Liberté ou sécurité ? Un binôme antinomique terriblement d'actualité depuis le 11 Septembre 2001 jusqu'à pas plus tard qu'hier, 17 août 2017 à Barcelone.
Il n'est pas question de terrorisme islamiste dans le dernier roman dystopique de Margaret Atwood, mais le dilemme susmentionné transparaît néanmoins à toutes les pages.
Enfin, dilemme... Disons que pour Charmaine et Stan, jeune couple américain frappé par la crise économique et obligé de (sur)vivre dans sa voiture, à la merci de bandes de pillards omniprésentes, le choix de la sécurité l'a bien vite emporté. Après avoir vu un spot publicitaire vantant le bonheur garanti du mystérieux programme « Consilience », les deux tourtereaux se renseignent vaguement et, à l'idée d'un boulot et d'une maison tranquilles, signent leur adhésion – à vie – sans trop se poser de questions. Le fameux Programme consiste, pour ses heureux élus, à vivre alternativement un mois dans une jolie maison toute équipée dans la jolie ville de Consilience, et le mois suivant dans la belle prison de la belle ville-jumelle de Positron, dans les deux cas en exerçant un emploi utile à la communauté. Etant entendu que lorsque quelqu'un est en prison, sa maison est occupée par son « alternant », et vice-versa, et idem pour les couples. Etant entendu également que lors de chaque chassé-croisé mensuel, tout est fait pour éviter (en principe) que les uns et les autres rencontrent leurs alternants.
En principe. Parce que c'est évidemment là que la belle mécanique se grippe, lorsque Stan se met à fantasmer sur son alternante.
A partir de là, le roman part dans tous les sens, multipliant les rebondissements, du plus loufoque au plus glaçant : trafic d'organes, robots sexuels sophistiqués, conditionnement cérébral, sosies d'Elvis et de Marilyn, le tout culminant dans une tentative d'évasion des plus improbables. Plus globalement, ce roman dérangeant, à tout le moins interpellant, montre l'exploitation de la peur et de la pauvreté par un capitalisme dont les dérives sont proportionnelles à l'avidité pour la rentabilité et le profit. A ce jeu-là, l'intimité et la personnalité de l'être humain sont loin d'être épargnées : la sexualité n'échappe pas non plus aux exigences de docilité, de perfection et de productivité.
Un roman dense et acéré qui, sous des dehors de farce futuriste et jubilatoire, fait rire jaune et laisse penser qu'il n'est peut-être plus aussi dystopique qu'on voudrait le croire.
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Dans un avenir sans doute très proche , Stan et Charmaine galère à joindre les deux bouts . La violence est devenue endémique dans ce coin des États Unis où il n'y a plus d'emploi. Vivant dans leur voiture , ils saisissent une opportunité vue dans une pub : Intégrer Consilience , un lieu où la vie est bien plus facile ...
Je ne suis pas un adepte des romans d'anticipation et n'ai donc qu'une faible base comparative.Ici , pas de technologie délirante , peu de changements avec notre société actuelle .
Le noeud de l'intrigue est donc de savoir, ce que Consilience magouille pour offrir une nouvelle chance aux heureux élus qui intègrent leur programme.
Mouais , 466 pages , avec beaucoup de sexe , disons plutôt du cul, ça colle mieux , la plupart du temps gratuuit.
Des personnages sans aucune moralité mais qui se posent des questions d'ado sur l'amour et qui finissent par être presque antipathiques. Difficile alors d'avoir de l'empathie .
Pour autant, on enfile les pages avec cette lancinante question , "Mais comment cela va -t-il bien pouvoir finir ?", preuve que le roman n'est pas à jeter.
Il y a une réflexion sur la main mise sur un individu que la technologie pourrait octroyer, intéressante pour le coup, mais qui n'est évoqué , à nouveau, que du coté sentimental. Il n'empêche la morale "aimer de façon absolu et être heureux ou être juste libre de ses sentiments" fait réfléchir dans le cadre de ce roman.
J'ai un peu le sentiment que cela aurait pu être bien , très bien même . Mais que l'auteure s'est un peu perdue, ou plutôt amusée avec ses personnages , au détriment de l'intrigue. J'aurais bien aimé que le dilemme "liberté ou sécurité" ne soit pas évoqué qu'à grand coup de bassins...
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Une belle étude de caractères et une approche dystopique d’un monde qui existent déjà dans ces prisons privées auxquelles il ne manque que l’autogestion pour en faire un cauchemar authentique.
Lire la critique sur le site : eMaginarock
C'est le coeur qui lâche en dernier, a toutes les qualités pour intéresser les producteurs, puisqu'elle nous plonge de nouveau dans un univers dystopique qui fait écho aux obsessions de notre temps.
