Grand-Passage

J'ai enfin réussi à lire le quatrième des romans sélectionnés pour le Prix Littéraire des Lycées professionnels auquel j'essaie de faire participer des élèves chaque fois que j'en ai l'occasion. Lundi 3 et mardi 4 avril nous aurons l'occasion de rencontrer les 4 auteures lors d'un évènement que nous préparons depuis plus de 6 mois. Et l'aboutissement, c'est-à-dire le vote, aura lieu dans l'après-midi du 4. Pour rappel, les quatre romans sélectionnés sont :
- Ni prince ni charmant, de Florence Médina
- Tout ira bien, de Stéphanie Richard
- Clones de la nation tome 1 : Marie#3 de Maiwenn Alix
- Grand passage, de Stéphanie Leclerc

Ces romans sont tous totalement différents, afin de satisfaire au mieux les goûts des quelques 280 élèves impliqués dans le jury. Si vous souhaitez vous en faire une idée, j'ai écrit un retour sur chacun.

Ici, nous sommes dans un univers qui mêle très agréablement onirisme, enquête sur des disparitions de jeunes filles, une touche de fantastique et roman d'apprentissage. L'auteure a réussi à mixer harmonieusement les ingrédients et le mélange donne un résultat très fluide à lire, même si parmi mes élèves certains ont eu un peu de mal à persévérer au-delà des 100 premières pages. C'est vrai que le démarrage est un peu lent, mais il permet de bien planter le décor et de cerner les conditions de vie du jeune héros. On n'est clairement pas dans le thriller avec rebondissement à chaque page, mais franchement, ce rythme tranquille ne m'a pas dérangé.

L'histoire, en deux mots : Lauris, ado tranquille et sans histoire, vit avec sa mère et le nouveau compagnon de celle-ci dans une maison un peu isolée à proximité de Grand-passage. Sa mère travaille sur une aire d'autoroute, où Lauris va fréquemment retrouver son amie Lalie, fille d'une collègue de sa mère. Mais voilà que Laurie disparaît, et elle n'est que la première...
Petite précision : Lauris a une particularité, il voit depuis sa petite enfance les animaux morts autour de lui, mais comme s'ils étaient toujours vivants, avec leurs blessures et leurs mutilations éventuelles. le superbe cerf de la couverture lui rend régulièrement visite, mais un jour Lauris va le suivre et découvrir comment il a succombé. Et depuis peu, son grand-père vient également le voir, et il semble vouloir lui transmettre un message quelque chose. Peut-être l'identité de son père, qu'il ignore et dont sa mère refuse de parler ?
Lauris a caché sa "particularité" a son entourage, sans doute par crainte qu'on le prenne pour un illuminé. Cela ne l'empêche pas de vivre comme n'importe quel ado, il a des amis, tombe amoureux, prend sa première cuite et se dispute de temps en temps avec sa mère.
L'enquête sur la disparition de Lalie, ainsi que d'une autre jeune fille va bouleverser la vie des habitants de Grand-passage. Comme d'autres lecteurs adultes habitués aux romans policiers, j'ai entrevu l'issue avant la fin, mais je pense que le suspense durera jusqu'au bout pour un lectorat moins rompu à ce type de romans. Certains aspects auraient mérité un peu plus de développement à mes yeux, mais encore une fois, pour mes élèves de 15 ans qui ne lisent pas énormément, c'était bien suffisant !

Je ne me risquerai pas à faire de pronostic concernant le choix des jeunes, mais même si ce roman a de grandes qualités et a été l'un de mes favoris, je pense que leur choix se portera plutôt sur l'un des deux "courts" de la sélection. Verdict mardi soir !

Comme beaucoup j'ai vu beaucoup de bon retour sur ce roman, il a également gagné un prix et puis cette couverture avec ce cerf m'ont attiré.

J'étais bien consciente cependant qu'il s'agit plus d'un roman jeunesse plutôt qu'un roman adulte, cela se sent pour moi au niveau de la plume qui est très fluide à lire, nous suivons ici un jeune garçon qui se nomme Lauris, du jour au lendemain va se mettre à voir des animaux mort.

