope, séjour en prison. La longue échappée vers la côte Ouest - il a un job en vue à San Francisco - lui fait croiser des vagabonds dans son genre ou des âmes charitables parfois assez originales comme Sean, un illuminé, héritier fortuné, « guerrier ninja du Christ », Kalvin, un jeune orphelin pour lequel il a beaucoup de compassion, Gino, au passé chargé, avec qui il conduira une voiture de New Orleans à Tacoma, ou encore John, un clodo de Portland qui lui enseigne tous les bons plans offerts par les services sociaux de la ville. le boulot espéré à San Francisco étant tombé à l'eau, c'est un emploi au Yellowstone Parc où il restera cinq ans qui lui offrira, avec l'écriture, la rédemption et au-delà, une nouvelle vie.
J'ai été étonné par la tonalité générale du récit due au caractère foncièrement optimiste de l'écrivain. Jamais il ne s'attarde sur les souffrances ou misères de sa situation, des ampoules aux pieds, certes, la faim, oui, etc. mais il n'en fait guère étalage. Enfin, et ce n'est pas pour être négativement critique mais pour que vous le sachiez avant de vous lancer dans cette lecture, le récit ne propose pas de situations très originales – rien que de très banal pour ces histoires de hobos que tout amateur de littérature américaine connait assez bien -, ni même dramatiques ; il faut aussi préciser que le Chapeau a une chance assez extraordinaire, dès qu'il pourrait être dans une mouise terrible aussitôt la Providence ( ?) lui vient en aide… Tant mieux pour lui car l'homme est du genre sympathique (et ne perdons pas de vue que c'est lui qui parle de lui….) mais j'attendais des épisodes plus durs. Je dis ça, je ne dis rien, mais je le dis quand même. Pour conclure, un récit trop « gentil » pour moi mais extrêmement agréable à lire néanmoins, ce qui est essentiel.
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Avant de donner mon avis sur ce livre, je tiens avant tout à remercier Babélio et l'éditeur Delcourt pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une opération MasseCritique.
J'ai pris du plaisir à lire cette autobiographie, car pour ceux qui ne le savent pas, Idiot Wind est un roman d'aventure, un roman sur la vie. Mais c'est surtout et avant tout une autobiographie. Une autobiographie de Peter Kaldheim qui nous parle au fil des pages, comme si nous faisions le voyage avec lui en tant que compagnon de route. Et le voyage, on le fait, au gré de son écriture que j'ai trouvé fluide et je remercie le travail de la traductrice Séverine Weiss qui a fait un très bon boulot remarquable en retranscrivant je pense la simplicité et l'amour des mots de Peter Kaldheim.
Cette histoire vraie aurait très bien pu être une fiction tant les rebondissement sont nombreux mais je veux bien croire sur parole que tout ce qui se passe dans le livre est bien arrivé à Peter tant la sincérité transpire de son récit.
Parlons du titre tout d'abord : Wind Idiot ou le Vent Idiot pour ceux qui n'aiment pas l'anglais. le Vent Idiot c'est quoi ? C'est ce "vent" qui nous pousse à faire des choses stupides, des actes à l'encontre du bon sens. On sait que ce n'est pas bien mais on le fait quand même. Et Peter, lui va avoir ce Wind Idiot un long moment derrière lui qui va lui souffler derrière les oreilles... Heureusement il va se battre contre cet Idiot Wind.
Au début de l'histoire il se laisse porter par lui, par la facilité pourrait-on dire. Et au fil de son voyage qui va le voir jalonnait une vingtaine d'états, il va se construire, se reconstruire plutôt pour résister à ce vent pour finir par le laisser souffler loin de lui. Ce Vent Idiot se caractérise par plusieurs choses pour lui : la mort de sa seconde épouse Kate qui va l'amener à boire, se droguer et à tomber dans tous les travers. Il va perdre un job pour lequel il était fait (dans le monde de l'édition) pour passer sa vie à dealer. Dealer, ça dure un temps pour lui mais quand il se retrouve à fuir New York car il a des dettes auprès de Bobby la Batte, il se dit qu'il est peut-être temps d'arrêter les conneries et de commencer une nouvelle vie. Il part le jour d'une tempête qui s'abat sur New York en Janvier 1987. Il part sans un sou, en laissant tout derrière lui.
Une vie ça se construit. Une belle vie, ça se mérite. Ca demande de faire éventuellement des sacrifices mais surtout ça demande de se regarder dans un miroir et de se mettre face à ces erreurs, de les assumer pour pouvoir avancer. Ce magnifique voyage, truffé d'embûches, de rencontres (belles, stupéfiantes, renversantes), de remise en questions, d'entraide avec les autres vagabonds vont amener Peter sur le chemin de la rédemption. Quand on est au fond du trou, on ne peut que remonter. Cette phrase s'applique à Peter mais peut s'adresser à n'importe qui qui pense que la vie ne vaut pas la peine d'être vécue. Il est vrai qu'il est plus facile de baisser les bras et de se laisser aller mais il est mieux de se prendre en main et de regarder devant.
Et pour montrer que comme Peter Kaldheim, je suis capable de faire de belles citations, je vais terminer cette critique en citant Albus Dumbledore dans Harru Potter et la Coupe de Feu "Bientôt nous aurons tous à choisir entre le Bien et la facilité"...
Peter avait choisi la seconde option quand il était au fond du trou. Grâce à son voyage rédempteur, il va comprendre que la première option est bien meilleure.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
J’ai agité le pouce sans succès pendant des heures, et tout en regardant défiler les voitures je me suis souvenu de cette vieille histoire de Diogène demandant l’aumône à une statue en marbre. Quand un badaud intrigué l’avait questionné sur son étrange comportement, Diogène avait expliqué qu’il « s’entraînait », « À quoi ? » avait demandé l’étranger. Et Diogène avait répondu : « À être ignoré. »
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Je suis sorti du camion pour aller aux toilettes. En entrant dans la supérette, j’ai été surpris de voir le mur du fond couvert de machines à sous, toutes alimentées en pièces de 25 cents par des voyageurs qui semblaient aussi épuisés de leur voyage que Gino et moi. Je savais que Vegas était la ville du jeu, mais j’ignorais qu’elle portait ce vice tellement chevillé au corps qu’il concernait même les stations-service. Gino m’avait dit que les gens du coin appelaient la ville «Paye perdue». Je comprenais pourquoi désormais.
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Je me suis soudain souvenu d’un vieux proverbe brésilien que Henry Miller aimait à citer : Quand merda tiver valor, pobre nasce sem cu. Quand la merde vaudra de l’or, les pauvres naîtront sans trou du cul.
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Et puis, comme tout menteur ne tarde pas à le découvrir, les mensonges qu’on raconte aux autres sont bien moins nombreux que ceux qu’on finit par se raconter à soi-même.
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Sur l’arche en pierre rustique de l’entrée nord du parc de Yellowstone est inscrit un passage de la loi, votée par le Congrès, grâce à laquelle Yellowstone est devenu le premier Parc national au monde en 1872. On y lit ceci : Pour le bénéfice et le plaisir du peuple.
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