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EAN : 9782221114346
324 pages
Robert Laffont (10/10/2013)
3.72/5   57 notes
Résumé :
1944, New York. Robert Prentice a dix-huit ans et s'apprête à rejoindre l'Europe pour servir son pays. Après une enfance dévorée par les extravagances de sa mère, aspirante sculptrice, il va pouvoir montrer à tous – et surtout à lui-même – qu'il n'est pas qu'un fils, celui d'Alice Prentice, posant nu devant elle pour donner forme à ses délires d'artiste. Abreuvé d'idéalisme, nourri d'héroïsme hollywoodien, il croit, lui aussi, avoir un destin d'exception. Or, à la g... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Robert Prentice a tout juste dix-huit ans en 1944 lorsqu'il part en France sous le drapeau américain. La guerre y fait rage encore. le jeune homme veut servir son pays, lui être utile, donner de sa personne. Devenir, pourquoi pas un héros de guerre, être reconnu... se sentir vivant.
Car jusqu'ici Bobby a toujours vécu dans l'ombre de sa mère, Alice, une femme originale et exubérante. Aimante à en être étouffante, elle élève son fils seule. Ce gamin, qu'elle trimbale partout n'est-il pas finalement l'homme de sa vie ? Ayant en elle une confiance absolue, elle est persuadée qu'elle deviendra une grande sculptrice. Robert est d'ailleurs son modèle attitré. Il prend la pose des heures durant, patiemment, devant le regard moqueur des autres enfants. le petit garçon puis l'adolescent vit avec et pour la passion de sa mère sans ne jamais broncher supportant les déménagements, les amants, les amis, les dettes, les rêves d'Alice. Il s'efface devant elle. Connaissant à peine son père, que sa mère a quitté parce qu'il était trop gentil, trop sérieux, trop calme et si peu aventureux, Robert est complètement dépendant de cette femme, son unique référence.
Lorsqu'il a l'opportunité de s'éloigner d'elle, il n'hésite pas. C'est l'échappatoire qu'il attendait depuis longtemps. La guerre dans laquelle il s'enrôle est sa guerre à lui, celle qu'il va mener contre lui-même. Couper le cordon maternel, vivre pour lui, sans elle.
Mais, il sera un piètre soldat, constamment à côté, enchaînant les échecs, les brimades. On est loin du héros de guerre qu'il aurait aimé être. Lui qui espérait que les combats feraient de lui un homme, le délivreraient de l'emprise de sa mère, lui feraient une place, rien d'exceptionnel ne lui arrivera. Il sera un soldat parmi d'autres, et la seule chose qu'il « attrapera » sera une sévère pneumonie.
Deux destins voilés, qui ne trouveront pas la lumière tant espérée. Deux personnages voués à la défaite. Même s'ils se débattent pour s'en sortir, leurs acharnements semblent inutiles comme si tout était joué d'avance. Leurs rêves sont inatteignables pour des gens comme eux, aux petites existences médiocres.
Richard Yates a mis beaucoup de lui dans ce roman, en partie autobiographique. Et cela se sent à la lecture. Il est assurément un des plus grands écrivains américains. Ce roman sur la désillusion est un chef d'oeuvre.
Lien : http://lesmotsdelafin.wordpr..
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Un destin d'exception : qui n'a pas rêvé d'avoir une vie sortant de l'ordinaire ? mais pour Alice Prendice c'est une certitude , la valeur de ses sculptures va obligatoirement être reconnue et toutes ses décisions et pensées sont dirigées vers ce but.

Elle entraine dans ce sillage d'illusions et de vie bien au dessus de ses moyens et de la pension alimentaire qu'elle perçoit de Georges son ex mari , son fils , Bobby balloté depuis son plus jeune âge de ville en ville .
Bobby, à son tour, cherche une certaine reconnaissance en s'engageant à , à peine 18 ans, dans l'armée pour participer à la fin du conflit mondial en Europe en 1944;
Après une préparation militaire trop courte, l'arrivée sur le théâtre des combats de ces jeunes hommes et en particulier de Bobby, voit leurs idéaux se transformer en incompréhension et en décalage permanent .