Cela commence avec les animaux de la forêt et puis un beau jour Lauris va voir son grand-père, ce jeune garçon vivant seul avec sa mère il va donc questionner celle-ci sur son grand-père car au final il connait peu de choses de celui-ci.

Sa mère va donc trouver ces interrogations venues d'un seul coup, plutôt étrange mais elle va petit à petit non sans mal livrer un peu l'histoire familiale.

Sous des airs plutôt fantastiques au début, lé récit se veut donc plus profond sur des fantômes d'être qui ne sont plus présents à une quête d'identité et de racines pour Lauris.

Une jolie découverte.

La couverture et le résumé de Grand-Passage n'étant pas sans me rappeler ceux du délicieux Sur les Ossements des Morts d'Olga Tokarczuk je ne pouvais faire autrement que de me procurer cette oeuvre prometteuse d'onirisme et de poésie. Et alors que j'ai été ravi de retrouver ces éléments, je suis assez perplexe quant à mon ressenti général qui oscille entre merveille et frustration. Ainsi, il y a du très bon comme du moins bon dans l'oeuvre de Stéphanie Leclerc qui, cependant, ne m'a laissé nullement indifférent.

Preuve en est, j'ai littéralement dévoré ce roman et je n'ai pu me résoudre à le refermer sans l'avoir achevé. La prose de cette dernière détient un je ne sais quoi de purement et parfaitement captivant. Son style aérien capte l'attention et se veut des plus percutant qui soit. Avec poésie et sensibilité, l'auteure ouvre les portes d'un univers fascinant et passionnant, à la fois glauque et réconfortant. En ce sens, cette lecture m'a lecture m'a fait traverser énormément d'émotions, aussi opposées les unes que les autres, et me laisse sur une vive et étrange sensation. J'ai été réceptif à toute la dimension mystérieuse et mystique de son roman, parfois légèrement moins à sa part rationnelle qui m'a semblé bien trop prévisible et improbable et impromptu. Destiné à un jeune publique, j'ai très vite compris où désirait m'emmener Stéphanie Leclerc et je suis certain que les plus jeunes lectures ne peuvent êtres qu'étonnés par une telle conclusion. Tout comme je suis certain que les plus grands, comme moi, sauront retrouver leur part d'enfance et sauront se laisser bercé comme je l'ai été.

Il faut dire que Lauris, l'adolescent et personnage principal de Grand-Passage, m'a beaucoup plu et je me suis fortement reconnu en lui quant à certains traits de sa personnalité. Élevé seul par sa mère, ce dernier se pose des questions sur ses racines depuis les étranges visions qu'il perçoit ainsi que la présence de son défunt grand-père dans celles-ci. Ne l'ayant jamais connu, cette envie de découvrir les origines de sont passés se dévoilent vitale pour lui et j'ai été plus que sensible et compréhensif face à cette quête d'identité que j'ai moi-même réalisé en remontant les traces de ma famille grâce à la généalogie. Encore plus quand je sais à quel point j'ai été et suis encore très proche des propres grands-parents qui ont pu m'accompagner dans la vie le plus tard possible. En ce sens, je ne peux qu'être reconnaissant en la vie pour ce précieux cadeau que n'a cessé de me rappeler Grand-Passage. de plus et comme tout bon adolescent qui se respecte, la vie lui pose souvent question et les thématiques abordées telles quel les premiers sentiments amoureux, ceux d'appartenance à un groupe mais aussi le deuil et bien d'autres m'ont tout aussi charmé et intéressé. Stéphanie Leclerc y répond avec songe et douceur mais parfois avec bien trop de parcimonie. J'apprécie l'ambiance énigmatique et impénétrable que cela apporte à ce roman mais j'aurais apprécié que certaines parties soient davantage étoffées tant j'ai été réceptif au style envoûtant de celle-ci. Finalement, le titre de ce roman peut tout aussi bien être une merveilleuse métaphore du passage de l'enfance à l'âge adulte et laisse parfaitement songeur.

Ainsi et quand bien même j'ai passé un chaleureux et délicieux moment en compagnie de Stéphanie Leclerc, je ressors confus et indécis quant à cette lecture à l'ambiance particulière et parfaitement envoûtante. Je ne peux que vous encourager à découvrir cette oeuvre atypique qui, d'une manière ou d'une autre, parviendra à vous marquer comme je l'ai été et qui, une fois achevée, laisse largement matières à réflexion.

