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EAN : 9782330039417
138 pages
Actes Sud (08/04/2015)
3.77/5   63 notes
Résumé :
Assis sur un quai de métro new-yorkais, un vieillard entame le récit de sa vie: de sa naissance dans les monts Zagros à la prise de Babylone, de sa fuite en Egypte à son arrivée dans la cité d'Ilion, son existence fut une succession de pleurs et de cris de jouissance, d'orgies et d'incendies. Mi-homme, mi-dieu, Onysos se rappelle, le temps d'une nuit, à la mémoire des hommes.

Alexandre va mourir. Après avoir vaincu le grand Darius, après avoir constr... >Voir plus
Que lire après Onysos le furieux - Le tigre bleu de l'EuphrateVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Son visage est noir, sale et ridé. Assis sur le quai de ce métro new-yorkais qui voit des centaines d'hommes et de femmes descendre et monter dans la rame, il attend. Il entame le récit de sa vie à cet homme qui s'est approché de lui...
Né en pleine nuit, dans les monts Zagros à Tepe Sarab, village de huttes de terre séchée, entouré de mulets et de corbeaux, les hommes et les femmes ont fait un feu pour célébrer sa naissance et ont dansé, mangé, bu à s'enivrer. Soudain, quatre ou cinq hommes se sont approchés de lui, l'ont égorgé, démembré et ont fait bouillir ses morceaux de chair avant de le dévorer. Mais, ils ont oublié le coeur. Son père, le maître des dieux, l'a fait naître à nouveau. Ainsi est né Onysos, mi-homme mi-dieu. Furieux, insaisissable, il est prêt à se venger des hommes...

Silence. Alexandre est malade et va mourir. Il réclame le silence et la solitude. Dehors les servantes et ses nombreuses femmes! Fini les remèdes pour le soulager! Fini les onguents! Il en a fini avec le monde. Il interpelle la mort et l'invite dans sa chambre à prendre possession de son corps. Avant cela, il tient à parler. A raconter ce que fut sa vie. Ce que furent ses batailles et son empire. Il lui demande de prendre pitié de lui...

Les éditions Babel rassemblent dans ce petit livre deux pièces de théâtre, l'une écrite en 1996 et l'autre en 2001. Deux textes qui s'opposent mais qui, en même temps, traitent de mêmes sujets tels que la mort, la vieillesse, le temps qui passe, la violence... Ils interpellent de par leur narration puisque Onysos et Alexandre s'adressent à un passant pour l'un et à la mort pour l'autre. Ils nous racontent ce que furent leur vie si riche et si comblée, fut-elle courte pour Alexandre. Ces deux textes nous plongent dans l'Antiquité, espace mythologique et fantasmagorique, lieu de l'épopée et du tragique, selon l'auteur. Deux textes lyriques et tragiques à l'écriture poétique et, évidemment, théâtrale.

