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Qomaandaan Oussama Kandar tome 1 sur 4
EAN : 9782221117156
400 pages
Robert Laffont (03/03/2011)
4.28/5   239 notes
Résumé :

Quand Oussama Kandar, chef de la brigade criminelle de Kaboul, ancien héros de guerre contre les Russes et les talibans, découvre le cadavre de Wali Wadi, il n'imagine pas déclencher l'une de ces séries de minuscules événements qui se terminent en raz de marée. D'après Oussama, l'homme qui gît au milieu de son magnifique salon, une balle dans la tête, ne peut en aucun cas s'être suicidé, comme l'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (55) Voir plus Ajouter une critique
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Un riche homme d'affaires afghan est retrouvé mort à Kaboul. La hiérarchie du qomaandaan Kandar, chef de la brigade criminelle, le pousse à conclure à un suicide. le policier a pourtant de sérieux doutes et décide de poursuivre son enquête.
En Suisse, une mystérieuse agence, l'Entité, se lance à la poursuite d'un puissant directeur financier qui a décidé de disparaître. Nick, l'un des agents de l'Entité, est troublé par le comportement de sa hiérarchie et décide de mener seul son enquête.

L'homme de Kaboul est le second polar de Bannel que je lis, après Baad. Chronologiquement, il est pourtant le premier tome de la trilogie afghane de l'auteur. Et je dois reconnaître que j'ai préféré cette lecture à la précédente.
Sans réellement écrire un polar ethnologique, l'auteur nous immerge dans un Afghanistan post-talibans, dominé par l'alliance occidentale, mais où la corruption, les luttes d'influence religieuses, les conflits tribaux et la guérilla et son lot d'attentats dominent la vie quotidienne. Les aventures du policier Kandar, parfois un peu rocambolesques, permettent à C. Bannel de nous faire toucher du doigt les difficultés et la complexité de la vie dans ce pays.
L'enquête afghane multiplie les rencontres dans la "grande ville", Kaboul (hommes de pouvoir, dignitaires religieux, services de police, commerçants, trafiquants...), et dans les régions plus isolées du nord et du sud du pays (tribus, rebelles ethniques ou religieux...). C'est bien ce qui fait son intérêt.
Le volet suisse de l'intrigue, dans un monde de barbouze et avec la rédemption d'un des héros de l'histoire, est un peu plus convenu...
L'écriture est agréable et fluide. L'alternance entre les enquêtes suisse et afghane, et les événements qui s'enchainent, que l'on ne peut pas réellement qualifier de rebondissements, donnent beaucoup de rythme à la lecture.
Je pense souvent que mon intérêt pour le premier tome d'une série est lié à l'effet "découverte". . Ce n'est pas le cas ici, puisque j'ai lu Baad avant L'homme de Kaboul. Je dirai qu'ici j'ai apprécié le travail de Cédric Bannel pour nous faire découvrir un autre monde, si différent de celui dans lequel nous vivons, investissement qui ressort peut-être moins dans le deuxième opus.
Lien : http://michelgiraud.fr/2021/..
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Excellente histoire, entre polar et roman d'espionnage, un suspense intense.
Kaboul, un homme d'affaire véreux, Wali Wadi est retrouvé « suicidé » chez lui. Il aurait tué son gardien avant de retourner l'arme contre lui. le qomaandaan Oussama Kandar est chargé de l'affaire. Rapidement certains faits vont le faire douter des premières conclusions sur la mort du trafiquant.
A des centaines de kilomètres de là, en Suisse, Nick Snee travaille comme informaticien pour une société privée para militaire de renseignements, Willard Consulting. Un des cadres financiers a disparu avec des renseignements compromettants pour des gens très hauts placés. Lorsque le collègue de Nick, Werner, est descendu lors d'une opération dans un squatte par les mercenaires « K » de sa boite, il décide de mener sa propre enquête qui va l'emmener jusqu'au qomaandaan Kandar.
Première enquête d'une trilogie afghane, Cédric Bannel raconte une histoire qui attrape dès les premières pages le lecteur et ne le lâche plus jusqu'au point final de cette aventure épique. C'est très bien narré et extrêmement bien documenté. le contexte géopolitique de ce pays en guerre depuis plus de quarante ans est très bien détaillé et expliqué. Il y a quelques longueurs mais qui ne nuisent nullement à la qualité de cette histoire rocambolesque.
« L'homme de Kaboul » est un roman à découvrir et Cédric Bannel un auteur assurément à suivre.
Editions Robert Laffont, Points, 543 pages.
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Épreuves du roman de Cédric Bannel, à paraître le 3 mars.

