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EAN : 9782262035099
640 pages
Perrin (05/05/2011)
4.31/5   16 notes
Résumé :
La première biographie de Margaret Thatcher en français. Un portrait magistral et tout en nuance de la « Dame de fer » au destin hors du commun.

Janvier 1979. L'Angleterre travailliste est paralysée par des grèves massives. L'électricité est souvent coupée et le chaos s'installe. Le 3 mai, Margaret Thatcher est élue avec un vigoureux programme conservateur et libéral. Onze ans plus tard, en novembre 1990, elle est renversée par son propre parti. Son... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
« La Dame de Fer » ! Savez-vous que ce sont ses ennemis jurés qui l'ont baptisée ainsi ? Oui, sans doute, mais lesquels ? Les mineurs grévistes de 84-85 qui pensaient la renverser (tous ne l'étaient pas, et elle sut soutenir ceux qui voulaient travailler au péril de leur intégrité physique: « on les appelle les jaunes, ce sont des lions »), Non. Les militaires argentins qui prirent d'assaut les îles Falkland que nous appelons Malouines ? Non, ils y perdirent leur pouvoir dictatorial et n'eurent pas le loisir de lui trouver un surnom. Ses adversaires politiques travaillistes ou ceux qu'elle dérangeait dans son propre part conservateur ? Non plus. Les universitaires, les intellectuels ou les journalistes politisés de la BBC qu'elle n'aimait pas et qui le lui rendaient bien ? Non. le cinéaste Ken Loach, le chanteur Renaud ou un autre des ces « artistes engagés » qui ne pouvaient la souffrir ? Non, manque d'imagination sans doute. Les activistes de l'IRA qui faillirent réussir à la tuer à Blackpool ? Non plus. Les inventeurs de cette insulte, c'en était une dans leur bouche, furent les rédacteurs du journal de l'Armée Rouge qui avaient ainsi désigné leur plus pugnace adversaire à l'heure où l'objectif de Moscou était de désarmer l'Europe de l'Ouest.
Quinze ans après sa mort, vingt-huit après son départ du 10 Downing Street, il est peut-être temps de s'instruire et d'échapper aux slogans ou aux anathèmes grâce à cette excellente biographie. Outre son parcours depuis l'épicerie familiale et l'église méthodiste de son enfance jusqu'au sommet, ses décisions politiques et ses convictions, vous découvrirez quantité de citations et d'anecdotes sur celle qui fut la première femme à diriger un pays européen. Vous comprendrez pourquoi tant d'honneurs se sont abattus depuis qu'elle a quitté la vie politique pour entrer dans l'Histoire. Citons en deux parmi d'autres.
D'abord, le 21 février 2007, elle assiste à l'installation de sa statue à la Chambre des communes, aux côtés des effigies de Winston Churchill. Premier chef de gouvernement britannique à avoir sa statue de son vivant, elle déclare à cette occasion : « J'aurais préféré une statue en fer, mais le bronze me convient. Au moins, elle ne rouillera pas. Et, cette fois, j'espère que la tête restera en place » (elle fait allusion à une précédente sculpture d'elle, en marbre, du sculpteur Neil Simmons, exposée à la Guildhall Art Gallery et décapitée en 2002 par l'artiste Paul Kelleher dans un geste de protestation symbolique).
Ensuite, pour son enterrement, la Reine en personne, qui n'assiste qu'aux enterrements des membres de la famille royale, était présente. En soixante-six ans de règne, elle fit deux exceptions, la première pour Winston Churchill, l'autre pour Margaret Thatcher.
