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EAN : 9782259229906
192 pages
Plon (23/04/2015)
4.38/5   8 notes
Résumé :
" Ma mère, Geneviève de Gaulle, faisait partie du "convoi des 27 000' avec la mère de Germaine Tillion ; elles devinrent amies pendant le transport vers le camp de Ravensbrück en février 1944. Elles y retrouvèrent Germaine, internée depuis plusieurs mois. Les deux jeunes femmes survécurent, Madame Tillion fut gazée. Geneviève et Germaine ne se quittèrent plus, devenues plus que des amies, plus que des sœurs. Depuis l'enfance, nous avons été témoins, mes frères et mo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Avec émotions, avec joie, avec tendresse, avec respect. Avec le souci d'entendre, de comprendre, avec le besoin de connaître le lieu, le terreau, où ces femmes ont pu trouver cette force de résilience. Avec tout cela cela je suis venue en cette lecture. Survivre. Vivre au-delà, vivre malgré, vivre absolument, vivre avant tout. Alors c'est la définition même du vivre, du vivre en soi, de vivre parmi les autres, de vivre vers, pour , avec et en les autres. Cette solidité intérieure qui se nourrit de l'amour, de l'intelligence que l'on doit accueillir. le moindre signe, le moindre souffle. Une clairvoyance, une lucidité, ce socle commun forge ce dialogue.
Le procés du camp de Ravensbrück, camp de travail devenu peu à peu quand d'extermination, a eu lieu dans l'indifférence générale. C'est cela qui aura le plus blessé ces femmes.
132 000 femmes et enfants, de 1934 à 1945 furent internés dans camp, érigé par le régime nazi . Plus de 90 000 y sont morts. Des résistances, des opposantes, des tziganes, des roms, des juives, des communistes, des malades, des prostituées, des témoins de Jéhovah, des «  hontes de la race » comme les dénommaient les nazis . Des petites filles tziganes furent livrées aux mains des bouchers. Geneviève de Gaulle Anthonioz n'a que vingt ans lorsqu'elle est jetée dans ce camp, après avoir été arrêtée pour cause de résistance à l'occupant . Elle fait parti du convoi qui fut appelé le convoi des 27000, du 27 eme miliers de déportées. C'est là qu'elle rencontrera Germaine Tillon. Germaine Tillon, la grande soeur et presque mère. Germaine Tillion ethnologue, membre du réseau de résistance du musée de l'h
Homme . Elles ne se quitteront plus. Fidèles à leur amitié, fidèles à leur engagements . Contre les injustices, contre la force inique du fort contre le faible, du pouvoir contre les sans droits.
Intelligente Germain Tillion, oui, elle aura su mobiliser toutes ses compétences pour observer, analyser, décrypter, l' inhumanité du système concentrationnaire et expliquer, transmettre le fruit de ses observations à ses camarades pour faire face, pour trouver l'issue qui devait les sauver. « Comprendre une mécanique qui nous écrase, démonter mentalement ses ressorts, envisager dans tous ses détails une situation apparemment désespérée, c'est une puissante source de sang-froid, de sérénité et de force d'âme ». L'entraide, le courage, le partage, la solidarité, le créativité, et l'humour. Gestes importants et simples, gestes essentiels, universels.
Avec une immense reconnaissance, avec certitude, et avec confiance je termine cette lecture.
« Il en fut des femmes dans la Résistance comme il est quotidiennement dans la vie. Elles y ont fait toutes ces choses qu'elles seules peuvent faire, ou qu'elles pouvaient faire en tout cas indiscutablement mieux que les hommes. Et elle y ont fait aussi, et tout aussi bien que les hommes, tout ce que les hommes faisaient. » Henri Noguères.
Voilà cette indispensable « quiétude par rapport à l'universel » dont nous parlait Germaine Tillion.

Astrid Shriqui Garain
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ma chère Kouri,
     
... Le chemin que tu nous a appris est celui de la justice et celui de la vérité. C’est un des chemins les plus difficiles à suivre parce que la justice, nous avons beaucoup de peine à y croire. Mais essayer de faire la justice dans nos propres coeurs, cela est quand même à notre portée. Voilà la seconde chose que tu nous as apprise.
Mais je voudrais dire aussi que, quand tu poursuivais ton chemin vers la connaissance, tu as toujours apporté ce que j’appellerais la compassion, c’est à dire que tu souffrais avec, au sens propre du mot (…) Mais je crois que cette connaissance qui n’est pas sèche, qui est une connaissance perpétuellement accompagnée par la compassion, se tourne inévitablement vers l’action, parce que la connaissance est presque toujours liée à l’action. Cela n’est pas le cas de tous les ethnologues, mais c’est le cas pour toi et de quelques-uns qui ont été tes maîtres. Nous, nous avons suivi modestement ta trace.
Il y a autre chose que tu nous a appris aussi, qui est très précieuse pour nous et que nous avons vraiment le désir intense de transmettre à nos descendants, c’est la reconnaissance de la valeur et de la dignité de chaque être humain. Cela, nous te le devons aussi – nous avons pu l’apprendre par d’autres, mais c’est l’une des choses que nous avons apprises de toi. Car tu as toujours reconnu dans chaque être humain, quelque soit ses apparences, ce socle qui nous est commun. Tu nous l’a appris au fur et à mesure que les évènements arrivaient, au fur et à mesure que nos vies à nous se déroulaient, au fur à mesure que les jeunes camarades, comme Anise, Miarka et d’autres, comme Françoise, comme Michèle, ont commencé leur vie de femme, ont commencé leur vie de mère, cela passait entre nous. Et ce qu’il y avait de merveilleux c’est que tu nous l’apprenais avec une gaieté et un humour inaltérables. (…)
     
Je pense au poème d’un écrivain qui écrivait en langue allemande (bien que n’étant pas allemand), Paul Celan : « Résister debout, être debout malgré toutes les cicatrices qui restent toujours des blessures ». Tu es toujours debout. Tu es toujours au milieu de nous et pour nous c’est un très grand bonheur. (…) Alors je pense non seulement à ceux que tu aimes, qui ne sont pas visibles, mais à tous ceux qui ont reçu de toi, il y en a beaucoup parmi nous, dont tu ne sais peut-être même pas qui ils sont. Ils viennent près de toi et ils te disent merci.
     
Madame de Gaulle Anthonioz
     
Saint-Mandé, le 23 décembre 1999.
     
Extrait du Discours de remise de la grande-croix de la Légion d’honneur à Madame Germaine Tillion par Madame Geneviève de Gaulle Anthonioz. (Annexes)
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"« Il en fut des femmes dans la Résistance comme il est quotidiennement dans la vie. Elles y ont fait toutes ces choses qu'elles seules peuvent faire, ou qu'elles pouvaient faire en tout cas indiscutablement mieux que les hommes. Et elle y ont fait aussi, et tout aussi bien que les hommes, tout ce que les hommes faisaient. » Henri Noguères.
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« Parce que c'est incroyable, la mouvance du temps. Le temps bouge et tout bouge avec lui, et nous avec ! Est précieux ce qui est universel et est précieux également ce qui est personnel et particulier. Mais pour apprécier et s'enrichir de ce qui est particulier, il faut aussi avoir une profonde possession de l'universel.Une quiétude par rapport à l'universel. »
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 comprendre une mécanique qui nous écrase, démonter mentalement ses ressorts, envisager dans tous ses détails une situation apparemment désespérée, c'est une puissante source de sang-froid, de sérénité et de force d'âme ».
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