" - À quoi pensais-tu en appuyant sur la détente ? demanda Oussama. - À appuyer sur la détente. " (p. 9) Dès les premières lignes, on rencontre Oussama Kandar, commandant en chef de la brigade criminelle de Kaboul, un homme qui ne s'en laisse pas compter. Appelé sur les lieux d'un suicide, Oussama Kandar est dubitatif. le cadavre de Wali Wadi n'est pas celui d'un suicidé, il s'agit d'un meurtre. " Ceux qui parvenaient à échapper aux attentats, aux gangs, aux règlements de compte, aux crimes familiaux et aux fatwas lancées par les talibans étaient assez peu portés sur le suicide. En Afghanistan, chaque jour vécu en un seul morceau était un don de Dieu. " (p. 10) Mais son enquête à peine entamée, Kandar est sommé de ne pas faire de vagues et de er au plus vite cette affaire. le ministre de la Sécurité du pays, Khan Durrani, semble particulièrement pressé de voir ce cas au fond d'un tiroir. Oussama Kandar comprend que l'affaire dépasse celles qu'il traite d'ordinaire. " Pour une raison qu'il ignorait, le gouvernement souhaitait enterrer l'affaire. Khan Durrani était là pour dissuader ses propres services de faire leur boulot. " (p. 16) Pendant ce temps, en Suisse, la disparition d'un homme déclenche une opération d'envergure. Nick Snee, analyste pour l'Entité, découvre les travers et les crimes de l'organisation qui l'emploie, " une structure dont l'ADN était tourné vers la violence plus que vers l'intelligence. " (p. 123) Alors qu'un certain dossier Mandrake s'avère délicat voire explosif en Suisse comme en Afghanistan, Nick et Oussama, sans le savoir, traque la même vérité au nom de valeurs communes.

Le personnage d'Oussama Kandar est finement travaillé. L'homme est un policier intègre et pieux, un musulman pratiquant mais tolérant, comme une balise au sein d'une religion qui effraie tous les jours. Oussama a choisi son camp et c'est sans compromis qu'il accomplit sa tâche, quelle que soit l'origine des pressions qu'il subit. " Se prénommer Oussama n'était pas un atout lorsqu'on était qomaandaan de police dans un pays occupé par les forces de l'Otan... " (p. 12) " En tant que fonctionnaire du régime, Oussama était une cible pour les talibans, même s'il était connu pour sa piété. " (p. 13) Oussama est pris entre deux feux : entièrement dévoué à son pays, même s'il inspire crainte et respect, sa position reste fragile dans un monde tiraillé entre deux puissances qui veulent chacune déchirer la plus grosse part de la proie.

Malalai, épouse d'Oussama, est une femme vive d'esprit et intelligente. Gynécologue et tenue par la loi islamique de ne soigner que des femmes, elle se révolte discrètement mais fermement contre le société machiste et intégriste qui étreint et étouffe le pays. La burqa la révolte, la soumission imposée aux femmes l'indigne et la charia ne la convainc pas toujours. Membre du RAWA, elle court de grands risques pour faire reconnaître les droits des femmes en Afghanistan. Malalai est le pendant féminin d'Oussama. Ils forment un couple uni, certes par l'amour, mais surtout par le partage de valeurs telles que la probité ou le respect. Bien que peu active au sein de l'intrigue, Malalai imprègne de sa présence tout le texte, comme une odeur subtile mais tenace de fleurs écrasées.