Vous apprendrez pourquoi certains la surnommait aussi TINA, vous saurez si elle avait raison ou tort de réclamer à Bruxelles « I want my money back », comment elle, « la dame de fer », fut la première dirigeante étrangère à prendre la parole à la télévision soviétique ou par quel concours de circonstances elle échappa à la mort que lui avaient préparée les artificiers de l'IRA. Que pensait-elle de ses « collègues », Jimmy Carter, V Giscard d'Estaing ou H. Schmidt ? Pourquoi sut-elle repérer, avant tous les autres, un des membres du Politburo de l'ère Brejnev-Andropov qui se nommait Gorbatchev ? de l'épicerie familiale, des discussions du soir avec son père, de l'église méthodiste jusqu'à la trahison finale de ses lieutenants, plus « wets que dries » comme elle disait, en passant par la grève des mineurs et les bases de la paix en Irlande, vous approcherez un formidable personnage de roman, un étrange animal politique qui « pense que les promesses électorales sont faites pour être tenues » et dont les adversaires travaillistes eux-mêmes finirent par reconnaître, par la voix de leur porte-parole en 1997, que : « finalement, nous sommes tous devenus thatchériens.»
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J'ai lu cette biographie de Margaret Thatcher car c'est un personnage que je ne connaissais pas bien et j'étais curieux de voir pourquoi elle divise encore aujourd'hui l'opinion des uns et des autres.
Je crois, malgré ma maigre connaissance du personnage, que c'est une biographie plutôt correcte et relativement (j'insiste sur le mot) objective. J'ai trouvé l'ouvrage bien écrit et concis lorsqu'il le fallait.
Quant au personnage de Margaret Thatcher, et bien j'imagine que tout n'est jamais tout noir ou tout blanc!
En tout cas, je ressors content de cette lecture car j'ai appris beaucoup de choses sur une période que ma génération ne connaît pas forcément très bien.
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Une biographie utile, relativement limpide, fouillée et qui place bien la prespective.
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Livre légèrement orienté par moments mais qui offre une très bonne biographie de cette icône qu'est Margaret Thatcher
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
En France, on a souvent coutume de considérer l'écrivain Jonathan Coe comme le plus talentueux pourfendeur des maux de la société thatchérienne. Le Testament à l'anglaise vient sur toutes les lèvres. L'auteur y décrit à la fois les turpitudes de l'upper class et les tourments d'un écrivain mercenaire dont la compagne finit par mourir, faute de soins en raison des listes d'attente dans les hôpitaux. Mais quelles que soient les qualités du roman, c'est une oeuvre de fiction qui ne dessine nullement une image fidèle de l'Angleterre sous Margaret. D'abord, si les problèmes du NHS sont évidents, il serait malhonnête de les mettre à son débit. Elle a hérité d'une situation calamiteuse. Mais il est évident que sous la plume d'un habile romancier, il n' y a pas mieux pour faire pleurer Margot...
En revanche, là où le livre se trompe complètement, c'est lorsqu'il présente le royaume thatchérien comme celui des patriciens de bonne souche et des aristocrates de vieille race. C'est tout le contraire. C'est pour cela qu'au parti conservateur, elle croisera le fer avec les "old good fellows", contre la camarilla des vieux étoniens ou la coterie des élégants d'Oxbridge. Même si c'est d'une manière un peu précipitée à son goût, elle s'attachera à ce que son successeur soit d'origine modeste. John Major vient de l'Angleterre d'en bas. Au culte de la naissance, elle entend que succède celui du mérite et du travail.
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Pour un simple visiteur, entrer à Westminster est déjà un choc. C'est à la fois Reims et Saint-Denis, l'autel du Sacre et la Nécropole des Rois, le Panthéon, l'Assemblée nationale et le Sénat. On est saisi par la majesté des lieux, par leur unité aussi...on dirait une cathédrale dédiée à la gloire d'Albion. Les rois s'y marient, s'y font couronner, y dorment du sommeil de la terre. Poètes ou hommes d'état, tombes et cénotaphes mêlés, les ombres des Grands Hommes les veillent. Milton, Disraeli, Shakespeare, Gladstone, James ou Byron, ils sont plusieurs centaines, comme autant de frères aînés à marquer la singularité de la Via Britannica. C'est là aussi que siègent la Chambre des Communes et la Chambre des Lords, le Parlement, cette promesse de liberté donnée au monde bien des siècles avant la Révolution française. C'est là qu'a pris forme un modèle politique admiré par Voltaire, vanté par Montesquieu, loué par Tocqueville, imité partout, égalé nulle part : le modèle de Westminster.
