On écoute le dirlo, siphonnés par son langage. Il se plante devant Béru et lui présente son médius.
– Tirez-moi ce doigt, Gros !
Berlué complet, Alexandre-Benoît tire sur le finger. Achille balance alors un gros pet diplomatique, sec comme un coup de talon sur un parquet.
– Votre avis Béru ?
L’expert prend un air doctoral :
– Y a du sentiment, y a même de la force, m’sieur l’dirlo, ça, j’dis pas, moui : d’la force ; question des gaz vot’turbo vous chicane pas ; mais ce que j’reprocherais, c’est manque de moileux. Ça cogne trop sec, c’est pas v’louté, vous comprenez-t-il ? Un vrai beau pet, j’vais vous expliquer.
Il se soulève de son siège, se concentre, lève un doigt pour requérir l’attention générale et largue les amarres. Un vent venu d’ailleurs balaie le burlingue de Monlascart.
*RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE* :
San-Antonio, _Réflexions définitives sur l'au-delà,_ morceaux choisis recueillis par Thierry Gautier, Paris, Fleuve noir, 1999, 120 p.
#SanAntonio #FrédéricDard #Aphorismes #LittératureFrançaise #XXeSiècle