Ce polar décrit avec habileté un pays dont on ne cesse de parler mais qui reste difficile à comprendre. Des traces subsistent de la présence russe et du régime taliban. L'Otan peine à apaiser le pays et " la présence de la Coalition avec son lot de bavures et de vexations imposées aux populations locales " (p. 10) fait régner une atmosphère pesante que renforcent les attentats suicides et la résignation des habitants. le regain islamiste se fait sentir partout, les talibans sont infiltrés dans toutes les administrations et institutions du pays. le président Hamid Karzaï, s'il n'intervient pas directement dans le récit, apparaît comme un homme de paille. L'Afghanistan semble dirigé par des ministres complaisants voire véreux. La corruption est omniprésente, les dollars et les afghanis changent de main et alimentent un marché noir prodigue en armes et en produits interdits. Kaboul est une ville sous pression, prête à exploser de toute part.

Bien qu'en reconstruction, les travaux étant financés par les apports occidentaux, la ville abrite des quartiers d'une misère extrême où le progrès n'est qu'un lointain mirage. L'auteur dépeint avec précision et intérêt des coutumes et des traditions qui échappent souvent à l'entendement occidental. La politesse, la hiérarchie ou les salutations entrent autant dans le mode de vie des Afghans que les vêtements ou la nourriture. Même si l'Occident s'impose peu à peu, avec ses tenues décontractées et colorées et ses pratiques jeunes et libérées, l'Afghanistan conserve indéniablement un passé traditionnel qui s'accomplit dans tous les gestes du quotidien.

Tous ces éléments font déjà du roman un très bon texte. Mais le meilleur réside dans la construction des enquêtes. Dès les premiers chapitres, les victimes et les coupables sont connues. Les armes et le mobile sont au rendez-vous. Il ne manque que la pièce à conviction principale, le dossier Mandrake, qui fait traverser à Nick la moitié du monde et qui fait retourner Kaboul par Oussama. Dans cette chasse au trésor maudit, une paire de chaussures rouges peut tout faire basculer. La révélation finale, après quelques épisodes haletants, est presque secondaire. Sans l'avoir lu, on se doute que le dossier Mandrake est une poudrière à proximité d'une mèche. Peu importe ce qu'il contient, on sait que cela ne pourra pas être révélé. Car Cédric Bannel évite avec habileté et intelligence l'écueil du complot mondial. Une phrase de la fin du roman est lourde d'une sagesse effrayante : " affaiblir l'Amérique, c'est provoquer l'éclatement assuré de l'Afghanistan. " (p. 386) On ne peut le nier, l'échiquier mondial a entamé une partie complexe qui nous dépasse tous. Et c'est avec modestie voire délicatesse que Cédric Bannel referme une porte qui ne peut rester ouverte. Si les terroristes ne sont pas forcément ceux qui portent barbe et keffieh, ce n'est pas un livre qui peut déranger la fourmilière. La fin du texte est en demi-teinte, parfaitement conforme à la réalité : les 'gentils' n'emportent pas d'éclatantes victoires et la punition des 'méchants' est loin d'être assez lourde. Mais l'auteur ne fait pas oeuvre polémique. Son récit, puissamment ancré et nourri d'un contexte politique particulier reste une fiction menée avec talent et précision. Ce roman présente une plume assurée et une intelligence affûtée.

Un grand merci à Violette de Canalblog et aux éditions Robert Laffont pour m'avoir fait parvenir les épreuves de ce livre. N'hésitez pas à visiter le blog consacré au livre !
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Très bon roman à caractère d'espionnage, de géopolitique, concernant l'Afghanistan, les talibans. On part d'un meurtre déguisé en suicide qu'il faut élucider malgré des influences de politiques dominantes. Les descriptions du pays et de la vie courante en font aussi un bon essai sur le pays.
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Un bon polar qui nous emmène, notamment, aux quatre coins de l'Afghanistan. L'auteur, Cédric Bannel, nous dépose au centre de ce pays d'Asie centrale - ou plutôt vers l'ouest -, à Kaboul, une ville éphémère peuplée de personnes vivant encore avec le souvenir et surtout l'influence de l'invasion des troupes soviétiques à la fin des années soixante-dix ou encore avec la crainte et la peur de cet ancien "gouvernement" islamiste, celui des Talibans, cassé en 2001 par la coalition.

