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EAN : 9782221502082
68 pages
Editions Seghers (01/11/1973)
4.56/5   18 notes
Résumé :
Edition bilingue.
En 1943 le grand poète chilien a fait l'ascension du Macchu Pichu qui lui a inspiré une série de poèmes qui seront plus tard intégrés à son "Chant Général", dont il constitue l'un des chapitres les plus connus.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce chef d'oeuvre de Pablo Neruda, composé de douze strophes en vers aux rimes assonantes, a été intégré à son Chant général mais a été composé de façon autonome alors qu'il est de retour au Chili en 1943 après des missions consulaires en Orient, Amérique Latine et en Espagne. C'est lors d'un voyage au Pérou qu'il découvre le site de Machu Picchu, à la lisière entre l'été et l'automne, et entame ce long poème, véritable quête de connexion spirituelle, émotionnelle et romantique entre le moi lyrique et la terre mère.
Par une errance introspective dans les ruines majestueuses d'un empire disparu, le poète en capte le temps cyclique et la géographie naturelle pour les transposer dans un temps et un espace indéfinis qui peuvent être contemporains, proposant une coexistence sensible entre présent des latinos américains et passé des Incas. Puis le poète interpelle la mémoire des incas exploités anonymes qui ont bâti la ville sacrée, mémoire plus déterminante que celles de leurs souverains despotiques, redonnant vie et sens à leur héritage laborieux, unissant leur douleur de vivre au destin de tous les exploités du temps présent.

S'il l'auteur interroge dans ces vers sa propre trajectoire poétique et individuelle, le moi poétique de Neruda s'unit au collectif des laborieux et démunis pour leu donner un temps et une voix universels, conférant une dimension incroyablement lyrique à son engagement politique et son idéal humaniste, offrant une vision singulière à la fois sensible et épique de l'Histoire comme de la nature latino-américaine.
Hauteurs de Machu Picchu constitue selon moi la partie la plus brillante et la plus poétiquement essentielle de son Chant général.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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C'est avec un grand plaisir que je découvre les poèmes de cet écrivain, diplomate, homme politique et Prix Nobel chilien.
Un recueil de poèmes enchanteurs en édition bilingue. Un voyage poétique qui interroge sur la place de l'Homme et qui fait renaître les peuples natifs d'Amérique du Sud au milieu des vestiges et des ruines de l'ancienne cité incas. Je ne connaissais pas cet homme et ses poèmes. Je suis particulièrement ravie de cette découverte
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Du passé au présent, du cosmos à l'outil de l'ouvrier inca qui donna sa sueur pour l'édification d'une gloire que les vents effacent, le souffle du poète se fait synthèse de l'immense et de l'humble, il nous emporte dans sa montée visionnaire de cet "escalier" de l'Histoire des civilisations.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Hauteurs de Macchu-Picchu


XI

À travers la confuse splendeur
À travers la nuit de pierre, laisse-moi plonger la main
Et laisse palpiter en moi comme un oiseau mille ans prisonnier
Le vieux cœur de l’oublié !
Laisse-moi oublier aujourd’hui ce bonheur plus ample que la mer.
Car l’homme est plus vaste que la mer avec ses îles,
Et il faut tomber en lui comme en un puits pour rejaillir du fond
Avec un bouquet d’eau secrète et de vérités englouties.
Laisse-moi oublier, large pierre, la proportion puissante,
La mesure transcendante, les pierres de la ruche,
Et le long de l’équerre, laisse-moi glisser
La main sur l’âpre hypoténuse du sang et du cilice.
Quand le condor furieux, comme un fer à cheval aux élytres rouges,
Me frappe les tempes, dans sa ligne de vol
Et quand l’ouragan, de ses plumes de carnassier, balaie la sombre
 poussière
Des perrons obliques, je ne vois pas la bête rapide,
Je ne vois pas le cercle aveugle de ses griffes,
Je vois l’être antique, le serviteur, l’endormi
Dans les champs, je vois un corps, mille corps, un homme, mille
 femmes,

Sous la rafale noire, noirs de pluie et de nuit,
Avec la lourde pierre de la statue.

Jean Brisecaillou, fils de Wiracocha,
Jean Mangefroid, fils d’étoile verte,
Jean Piednus, petit-fils de la turquoise :

Monte, et nais avec moi, frère !

//Traduit de l’espagnol par Roger Caillois
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Hauteurs de Macchu-Picchu


XII
Extrait 3

Moi, je viens parler par votre bouche morte.
Unissez à travers la terre toutes vos
Silencieuses lèvres dispersées
Et depuis vôtre abîme, durant toute
Cette longue nuit, parlez-moi
Comme si j’étais retenu par la même ancre que vous,
Racontez-moi tout, chaîne après chaîne,
Maillon après maillon, pas à pas,
Affilez les couteaux que vous avez conservés
Mettez-les-moi dans la poitrine et dans les mains
Comme fleuve d’éclairs jaunes
Comme fleuve de tigres enterrés
Et laissez-moi pleurer, des heures, des jours, des ans
Des âges aveugles, des siècles sidéraux.

Donnez-moi le silence, l’eau, l’espérance

Donnes-moi la lutte, le fer, les volcans.

Comme autant d’aimants, suspendez à moi vos corps.

Envahissez mes veines et ma bouche.

Parlez par mes mots, parlez par mon sang.

