Survivant des glaces

Ayant lu et apprécié presque tous les livres de Mike Horn, je l'ai retrouvé avec plaisir dans cet épisode polaire auquel il a une fois de plus survécu malgré les dangers et les difficultés jusqu'au dernier jour.

Avant la traversée de la banquise et le passage au Pôle Nord, c'est le Mike navigateur qui emmène ses lecteurs en mer de Chine sur son grand voilier Pangaea qui va connaître divers désagréments qui confronteront Mike aux militaires chinois.

Avant la grande aventure polaire, Mike veut tenter une nouvelle fois l'ascension du K2, l'un des maîtres himalayens au sommet duquel il n'est jamais parvenu. Cet épisode d'alpinisme s'insère parfaitement dans la dynamique du héros qui montre toujours ses capacités d'analyse des situations, sachant très bien qu'il renoncera si les risques devaient mettre en péril certain sa vie.

Peut-être davantage dans ce livre que dans les autres, Mike livre ses réflexions sur la vie, l'aventure, la famille, les douleurs et les joies de l'existence. Il n'est pas avare de conseils, il n'est jamais enfermé dans ses certitudes même s'il en possède un grand nombre dont quelques-une priment sur toutes les autres. Une nouvelle fois, il instille à ses lecteurs le courage devant la vie, face à l'adversité, avec de nombreuses références à son vécu de mari et de père. Je me souviens à cet instant de son admiration pour le courage des gens qui vont tous les jours au bureau et ne tutoie pas les étoiles comme lui. Mike, c'est un homme simple, qui aime la vie, les gens, qui sait reconnaître les amis, ceux qui deviennent peu à peu des frères.

Et puis, dans la deuxième moitié du livre, c'est la grande aventure, la traversée au Pôle Nord, en compagnie de Borge Ousland avec qui il a déjà marché dans les glaces en 2006. On retrouve donc les rituels connus dans les précédentes aventures polaires, avec en plus cette fois des développements sur le réchauffement climatique tellement visible sur la banquise.

La fin du livre évoque d'autres projets de Mike qui, même conscient du fait que les années ont passé, une bonne trentaine depuis ses premiers exploits, envisage toujours d'autres possibilités.

Lire un livre de Mike Horn, c'est plus qu'un texte d'aventure, c'est de l'humain à chaque page, avec les pensées et les réflexions souvent émouvantes d'un homme qui connaît la valeur de la vie et sait la transmettre aux autres.

Un destin extraordinaire, suscité peut-être par la réponse que l'ado n'a jamais reçue d'un commandant Cousteau tant adulé?

L'aventure débute par le convoyage mouvementé du super ketch Pangaea qui les conduira, après une tentative pour escalader les 8000 mètres du K2, au pied de leur traversée du pôle Nord.

Les deux cinquantenaires ont choisi la nuit arctique pour bénéficier d'un sol gelé ce qui, réchauffement climatique oblige, ne sera pas toujours le cas. de plus, le pôle Nord, contrairement au pôle Sud n'étant qu'une couche de glace flottante, leur avance vers le nord, halant chacun deux traineaux et 180 kg de bagages, sera désastreusement contrariée par une dérive sud et ce sont deux zombies affamés qui terminent une marche de quasi 2000km, après trois mois de nuit glaciale, soit 20 jours de plus que prévu!
Etonnant, la nourriture qu'ils refusent des deux explorateurs venus à leur secours, car ils tiennent à terminer les 20 derniers km en autonomie.

Mike Horn fait vivre des moments forts, le moment où ils quittent à pied le bateau, le choix de partir seul ou accompagné, l'échelle des besoins juste primaires, les maladresses de l'arrivée. J'ai trouvé très beau les messages qu'il laisse à ses filles au fil du périple ainsi que l'émouvant passage qu'il leurs consacre en fin de livre.

Désir d'absolu et dépassement de soi.

Toujours dans une quête inextinguible d'aventures extrêmes, Mike Horn, la cinquantaine, tente l'ultime prouesse: joindre le pôle Sud au pôle Nord sans assistance ni véhicule motorisé ...!
Et puis, entre les deux, pourquoi pas tenter l'ascension du K2 ?! Voilà un homme tout dans le superlatif, mais jamais à l'affiche.
Outre ses performances surhumaines, il tient à nous passer un message écologique: le réchauffement climatique n'est pas que théorique ! Et ses ravages sont plus que présents dans son périple au pôle Nord avec, par moment, des températures positives alors qu'il devrait faire -15°C!
Certes, ce n'est pas de la grande littérature, mais par la splendeur de la Nature décrite et l'abnégation déployée par ce véritable héro moderne, cette lecture mérite largement le détour.

Ah du Mike Horn, du vrai, du poilu, qui sent mauvais et qui met un pied devant l'autre, qu'il pleuve, vente, neige ou quoi qu'il se passe, un pied devant l'autre, et la distance avec la maison se raccourcit. C'est un récit de dépassement de soi. J'ai même le sentiment que dans les autres livres, il y avait toujours un peu de marge, là, ça semblait franchement tendu. La faute aux éléments qui se déchaînent ? La tâche était-elle trop ardue ? le Mike vieillissant ?

A vrai dire, j'ai senti dans cette lecture, en plus de sa capacité (critiquable mais toujours aussi efficace) à prendre le contrôle de son mental, une maturité, un sentiment de vieux baroudeur qui commence à regarder son parcours avec une humilité, un recul, qui m'ont plu. Moins de brutalité dans le discours, mais dans les actes, que d'extrêmes !!

C'est possible de critiquer le personnage, sa manière de faire, ses choix, mais au moment de peser la difficulté de son expédition, j'ai du mal à imaginer quelqu'un qui trouverait ça facile, commun, banal. Non, c'est extraordinaire, hors du commun justement. Et c'est ce que j'aime dans ses histoires, ça montre à quel point les limites que nous nous mettons sont factices. Oui faire tout ça est possible, et je ne suis même pas sûr qu'il ait eut des prédispositions pour ça, ah si peut être la persévérance, la capacité à regarder au delà des murs, à viser au delà des barrières, son goût du risque. Mais tout ça, ce ne sont que des capacités à aller au delà de ce que l'on imagine impossible.

Et quand on y va, voilà ce que ça donne, ce livre en est un exemple. Et pour ceux qui aiment les récits de contrées hostiles, allez-y les yeux fermés. D'ailleurs, ça tombe bien, la moitié de la traversée du pôle s'est faite de nuit...

J'adore les histoires d'aventure, d'ailleurs c'est aussi ce qui m'inspire pour partir aussi pour explorer des parties de la France, à pied. Alors oui, autant des explorateurs et exploratrices m'inspirent mais Mike Horn, à la lecture de cet ouvrage, représente pour moi un condensé de bêtises : l'auteur revient régulièrement sur le sujet du réchauffement climatique alors que de gros moyens (bateaux, avions, etc.) sont utilisés régulièrement pour satisfaire les envies fous de monsieur. Et après il vient dire qu'il faut aller sur site pour se rendre compte (je vois bien de demander à tout le monde de prendre l'avion pour aller voir si ça fond ou pas sur le cercle polaire ^^). Bref, ce monsieur à un égo démesuré, qu'il reconnait par ailleurs, mais cela ne justifie pas de faire n'importe quoi en tant qu'explorateur. le pompon revient à mettre d'autres personnes en danger pour être sauvé dans ses folles expéditions...