Une intrigue intéressante, passionnante et bien ficelée qui nous fait voyager entre la Suisse et l'Afghanistan, à pieds ou au volant de vieux 4x4 Toyota déglingué sur des chemins terreux et dangereux, en compagnie de personnages bien variés; des salopards, des faux-culs, des paumés, des trafiquants, des terroristes, des femmes soumises, violées et humiliées mais aussi des femmes fortes et combattantes. Mais je retiens surtout l'image d'un homme juste, intègre et incorruptible, Oussama Kandar, la cinquantaine, chef de la police criminelle de Kaboul. Un homme qui croit encore en la justice, qui tente de l'appliquer, ce qui se fait de plus en plus rare dans ce pays corrompu. Un homme très croyant aussi, correct et modéré, qui n'hésitera pas à dérouler son tapis de prière au beau milieu d'une perquisition. Un homme qui a la foi et qui en aura bien besoin.

Kaboul. Une ville que Cédric Bannel semble bien connaître et/ou un auteur très bien documenté. Nous évoluons dans cette ville dépravée, avec ses bazars immenses, ses ruelles étroites où chaque recoin semble annoncer un danger imminent. Une ville déstabilisée, en sursis, au sein de laquelle tout se règle à grands coups de Kalachnikov. Les attentats suicide se succèdent et sèment la mort au hasard, dans une rue ou encore dans une autre, sur une place et encore dans une autre rue, ceci au gré de la demande et des personnes qui s'y trouvent... Les dommages collatéraux, ce n'est pas grave, l'important c'est le résultat. Inch'Allah et on recommence...

Une ville encore bien marquée par les actes barbares des Talibans, un gouvernement qui a pourtant été démoli, mais qui garde toujours quelques têtes hors de l'eau, prêts à reprendre le pouvoir. Ce n'est d'ailleurs pas le gouvernement actuellement mis en place qui va leur donner beaucoup de difficulté à revenir sur le devant la scène. Mais cela, Dieu seul le sait! Lequel au fait?

Je vous ai parlé avant d'Oussama Kandar. Ce flic expérimenté qui, dans le passé, s'est battu avec hargne contre les Talibans, se retrouve sur une nouvelle enquête; un suicide. La victime est un homme riche, puissant, pas trop net, qui trafiquait un peu à gauche et à droite; il s'est visiblement flingué après avoir abattu son domestique. Egalement sur place (étonnant?), le ministre de la Sécurité, corrompu et pire qu'une girouette, tente de clore rapidement l'affaire en privilégiant la thèse du suicide. Kandar, quant à lui, ce suicide il n'y croit pas du tout et va le prouver. Avec ses hommes, il va aller jusqu'au bout pour découvrir la vérité; envers et surtout contre tous, ou presque...

Parallèlement, l'auteur nous entraîne à Berne, en Suisse, au sein d'une organisation un peu particulière, une structure chargée de missions secrètes oeuvrant pour le compte de gouvernements ou de multinationales. Cette organisation recherche activement un homme qui détient des informations qui ne doivent en aucun cas être dévoilées au grand public, un certain rapport "Mandrake". le fugitif reste introuvable, malgré une magnifique et mémorable chasse à l'homme qui se déroule dans un grand squatte dégueulasse de Zurich; à gerber. Bref, l'homme s'est fait la malle et le retrouver devient une priorité mondiale.