//Traduit de l’espagnol par Roger Caillois
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Hauteurs de Macchu-Picchu


X
Extrait 3

Antique Amérique, fiancée submergée.
Tes doigts aussi,
Au sortir de la forêt, jusqu’à la vide altitude des dieux,
Sous les étendards nuptiaux de la lumière et sous l’honneur,
Mêlés au tonnerre des tambours et des lances,
Tes doigts aussi, tes doigts aussi,
Ceux qui portèrent la rose abstraite et la ligne des froids, ceux
Qui portèrent la poitrine ensanglantée du nouveau céréale,
Jusqu’à la trame de matière rayonnante, jusqu’aux dures cavités,
Avec eux, avec eux, Amérique enterrée, as-tu gardé au plus profond
De tes entrailles amères, comme un aigle, la faim ?

//Traduit de l’espagnol par Roger Caillois
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Hauteurs de Macchu-Picchu


XII
Extrait 1

Monte, et nais avec moi, frère !

Donne-moi la main, du fond
De ta douleur éparse.

Tu ne reviendras pas de l’épaisseur des pierres,
Tu ne reviendras pas du temps souterrain,
Ni ne reviendra ta voix rauque
Ni ne reviendront tes yeux perforés.

Regarde-moi depuis le fond de la terre
Laboureur, tisserand, pasteur taciturne :
Dompteur des vigognes tutélaires :
Maçon du traître échafaudage :
Porteur d’eau chargé des larmes des Andes :
Joaillier aux draps broyés :
Semeur tremblant dans sa semence :
Potier répandu dans sa glaise.


//Traduit de l’espagnol par Roger Caillois
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Hauteurs de Macchu-Picchu


XII
Extrait 2

Apportez à la coupe de la vie nouvelle
Vos vieilles douleurs ensevelies.
Montrez-moi votre sang, votre sillon
Dites-moi : ici, je fus puni
Parce que la gemme fut sans éclat, parce que le sol
Ne donna pas à temps la pierre ou le grain.

Désignez-moi la pierre où vous êtes tombés,
Le bois où vous fûtes crucifiés
Eclairez pour moi les antiques silex,
Les vieilles lampes, les fouets collés
Aux plaies à longueur de siècles
Et les haches brillantes sous le sang.


//Traduit de l’espagnol par Roger Caillois
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Vidéo de Pablo Neruda
« […] « La poésie est parole dans le temps », Machado (1875-1939) n'a pas cessé de l'affirmer. Encore fallait-il que le temps ne se résumât pas à la pression immobile du passé sur la circonstance, ni la parole au simple ressassement de l'irrémédiable. Certes Machado […] a éprouvé une manière d'attirance étrange devant la négativité et la noirceur du destin de l'Espagne. Il ne s'y est point abandonné. Ou plutôt, avec une véhémence souvent proche du désespoir, une tendresse mêlée de répulsion et de haine, il a tenté, longuement, d'en sonder les abîmes. […] La poésie - Machado, seul de sa génération, s'en persuade - n'a plus pour tâche de répertorier pieusement les ruines ; elle se doit d'inventer le futur, cette dimension héroïque de la durée que les Espagnols ont désappris dans leur coeur, dans leur chair, dans leur langue depuis les siècles révolus de la Reconquête. […] […] Nostalgique de l'Inaltérable, à la poursuite du mouvant… Par son inachèvement même, dans son échec à s'identifier à l'Autre, la poésie d'Antonio Machado atteste, et plus fortement que certaines oeuvres mieux accomplies, la permanence et la précarité d'un chemin. Hantée par le néant, elle se refuse au constat de l'accord impossible. Prisonnière du doute et de la dispersion, elle prononce les mots d'une reconnaissance. Elle déclare la tâche indéfinie de l'homme, la même soif à partager. » (Claude Esteban.)
« […] “À combien estimez-vous ce que vous offrez en échange de notre sympathie et de nos éloges ? » Je répondrai brièvement. En valeur absolue, mon oeuvre doit en avoir bien peu, en admettant qu'elle en ait ; mais je crois - et c'est en cela que consiste sa valeur relative - avoir contribué avec elle, et en même temps que d'autres poètes de ma génération, à l'émondage de branches superflues dans l'arbre de la lyrique espagnole, et avoir travaillé avec un amour sincère pour de futurs et plus robustes printemps. » (Antonio Machado, Pour « Pages choisies », Baeza, 20 avril 1917.)
« Mystérieux, silencieux, sans cesse il allait et venait. Son regard était si profond qu'on le pouvait à peine voir. Quand il parlait, il avait un accent timide et hautain. Et l'on voyait presque toujours brûler le feu de ses pensées. Il était lumineux, profond, car il était de bonne foi. Il aurait pu être berger de mille lions et d'agneaux à la fois. Il eût gouverné les tempêtes ou porté un rayon de miel. Il chantait en des vers profonds, dont il possédait le secret, les merveilles de la vie ou de l'amour ou du plaisir. Monté sur un Pégase étrange il partit un jour en quête d'impossible. Je prie mes dieux pour Antonio, qu'ils le gardent toujours. Amen. » (Rubén Darío, Oraison pour Antonio Machado)
0:00 - Titre 0:06 - Solitudes, VI 3:52 - du chemin, XXII 4:38 - Chanson, XLI 5:39 - Humour, fantaisies, notes, LIX 7:06 - Galeries, LXXVIII 7:54 - Varia, XCV, Couplets mondains 9:38 - Champs de Castille, CXXXVI, Proverbes et chansons, XXIX 10:14 - Champs de Castille, idem, XLIII 10:29 - Prologues. Art poétique. Pour « Champs de Castille » 12:17 - Générique
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