Roman présenté à deux voix selon les époques , celles d'Alice et ses délires et de Bobby et ses doutes.

Richard Yates a l'art de nous rendre attachants ces deux personnages totalement hors réalité et finalement foncièrement malheureux et désadaptés face à une vie qui ne correspond pas à leur rêves .

Une belle lecture !
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Agréable à lire. Cela se passe en 1944 en Amérique dans le Camp Pickett en Virginie, le soldat de première classe Robert J. Prentice, dit Bobby, a dix-huit ans quand il s'engage. Et on le comprend car il veut quitter le cocon étouffant qu'a tissé autour de lui sa mère, Alice, divorcée de George Prentice à trente-huit ans seulement trois ans après sa naissance.
A l'armée, il fait la connaissance de deux bons camarades : John Quint puis Sam Rend. Ils prennent le Queen Elizabeth pour rallier les côtes anglaises et ensuite la Normandie puis arrivent par le train en Belgique rejoindre la 57ème division. Prentice va être messager pour la deuxième section. Ils vont tous rejoindre le secteur de la septième armée en Alsace et participer à l'opération de la « poche de Colmar ». le roman n'est pas uniquement axé sur la bataille menée par les américains en Europe lors de la seconde guerre mondiale. Il y a beaucoup de retours en arrière pour nous expliquer la vie de Bobby avant son engagement sans doute pour en justifier le sens. Si la description de la vie militaire de Bobby est intéressante, la vie de sa mère Alice l'est tout autant. Beaucoup de péripéties. Elle a constamment des besoins d'argent et déménage très souvent. Son amour de la sculpture ne la nourrit ni elle ni son enfant. J'ai vu sur d'autres commentaires babeliotes que c'était plus ou moins l'autobiographie de l'auteur. C'est vrai que cela a des accents de vérité et que c'est un fort témoignage sur la vie américaine citadine en ces années troublées et aussi que la guerre de 39-45 fut une drôle de guerre. Pas de héros, juste des hommes assez gauches qui essaient le mieux qu'ils peuvent de sauver leur peau. Et pour Prentice, « la chose qui lui apparaissait avec la plus grande clarté, c'était qu'il avait dix-neuf ans, que la guerre était terminée et qu'il était en vie » et s'il n'a pas eu le destin d'exception qu'il recherchait en s'engageant, il peut maintenant se construire là-bas en Amérique. Il est encore jeune et en pleine possession de ses moyens.
J'ai apprécié le léger décalage recherché par l'auteur, en bref, l'humour anglo-saxon qui fait qu'aucune situation n'est désespérée et qu'il faut ironiser sur ses faiblesses. Pour moi, Prentice m'a rappelé Tom Hanks dans Forrest Gump. La même fraîcheur d'esprit.
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Alice Prentice s'est toujours pensée promise à un destin d'exception. Son talent de sculptrice sera forcément reconnu, elle aura une exposition à New York. En attendant, elle refuse de s'abaisser à de basses tâches pour gagner sa vie. Elle vit des largesses d'amis et de son ancien mari, un honnête homme trop terre à terre pour elle. Accumulant les dettes et les déménagements, elle entraîne son fils Robert dans sa bulle illusoire. Il doit croire au talent de sa mère, être son soutien indéfectible face au regard de plus en plus critique de leur entourage. En grandissant, Robert est de moins en moins dupe : "Les sujets qu'elle abordait étaient sans importance, il savait ce qu'elle cherchait à lui dire. Cette petite femme désespérée et délicate, fatiguée et assoiffée d'approbation, lui demandait de convenir avec elle que sa vie n'était pas un échec total. Se souvenait-il des bons moments ? Se souvenait-il de tous ces gens bien qu'ils avaient connus et de tous les endroits intéressants où ils avaient vécu ? Et, en dépit des erreurs commises, en dépit de la dureté du monde à laquelle elle s'était tant heurtée, se rendait-il compte qu'elle n'avait jamais renoncé à lutter ? Savait-il à quel point elle l'aimait ? Et, malgré tout, ne voyait-il pas quel être remarquable, talentueux et brave il avait pour mère ?" le poids des illusions d'Alice finit par être trop lourd à porter pour Robert. Lui aussi souhaite un destin d'exception. C'est pour cela qu'il rejoint l'armée en 1944 dès ses 18 ans. Bientôt l'Europe et le champ de bataille où il pourra s'illustrer.