Mais voilà, nous apprenons qu'une copie de ce rapport accablant se situe en Afghanistan, détenu par une autre personne. Il s'agit de l'homme qui s'est "suicidé" à Kaboul, respectivement la victime dont s'occupe Oussama Kandar. le document n'a cependant pas été retrouvé. le responsable de cette fameuse structure à Berne, sous l'impulsion de son client influent, donne carte blanche à ses équipes pour stopper et éliminer toute personne susceptible de découvrir ce fameux rapport.

Oussama Kandar, avec son acharnement à vouloir effectuer son travail dans les règles de l'art, devient bien malgré lui un homme à abattre à tout prix. Une puissante chasse va alors débutée dans ce pays d'Asie centrale; mais notre flic, bien que pourchassé et traquée de tout les côtés, va vouloir qu'une seule chose, aller jusqu'au bout de son enquête, quitte à mourir.

Trois personnes vont jouer un rôle clé dans cette affaire extrêmement délicate et complexe. Oussama Kandar, évidemment, mais aussi le mollah Bakir, un chef Taliban - modéré, cultivé et très bien renseigné - auprès de qui notre flic trouvera une aide très précieuse. Contact ambigu entre ces deux hommes que tout oppose, à savoir les idéaux, la politique et la conception de la vie. Par ce personnage d'ailleurs, l'auteur nous apprendra beaucoup sur la vie afghane, les coutumes et les rapports humains, sur les Talibans bien sûr mais aussi sur la politique du pays; instructif et passionnant! Une troisième personne clé dans cette intrigue, Nick, un brillant mathématicien suisse qui bosse pour cette organisation basée à Berne et qui s'est vu remettre le dossier du fugitif qui détient ce fameux rapport. Nick est bon, très bon même, mais commencerait à en savoir un peu trop, surtout au goût de ses supérieurs.

Un trio qui va éventuellement nous faire la lumière sur cet étrange secret qui sème bien des morts sur son passage, une bombe à retardement qui peut faire changer le cours des choses si elle explose au grand jour. Qu'est ce qui peut bien relier un fugitif en Suisse-allemande et l'Afghanistan?

Je retiens encore trois choses dont l'auteur nous fait part lors du déroulement de son intrigue. D'abord, au niveau des procédures police, c'est fascinant, un autre monde! Nous sommes loin des "Experts à Miami"... Les moyens sont restreints; je repense à Kandar qui doit appeler une collègue de la police russe pour obtenir un set, périmé de surcroît, servant à révéler des résidus de poudre sur les mains d'une victime. J'ai également été frappé par la droiture de ce flic qui, pourtant, lors d'une perquisition, laisse tout de même un de ses hommes emporter un pavot d'un demi-kilo pour se faire un peu d'argent pour faire vivre sa famille, ou alors une bouteille d'alcool (prohibé là-bas) à revendre pour quelques sous. Ah c'est clair, on est loin de nos procédures! Leur code pénal est d'ailleurs assez malléable non? Jugez plutôt:

"Le code pénal était un curieux mélange de tradition afghane et de droit occidental: les gardes à vue étaient limitées par la loi à soixante-douze heures, mais rien n'interdisait de facto de torturer les suspects pendant ce délai, ce dont la police se privait rarement dans les affaires de terrorisme."

Seconde chose, l'auteur nous parle beaucoup de la vie privée d'Oussama Kandar, un homme qui cultive un énorme respect envers l'autre, mais surtout envers son épouse. Nous sommes témoins d'un couple que je qualifierais de moderne, qui respecte les valeurs de l'islam, mais qui tente d'évoluer et de conserver un respect mutuel fort. Une épouse qui se bat justement pour les femmes en Afghanistan, pour leur liberté et leur considération qui n'existent absolument pas. Des femmes humiliées, traitées avec mépris, qui n'ont pas plus de valeur qu'un animal. L'auteur, par la voix de Malalai Kandar, nous plonge dans cet univers malsain, dans ce pays hostile et injuste pour les afghanes, mais la voix de cette femme courageuse donne de l'espoir pour ses êtres camouflées sous leur burqa qui restent, pour l'heure, réduites à l'état de merde, n'ayons pas peur des mots. L'impulsion des Talibans donnée lors de leur règne n'est pas prête de s'effacer dans ce pays...