Cette lecture a été réalisée à l'occasion du Pumpkin Autumn Challenge – 2022 : Menu Automne frissonnant – Catégorie Ghost hunt.
Lien : https://mavenlitterae.wordpr..

Les fantômes, vous y croyez? Lauris aimerait bien ne pas y croire, manque de chance (quoique...) il les voit...

Voici donc un roman qui s'adresse aux grands ados voire aux jeunes adultes. Un très original mélange de polar-thriller et de conte fantastique...

Lauris Fontaine a 14 ans, il vit très heureux avec sa mère et son beau-père près du village de Grand-Passage. Sa mère avec laquelle il a une très belle relation de complicité travaille sur l'aire de repos de l'autoroute toute proche. Arnaud, le compagnon de celle-ci, est dépanneur sur cette même autoroute, c'est un homme solide, sympathique et fiable avec lequel Lauris a développé des liens d'affection profonde.

Lauris a juste une petite particularité. Il voit des morts... D'abord son grand-père qu'il n'a pas connu avec lequel il parle quand celui-ci veut bien apparaître. Mais aussi des animaux morts... Plein d'animaux.... Des souris, des renards, des oiseaux, des chats, des chiens, des sangliers.... et un cerf. Un très grand et très beau cerf paré de bois majestueux...

Il voit des morts, certes, mais cela n'a rien de morbide ou de malsain. C'est comme ça, c'est la nature. Comme dit son grand-père : La mort n'est qu'une étape dans un cycle. Et puis, il y a le collège et Colin, son copain pot-de-colle un peu plus jeune et beaucoup plus sale. 😁 Colin qui joue les victimes, ronchon et intrusif. Et Géraldine sa "copine".... Et Lila, la jolie Lila, qui disparaît et qu'on retrouve massacrée. Et la neige... et la peur... et les gendarmes...

C'est Lauris lui-même qui raconte sa vie, ses peurs, ses élans d'affection. Stéphanie Leclerc a bâti un personnage pour lequel on a une immédiate empathie, et une petite cellule familiale chaleureuse. Mais un tueur est là qui rôde... Grand-Passage le village, Grand-Passage l'autoroute, Grand-Passage l'adolescence. On avance doucement vers une scène finale formidable, cinématographique (je la "voyais") entre fantômes bienveillants et tueur à ses trousses ! Haletant et explosif !

L'adolescence et la mort, et l'amour-maternel, et l'amour cocon, et les amours adolescentes, et l'amitié... et la vie... longue... ou pas.

Original, onirique, fantastique avec de jolis moments d'émotion... Un cadeau à offrir à vos ados passionnés de lecture et de paranormal... ou de polars atypiques.

Et Stéphanie Leclerc, un talent à suivre...

Grand-Passage est le lieu de tous les fossés et de tous les carrefours. L'embouchure où flottent les incertitudes.

Grand passage entre l'enfance et l'adolescence.
Grand passage entre la vie et la mort.
Grand passage entre les générations.
Grand passage entre le passé et l'avenir.
Grand passage entre notre réalité et le surnaturel.

Grand-Passage est aussi cet endroit enclavé qui pourrait être semblable à bien d'autres. Celui où de tout temps les hommes ont circulé, on fait évoluer la géographie pour l'adapter à leurs moyens de transport. Tout pour ne pas rester bloqués dans ce lieu qui ne voit pas assez la lumière. C'est là où vit Lauris dont la mère travaille justement en bordure d'autoroute et qui va devoir faire face à toutes sortes de questionnements de jeune adolescent alors même que son amie Lali est portée disparue et que son défunt grand-père commence à venir lui rendre des visites inopinées.

Roman d'ambiance sensible et juste, Grand Passage rend palpable cet étrange état qu'est l'entrée dans l'adolescence. Il emprunte aussi bien au thriller qu'au fantastique. Écrit à destination des principaux intéressés, il touchera chez leurs aînés une part de ceux qu'ils ont pu être.