"Un destin d'exception" est un roman très autobiographique à l'image de certaines nouvelles de Richard Yates ("Oh, Joseph, je suis si fatiguée", "Une permission exceptionnelle" ou "Et dire adieu à Sally" qui sont dans le recueil "Menteurs amoureux"). Lui-même fut élevé par sa mère sculptrice après le divorce de ses parents. Instable sentimentalement, son enfance le fut également géographiquement puisque les déménagements se succédèrent. Comme Robert Prentice, Richard Yates fut envoyé au front durant la seconde Guerre Mondiale, en France puis en Allemagne après l'armistice. Il rentra à New York en 1946. Ses expériences nourrissent bien entendu cette fiction et notamment les scènes de combat où règnent pour Robert Prentice la confusion et l'impuissance. Il y apprendra qu'il n'y a pas de héros sur un champ de bataille, seulement des hommes qui font ce qu'ils peuvent pour survivre.

Le coeur du roman est la relation mère-fils, une relation exclusive, étouffante où Robert n'est là que pour croire au rêve de sa mère. Mais la gloire tant espérée n'adviendra pas, le rêve américain n'est pas pour eux. Il les laisse au bord de la route avec leurs vies inaccomplies. Alice est un personnage agaçant tant elle gâche l'enfance de son fils. Mais elle est aussi terriblement attachante dans son aveuglement, sa foi dans son talent la rend vulnérable et pitoyable. Incapable de vivre dans la réalité, Alice se retrouve dans la situation qu'elle abhorrait mais cela ne met jamais en berne son optimisme délirant ! Robert doit apprendre à s'éloigner, à se montrer cruel pour enfin vivre sa propre vie.