La troisième chose revient un peu à ce sujet. Lors de son périple, respectivement lors de sa traque, Oussama Kandar nous fait grimper dans les hautes montagnes afghanes, au nord-est de Kaboul, dans des contrées extrêmement hostiles, primitives et dangereuses. Nous rencontrons ce qui se fait de plus primitif comme peuple afghan, des combattants arriérés vivants comme à l'âge de pierre, des hommes frustes, violents et déments, qui interprètent le Coran à leur manière... Immoral! Jugez plutôt par ce passage qui m'a fait extrêmement mal, mal pour ce pays qui ne risque pas d'évoluer de sitôt:

"- vous l'avez tous violée et lapidée! s'exclama mollah Bakir, horrifié.
- pas violée, mollah, consommée, selon les règles de l'islam, qu'Allah soit loué, elle y a pris beaucoup de plaisir. Nous sommes tous vigoureux. J'ai consommé mon mariage le premier, hier en début d'après-midi, et encore avant la prière de cinq heures, et encore après la prière. J'ai consommé mon mariage toute la soirée, Allah m'est témoin que la santé était avec moi, j'étais fort comme un taureau. Puis Abdul a consommé, et Muhammad après lui, et Hazrat après Muhammad, et Younous après Muhammad. Toute la nuit. Abdullah, Zalmay, Bismullah, Wahid, Sebghatollah, Jarollah, Zarar... tous l'ont honorée de leur ferveur, et Allah m'est témoin qu'elle est grande. Peut-être que la fille n'a pas encore été lapidée, peut-être certains guerriers ont-ils mis du temps pour consommer leur mariage, eux aussi."

Cédric Bannel nous lègue une intrigue internationale fort intéressante, peut-être pas si fausse par rapport à la réalité, dans un contexte très dur, soit finalement la vie de tous les jours d'une afghane ou d'un afghan. Par sa plume très descriptive et précise, il nous plonge profondément dans cette atmosphère où les bombes explosent les unes après les autres autour de nous - suivies d'une pluie de membres et de peau calcinée -, et où les coups de Kalasch nous frôlent le bout du nez sans s'interrompre. Pour ma part, j'en ai appris beaucoup et je dois admettre que c'est pire que ce que j'en savais déjà... Mais l'Afghanistan semble également être un magnifique pays, géographiquement parlant, peut-être qu'un jour... Allez bonne lecture, n'hésitez-pas.

Ah! un petit détail pour l'auteur; en tant que suisse je me sens obligé de lui en faire part: les billets de 5 francs suisse n'existent pas, et non... ;-)

Bonne lecture.
Lien : http://passion-romans.over-b..
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critiques presse (1)
Liberation
08 juillet 2013
Une plongée sans concession dans un pays déchiré par la guerre civile, dévoyé par la corruption de ses dirigeants, déboussolé par les offensives meurtrières des talibans et révolté par les opérations aventureuses de l’Otan.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
La méthode de détournement comporte trois schémas distincts.

Le premier consiste à répondre à des appels d’offres truqués pour de grands équipements civils : usines de traitement des eaux, de production électrique, de fabrication de produits de première nécessité. Une fois l’appel d’offres gagné par le consortium, l’équipement fait l’objet d’une fausse livraison, après qu’une ébauche de bâtiment est sortie de terre. Le « bâtiment » est détruit avant son inauguration officielle par un attentat, imputé aux rebelles irakiens ou afghans.
La preuve du forfait disparaît ainsi d’elle-même : qui va vérifier qu’un tas de avats ne correspond pas à ce qu’il était censé être ? Plus de deux cents grands équipements publics ont été concernés, pour un montant cumulé de un milliard neuf cents millions de dollars.