Ecoutez Onysos le furieux...
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Euh.......
J'aurais voulu être moins vague quant à mon impression sur cette oeuvre de Laurent Gaude ( que j'apprécie au demeurant...) mais le scepticisme l'emporte ... et donc "euuuuh" reste le terme selon moi le plus adéquat.
Un Livre, deux oeuvres, écrit à plusieurs années d'intervalles par M. GAUDE.
Deux impressions bien distinctes à leur lecture.
Mais je n'avais jamais lu une pièce de théâtre de M.GAUDE.... J'aime ses livres, j'aime le théâtre j'étais un peu impatient .....
j'ai ENFIN lu une pièce de Laurent Gaudé.... " Onysos le furieux"
Alors un pièce, c'est peut -être aller un peu vite en besogne car comme Novocento c'est un monologue théâtrale ( j'adore cette oeuvre... soit disant en passant).Monsieur Gaudé pense, et il l'écrit dans sa préface, que l'écriture a tué la transmission orale des histoires. Qu'il n' y a plus de conteur, de troubadour etc... et que nous pouvons regretter la chose.
Alors là, déjà , je trouve ( et ce n'est qu'un avis personnel) que c'est un peu facile de cracher sur la main qui donne à manger.
M. GAUDE est un peu écrivain et donc c'est peut-être un peu important voir essentiel pour lui ( et le reste de son oeuvre) que la transmission des histoires se fasse par écrit, sous forme le livre par exemple.... parce que "la mort du Roi Tsongor" en MP3 je suis pas sur que ça aurait aussi bien marché....
Mais bon comme il ne flippe plus pour manger apparemment, puisqu'il est écrivain connu, il peut désormais philosopher sur la réelle portée de son oeuvre et pondre une théorie sur "une histoire racontée c'est mieux qu'une histoire écrite". Si bien qu'il invente une histoire...... qu'il met par écrit. La subtilité du raisonnement doit se trouver dans les méandres de la raison littéraire qui échappe surement aux mécréants populaires dont je suis l'exemple le plus parfait moi qui ait appris à lire avec des "PIF Gadget" . Ce qui justifiera, la style lourdaud, familier de cette critique qui n'intéressera personne hormis, peut-être, la personne chargés de lire ma prose pour savoir si je mérite de recevoir un livre pour la masse critique.
Comme M. GAUDE ets un homme de lettre tout de même et donc pas la moitié d'un con, il a du se rendre compte du coté paradoxale de sa démarche ( Si si! ).La preuve, il a alors écrit une préface pour expliquer sa théorie et pour dire "vous inquiétez pas mon histoire écrite est en faite un monologue théâtrale, donc faite pour être raconté, et par conséquent: ma théorie est juste..CQFD......
J'ai beaucoup aimé cette préface mais je me suis quand même fait la réflexion que j'étais peut-être un gros connard de rien avoir d'autre à foutre que de critiquer et de me moquer d'une pièce et d'une préface. Mais là , (et oui) il y a un rebondissement, L'auteur précise ( en fait c'était au début mais j'avais pas bien lu) qu'il a écrit tout cela quand il avait 24 ans.....

Tout mon être fut envahit d'un soulagement...................................., parce que dans le fond je l'aime bien M. GAUDE ( vous avez du le comprendre), et ça me faisait un peu chier d'être un gros connard qui critique son oeuvre.

La raison est contenue dans la phrase suivante:
" J'ai écrit cette histoire en 1996, j'avais à l'époque 24 ans"....

Tout est clair désormais: il devait juste être bourré ou défoncé au LSD quand il a eu l'idée de cette oeuvre. Comme beaucoup d'étudiant à 24 ans lorsqu'ils ont aussi des idées à la con.

ET ben d'un coup, voyez vous, j'ai retrouvé mon GAUDE, un homme de lettre proche du peuple. A notre image, un homme qui fait des conneries et qui les explique par l'alcool. Un homme qui ne se moque pas des lycéens, qui lors de leur épreuve de français au bac, ont cru que son tigre bleu de l'Euphrate était un vrai tigre ( et non pas un fleuve, qui s'appelle le Tigre, à l'eau bleu près d'un autre fleuve qui s'appelle l'Euphrate). Non très chers ami lecteur (perdu au milieu de cette critique de merde), car ce grand homme à envoyé au lendemain des épreuves, un tweet ( le truc avec l'oiseau bleu.....un couleur à la mode pour les animaux apparemment) , pour dire à l'ensembles des français " oui Messieurs-Dames les correcteurs des épreuves du bac, mon tigre bleu de l'Euphrate peut être aussi un vrai tigre, qui serait bleu".......Il a repicolé en signe de solidarité et tweeté une autre connerie derrière. Un grand bonhomme.. vraiment..!

Et le meilleur dans tout ça : c'est que je n'ai même pas encore raconté l'histoire
Je vais essayer de faire un résumé "vite fait bien fait" que j'aurais adoré conclure par une photo de moi illustrant ma réaction à la fin du livre.

NB : N'oubliez qu'il s'agit d'un monologue de 66 pages

Alors Onysos est vieux tout ridé dans le métro de new York...

Il interpelle un gars au hasard pour lui raconté son histoire....