Extrêmement bien écrit et bien construit, "Un destin d'exception" est d'une justesse remarquable. Ce roman démontre une nouvelle fois l'immense talent de Richard Yates, l'un des plus grands écrivains américains de sa génération.
Lien : http://plaisirsacultiver.wor..
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Un bon roman. Alice Prenctice est une artiste qui croit qu'elle a un grand talent et ne va pas tarder à réussir. Après avoir essuyé plusieurs échecs amoureux et financiers, elle élève seule son fils Robert. Elle reporte sur lui de grandes ambitions et sa confiance en un bel avenir. Elle le "couve" énormément et croit en son potentiel tout en l'étouffant. A 18 ans, pour fuir cette ambiance, Robert s'engage à la fin de la guerre en France pour combattre les allemands. Il veut devenir un héros mais gauche et maladroit il ne s'illustre par aucun acte de bravoure. Il ne réussit qu'à contracter une pneumonie ! Lui aussi, comme sa mère, croit qu'il aura un "destin d'exception". Roman cruel et noir sur la désillusion. Très psychologique et bien écrit. Les scènes de guerre m'ont cependant un peu ennuyée.
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critiques presse (4)
LaPresse
22 janvier 2014
Mort en 1992, l'écrivain américain Richard Yates a été quelque peu oublié. Son oeuvre est pourtant d'une grande qualité et la maison d'édition Robert Laffont a entrepris de publier les traductions de ses principaux romans.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LaLibreBelgique
19 novembre 2013
Son écriture racée et son éclatante noirceur font de Richard Yates l’un des meilleurs écrivains américains à souligner combien l’existence peut être obstinée dans sa cruauté.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Liberation
23 octobre 2013
La vie de Robert Prentice semble culminer en désenchantement dès sa première grande expérience, celle de la guerre. Il y arrive un peu tard, mais assez tôt pour participer aux derniers combats et espérer devenir un héros. Les chapitres où on le suit ont une précision, une sobriété, une sensibilité et une nervosité qui font aussi du livre un grand roman de guerre.
Lire la critique sur le site : Liberation
Telerama
16 octobre 2013
Dans Un destin d'exception, c'est une relation mère-fils que Richard Yates ausculte, avec la justesse absolue qui est son talent propre et admirable.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Prentice mangea accroupi par terre, l'assiette en équilibre instable sur sa cuisse, trop loin des dos, des coudes et des têtes remuant au dessus de lui pour être associé à la conversation , trop embarrassé pour apprécier son repas. La scène illustrait trop bien , et de manière trop caricaturale, sa place au sein de la section : il était l'homme voué à arriver trop tard, le laissé-pour-compte et, surtout, le soldat cantonné à une position trop subalterne pour qu'on le remarque .
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« Prentice se détourna, gêné ; mais son malaise ne fit qu'augmenter quand il surprit les regards intimidés et admiratifs que lui coulaient deux soldats impeccables, semblant tout juste débarqués des Etats-Unis, qui attendaient dans la file derrière lui. Comme il était aisé de jouer les héros en pareille situation ! Ici, dans cette pièce, à des centaines de kilomètres du danger, n'importe quel imbécile, n'importe quel lâche pouvait se pavaner auréolé de prestige, à condition d'être assez crasseux pour avoir l'air de revenir du « combat ». Ce n'était pas juste, et alors que cette injustice crispait ses traits sous les yeux des nouveaux venus, il comprit que sa raideur, au même titre que les traînées de poussière et les tâches de dentifrice, ne faisait que renforcer l'image erronée qu'ils se forgeaient déjà de lui. »
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« La guerre s'était terminée trop vite. Il n'avait pas eu l'occasion de se racheter (…). Sa vie n'avait plus de sens. Il ne lui restait plus qu'à la vivre, jour après jour, et savourer une paix et un luxe qu'il avait le sentiment de ne pas mériter. »
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La vérité pleine et entière était plus complexe. Parce qu'il était venu à New-York de son propre chef, mû par une impatience sincère, même. Il était venu chercher refuge au creux de ce nid douillet de "mensonges", d'optimisme infondé, d'éternelle espérance qu'un destin d'exception les attendait, de certitude inébranlable que la brave Alice Prentice et son Bobby étaient uniques, importants, immortels.
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La question de savoir si elle aurait été embarrassée de s’entendre appeler « madame Nelson » ne se posa jamais : personne ne l’appelait à Scarsdale.
Chaque matin, des trains alimentés à l’électricité transportaient les hommes vers la ville, et tous les enfants disparaissaient derrière les murs de l’école. Seules dans leurs grandes demeures impeccables, les femmes regardaient les heures interminables s’écouler en cycles de tâches banales – c’était du moins ainsi qu’Alice les voyait de son troisième oeil. Elles effectuaient sans doute leurs corvées sans conviction, donnaient des instructions à leurs domestiques, se peignaient les ongles, se coiffaient, passaient des heures au téléphone les unes avec les autres pour tromper leur lassitude, parlaient du club de bridge, de lunchs, du rôle de l’association des parents d’élèves. Alice n’eut aucun moyen de découvrir si leur existence comportait quoi que ce soit de plus intéressant puisque personne ne se donna la peine de l’appeler, ni même de lui rendre une visite de courtoisie – pas plus que leurs époux ne firent mine de reconnaître Sterling dans le train, apparemment. Scarsdale se comportait comme si Alice et Sterling n’existaient pas.
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Quel écrivain américain a dépeint avec un réalisme cruel l'enfer pavillonnaire et les naufrages intimes de la classe moyenne ?
« La fenêtre panoramique », de Richard Yates, c'est à lire en poche dans la collection Pavillons chez Robert Laffont.
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