Lire la critique sur le site : LaPresse
"C'est le cœur qui lâche en dernier" pose une question dans l'air du temps : serions-nous prêts à sacrifier nos libertés au profit de la sécurité ?
Lire la critique sur le site : Culturebox
Ce roman inventif ravira tous ceux qui ne craignent pas d’interroger le monde comme il dévie.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Après le succès phénoménal de La servante écarlate à la télé (et à la veille de la diffusion de La captive sur Netflix), Atwood nous revient avec une dystopie qui a pour toile de fond la crise économique et la quête de liberté.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Un roman de Margaret Atwood qu’on attendait avec impatience, l’auteure de La servante écarlate ne se faisant jamais prier pour nous en faire voir de toutes les couleurs.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Entre fiction spéculative et vaudeville, « C’est le cœur qui lâche en dernier », le nouveau livre de la romancière canadienne, fait mouche
Lire la critique sur le site : LeMonde
Mais le simple fait de penser qu'on pourrait un jour avoir un vrai invité, un vieux camarade d'école, des gens dont on espère qu'ils ne resteront pas longtemps et qui, selon toute vraisemblance, l'espèrent aussi, bien que ce soit quand même chouette de se retrouver - le simple fait de penser à ça nous procure du réconfort.
Il sait ce qui se fabrique à Possibilibots. Des fac-similés de femmes ; des machines à coups, selon certains. Les gars de l’atelier de réparation des scooters avaient des discussions animées là-dessus : les souffrances qu’elles pouvaient éviter aux uns et aux autres dans la vrai vie, l’argent qu’elles pouvaient rapporter. Peut-être que toutes les femmes devraient être des robots, songe-t-il avec une pointe d’acidité : les créatures en chair et en os sont incontrôlables.
Tout le monde paraît très heureux : quand on a deux vies, il y a toujours la perspective d'autre chose. C'est comme être en vacances tous les mois. Mais quelle est la vie où on est en vacances et celle où on est actif ? Charmaine n'en sait trop rien.
Ed arrête le PowerPoint, chausse ses lunettes de lecture, consulte une liste. Quelques points pratiques : ils recevront leur nouveau mobile dans le hall principal. En même temps, ils toucheront leurs allocations logement. Tout est expliqué en détail sur les feuilles vertes de leur chemise, mais, en bref, tout le monde à Consilience vivra deux vies : prisonnier un mois, gardien ou employé de la ville le mois suivant. Tout le monde aura un Alternant. Les pavillons accueilleront donc quatre personnes au moins : le premier mois, ils seront occupés par les civils, le deuxième mois par les prisonniers du premier mois, qui s’y installeront en endossant le rôle des civils. Et ainsi de suite, mois après mois, à tour de rôle. Qu’ils imaginent les économies réalisées sur le coût de la vie, lance Ed, avec ce qui peut être soit un tic, soit un clin d’œil.
Il repense à sa vie passée et se voit étendu à même le sol, tel un géant entravé par une multitude de fils le maintenant à terre. De minuscules fils de préoccupations mesquines, de petits soucis et de craintes qu’il prenait autrefois au sérieux. Dettes, manque d’argent, de temps, de confort; et l’obsédante rengaine du sexe se répétant à l’envi telle une boucle de neurofeedback.
(Laffont, p. 223)
Bernardine Evaristo nous parle de « Manifesto ».
Ne jamais abandonner: telle est la devise que n'a cessé de suivre Bernardine Evaristo tout au long de son extraordinaire trajectoire. Née d'un ouvrier nigérian et d'une institutrice anglaise, l'autrice de Fille, femme, autre – qui lui a valu le Booker Prize en 2019 aux côtés de Margaret Atwood – raconte ici son enfance dans la banlieue londonienne des année 1960, ses épreuves, le racisme, les injustices, mais aussi la foi inextinguible et joyeuse qui l'a guidée dans ses nombreuses aventures.
Autoportrait de l'artiste en femme rebelle, passionnée et touche-à-tout, Manifesto nous entraîne dans les coulisses d'une vie trépidante, faite de voyages, d'amours, de poésie, de théâtre et d'engagements. Ce texte intime jette un regard neuf sur quelques-unes des questions essentielles de notre époque – le féminisme, la sexualité, le militantisme, le communautarisme.
Avec panache, humour et générosité, Bernardine Evaristo nous invite, chacune et chacun, à devenir ce que nous sommes, envers et contre toutes les formes d'oppression.
Traduit de l'anglais (Royaume-Uni) par Françoise Adelstain
Actuellement en librairie
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