Il lui raconte qu'il est né dans une tribu quelques part en Afrique, il y a super longtemps. C'est pour ça qu'il a l'air très vieux mais si il lui raconte son histoire il va rajeunir, d'ailleurs ça commence déjà à faire son effet.

Le jour de sa naissance ses parents et tous leurs amis du village ont dansé de manière frénétique. Tellement heureux de l'arrivée de ce nouveau né, ils dansent tous comme des foufous et ne s'aperçoivent pas que des gens étrangers au village sont là. Rassurés par leur anonymat les étrangers égorgent le bébé, lui arrachent les membres, et le mangent.

Heureusement ils laissent le coeur permettant alors à un dieu , de ressusciter Onysos qui devient grand fort mais un peu bizarre et qui porteur désormais de nouveau pouvoir ne reste donc pas dans son village.

Il grandit dans la foret en faisant comme s'il étaient un fauve, hurle la nuit mange des animaux vivants et des fois va faire peur aux gens des autres villages en faisant justes des "houhous" au début ( il faut bien commencer par quelques chose) puis par la suite en hypnotisant toutes les femmes du village en leur chauffant par magie le vagin. ( le comment et le pourquoi il décide de passer d'un coup du "houhous" au "je te chauffe l'entre jambe" n'est bien sur pas expliqué du tout, alors que je pense qu'il y avait matière à expliquer cette escalade par étapes intermédiaires, mais je ne suis pas l'auteur).

Les femmes du villages, suffocant de désir pour Onysos, se cassent toutes du villages et vont le retrouver en haut de la montagne , en prenant la précaution logique de se déshabiller en route. Une fois tous réunis ( enfin lui et toutes les femmes) ils dansent tous de manière bestiale et continue, si bien que ces dames finissent par avoir un peu chaud .
Onysos, essaie d'éteindre le feu qui les ha-bite ( oui ce jeu de mot est nul), mais comme il ne peut pas être partout à la fois même si c'est "un peu" un dieu, elles s'arrangent entre elles avec imagination......et doigté.

Onysos se retrouve alors à la tête d'une armée de femmes décoiffées, nues et un peu énervées. Alors à la demande d'un roi il va détruire Babylone avec son armée. Une vraie boucherie car en plus il arrive à donner chaud aux femmes de Babylone qui intègreront son armée... et Babylone tomba...

S'ensuit alors tout plein de description où Onysos parcourt le golfe, l'Afrique du nord, la Grèce antique etc...

Il ira en Egypte au bord du Nil où il enculera un pharaon ( au sens propre du terme),qui avait eu le malheur d'être curieux des danses d'Onysos et de son armée de femme. Une fois la besogne accomplie Onysos demande à son armée de femme de bouffer le pharaon. de nouveau, une vrai boucherie, et chute de l'Egypte antique...

Il va ensuite voir le dieu des enfer avec un de ses potes qui s'appelle le sodomite, Il ne dira pas ce qu'il s'est passé lors de sa rencontre avec le dieu de la mort... ( bien sur que non ça aurait pu être intéressant).

Malheureusement pendant qu'il parlait avec Hadès ,son pote "le sodomite" meurt. Alors pour lui rendre hommage, il fait pousser instantanément un olivier près de son cadavre , arrache la plus belle branche et lui enfonce dans le cul. Puis laisse le désert recouvrir son cadavre.

Par la suite il part en Mésopotamie où il déflorera la fille du roi, qui furieux l'égorgera devant lui ( la fille pas Onysos). Onysos pour se venger lui enverra son armée de femmes toujours aussi gênées par la température....
Une nouvelle boucherie et une nouvelle civilisation qui tombe

Il participera pour finir à la guerre de Troie du coté des troyens. Là, bizarrement, il n'enculera personne, ce qui peut paraitre bizarre au vue des stéréotypes et autres brimades populaires sur les moeurs dans les Cyclades et plus particulièrement dans la Grèce antique ( comment ça Troie se trouve plutôt en Turquie...?).
Bref......Il se contentera de faire découvrir le théâtre au troyens en leur jouant, pendant leur dernier banquet précédant l'assaut final, la manière dont ils vont tous mourir dans la bataille décisive de demain. Car comme c'est un peu un Dieu, il sait tout ce qui va se passer ( y'a pas à dire, il sait mettre l'ambiance ce cher Onysos).