Le deuxième schéma consiste à livrer des produits ou équipements périssables fantômes : fausses livraisons d’essence, d’eau potable, de rations alimentaires, de farine, de produits de première nécessité. Ces fausses livraisons sont en outre surfacturées, avec des surcoûts de l’ordre de trente à cinquante pour cent justifiés par les problèmes d’approvisionnement liés aux bandes armées qui sévissent dans les deux pays. Des dizaines de milliers de fausses rotations de camions prétendument équipés de gardes de sécurité ont été facturées aux autorités irakiennes et afghanes de reconstruction. J’estime que près du quart de l’essence, de l’eau potable, des engrais, du sucre et de la farine achetés par les gouvernements afghan et irakien ces trois dernières années n’existaient pas. Au total, ce schéma de détournement a permis de subtiliser deux milliards sept cents millions de dollars.

Le troisième schéma consiste à répondre à des appels d’offres militaires truqués : contrats de techniciens et de spécialistes payés deux à trois fois leur prix ; équipements dernier cri facturés au prix fort et remplacés à la livraison par des matériels dépassés achetés au marché de l’occasion ; fausses livraisons d’armes. Des centaines de chars, de véhicules blindés, de munitions, d’équipements de guerre électroniques, de lances-roquettes, de jeeps… commandés par ces pays n’ont jamais été livrés, pour la simple raison que les divisions qu’ils étaient censés équiper n’existent pas. Plusieurs rapports officiels, dont l’un du Sénat américain, ont prouvé dès 2006 que près de vingt pour cent des effectifs de l’armée irakienne n’existaient que sur le papier. Mais personne ne s’est jamais posé la question des équipements de ces unités fantômes. Les membres de la commission des affaires étrangères américaine que nous avons achetés ont bloqué toute enquête sérieuse. Si l’on avait vraiment cherché, on aurait découvert que plus de quatre-vingt mille soldats irakiens imaginaires ont mangé des rations alimentaires, bu de l’eau en bouteille, utilisé des litres d’essence, consommé des uniformes, tiré des cartouches… Le même phénomène a eu lieu en Afghanistan. Ce dernier schéma de détournement a permis de subtiliser près de trois milliards et demi de dollars
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C'est le coran qui exige que les femmes passent l'aspirateur et pas les hommes peut-être ? En Amérique, les hommes passent l'aspirateur chez eux.
- Malalai, c'est absurde. Aucun homme ne passe l'aspirateur !
- si je l'ai lu dans un magazine.
- C'est un mensonge.
- non, je l'ai lu. Il y avait même une photo avec l'article.
- c'était un homosexuel dans ce cas, pas un vrai homme.
- encore une parole intelligente, bravo, de mieux en mieux.
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" Ceux qui parvenaient à échapper aux attentats, aux gangs, aux règlements de compte, aux crimes familiaux et aux fatwas lancées par les talibans étaient assez peu portés sur le suicide. En Afghanistan, chaque jour vécu en un seul morceau était un don de Dieu." (p. 10)
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[…] Oussama reconnut plusieurs sortes de poupées. Malalai lui en avait expliqué le rôle. Elles servaient autrefois pour l’auscultation des femmes, qui désignaient l’endroit où elles avaient mal sur la poupée, afin que le daktar ne les touche pas. Depuis les talibans, ces poupées n’avaient plus d’utilité car aucun médecin homme ne pouvait approcher de femmes, même par le truchement d’une poupée. Elles n’étaient plus que le témoignage d’une période révolue.
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Il habitait loin du centre de Kaboul, dans le quartier pauvre de Khirkoma, son salaire ne permettant pas de s’offrir mieux, même en y ajoutant celui de son épouse. Évidemment, s’il avait accepté des pots-de-vin, ou si sa femme avait officié dans le secteur privé, les choses auraient été différentes. Il aimait pourtant l’animation et la joie qui régnaient dans ce quartier familial, où beaucoup de voisins se fréquentaient, hommes et femmes de leur côté naturellement. Son grand plaisir, le samedi, était d’aller à pied jusqu’au marché de Panjsad Familli, tout près de chez lui, pour y déambuler sans but au milieu des vendeurs d’oiseaux.
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