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Nicole Casanova (Traducteur)
EAN : 9782867465086
131 pages
Liana Lévi (02/04/2009)
2.84/5   61 notes
Résumé :
Femme de chambre dans un hôtel, Lynn y satisfait sa manie obsessionnelle du nettoyage.

Même les affaires personnelles des clients font l'objet d'une inspection approfondie et indiscrète.

Un soir, dans la chambre 303, la jeune femme enfile par-dessus son tablier le pyjama du client, et lorsque ce dernier tourne la clé dans la serrure, il ne lui reste qu'à se glisser sous le lit.

La nuit qu'elle y passe constitue un pas ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Un livre étrange, écrit en allemand. Attention, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas écrit : il n'est pas étrange parce qu'écrit en allemand et d'ailleurs de nombreux ouvrages magnifiques, d'une facture très classique, l'ont été dans cette langue. Non, il est étrange, car il narre la vie d'une folle à travers ses propres yeux. L'héroïne, sans que ce soit précisément énoncé, semble sortir d'un séjour assez long en hôpital psychiatrique et on comprend très vite que sa réadaptation est un objectif illusoire. Même si elle paraît capable de subvenir aux plus élémentaires de ses besoins (encore qu'elle vende régulièrement ses meubles pour obtenir de l'argent qu'elle dépense ensuite sans logique), son comportement au quotidien est empreint d'une incohérence désespérée. Femme de chambre d'un grand hôtel, elle passe sa vie à traquer la saleté dans les recoins les plus incongrus, sacrifiant à cette tâche jusqu'au plus clair de son temps libre. En outre, tous les mardis soir, elle se glisse sous le lit d'une chambre au hasard pour partager pendant quelques heures l'intimité de clients ignorant tout de sa présence. Elle reste ainsi, cachée sous le matelas, à les épier et n'en sort qu'au départ définitif de l'occupant. Toute velléité qui pourrait lui être donnée par les circonstances de retourner à une sociabilité plus consensuelle est systématiquement rejetée par l'héroïne et la prise de congés obligatoire finit même par constituer un problème insoluble qui la renvoie encore plus bas qu'elle n'était déjà.
« La femme de chambre » bénéficie d'une écriture neutre, à la fois légère et précise, comme si rien de ce qui nous était raconté ne pouvait être foncièrement dramatique. le récit est court, concis et renvoie parfois à un témoignage glaçant, dénué de la moindre envie, qui peut déstabiliser un lecteur trop empathique. C'est sûrement pour cela que l'ouvrage est peu épais. Plus, ça aurait été de trop.
Un livre intéressant, écrit en allemand. Attention, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas écrit...
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A la sortie d'une très longue hospitalisation, Lynn seule et sans emploi n'a aucune envie de retrouver son appartement désespérément vide. Personne ne l'attend, juste des plantes mortes et sa mère qui habite loin . L'attend seulement le néant des journées qui s'ouvrent devant elle comme autant de pages blanches qu'il lui faut remplir.
Heureusement elle trouve un poste de femme de chambre à l'Eden et se plonge à corps perdu dans le travail. Devenue obsessionnelle, elle traque la saleté dans les moindres recoins et reste de plus en plus tard à l'hôtel sans que quiconque ne s'en retourne. Personne ne la remarque. Forte de cette "invisibilité" elle s'enhardit à fouiner dans les effets personnels des clients, elle ne leur vole rien de concret, juste un peu de leur intimité, de leur vie. Un soir où elle s'est vraiment trop attardée dans une chambre, elle manque de se faire surprendre et doit se cacher sous le lit . L'expérience ne la traumatise pas , bien au contraire, elle y trouve un nouveau moyen pour combler le vide affectif qui risque de l'engloutir....
On comprend vite que Lynn souffre de troubles psychologiques et que c'est son angoisse existentielle qui la pousse à agir d'une façon aussi singulière. Son trouble est si profond qu'elle n'a à aucun moment conscience de l'absurdité de son comportement . Comme elle semble incapable de nouer des relations normales avec les autres , elle ne peut qu'écouter leur vie, cachée sous le lit ou essayer de la deviner en tripotant leur affaires.
Femme de chambre est un récit poignant, l'auteur brosse là un portrait terriblement pathétique d'une solitude infinie, d'une détresse comme il doit s'en cacher des centaines et que l'on ignore.
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Un livre sans grand intérêt pour moi... heureusement il est très court (sa seule qualité).
Une réécriture du "monstre sous le lit" ou le fantasme un peu bizarre d'une "maniaque/voyeuse/écouteuse" cachée sous les lits d'hôtels ?
Comme une ancienne émission télévisuelle "strip-tease", on visionne quelques instants d'une personne étrange, pas trop bien dans sa tête... qui fait dire "dis-donc, elle est gratinée, celle-là !", sans comprendre ce qui l'a amenée à ces comportements. Heureusement, elle se soigne...
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La solitude, la fragilité et l'obsession règnent en maître dans ce livre.
Surtout, ils caractérisent Lynn, la femme de chambre dont le lecteur est invité à suivre une tranche de vie.