Retour dans le métro de New York où Onysos est redevenu jeune, et abandonne son interlocuteur après lui avoir payé une bière, et en lui faisant remarquer qu'il pourrait faire exactement la même chose à New York. Car New York est peut-être le nouveau Babylone, ou tout autre grand épicentre puissant de notre civilisation. Mais comme il aime bien New York et qu'il a un peu muri et il n'en fera rien. Et avant de monter dans le métro, il lui conseille de se trouver une négresse, car il y en a plein dans les quartiers pauvre de new York et que c'est des sacrés baiseuses....

Fin
Je vous laisse vous faire votre propre opinion, cette critique étant ( très ) foireuse...
Il doit y avoir des incohérences, de la mauvaise foi et des hyperboles ( voir des interprétations douteuses) dans ce résumé ( je l'ai rédigé de mémoire).
Mais exagérer est mon plaisir ( PAF... je place une citation de théâtre) .

En espérant que ça ne vous ait pas endormis , fait chier ou pire donner envie de lire "Onysos le furieux".


PS: Par conte "le TIGRE BLEU DE L'EUPHRATE" qui suit Onysos le Furieux dans cette version m'a beaucoup plu...

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Découvrir ou redécouvrir la plume de Laurent Gaudé en puisant aux origines, et notamment dans son premier texte, « Onysos le furieux », suivi ici par « le Tigre bleu de l'Euphrate ». Deux monologues de théâtre qui entrent merveilleusement en écho l'un avec l'autre. le premier est déclamé par un vieil homme qui se dit immortel et d'origine divine, incarnation de Dionysos sentant la verdeur rejaillir en lui. le second est proclamé par Alexandre le Grand, aux portes du tombeau dans la jeunesse de ses trente-trois ans, congédiant ceux qui guettent son trépas et s'adressant en personne à Hadès pour lui raconter comment il a vécu.

Onysos est né à Tepe Sarab sur les monts Zagros, vite démembré, dévoré, puis à nouveau né, empli cette fois d'une force et d'une fureur capables d'ébranler le monde. Il a le pouvoir de faire jaillir le végétal et de magnétiser les femmes, d'en faire des furies prêtes à baiser et à tuer pour lui. Et c'est ici, dans une galerie de métro de New York, qu'il va narrer son destin à un camarade de passage, lui dire comment il a conquis Babylone, visité le domaine des morts, baigné dans le sang et le foutre sur les rivages du Nil, trouvé l'amour dans les bras de la belle Séléna, et joué la tragédie de la chute de Troie. La verve d'Onysos est pleine de stupre et de sauvagerie, engrossée par une colère divine prête à s'abattre sur les Hommes tout comme à les chérir. Onysos est tout à la fois bête sauvage, homme et femme, dieu vengeur et guerrier conquérant, amant redoutable et conteur infatigable. Il traverse les millénaires avec ses souvenirs pour seul manteau, retrouvant jouvence en déclamant ses maux.

« Onysos le furieux » a été mis en scène en 2000, 2005, et 2007. C'est un monologue théâtral précurseur d'un talent qui obtiendra la consécration en 2004 avec le Prix Goncourt attribué à l'auteur pour « le Soleil des Scorta ».