Pour un parlementaire, c'est plus impressionnant encore. C'est un labyrinthe de salles, de bureaux, de couloirs; on recense plus de mille pièces. On imagine le choc pour une jeune femme de 34 ans.
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Il se produit alors une chose unique dans l'histoire soviétique, preuve s'il en était besoin que le système se fissure, qu'il ne croit plus en lui-même ou en tout cas qu'il a perdu la vigueur de ses antidotes et la force d'interdire. Margaret Thatcher est autorisée à donner une interview à trois journalistes de la télévision soviétique. Pour la première fois un chef d'état occidental parle à la population, sans filtre et sans censure. Elle insiste sur la supériorité militaire soviétique, sur le déploiement unilatéral des SS20, sur les avantages de la vie à l'Ouest. Elle n'est même pas coupée. Modestement, elle indique dans ses Mémoires que "cette interview avait eu un impact énorme sur l'opinion soviétique". En 1976, Boris Eltsine dira dans une interview à The Economist : "L'interview de Mrs. Thatcher marqua la fin du système d'Etat soviétique." C'est exagéré, bien sûr. Mais il y a une part de vérité.
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Mais, avant tout, elle était méthodiste. On ne comprend rien à Margaret Thatcher si l'on ne saisit pas l'essence du méthodisme dans lequel elle a baigné.
La "parabole des talents" est la pierre angulaire des méthodistes. Donner le meilleur de soi-même, le meilleur des talents reçus de Dieu, est la plus belle manière de lui rendre hommage et d'assurer son salut personnel. La parabole des talents est une méthode. Elle impose une morale exigeante, mais aussi, à la lire littéralement, une obligation de travailler dur pour acquérir davantage, un devoir de corriger l'autre lorsqu'il se trompe et de l'aider, mais seulement s'il le mérite. De l'exigence morale à l'intolérance, le pas est vite franchi. Quant à la charité, quand elle est subordonnée au mérite de celui qui reçoit, il est permis de se demander s'il s'agit encore de charité. Certaines mauvaises langues ont pu avancer que le méthodisme, c'était "le ciel au Bon Dieu et la terre aux banquiers". Sociologiquement, c'est en tout cas "la religion des marchands prospères et des riches fermiers" selon le mot de Peter Jenkins.
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Le "Maiden Speech" (discours de jeune fille) est une institution typiquement britannique. A chaque session parlementaire, les noms de cinq ou six nouveaux élus sont tirés au sort dans un chapeau pour présenter une proposition de loi de leur cru. Autant dire que nombreux sont ceux qui n'interviennent qu'en fin de législature, voire jamais, en cas de dissolution anticipée. La chance, cette alliée indispensable de tout grand destin, est au rendez-vous de Margaret. Son nom sort en deuxième.
Lorsqu'elle s'avance le 5 février 1960 pour prendre la parole, elle sait qu'elle joue son va-tout. Impeccablement vêtue de bleu acier, pendant vingt-sept minutes, sans jamais consulter ses notes, elle débite un texte à la fois lyrique et précis, appuyé par un feu roulant de faits et de chiffres. Elle rappelle que l'Angleterre et le pays de Galles dépensent chaque année plus de 1,4 milliards de livres versées par le budget de l'Etat, cite des anecdotes - les conseils municipaux transformés en officines occultes du parti travailliste ou des syndicats - rappelle de saints principes qu'elle appuie du poing et de la voix : "Nous avons le droit de savoir comment notre argent est dépensé."
Quand elle se rassoit, la Chambre sait qu'un nouvel orateur est né. Elle a réussi là où Disraéli avait échoué en se ridiculisant lors de son Maiden Speech. La loi est adoptée par 152 voix contre 39. La presse est unanime : "Un triomphe" titre le Daily Telegraph, "Une nouvelle étoile est née" proclame le Daily Express, "La gloire et Margaret ont fait amies hier" s'enthousiasme le Sunday Telegraph.
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Vidéo de Jean-Louis Thiériot
Jean-Louis Thiériot et Esther Leneman reviennent sur le phénomène Margaret Thatcher au micro de Bruce Toussaint.
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