D'entrée, nous sommes plongés dans une atmosphère étrange où flotte un certain malaise. On apprend que Lynn sort d'un long séjour en hôpital. Très vite, on comprend qu'il devait s'agir d'une hospitalisation en psychiatrie sans pour autant en être sûr.
Le doute commence à planer autour de cette femme de chambre et il va perdurer jusqu'à la fin du livre.
Elle fuit son domicile, ne souhaite pas retourner chez elle. Pour éviter de se retrouver seule avec ses démons, elle se réfugie dans son travail.
Mais sa vie prend une tournure particulière. Elle installe des rituels hebdomadaires, les semaines s'enchaînent et se ressemble. A chaque jour, une activité. Tout est planifié.
La propreté est une obsession. Elle chasse la moindre poussière ou tache.

Mais ces rituels qu'elle a mis en place pour se rassurer ne lui suffisent plus.

A l'hôtel, à partir des affaires personnelles des clients, elle s'imagine leur vie. Jusqu'à franchir une limite.
Enfiler le pyjama d'un client, se glisser sous un lit le soir et y rester une nuit entière pour s'échapper au petit matin.
Cet acte de folie devient un nouveau rituel.

Elle rencontre alors Chiara, une fille qui vend ses services. Une relation s'installe entre elles. Chiara lui offrira quelques instants de tendresse. Mais Lynn vivra une nouvelle déception dans sa vie.

Et le livre se referme chez la mère de Lynn, dans sa maison d'enfance. Avec un retour à ses rituels d'enfant... Une clé qui nous permet, à nous lecteur, de légèrement dissiper la brume qui planait tout au long de ce roman, sans pour autant la lever totalement.