Dans "Le tigre bleu de l'Euphrate", Alexandre le Grand raconte sa faim, sa soif et son désir, ces choses qui ont animé son destin grandiose et dont il se meurt aujourd'hui. Son dernier ennemi est devant lui et il lui parle comme à un vieil ami qui s'apprête à le recevoir en sa demeure. Alexandre lui raconte sa naissance, son enfance impatiente, son inextinguible ambition de conquête. Il lui décrit la prise de la cité d'Issos, le roi Darius en fuite, le siège de Tyr face à la puissante flotte phénicienne, la fondation d'Alexandrie, et puis cette faim encore, qui toujours l'embrase. Jusqu'à cette rencontre avec le tigre bleu de l'Euphrate, signe annonciateur qu'il doit poursuivre ses conquêtes toujours plus à l'est, car son destin est là-bas. S'ensuivra la terrible bataille de Gaugamèles ouvrant le chemin jusqu'à Babylone… Les conquêtes d'Alexandre le Grand n'auront-elles aucune limite ?

« le Tigre bleu de l'Euphrate » a été mis en scène en 2005, 2007, 2010 et 2018. Texte de jeunesse écrit peu de temps après « Onysos le furieux », dont il est un peu frère, il s'empare de la matière historique pour en faire une tragédie antique pleine de violence et de mélancolie.
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Selon Laurent Gaudé nous sommes antiques. Quelle est donc cette matière d'Antiquité dont nous serions faits ? Car si la culture imprègne profondément les esprits qu'elle élève, a t elle gravé pour autant son empreinte dans leur âme ? Ou bien cette culture n'est elle que l'écho de notre nature première ? Tous ces mythes, toutes ces divines légendes, s'ils composent notre héritage, ont ils également forgé notre hérédité ? Dieux, déesses, demi dieux, d'eau ,de feu ,de terre , d'outres cieux, de vent, de chair, d'écails, de tous poils, de cornes, de fourches, de fleurs, de lyres, de printemps, ou venus des enfers, nos ancêtres avaient d'immortels appétits de géants. Déposons donc notre petite panoplie de gaulois au comptoir des loisirs…et regardons cet homme à la face d'un dieu, et puis ce dieu au visage de l'homme. Mi homme, mi dieu, voici la poire tranchée en deux. Onysos le furieux, se plante sur le quai du métro new-yorkais.
Onysos, celui qui naît, qui est égorgé, dépecé ,mangé, mais qui renaît de son coeur, Onysos qui n'en finit pas de se venger des hommes, l'immortel, douceur et cruauté, enfer et volupté.
Il a des milliers d'années ce vieux furieux..., mais le voilà qui parle et qui renaît. New york est pour lui, à sa taille, à sa démesure, tout est là, exactement à ses souhaits. Folies, plaisirs, misères, meurtres, orgies, esclaves, palais et princes, taudis, pauvres et sans logis, New York c'est la quintessence de notre demeure antique. Souffre, miels, plaintes, labyrinthes, candélabres, parkings, mouroirs, couloirs , lustres et flèches en miroir.
D'où vient cette créature ? du mouroir d'un ventre ? , de la mémoire du monde ? , Il a des milliers d'années et sa vie raconte l'humanité.
C'est parce que les dieux antiques sont les avatars de toutes nos émotions, de nos colères, de passions, de nos torsions, de nos angoisses, de nos tempêtes, de nos folies que nous sommes antiques.
Gaudé a raison nous sommes antiquement liés à nos émotions. Que Babylone se dévoile , qu'Ur ouvre ses portes, que le Mont Thabor se dresse, que New York s'allume, et Onysos revit. Car à travers l'immensité de notre histoire Onysos n'en finit pas de détruire et d'aimer.
Ce texte fut écrit pour pour être dit, prononcé, déclaré devant tous, au nom d'Onysos qui nous parle du fond de nos humanités.
Et puis dans les souvenirs des dieux se mettent en marche ceux que la mémoire des hommes acclamera en héros. Des cavaliers sur des chevaux de légende, qui construiront des ports, des palais, qui pourchasseront des rois, qui n'en finiront pas de construire, de détruire, de brûler, de bâtir, qui traverseront le monde à en faire inverser les pôles de la terre, nomades de leur propres destins, sans repos, sans peurs et à jamais sans terre, des chasseurs d'horizons, comme Alexandre le Grand, l'élu du Tigre Bleu, qui arrêtera sa course lorsque le coeur d'un homme lui rappellera le premier devoir des idoles.
Alexandre, qui mourra de n'être qu'un homme, lui qui parlait à la Mort avec l'arrogance d'un dieu.
Deux textes de jeunesse, écrits « pour la voix », qui invite «  le lecteur à se faire lui même théâtre ».
la poésie a ici trouvé place. Écoutez ce que contient l'idée puissante de toutes nos humanités !
Il n'y a de langues mortes que sous des palais effondrés.

