Au rang des épisodes méconnus de la seconde guerre mondiale, la bataille de
Bir-Hakeim figure dans les tout premiers. Je n'ai pour ainsi dire aucun souvenir d'en avoir entendu parler durant mon cursus scolaire, ou alors juste une référence à peine plus exhaustive qu'une note de bas de page. C'est là qu'internet révèle ses bienfaits, puisqu'une fois le terrain élagué de ses innombrables exégètes malhabiles s'ouvre une voie fertiles en experts/passionnés désireux d'éclairer la lanterne de profanes tels que moi. C'est donc au détour de charmantes vidéos concoctées par
L Odieux Connard et
Nota Bene que j'appris l'existence d'un des plus beaux faits d'armes des Forces Françaises Libres. Deux semaines de siège dans un coin paumé du désert Lybien durant lesquelles les bataillons tricolores et la Royal Air Force anglaise vont tenir en respect les forces de l'axe...à 1 contre 10. La curiosité se transformant en vif intérêt, je me procurai l'un des ouvrages de référence sur le sujet, écrit par
François Broche, fils de l'officier Félix Broche mort durant l'affrontement.
Un mot pour résumer les 200 pages, factuel. Avec pédagogie, Broche énumère le contexte, les forces en présence, les enjeux, les étapes du conflit jusqu'à son conclusion, et même un petit complément sur quelques points de débats. À l'issue de cette découverte littéraire, on mesure avec plus d'acuité l'impact de ce duel et le tournant qu'il a permis sur la campagne d'Afrique et bien sûr dans la résistance française. Beaucoup de citations, notes et références permettent d'établir les faits dans leur complexité ; on ne tombe jamais dans un lyrisme déplacé ou la glorification boursouflée. Effet pervers : on laisse peu de place aux récits ou pensées des soldats en première ligne. Broche polarise essentiellement son ouvrage sur les commandants tels Koening, Messmer, Amilakvari et leur homologue allemand
Erwin Rommel. Symboliquement et comme l'indique son auteur, les Forces Françaises Libres étaient "une étonnante synthèse de la France". En d'autres termes, la résistance tirait sa force d'un assemblage cosmopolite, réparti en une multiplicité d'ethnies : français, belges, allemands, espagnols, indochinois, libanais, égyptiens, tahitiens, malgaches, congolais, algériens, syriens, tunisiens,...Avec un tel panel, il eut été intéressant d'entendre les voix de ceux ayant rendu possible cette victoire stratégique. Autre point noir : l'absence de carte. Ce qui peut poser problème surtout dans la phase contextuelle, puisqu'il est préférable d'avoir la géographie de ce théâtre d'opérations en tête pour en saisir les tenants/aboutissants. L'auteur corrigera ce défaut dans son livre définitif
La Cathédrale des sables.
Pour ceux qui souhaitent découvrir l'évènement avec une myriade d'informations utiles,
Bir Hakeim est la porte d'entrée idéale. le point de vue est global, ce qui offre une certaines lisibilité sur les différentes phases du siège. Et de rappeler que, contrairement à une idée reçue (et fausse), la France a démontré son courage et son acharnement face à l'oppresseur au même titre que ses alliés.