Une lecture particulière mais touchante et qui invite à la réflexion.
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Les jours secrètement fiévreux d'une jeune femme fragile. Troublant. Et même, délicieusement dérangeant ce roman d'un jeune auteur allemand.
D'emblée, l'écriture exige le silence, impose une lecture qui serait recueillement. A pas de loup, on pénètre dans un univers où couve le feu, où tremble la raison. Subjugué par les pas hésitants de l'héroïne, Lynn, une toute jeune femme, on avance dans son histoire, tout à la fois spectateur attendri ou voyeur malmené, voleur de ses gestes, de ses pensées, de ses hésitations, de son mutisme, de sa folle obstination à s'inventer une destinée.
Lynn, après des mois passés en isolement et rééducation dans une clinique, s'en revient dans le monde des vivants, de la norme, expérimente une liberté qui lui fait peur – se lever, traverser la ville, rejoindre l'hôtel qui l'emploie, travailler sans un mot, nettoyer sans relâche, faire de la propreté son salut, se donner au labeur comme on se laverait du péché, et retour le soir, dans une solitude complexe, sauvage et rédemptrice.
Sur ses blessures, son passé – une mère tenue à distance de toute tendresse, un père mystérieusement absent –, Markus Orths reste pudique, à peine s'il donne quelques pistes. Comme s'il lui fallait bannir tout imaginaire, se tenir au plus près des tourments de son héroïne, jour après jour, déception après déception, désir après désir, l'écrivain s'en tient à une tranche de vie, tient ce qui pourrait être le journal d'une femme de chambre peu ordinaire – quoique –, et ne réalise qu'une pure fiction, une histoire d'amour mort-née, récit d'un gâchis, d'un écoeurement existentiel.
Les nuits pour Lynn sont « neutres ». Elles ne sont ni menace ni soulagement. Elles l'avalent et la recrachent le matin. Elle se réfugie dans le travail, s'y cache, s'y oublie, marque ses jours de choses anodines pour leur donner existence, consistance, se crée des repères comme pour se raccrocher au monde, jeter les heures vides. Elle chasse la moindre poussière, la moindre souillure réelle ou imaginée, passe au crible chaque chambre de l'hôtel, s'insinue dans chaque vie qui y séjourne. A l'affût des histoires des autres pour s'en inventer une, elle se crée des rites, cumule les gestes obsessionnels, récure, purifie, change la saleté en néant, la propreté en bonté, ose des interdits, se glisse tous les mardis sous le lit de la chambre 304, observe les souffles, devine les comportements des individus de passage, un mardi, une femme discrète, un autre mardi un homme infidèle qui se paye du plaisir avec Chiara, une belle de nuit. Chiara, une fille corps et âme en liberté, la seule qui saura offrir à Lynn quelques caresses...
«Je voudrais qu'une seule fois quelqu'un soit couché sous mon lit, je voudrais qu'un jour seulement quelqu'un écoute ma vie », songe Lynn, submergée d'espérance. Comme Rimbaud qui coloriait les voyelles, Lynn, dans un ultime désir d'être, invente pour chaque jour de la semaine, une couleur : «Dimanche bleu pâle, lundi blanc sale, mardi coquille d'oeuf, mercredi gris brun, jeudi bleu cobalt, vendredi rouge vif, samedi noir velours. » Samedi, le jour de l'amour... Femme de chambre ou le roman fiévreux, sensuel, fulgurant de la rage de vivre.
Critique,Telerama avril 2009
J'ajouterai que la fin de ce court roman m'a laissée pantoise et pleine d'espérance pour Lynn..... Beau message d'espoir.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
« Comment, a pensé Lynn, comment un coquillage peut-il capturer la mer, comment quelque chose d’aussi petit et fragile qu’un coquillage peut-il capturer quelque chose d’aussi grand et indestructible que la mer, les vagues de la mer, le murmure de la mer ? (…)
Elle a pris son verre d’eau et l’a bu en entier, et c’est seulement parce qu’elle a pris le verre d’eau et l’a vidé qu’elle a pu tenir le verre vide à la main, et c’est seulement parce qu’elle avait le verre vide à la main qu’elle l’a soudain collé à l’oreille, et c’est seulement parce qu’elle l’a collé le verre vide à son oreille qu’elle a entendu le même murmure que dans le coquillage, les mêmes vagues, le même vent.
Et Lynn a reposé le verre d’eau et jeté le coquillage dans la corbeille à papier, parce qu’elle a soudain deviné que tout dans la vie est tromperie. » pp. 56-57
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Désormais, chaque mardi, Lynn emporte un chiffon sous le lit et nettoie les lattes de sommier. Jamais les dessous ds lits n’ont été aussi propres. Les premières heures, Lynn y est seule. Alors elle écoute ce qui se passe en elle. D’abord, elle n’entend rien, sauf le battement de son pouls, parfois. Lynn devient toute vide, les yeux fermés, elle tombe dans un état de somnolence. Quand la porte s’ouvre et que quelqu’un entre dans la chambre, elle sursaute, revient à elle, pose les mains sur son ventre. Alors elle est éveillée. Alors elle est là.
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[...] Personne ne lui ordonne de s'arrêter. On la laisse faire. Et bientôt Lynn disparaît dans le décor de l'hôtel, on ne la remarque plus, c'est comme si elle en faisait invisiblement partie, une pièce de mobilier qui se meut de temps en temps de façon à peine perceptible, un esprit qui va et vient comme il veut, un lutin qui fait tout le travail en passant.
Un objet tombe par terre : Lynn est là pour le ramasser. Une revue oubliée dans le bar : elle n'y reste pas longtemps. Les traces de pas boueuses d'un client qui a marché sous la pluie : avant que le chef de la réception ait pu s'en soucier, c'est déjà effacé.
Mais Lynn passe la plupart du temps dans les chambres. Et là, c'est l'existence des choses, l'importunité des choses, l'omniprésence des choses qui enveloppe Lynn tout entière comme un drap.
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Chez elle, Lynn reste longtemps dans la salle de bains. Devant les miroirs, elle ne se retrouve jamais. Elle a toujours détesté les miroirs. Quand elle est devant des miroirs, elle ne se voit jamais elle-même. Elle ne voit que de grands yeux, une peau lisse, des cheveux attachés sur la nuque, des lèvres pleines et quelques grains de beauté. Qui est-ce ? pense-t-elle.
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le vendredi est rouge vif comme un ballon de football, il sautille toute la journée, ne s'arrête pas, partout règne une hâte fébrile, préparation pour la fin de la semaine, le vendredi les gens sont nerveux, ils courent plutôt qu'ils ne marchent, ils se réjouissent de ce qui vient, boivent le temps en toute hâte, le renversent, vite arriver au samedi, avec la perspective de deux jours de temps libre, deux jours d'interruption de la vie telle qu'on la connaît.
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