Astrid Shriqui Garain

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Ce livre regroupe deux courts récits, monologues de théâtre, écrits en vers libres, à dire sur scène plutôt qu'à lire, selon la préface l'auteur .

Le premier texte donne la parole à un vieillard durant tout une nuit sur le quai du métro de New-York, « sa ville », dit-il. Devant un jeune homme, il se remémore son passé, lui, Onysos à la peau noire et aux lèvres sèches. Il est né à Tepe Sarab, en Perse, dans les monts Zagros (Iran et Irak actuels) mais à peine venu au monde, expulsé brutalement par sa mère la déesse Ino, il a été démembré et brûlé. Les assassins n'ont oublié qu'un détail : son coeur est resté intact, ce qui lui a permis de renaître, furieux, avide de violences et de vengeances, avide aussi d'orgies avec les femmes dont il fait des furies dévouées et lubriques.
A partir de là, nous le suivons à travers le Proche et le Moyen Orient, en Égypte, à Akko (Saint Jean d'Acre, en Israël actuel), Chypre, enfin Ilion (Troie) qui subit la guerre avec les Achéens depuis neuf ans et sera vaincue le lendemain.
Il tue beaucoup (notamment un jeune chef qui s'est travesti en femme pour le séduire), aime aussi de façon très physique, se livre aux célèbres orgies dionysiaques, provoque la haine des hommes et la folie des femmes.
La seule belle scène reste à mon avis celle où, les Troyens étant assiégés et sans espoir, il leur révèle le théâtre. Il joue les personnages présents et leur devenir immédiat : Priam, mort, Hector dont la dépouille est traînée autour des murailles de la ville, Andromaque, désespérée.

Sexe, violence, amour traversent ce très court récit qui n'a pas vraiment su susciter mon admiration.

J'ai été beaucoup plus sensible au personnage d'Alexandre de Macédoine, conquérant, ambitieux et sans limites. Aller toujours plus loin vers l'est, imposer sa loi de la Phénicie aux rives de l'Indus, fonder des villes et rêver de toujours plus de découvertes, c'est un héros, un géant, un mythe qui se heurte à d'autres héros tels que Darius dont il prendra le trône à Babylone.

Ce texte allie l'épopée antique, le lyrisme de la poésie et la puissance du texte dramatique. Beaucoup plus que le précédent, on le sent vibrer sous le regard comme dans la voix d'un acteur. Alexandre s'adresse au dieu des morts, Hadès, lui raconte et l'oblige à écouter, pour une fois, celui qu'il s'apprête à emporter. Presque mort, mais encore volontaire. Il évoque les grands faits de sa vie mais aussi et surtout l'apparition de ce félin de lapis-lazuli vu sur les fresques de la porte d'Ishtar et rencontré, protecteur et guide, sur son parcours au travers du Moyen-Orient.

Et quand il exprime sa dernière volonté, non pas l'immortalité déjà acquise, on peut le trouver bien arrogant mais aussi partager son désir de ne pas être réduit à la poussière d'un corps fixé dans un lieu pour l'éternité. le personnage, empli de grandeur et d'humilité à la fois, ne peut laisser insensible.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
C'est à mon tour de te demander quelque chose.
Je te vois sourire.
Tu crois deviner ce que je vais demander.
Ce que tous les hommes demandent.
Échapper à ta loi.
Connaître l'immortalité.
Tu te trompes.
Je n'ai pas besoin de toi pour être immortel.
Je me suis occupé de cela.
Les hommes, à jamais, se souviendront de mon nom.
Alexandre qui mourut à l'âge d'un jeune homme,
Après une vie de fièvre et de conquêtes.
Alexandre qui unifia les mondes en un seul empire,
Effaçant les frontières, mêlant le sang des peuples et l'architecture des cités.
Alexandre qui fit rétrécir la terre sous ses pas.
Ce n'est pas cela que je veux de toi.
Ecoute-moi bien.
Alexandre se prosterne à tes pieds et te demande simplement de l'emmener tout entier.
Qu'il ne reste rien dans cette chambre que l'odeur de l'encens qui finit de se consumer.
Je ne veux rien laisser.
Qu'il n'y ait aucun corps à embaumer,
Aucun cadavre à exposer à la foule.
Je ne veux pas de tombeau ni de temple.
Les morts ensevelis sont prisonniers de la terre.
Ils restent là, à l'endroit où ils furent déposés.
On honore leur tombeau,
On les pille parfois.
Ne me condamne pas à l'asphyxie pour l'éternité.
Que le corps d'Alexandre soit à jamais introuvable.
Comme s'il continuait, par-delà la mort, à errer d'un point à un autre du monde.
Je veux sentir une dernière fois le souffle du tigre bleu en moi.
Partir sans rien laisser,
Et m'enfoncer plus loin qu'aucun autre dans tes terres insondables.
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Alexandrie, qui pourrait témoigner au monde que je n'étais pas qu'un chef de guerre,
Mais aussi l'architecte d'un continent à venir.
J'ai dessiné moi-même les plans de la ville.
Un phare immense qui puisse se voir jusqu'en Crête.
La plus grande des bibliothèques.
Je voulais des milliers d'ouvrages,
Que tout ce que l'homme sait soit à l'abri de ces murs.
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Voilà.
Nous sommes seuls à présent, toi et moi.
Je regarde ton ombre qui se dessine sur le mur,
Ton ombre qui croît.
Je sais que c'est le visage du dieu d'en bas qui est là, sur le mur blanc de mon palais de marbre.
Le visage des morts dans la chaleur de l'été babylonien.
Mais je ne parviens pas encore à discerner tes traits.
Je n'ai pas peur,
Tu peux grandir à ton aise,
Emplir ma chambre tout entière,
Je t'invite.
Sois mon hôte.
Approche,
Approche, je sais qui tu es.
Je vais mourir.
Ce sera bientôt ton tour de m'inviter en ton palais.
Tu me demanderas mon nom du haut de ton trône de quartz,
Puis, sans rien dire, tu pèseras ma vie, comme tu as pesé celle de milliards d'autres hommes avant moi,
Et cela ne durera ni plus, ni moins de temps.
Je ne veux pas, moi, être jugé à l'aune de ta balance commune.
Je veux bien plus.
Viens,
Approche.
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J'ai réduit à néant Babylone, tapissant le pays des Deux-Fleuves de cendres chaudes.
Je ne ferai pas deux fois la même erreur, je ne détruirai pas New York.
Je vais me faire connaître et j'en serai le maître, car cette ville est faite à ma dimension.
Elle grouille comme moi.
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J'ai passé trop peu de nuits
Là, au creux de tes cuisses,
Dans l'immensité feuillue de ton vagin.
J'ai sué de trop peu de secousses
Et vu trop peu tes lèvres frémir.
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Vidéo de Laurent Gaudé
Vendredi 13 novembre 2015, il fait exceptionnellement doux à Paris – on rêve alors à cette soirée qui pourrait avoir des airs de fête. Deux amoureuses savourent l'impatience de se retrouver ; des jumelles s'apprêtent à célébrer leur anniversaire ; une mère s'autorise à sortir sans sa fille ni son mari pour quelques heures de musique. Partout on va bavarder, rire, boire, danser, laisser le temps au temps. Rien n'annonce encore l'horreur imminente. Laurent Gaudé signe avec *Terrasses* un chant polyphonique qui réinvente les gestes, restitue les regards échangés, les quelques mots partagés, essentiels – écrit l'humanité qui éclot au coeur d'une nuit déchirée par l'impensable. Et offre à tous un refuge, face à un impossible oubli.
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